Test de Mario Strikers: Battle League Football - Retour de l'enfant prodigue

Il y a quinze ans sortait Mario Strikers : Charged Football sur Wii après un premier essai footeux de Mario sur GameCube. Un jeu qui avait ses défauts, mais qui avait aussi de belles qualités qui lui ont permis d'obtenir une armée de fans fidèles qui rêvaient depuis d'une suite, après avoir retourné le jeu dans tous les sens. Et cette suite s'est fait attendre, puisque si Nintendo n'a depuis pas hésité à renvoyer Mario dans de nombreux sports et compétitions (tennis, golf, Jeux Olympiques...), le football ne semblait plus être la priorité du plomber moustachu. Alors l'arrivée cette année de Mario Strikers: Battle League Football est évidemment très attendue, pour un jeu qui se dévoile enfin avec sa sortie en ce mois de juin 2022.

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Football plaisir

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Comme à l'habitude des jeux de sports estampillés Mario, cette nouvelle itération sur terrains de football a une mission, celle d'être le plus accessible possible pour rassembler les joueurs sur le même canapé dans des soirées et tournois endiablés. Et Mario Strikers: Battle League Football y parvient sans grande difficulté, en proposant un système de jeu relativement classique pour la série (passe, frappe, centre, accélération, esquive et coup spécial) dans lequel s'opposent deux équipes de quatre personnages, plus un gardien, chacun ayant ses propres caractéristiques. Certains personnages sont plus puissants et résistants (comme Bowser ou Donkey Kong), d'autres plus rapides (comme Waluigi), tandis que d'autres alignent les frappes surpuissantes et bien placées (comme Harmonie). Le choix de l'équipe peut être déterminant dans le style à adopter, entre faire le choix de verrouiller et limiter l'action adverse ou miser sur l'agilité d'une équipe capable de marquer un maximum de buts quitte à délaisser la défense. La prise en main est immédiate et facile, on est purement dans l'esprit du multi local avec un fun ressenti sans mal au sein de matchs qui mettent l'accent sur le spectaculaire et l'action. C'est vraiment super fun à jouer, les revirements de situation sont nombreux, les matchs se jouent vite et leur enchaînement se fait sans aucune hésitation : l'action immédiate procure des sensations tout à fait géniales. C'est presque hypnotisant.

D'autant plus que le jeu met l'accent sur les objets récupérés en match, à la manière d'un Mario Kart dans des boîtes mystère balancées sur le terrain, où l'on retrouve étoiles, champignons, bombes et autres peaux de bananes pour entraver la progression adverse. Si l'étoile permet de marquer un but sans aucune difficulté en étant invincible, ce sont plutôt les carapaces vertes et rouges qu'on a aimé exploiter pour déblayer le terrain avant d'aller caser une hyper frappe en toute décontraction. Car il est là le but, et c'est ce qui donne l'identité de ce Mario Strikers : plutôt que de rechercher les passes malines et le bon placement, rien n'est plus efficace quand on joue à plusieurs que d'aller mettre à terre temporairement les adversaires sans ballons avec tacles et objets pour pouvoir aller au but tranquillement. Plus que de football, ce Mario Strikers a des airs de football américain où les coéquipiers ont souvent une fonction de protection du porteur du ballon. Qui plus est, le système d'hyper frappe accentue un peu plus ce phénomène. Car pour le déclencher une fois récupéré l'objet spécial que les équipes convoitent et qui apparaît de temps en temps sur le terrain, il est nécessaire de charger une frappe à fond pour accéder à l'hyper frappe, quelques petites secondes pendant lesquelles l'on reste complètement vulnérables sur le terrain, à la merci du moindre tacle. C'est en ce sens que les objets et coéquipiers (contrôlés par les humains, car l'IA ne sert à rien) jouent un rôle protecteur pour laisser le temps d'actionner la frappe, avant de jouer le mini-QTE de timing en deux temps nécessaire pour s'assurer que la frappe n'a aucune chance d'être arrêtée par le gardien. 

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Au-delà de ça, le titre arrive quand même à proposer quelques éléments en profondeur qui permettent de rechercher de meilleures performances, des trucs et astuces qui permettent de se hisser au-dessus d'une mêlée. On pense notamment au système de passes manuelles avec le bouton L qui permet de varier les séquences, jouer en profondeur et trouver des espaces dans les intervalles, donnant une saveur supplémentaire quand on s'investit à fond dans le jeu et que l'on tente de mettre à défaut des défenses en ligne contre des joueurs qui en sont restés aux passes à visée automatique. Les objets, aussi, sont en premier lieu utilisés à des fins défensives, mais on s'aperçoit vite que leur utilisation peut être au moins aussi efficace offensivement. Enfin, on reste dubitatifs face au jeu aérien qui, lui, même après plusieurs heures, n'a toujours pas prouvé son utilité offensive en dehors du centre/lob qui offre la possibilité de lober des joueurs au pressing trop encombrant. Les reprises aériennes manquent en effet de panache, puisqu'en dehors du plaisir de claquer une belle reprise acrobatique, il n'y a jamais vraiment d'intérêt à rechercher ce type d'action.

Un contenu chiche

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Mario Strikers: Battle League Football n'a toutefois pas que de bons côtés. Si son gameplay, son ambiance et son action font le boulot attendu, des soucis d'équilibrage remettent en cause le multijoueur, notamment en ligne. On pense aux frappes de Harmonie qui sont quasi-imparables (même depuis le rond central !) et qui, par conséquent, forcent tous les joueurs en ligne à l'utiliser à outrance. Ou quand le timing d'une hyper frappe est ratée et où l'on bourrine le bouton A pour évacuer le ballon, jusqu'à ce qu'il retombe invariablement sur un attaquant adverse qui peut reprendre de volée et marquer sans mal, car le système est si mal fait qu'il n'est pas compliqué de placer son joueur à l'endroit où la balle est renvoyée par le gardien les 3/4 du temps sur ce type d'actions. Autant de petits détails qui ont tendance à frustrer et à remettre en cause un mode en ligne qui aura besoin de sérieuses mises à jour pour être intéressant sur la durée. Car en plus de ces problèmes et des gardiens très frustrants, capables d'arrêter tous les tirs sur un match avant de tout laisser passer sur le suivant, le mode en ligne souffre d'un manque de contenu assez évident. Créer son club pour jouer avec des amis est super, mais celui-ci est limité à 2 contre 2 en ligne (on se partage, donc, les quatre joueurs de l'équipe à deux). En outre, le mode en ligne n'offre rien d'autre que des matchs rapides qui comptent pour une saison avec système de montée et descente. Pas de tournoi amical ou de possibilité d'affronter un club ami par exemple.

Le contenu solo, quant à lui, souffre des mêmes problèmes : si on peut cette fois-ci jouer à 4 contre 4, il se résume à des matchs rapides et à un mode coupe où l'on traverse six tournois de trois matchs pour en voir le bout. Ce mode se termine en deux heures sans forcer, d'autant plus que l'IA est tellement faible que les matchs tournent souvent au score à deux chiffres. On aurait aimé des coupes un peu plus fournies, peut-être avec des objectifs variés ou un éventuel mode aventure comme le dernier Mario Golf. Ici, les coupes servent simplement à accumuler des crédits que l'on dépensera plus tard en customisation des personnages, où l'on peut acheter des casques, jambières, coudières et plastrons (comme s'il s'agissait de football américain) qui permettent de modifier les statistiques des personnages en les équilibrant ou au contraire en renforçant leurs points forts naturels. Certes, cela permet de diversifier légèrement les manières de jouer, mais le nombre d'objets et possibilités est tellement limité qu'on a du mal à voir le moindre intérêt à revenir dessus pour tenter de nouvelles choses une fois que l'on a déjà acheté des équipements pour tous les personnages.

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Sur un plan visuel, le jeu est très joli, notamment sur les cinématiques d'hyper frappe où un style en cel shading extrêmement bien réussi prend le pas sur la 3D habituelle. Agréable à l'œil, encore plus sur une Switch OLED où les couleurs font un bien fou aux yeux, le jeu souffre toutefois de quelques ralentissements ici et là qui mettent un sale coup à une mise en scène pourtant très sympathique lors des cinématiques (buts, début et fin de match). Heureusement, en match ces ralentissements sont moins visibles. Le cas contraire aurait été un coup de massue pour un jeu qui peine déjà avec sa lisibilité, la faute à des équipes aux couleurs pas forcément facilement identifiables. Par exemple, le maillot d'un Bowser se cache vite sous ses bras et jambes jaunes ; face à une équipe en maillot jaune, c'est compliqué. Le jeu propose heureusement un mode visuel particulier qui permet de marquer tous les joueurs de notre équipe d'une pastille de couleur au-dessus de leur tête afin de pouvoir identifier leur présence et placement à tout moment, mais cela ne règle pas tous les problèmes de lisibilité. Surtout lorsque l'on commence à balancer de nombreux objets et que les explosions se multiplient.

Conclusion

On attendait Mario Strikers: Battle League Football avec une impatience non dissimulée et le jeu satisfait immédiatement pour sa facilité d'accès, le fun immédiat qu'il procure, le suspense de chaque match et les revirements de situations improbables. En particulier grâce à des hyper frappes au style visuel formidable ou des objets que l'on se balance joyeusement comme dans un Mario Kart. Mais au romantisme d'un football bourré d'action Nintendo continue de décevoir sur le contenu de ses jeux sportifs estampillés Mario, puisqu'à l'image d'un Mario Tennis Aces, le jeu solo et en ligne se résume à une poignée d'options qui laissent de côté un contenu attendu et qui (nous) semble évident dans un tel jeu. Alors oui, on va y jouer encore et encore, mais il ne faut pas perdre de vue que le jeu est essentiellement fait pour du multi local plus qu'autre chose.

Test réalisé par Hachim0n sur Nintendo Switch à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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