Test de Mari & Bayu : The Road Home - Une belle aventure à vivre en duo

Si le jeu est né d'une envie d'activité ludique entre parent et enfant, ne croyez pas que tout est simple. D'apparence très mignonne, le jeu s'avère parfois un tantinet cruel avec vos talents de coordination, surtout si vous prenez en main les deux personnages en solo. Pas de difficulté extrême non plus, il s'agit de proposer une aventure tout public.

C'est un jeu coopératif, où la mort n'est pas punitive (essais illimités, checkpoints très fréquents) et sans de limite de temps : on peut aller fouiner un peu partout en toute liberté (sauf quelques séquences comme une montée des eaux fatale ou un incendie menaçant). Mais tout de même, certains passages demandent un peu de réflexion, un bon timing et une bonne dose de patience.

Soin artistique

On a vraiment apprécié la direction artistique (en particulier les décors), dommage toutefois que quelques éléments graphiques soient flous (flagrant lors des dialogues ou la sélection du niveau). Mais l'ambiance est très réussie, que ce soit dans une jolie forêt, à dos de sauterelle dans les rosiers, traversant un pique-nique gigantesque du point de vue d'une fourmi où il faudra esquiver tapettes et doigts d'humain mécontent, ou bien sous une pluie où l'eau devient mortelle pour notre pauvre amie, ou pourquoi pas dans un jardin fleuri merveilleux, mais plein de plantes carnivores et de grenouilles avides ou à l'intérieur d'une souche seulement éclairée de champignons fluorescents ou encore dans une décharge où un feu vous forcera à fuir sur un skateboard.

La musique est jolie et n'est pas entêtante. C'est une touche délicate qui s'accorde très bien à l'ensemble et sans bruitages agaçants. Cependant, tout est muet et c'est quelque chose qui rend les dialogues un peu plats d'autant plus qu'ils sont nombreux et parfois trop longs (et de surcroît impossibles à passer).

Coopération ou coordination

Vous pouvez jouer seul, contrôlant Mari avec le stick gauche de la manette et Bayu avec le stick droit ou bien Mari au clavier + Bayu à la souris ou encore à deux avec chacun une manette. Autant le dire tout de suite : certains passages sont bien plus compliqués en solo et risquent d'en exaspérer plus d'un ! Il vous faudra gérer plusieurs tâches en même temps avec un timing parfois très serré. Par exemple, un boss serpent demande de vite sauter et grimper sur une liane qui abaisse une paroi où il faut amener Bayu afin de souffler correctement sous une plume pour la sortir de la cache avant que la paroi ne referme l'endroit, le tout entre deux attaques de serpent... qu'on ne peut interrompre qu'avec Bayu également, en soufflant, mais c'est de l'autre côté de l'écran. C'était un passage... éprouvant.

Vous l'aurez compris, notre ami luciole est notre meilleur allié : il peut souffler pour aider Mari à tirer/pousser un objet, rendre des lianes accessibles en les poussant, déblayer des feuilles mortes pour révéler des passages ou des objets, soulever des objets légers comme des plumes... avec Mari dessus ! Ah, ces passages où il faut diriger une plume pour franchir des espaces dangereux, ce sont ceux durant lesquels il faut s'armer de patience, car la physique de la plume s'avère vite frustrante (surtout avec les impulsions de départ de Bayu qui sont intermittentes : il faut donner de petites impulsions bien placées plutôt que garder la touche enfoncée).

Ce qu'on a moins aimé

Mari la petite princesse fourmi pleurniche beaucoup, mais encouragée par Bayu, elle se montre courageuse sur ce périple dangereux et est même dotée de nouvelles capacités, tout comme Bayu. Par exemple, notre luciole peut créer des impulsions de vent, qui sont au début assez frustrantes, car non continues. Plus tard, cette capacité est améliorée et franchement, ça change la vie. En outre, Mari n'est pas en reste, car, en future reine, elle finit par avoir des ailes et peut donc, à défaut de voler, se maintenir en l'air (et avoir la capacité d'un double-saut). On regrettera que ces améliorations ne demeurent pas lorsqu'on retourne sur un ancien niveau. C'est un choix sans doute justifié dans le level design, mais ce dernier aurait pu bénéficier de beaucoup d'enrichissements si certains endroits/objets nécessitaient d'utiliser nos nouveaux pouvoirs et donc revenir sur ces niveaux ultérieurement.

D'autre part, les objets à collecter ne servent à rien. Si les lucioles libérées sont obligatoires pour déverrouiller les niveaux suivants, on se demande pourquoi on collecte du nectar de fleurs puisqu'il n'y a ni score, ni jauge de santé, ni limite de morts ou encore d'objets à échanger.

Les contrôles sont parfois imprécis face à des hitbox sévères : le moindre pixel d'une épine vous tuera, alors aucune largesse n'est permise avec des sauts assez rigides et des comportements parfois imprévisibles (les lianes, les sauts via les feuilles en mode tremplin...). Heureusement que les morts ne sont pas pénalisantes. Quelques petits bugs mineurs (comme un respawn infini au dessus d'épines par exemple) et quelques légers ralentissements seront à corriger, mais rien qui ruine l'expérience de jeu.

En résumé

Pour une première, Skinny Bandit Studios démarre plutôt bien, car c'est un jeu qui peut ravir petits et grands. Si certaines choses sont perfectibles et qu'il sera difficile de se faire une place sur un marché déjà saturé de platformers 2D, on a pris beaucoup de plaisir en cette petite dizaine d'heures de voyage qui nous en a mis plein les yeux. C'est très joli, c'est amusant et bien pensé. Cette aventure sera touchante pour les plus jeunes et les moins jeunes, on est contents pour Mari à la fin, mais on ne dirait pas non pour plus d'aventures avec encore plus de rencontres sympathiques. C'est un début prometteur, on gardera un œil sur le studio.