Test de The Stanley Parable: Ultra Deluxe - Le retour d'un très grand jeu

Comme un air de déjà vu

Il est intéressant d'observer l'actualité de la scène indépendante. En effet, beaucoup de hits de la première vague indépendante sont récemment revenus avec de nouveaux opus : Torn Banner Studios, à l'origine de Chivalry en 2012, a sorti Chivalry 2 en 2021. Cellar Door Games, créateur de Rogue Legacy, publié en 2013, a mis en ligne Rogue Legacy 2 le 28 avril 2022. Enfin, les créateurs de The Stanley Parable, lui aussi sorti en 2013, ont lancé le 27 avril The Stanley Parable... Ultra Deluxe.

Il est intéressant de voir ces studios revenir aux licences qui ont fait leur succès après avoir connu des échecs en essayant d'autres choses. Cependant, si Torn Banner Studios et Cellar Door Games ont choisi de créer une suite directe, Crows Crows Crows propose une version "ultra deluxe" dont le titre ne pourrait pas être plus juste.

En effet, le jeu reprend presque intégralement le contenu de l'opus sorti en 2013. Il y a bien quelques changements apportés, mais ils sont extrêmement minimes. Ce contenu préexistant constitue le squelette de cette nouvelle version, qui greffe un certain nombre d'ajouts par dessus. Néanmoins, avant de nous attarder sur ce dernier, rappelons le concept de base de The Stanley Parable.

C'est mon choix

Quand l'on crée une fiche sur l'encyclopédie de JeuxOnline, il est nécessaire de définir le genre du jeu concerné. Parmi les options proposées se trouve "aventure non linéaire", dont The Stanley Parable est probablement l'exemple le plus clair. Le joueur incarne Stanley, un employé de bureau confronté à la disparition soudaine de ses collègues. Guidé par un narrateur, il a pour mission de découvrir ce qui leur est arrivé. Enfin... en théorie.

En effet, tout le principe du jeu est que le joueur effectue en permanence des choix. L'un des plus symboliques est l'arrivée devant deux portes ouvertes : le narrateur indique que Stanley prend la porte de gauche, mais rien n'empêche, en réalité, d'emprunter celle de droite, orientant l'histoire dans une tout autre direction. Le jeu de base comptait 15 fins différentes, toutes très différentes les unes des autres ; tout le principe du jeu consistait à explorer les différentes ramifications de l'histoire, qui parfois convergeaient, mais d'autres fois allaient dans une direction inédite. C'est un des jeux les plus grisants auxquels j'ai joué, en raison de l'impression de complète liberté qu'il offre, en tout cas dans ses premières minutes.

À cela, il faut ajouter que le titre est particulièrement bien écrit. Brisant régulièrement le quatrième mur - et toujours d'une façon différente -, The Stanley Parable sait être particulièrement drôle à certaines occasions, à un point qui n'a guère d'égale, tous supports confondus. C'est là la principale difficulté à laquelle se heurte cette version : même s'il est agréable de reparcourir le contenu d'origine, celui-ci ne parvient jamais à reproduire l'effet hors du commun qu'il avait à l'époque. Relire un livre est parfois sympathique, mais quand celui-ci repose avant tout sur les découvertes qu'il offre à chaque page, cette relecture n'est pas aussi satisfaisante que la première fois.

Ultra Deluxe

Je l'ai dit : cette nouvelle version se sert du premier opus comme ossature et construit tout autour en ajoutant de nouvelles options. Une bonne partie des fins se retrouvent ainsi dédoublées, tandis que quelques nouvelles interactions, menant vers de nouveaux chemins, ont aussi été ajoutées. En dehors d'une partie spécifique, la façon dont ce nouveau contenu s'intègre à l'ancien est impressionnante. Cela s'explique évidemment par le fait que le doubleur du narrateur est toujours le même, le comédien de l'époque étant revenu pour compléter son travail, mais aussi par une écriture toujours aussi qualitative. Pour un nouveau joueur, il serait très dur de différencier le nouveau contenu de celui qui était déjà présent à l'origine.

Et c'est probablement un des principaux problèmes du jeu pour les joueurs le redécouvrant. Il y a certes une zone entièrement inédite, mais le joueur y passe en réalité très peu de temps. Durant la majorité de son exploration, il est en terrain connu. Certes, il y a plein de nouvelles possibilités ; il est toujours intéressant de voir ce qu'il se passe en faisant ceci ou cela, de comparer les fins d'origine avec les nouvelles. Cependant, l'ensemble produit moins de surprises et donc moins d'émerveillement ; on découvre de nombreuses nouvelles fins, qui sont certes tout aussi intéressantes que les anciennes, mais très peu de nouveaux chemins.

Un bouton skip vous manque et tout est dépeuplé

Comme je le disais, The Stanley Parable est un jeu particulièrement plaisant par le sentiment de liberté qu'il donne au joueur ainsi qu'exceptionnellement drôle. Cependant, c'est aussi un titre ennuyeux. En effet, pour passer de la fin 15 à la fin 16, il suffit souvent de changer un unique choix à la toute fin. Cependant, pour y parvenir, il est nécessaire de recommencer le jeu depuis le début. Ce n'est jamais très long (quelques minutes à peine), mais cela crée un terrible sentiment de lassitude.

The Stanley Parable fait partie des jeux qui seraient bien meilleurs s'ils offraient la possibilité de sauvegarder à n'importe quel moment. Le joueur risquerait de manquer certains changements (la partie n'est en réalité pas toujours strictement identique) et il devrait donc quand même recommencer entièrement certaines fois. Cependant, dans de nombreux cas, cela éviterait des séquences redondantes et ennuyeuses ; cela condenserait tout l'amusement que procure le jeu en supprimant les phases inutiles, ne faisant que renforcer le plaisir du joueur.

The Stanley Parable 5 : L'inspecteur du cellier

Si on me demandait de faire la liste des dix jeux vidéo auxquels il faut avoir joué une fois dans sa vie, je ne pourrais pas ne pas inclure The Stanley Parable. Or, cette version Ultra Deluxe est la meilleure façon de découvrir le jeu, tant elle ajoute de possibilités, surtout qu'elle marque aussi l'arrivée du titre sur l'ensemble des consoles, donc il n'y a vraiment aucune excuse valide de ne pas essayer le jeu.

Pour une personne ayant joué au titre original, il y a encore moins de raisons de ne pas céder : certes, ce nouvel opus n'offre pas autant de magie que celui sorti en 2013, mais plus de Stanley Parable, c'est forcément bien, surtout que la qualité du nouveau contenu est équivalente à celle du jeu d'origine.

Cependant, si "plus de Stanley Parable, c'est forcément bien", alors un réel "The Stanley Parable 2" serait nécessairement mieux que cette version Ultra Deluxe. Cela arrivera peut-être ultérieurement, mais en dépit de toutes ses qualités, The Stanley Parable: Ultra Deluxe parvient surtout à donner envie d'en avoir encore plus.

Test réalisé sur PC par Alandring à partir d'une version fournie par le développeur.