Test de Crystar - Pleure moi une rivière
Avant de m'intéresser à Crystar, je n'étais pas au courant que le jeu, sorti sur PlayStation 4 en 2019, a encore au moment où j'écris le meilleur score utilisateur sur Metacritic pour la catégorie RPG sur PS4, devant NieR:Automata, Persona 5 et surtout The Witcher 3. Si cela est avant tout révélateur de divers biais dans les sites de notation, d'autant que Crystar est plus un jeu d'action qu'un RPG, il y a néanmoins de vraies bonnes raisons à cet élan de sympathie.
Savoir poser les enjeux
Le jeu nous met directement aux commandes ... d'un papillon amnésique. Et si la perte de mémoire est devenu un poncif des jeux vidéos, elle est ici bien justifiée et surtout très transitoire : nous jouons une âme qui tant qu'elle ne sait pas qui elle est a cette forme de papillon désincarné.
Après quelques minutes à se déplacer dans un environnement qui n'incite pas à l'optimisme et à écouter les plaintes des diverses âmes en peine des lieux, l'identité revient à notre papillon qui s'appelle Rei Hatada et qui prend alors la forme d'une lycéenne. Très vite, un papillon l'accompagnant se révèle être sa sœur Mirai avant que cette dernière disparaisse, emportée dans les profondeurs par un monstre.
Arrivent alors Mephis et Pheles, qui se présentent comme les managers de ce lieu qui est le purgatoire et proposent à Rei de devenir leur Exécutrice afin de sauver Mirai.
Je n'en dirai pas plus pour ne pas tout révéler de cette introduction qui se termine avec un animé sur la chanson Can Cry pour conclure une dizaine de minutes qui m'ont directement plongé dans l'histoire.
Cette mise en scène est sublimée par le doublage intégral des dialogues qui est absolument parfait. Sur ce genre de jeu, j'ai plutôt l'habitude mettre les doublages japonais, mais on a également une grande intensité mise dans le travail des actrices anglaises. Par contre, ni doublage ni traduction en français à l'horizon.
L'action avant tout
Le but pour Rei est de sauver Mirai en récoltant des IDEA, cristaux issus des pleurs de ceux qui ont une conscience propre.
Pour cela, il faut descendre toujours plus bas dans le Purgatoire en détruisant les Spectres et Revenants :
- les Spectres ont eu leur âme fragmentée, ce qui les fait renaître sous la forme de monstres incapables de parole
- les Revenants ont regagné leur conscience propre, ils sont doués de parole et ont pour but de récupérer des âmes afin d'atteindre le Revival, c'est-à-dire le retour à la vie de l'âme
En tant qu'Exécutrice, c'est en détruisant ces ennemis que l'on gagne des cristaux (qui servent de monnaie au jeu pour acheter des soins et autres potions), mais aussi les tourments des Revenants.
En vue à la troisième personne, on se déplace avec le stick gauche, le droit étant utilisé pour la caméra (ni plus ni moins capricieuse que dans la plupart des jeux). On dispose d'un coup faible et d'un coup fort qui permettent des combos assez simples, mais nécessaires, car elles peuvent déboucher sur une chute de l'adversaire le rendant ainsi sans défense pendant quelques secondes.
On dispose également de coups spéciaux - jusqu'à 4 pouvant être affectés à une association de touches - qui utilisent la jauge de SP du personnage, limitée à 100, qui se remplit avec les coups de base.
Pas de parade possible, il faut se débrouiller avec un dash qui va dans le sens qu'on indique.
Si au départ on ne joue que Rei, on est rejoint par trois autres personnages aux styles de jeu assez distincts. Une simple touche permet de passer de l'un à l'autre soit pour s'adapter aux ennemis présents soit pour permettre de récupérer un peu de vie pour le personnage mis au repos. La montée en niveau des quatre personnages reste à peu près équivalente, car même hors combat les personnages gagnent 80% de l'expérience du personnage en jeu.
Ce n'est pas dans ce compartiment de l'action que Crystar tire son épingle du jeu, car le système de combat est simpliste, les ennemis sont dénués d'IA et se contentent d'un modèle d'attaque bien spécifique selon leur type. De la même façon, le level design est minimaliste : le purgatoire consiste en des plateformes reliées entre elles avec des monstres qui ne sortent pas de leur zone, il y a peu de chemins secondaires et on ne les parcourt que pour engranger un peu plus d'expériences et de tourments qu'en faisant seulement le chemin le plus court.
Néanmoins, les combats ne sont pas non plus une purge absolue, car il faut faire attention vu que certaines combinaisons de monstres peuvent être compliquées à gérer et la vie peut rapidement descendre. Les potions de soin peuvent être mises en mode automatique, ce qui est utile pour la vie, mais moins pour les altérations d'état qui sont si courantes que le stock baisse trop vite si on le laisse s'utiliser à la moindre occurrence.
Il y a quelques combats de boss, plus ou moins intéressants, mais généralement trivialisés par les Gardiens qui sont une entité dont dispose chaque combattante et qui permet une grosse augmentation des dégâts et de lancer une attaque ultime assez dévastatrice via une jaune de larme qui se remplit soit en combattant soit en pleurant (ce qui consomme des SP). Hors activation, ces gardiens peuvent se déclencher aléatoirement pour nous défendre ou nous sauver la vie.
J'ai trouvé que les niveaux étaient parfois un peu trop long, mais c'est surtout parce que ce qui est le plus intéressant dans le jeu, c'est son histoire.
Avant tout l'ambiance
Quand on n'est pas dans le purgatoire, on se retrouve dans la chambre de Rei qui sert de hub.
Via des appels téléphoniques (sic), Rei peut contacter ses compagnons d'aventure, mais aussi prendre ses consignes auprès de Mephis et Pheles.
Rei peut aussi caresser Thelema son adorable chien, consulter un album contenant un glossaire des ennemis (qui sont surtout des déclinaisons colorées différemment de quelques modèles), des statistiques, mais aussi les mémoires des morts qui sont des séquences aux dessins torturés qui relatent les vies généralement peu joyeuses des protagonistes.
C'est aussi de sa chambre que Rei peut pleurer pour transformer les tourments récupérés en équipements. Ceux-ci varient en statistiques d'attaque et défense (physique et magique), sont combinables pour obtenir une version améliorée et peuvent pour certains subir des modifications aléatoires pouvant apporter des immunités à certaines altération de statut et j'avoue adorer celle qui permet de ne plus voir ses contrôles inversés.
Plus on s'enfonce dans le Purgatoire, plus Rei se pose de questions, plus l'ambiance devient pesante et une question posée au début du jeu prend de plus en plus de sens.
Graphiquement, le jeu ne fait pas d'étincelles, mais c'est globalement joli, tout d'abord à travers les personnages dessinés façon manga pour les dialogues, mais aussi les décors et modèles qui n'ont pas été trop sacrifiés par rapport à la version PS4. Par contre, le clipping est très présent avec surtout des bâtiments qui apparaissent parfois tardivement, mais c'était probablement un sacrifice à faire pour avoir un jeu fluide. Et puis, ces éléments qui pop n'étant que purement décoratifs, ce n'est pas un gros problème.
La version Switch vient avec les DLC de la version PlayStation 4 et on dispose de plusieurs vêtements pour habiller nos personnages, mais à titre personnel j'ai laissé quasi tout le monde avec les vêtements de base qui sont très bien et surtout raccords avec la version dessinée qui, elle, ne change pas même si je ne doute pas que certains joueurs ont opté pour une équipe en maillot de bain. Notons quand même qu'un des vêtements, portable par n'importe qui, permet d'avoir 10% de réduction chez la marchande d'objets.
Les musiques allant du mélancolique au bien énervé soulignent toujours avec adéquation ce qui se passe à l'écran.
On aime ou on déteste
Crystar fait partie des jeux difficiles à recommander tout en étant une expérience de jeu dont on se souvient longtemps.
Le système de combat avec sa répétitivité et son manque de profondeur sera forcément bloquant pour un certain nombre de joueurs, ce qui les fera malheureusement passer à côté d'une histoire prenante et poignante.
Ce qui n'aidera pas non plus, c'est que le jeu est vendu au prix d'un triple A alors qu'il n'en a clairement pas les attributs. J'ai plutôt envie de conseiller à ceux qui seraient intéressés d'attendre une promotion sur le titre qui arrivera forcément, ou même d'aller sur PlayStation 4 si le fait de jouer sur Switch n'est pas primordial.
En ce qui me concerne, malgré ses défauts, Crystar sera un jeu marquant grâce à son ambiance unique et ses personnages attachants, et ça c'est déjà quelque chose de pas courant.
Testé par Aragnis sur Switch avec une version fournie par l'éditeur
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Plateformes | Nintendo Switch |
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Genres | Action-RPG, jeu de rôle (rpg), fantasy |
Sortie |
Mai 2022 (Nintendo Switch) |
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