Test de Lost Eidolons - Elle est pas belle ma tactique ?

Développé par le studio indépendant Ocean Drive, Lost Eidolons est un jeu de rôle tactique se déroulant dans un univers mêlant les styles du médiéval et de la fantasy. Nous nous sommes retrouvés en pleine guerre civile pour vous ramener des infos sur ce jeu plutôt intéressant au demeurant !

C’est pas ma guerre mon colonel

Histoire

Vous incarnez Eden, un jeune capitaine-mercenaire qui a tendance à défendre la veuve et l’orphelin avec sa troupe. Au détour d’une aventure, vous vous retrouvez à diriger une armée rebelle visant à contrecarrer l’Empire qui est rongé par la corruption. Toutefois, vous constaterez très rapidement qu’à la guerre, même avec les meilleures intentions, tout n’est pas toujours comme on l’aurait voulu.

Le scénario de Lost Eidolons est un élément très important mis en avant particulièrement durant les phases entre deux batailles. Celles-ci se déroulent dans un campement qui évolue à mesure que l’histoire avance. Les échanges avec vos alliés sont nombreux et permettent de développer tout le Lore autour d’eux, mais aussi de favoriser les liens afin de débloquer de nouveaux dialogues/actions.

Si l’histoire de base n’est pas la plus inspirée qui soit, on constate que l’évolution de celle-ci est bien plus plaisante et met en avant des protagonistes avec un certain charisme. Cela est notamment dû à un doublage de qualité  pour une grande partie des personnages. Le jeu prend le temps de mettre en place son intrigue (comptez 5-6 heures quand même) avec l’idée de vous surprendre à la manière d’un épisode 9 de Game of Thrones et là, on se dit : « OK maintenant on est parti ! »

On pourrait par contre reprocher au titre de trop prendre son temps et de tirer certains aspects en longueur inutilement. Cela rallonge certes la durée de vie, mais sans que cela ne soit vraiment pertinent pour l’histoire principale.

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Une nouvelle partie vous propose une difficulté allant de facile à difficile (j’ai fait le jeu en Normal) et un mode de jeu soit décontracté soit avec mort permanente. La différence est que vos personnages qui décèdent en combat ne reviendront pas pour les autres batailles. Par contre, les personnages principaux seront présents au camp et durant les cinématiques. J’ai trouvé un peu dommage que la mort permanente n’ait pas un impact sur l’histoire. J’aurais trouvé plus logique d’empêcher la mort des personnages principaux (en les mettant en objectifs de bataille pour éviter la défaite).

Le camp

Entre deux batailles, vous avez accès à votre camp qui est une sorte de HUB évolutif. Dans celui-ci, de nombreuses activités secondaires (et principales) vous attendent.

  • Améliorer votre prestige

Via des activités que l’on pourrait considérer comme des « quêtes annexes », vous avez la possibilité d’empocher des points de prestige. Une fois certains paliers atteints, vous êtes récompensé par les villageois avec de l’or, de l’équipement ou encore l’augmentation de vos points de commandement.

  • Les liens avec les personnages

Un des premiers éléments du jeu est la possibilité de renforcer vos liens avec vos différents alliés. Cela se fait au travers de cadeaux, d’entraînement ou de repas avec la personne concernée. Vous devrez dépenser des points de commandements afin de réaliser ces différentes tâches. Ceux-ci augmentent à mesure que votre prestige s'enrichit. Si vous développez suffisamment un lien avec un personnage, vous débloquez de nouveaux dialogues (renforçant la relation déjà établie), mais aussi des actions possibles sur le champ de bataille.

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  • Les escarmouches

Ce sont simplement des missions alternatives qui sont là pour faire progresser votre groupe, rapporter de l’équipement ou réussir des quêtes de prestige. 

  • Les nouveaux venus

Certains personnages rejoignent votre campement du jour au lendemain. Il est toujours intéressant de leur parler, car ceux-ci peuvent rejoindre votre groupe si vous arrivez à créer des liens suffisamment solides avec eux.

  • Les marchands

Plusieurs marchands sont disponibles pour vous fournir de l’équipement de base. Une des marchandes, pas toujours disponible, propose de l’équipement de meilleure qualité.

  • Le camp d’entrainement

Celui-ci vous permet d’entrainer vos troupes aux différentes spécialités qu’il y a dans le jeu.

Cette idée de HUB central est plutôt intéressante (et déjà connue dans des titres comme Fire Emblem: Three Houses), mais elle casse aussi le rythme de l’aventure. Une fois arrivé au campement après un dénouement, plutôt que de parler à tout le campement et de ramasser des pages de livre, on n'a généralement qu’une envie : connaître la suite de l’aventure. Un peu dommage donc de ne pas toujours avoir bien réussi à rythmer les bons moments entre campement, batailles et histoires. Toutefois, cela ne concerne que certains passages, car dans la globalité, tout est généralement bien amené et en lien.

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Les déplacements dans le camp se font à la troisième personne. On notera que le personnage a une animation pas forcément géniale et un peu pataude.

Les combats

Les combats sont, bien entendu, un des aspects importants du jeu. On retrouve ici un système ressemblant assez fort à celui de Fire Emblem en matière de déplacement et d’actions. Toutefois, le titre sait se créer sa propre identité.

Les classes, les compétences et les équipements

On retrouve pas mal de classes dans Lost Eidolons avec un système de progression au travers des chapitres. Vous débutez bien entendu avec des classes de base pour ensuite choisir une évolution et, finalement, au chapitre 17, vous débloquez la maîtrise d’une classe parmi une dizaine possible (11 pour Eden). Celles-ci vont du Berserker utilisant deux épées au mage de bataille alliant magie et combat au corps à corps.

Chaque classe a aussi des compétences qui apparaissent à mesure que vous gagnez des niveaux. On retrouve des compétences passives (amélioration des dégâts à l’épée par exemple) ou actives durant les combats (flèches de feu). Il vous est possible de choisir plusieurs compétences en fonction de vos envies. Pour les mages, il existe trois écoles de magie : élémentaire, blanche et noire. La première utilise les quatre éléments pour infliger des dégâts, la deuxième soigne ou inflige des dégâts et la dernière inflige des dégâts ou des altérations.

La magie élémentaire est vraiment intéressante, car elle agit directement en lien avec le terrain sur lequel se trouve l’ennemi. Par exemple, s’il est sur une case humide (ou si vous avez utilisé un sort d’eau avant sur lui) et que vous utilisez un sort d’électricité, cela provoque une attaque sur toutes les cases humides autour de l’ennemi. Autre exemple, si un ennemi est sur une case boisée et que vous lancez une magie de feu, la zone prend feu et lui inflige des dégâts tant qu’il reste sur la case. 

L’équipement joue un rôle primordial dans le jeu, car il influe sur les dégâts reçus, infligés et toute une série de bonus de statistiques (taux de critique, …). Chaque personnage, à l’exception des magiciens de base, peut utiliser deux sets d'armes. Il est donc possible qu’un personnage utilise son épée/bouclier pour le contact et un arc pour le combat à distance. Cela a une importance notamment quand vous vous retrouvez face à des monstres, mais je l’expliquerai dans le chapitre du bestiaire. L’équipement s’obtient assez facilement durant les batailles ou chez la marchande, mais on aurait aimé plus de variété dans les types d’armes (épée, hache, lance, arc, bouclier) et surtout des bonus qui donnent vraiment une idée de customisation du personnage. En effet, j’ai parfois eu deux items avec des noms différents, mais le bonus de chacun apportait tellement peu de différence que finalement, on s’en fiche un peu et c’est dommage, car cela brise la sensation d’évolution.

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On notera que l’équipement évolue par contre dans son design au niveau des armes. Par contre, pour les armures, ce n’est qu’en changeant de classe que vous aurez droit à un changement d’aspect plutôt réussi.

On notera aussi qu'en avançant dans l'histoire, vous débloquez aussi la possibilité d'équiper des montures à vos personnages pour améliorer leur mobilité sur le champ et bataille et apporter quelques bonus de statistiques.

Dans les points négatifs, on remarquera une mauvaise gestion de l’expérience des classes comparativement aux besoins. Par exemple, une classe maître demande un niveau de personnage 30, mais un niveau d’armure 10. Ce dernier arrive tellement vite qu’il n’a dès lors pas vraiment de sens. Le gap entre les classes avancées et maîtres est trop important aussi (chapitre 6 et chapitre 17). Pour donner une idée, au chapitre 12, j’étais niveau 22 et j’avais déjà monté quasiment plusieurs sets d’armes et d’armures. De ce fait, on passe pas mal de temps sur les classes avancées et l’on ressent moins la montée en puissance.

Les phases de batailles et les assistants

Les combats se déroulent de la même manière que dans de nombreux jeux de rôle tactiques. Vous débutez le combat en plaçant vos personnages, en choisissant leurs équipements/sorts… La particularité de Lost Eidolons est la possibilité d’attribuer un assistant à vos personnages. À mesure que votre groupe grandit, il n'est pas toujours possible d’envoyer tout le monde à la bagarre. De ce fait, il vous est possible de mettre les personnages qui ne combattent pas comme assistant des autres. Cela procure à l’unité combattante des avantages comme, par exemple, une régénération de point de vie quand la santé descend en dessous de 35 % ou encore plus de dégâts magiques.

Une fois vos choix effectués, le combat débute. Nous sommes ici sur du tour par tour classique où vous jouez et, une fois toutes vos actions effectuées, c’est au tour de l’ennemi. Ce dernier engage rarement le combat tant que vous n'êtes pas à la limite de sa portée (sauf dans le cas de certaines missions où vous êtes pris en embuscade). Il est possible, dans les réglages de difficultés, de choisir s’il y a une limite de tours ou non. De base, les combats sont limités en tours afin de vous pousser à prendre des risques. J’ai préféré retirer cette option, car, à mon sens, elle n’est pas toujours adéquatement jaugée (parfois trop aisée et à d’autres moments trop ardue). Outre le nombre de tours, vous avez aussi un objectif de succès qui est généralement d’abattre le commandant ennemi et, à contrario, si votre ou vos personnages principaux meurent, c’est le game over.

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On notera une particularité vis-à-vis du commandant ennemi. Celui-ci a une réduction de dégâts tant qu’il reste des complices à lui sur le terrain. De ce fait, vous êtes quasi obligé de réduire drastiquement les rangs ennemis avant de vous en prendre à lui. Ce n’est, malheureusement, pas le cas de votre héros.

Chaque coup porté à l’ennemi (ou sort de soin effectué) apporte son lot d’expérience vis-à-vis du niveau de votre personnage, mais aussi vis-à-vis de son équipement (armes et armures). Des compétences se débloquent dès lors automatiquement durant vos gains de niveaux.

Le bestiaire

Le bestiaire, bien que classique dans son ensemble, apporte une mécanique de combat plutôt intéressante quand il s’agit des monstres rencontrés. Ceux-ci sont généralement gigantesques (un homme prenant une case, un monstre en prenant neuf) et disposent de trois points faibles. Ces derniers sont en lien direct avec les différents types d’armes existants. Plus vous enchaînez les dégâts sur les points faibles (jusqu’à un maximum de deux coups par point), plus les dégâts augmentent et permettent de venir à bout du monstre. Mécanique vraiment sympathique et qui permet de jouer avec les différents sets d’armes de manière encore plus stratégique.

La technique et l’optimisation

Le jeu a été testé sur la machine suivante : Ryzen 7 5800X3D — GF 3070 - 32G de ram.

Au niveau de l’optimisation, aucun souci réel dans sa globalité. Le jeu tourne vraiment bien et maintient (sur la config de test) un bon 100fps+. On note toutefois quelques ralentissements parfois sur les actions de combats qui apparaissent un peu comme un flou cinétique. Mais au vu de la qualité graphique du titre, tournant sous Unity, on peut se dire que c’est un pari plutôt réussi pour Ocean Drive.

On notera toutefois un bug assez cocasse quand il s’agit d’enfoncer des portes lors des sièges. La taille du bélier et des soldats qui le poussent n’est pas toujours adaptée à la cinématique. Du coup, votre personnage a l’air d’une fourmi à côté !

Conclusion

Lost Eidolons est clairement la surprise de cette fin d’année en matière de jeu de rôle tactique. Que ce soit par son histoire ou son gameplay, on constate qu’Ocean Drive a clairement mis les petits plats dans les grands pour nous offrir de quoi bien manger pendant plusieurs dizaines d’heures (30 - 40 en fonction de votre attention aux tâches secondaires).

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On ne peut nier les fortes inspirations venant de Fire Emblem Three Houses, mais aussi le travail effectué par le studio afin de rendre plus intéressants certains points de gameplay. On regrette par contre les difficultés de rythme que peut connaître le titre entre son histoire principale et son contenu secondaire. On aurait aimé se dire que du contenu après avoir fini l’histoire aurait été intéressant, mais le jeu se suffit à lui-même notamment grâce à un prix plutôt attractif de 35 euros. Clairement, on en a pour son argent et Lost Eidolons risque fort de ravir tous les fans de jeu de rôle tactique.

Le jeu est disponible sur PC Windows (via Steam et l'Epic Games Store), Xbox One et Xbox Series X|S.

Testé sur PC par Glaystal avec une version fournie par l’éditeur.

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