Test d'Unpacking - Un titre qui déballe le grand jeu

Déménager dans la vraie vie, c'est aussi pénible que stressant, mais déballer ses cartons dans Unpacking est relaxant, apaisant, gratifiant, un peu comme si on ouvrait une collection infinie de cadeaux de Noël, y compris quand on cherche à caser des poêles dans la cuisine. Il faut dire que l'ambiance sonore très apaisante que le jeu parvient à créer développe une relation d'empathie avec ces objets virtuels - qui en plus ne sont même pas à nous. La protagoniste embarque toutefois assez d'affaires diverses pour que chacun trouve dans le lot des objets qui lui parlent.

Le lien qu'on crée avec le contenu des cartons se renforce au fil du jeu. J’ai adoré retrouver ma vieille GameBoy et me demander quoi en faire, étoffer ma collection de bibelots glanés au fil des années, remettre en avant une vieille affiche ou essayer de cacher ce ukulélé que je n’aurais jamais dû acheter... il y en a pour tous les goûts et nul doute que chacun trouvera chaussure à son pied. On commence dans notre chambre d'enfant puis on passe petit à petit par toutes les étapes de la vie : une piaule à la fac, une colloc entre potes, etc. Toutefois, c'est quand les accidents de parcours entrent dans l'histoire que celle-ci nous prend davantage aux tripes pour nous mettre face soit à notre vécu, soit à nos hantises.

Le joueur est presque totalement libre d'organiser ses affaires comme il le souhaite. Les pointilleux pourront classer leurs jeux par console, leurs livres par taille ou encore choisir le sens du rouleau de papier toilette, tandis que les moins radicaux ils pourront de leur côté mélanger les torchons et les fourchettes si ça leur chante. Vous pourrez choisir de vous étaler dans l’appartement, de déplacer ce qui était là avant vous, de mélanger vos affaires avec celles de vos colocataires ou au contraire les garder jalousement dans votre chambre. En cherchant des images, j'ai même été surpris de voir à quel point le jeu était bourré de détails amusants à regarder.

Le jeu, tout en pixel art, trouve le bon équilibre entre un réalisme permettant d'identifier les objets et une abstraction permettant de s'y projeter. Il y a bien quelques ratés quand on n’identifie pas correctement les choses - comme cet iPad pour dessiner qui était en fait une ardoise à coller sur le frigo pour lister les courses - mais c'est rare. Le fait de jouer une femme et donc de ranger des habits féminins ne m'a pas impacté dans l'immersion - toutefois, j'admets avoir été légèrement mis mal à l'aise quand le jeu m'a contraint à aligner rigoureusement sa collection de sous-vêtements au lieu de simplement me donner une boite à culottes.

À la fin de chaque tableau, le jeu nous indique tout de même quelques objets mal placés à réajuster. Parfois, c'est injuste, comme cette inexplicable obligation de ne pas laisser traîner les chaussures, plus rarement on se trouve face à de l’incohérence totale, comme ce grille-pain qui ne peut pas rester sur le plan de travail, mais pas de quoi s'énerver pour autant. En fait, c’est même plaisant de trouver où caser les quelques trucs qui restent à la fin, notamment parce que l'ambiance sonore est très réussie. Les esprits taquins pourront même débloquer des succès avec certaines actions, parfois rigolotes, comme mettre le fer à lisser dans l'évier.

Unpacking se termine en une voire deux soirées et propose une aventure des plus banales qui paradoxalement nous sort de notre ordinaire de gamer. Que ce soit pour ce paradoxe ou pour sa capacité incroyable non seulement à raconter une histoire, mais surtout à nous toucher avec uniquement du gameplay - voire à nous mettre sur les voies de l'introspection - Unpacking est un jeu qui mérite sa place dans une de vos étagères.

Testé par Oulanbator sur PC via la version disponible dans le GamePass.