Test de Goat Simulator 3 - Plus on est de fous...

Un peu comme Brice de Nice, Goat Simulator casse le 2 et passe directement au 3. Un deuxième jeu qui tente de venir graver dans le marbre toutes les mises à jour qui ont fait de l'original le jeu barré que l'on connaît, capable de multiplier les univers avec ses chèvres. Pour ce faire, Coffee Stain North propose un monde ouvert entre ville et campagne, où la bien-aimée chèvre doit accomplir un certain nombre de missions pour découvrir ce qui se cache derrière une mystérieuse porte. Alors, est-ce qu'en 2022 la formule fonctionne encore ?

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Le GOAT du monde ouvert

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Jeu de streamers et youtubeurs par excellence, Goat Simulator en a surpris plus d'un lors de son lancement en 2014. Celui qui parodiait le légendaire trailer de Dead Island à l'époque n'a jamais caché sa volonté de rendre hommage aux jeux vidéo en utilisant sa chèvre tour à tour comme héroïne, punching ball ou grande instrigatrice d'un complot visant à faire régner les chèvres. Dès son ouverture, Goat Simulator 3 se rappelle à ces intentions avec une introduction qui parodie celle de Skyrim, où l'on apprend qu'un fermier mal intentionné a kidnappé cette brave chèvre pour s'enrichir. Un choix qu'il va vite regretter puisque dès qu'il nous lâche, on s'en donne à cœur joie pour mettre le bordel dans sa ferme, avec souvent des faux airs de la roublardise d'un Untitled Goose Game dans lequel on prend un malin plaisir à pourrir la vie de tout le monde. La narration s'axe toutefois autour d'un délire de fantasy, sur un simili-château chèvre où l'on doit à tout prix ouvrir une grande porte en accomplissant les diverses quêtes du jeu, qui le plus souvent évoquent d'autres titres. En effet, on sent que Coffee Stain North, pour donner un véritable intérêt à cette suite, tente de sortir (tout doucement) du simple jeu bac à sable pour offrir une narration un peu plus présente, mais aussi de nombreuses références qui permettent de rigoler au-delà des bêtises que l'on fait soi-même avec notre chèvre increvable. J'éviterai toutefois de trop en dire sur ces références, tout le sel du jeu résidant là-dedans, avec la découverte de tous les jeux et œuvres de pop culture que Goat Simulator 3 singe avec réussite ou non. La carte est d'ailleurs suffisamment grande pour proposer quelques coins sympathiques, notamment la ville faite de grattes ciels qui réserve quelques missions rigolotes.

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En offrant l'accès à une grande map, qui se dévoile en se synchronisant à des tours (bon, cette référence était inévitable), le jeu se permet plus d'ambition, tant pour ses environnements que pour le gameplay. Très vertical grâce à une région montagneuse, dans les airs ou sur la route en volant une voiture, le titre multiplie les situations pour aligner des gags plus ou moins réussis. Si on rit de bon cœur face à l'absurde de certaines situations, le jeu souffre aussi parfois d'une lourdeur de ton. Cependant, le tour de force réside dans un monde assez vivant, tant pour l'omniprésence de ses habitants que pour sa capacité à nous offrir un truc à faire peu importe où l'on va et à quel moment. En effet, la plupart des petites missions qui s'offrent à nous peuvent être effectuées dans l'ordre que l'on souhaite, tant qu'on les découvre sur la carte et qu'on se rend sur place en comprenant plus ou moins ce qui est attendu de nous. Qu'il s'agisse d'écraser un fermier avec son tracteur, de créer un cosplay à une convention ou de mettre le bordel dans une usine, la chèvre est multitâche et cherche essentiellement à retourner la vie des habitants qui ne semblent pas si surpris que ça quand ils croisent une chèvre au volant d'une voiture. Côté gameplay, le titre est extrêmement similaire au premier jeu, avec ses bons côtés comme l'agilité et le dynamisme de la chèvre, la possibilité d'attraper un peu tout ce que l'on croise ainsi que les animations ragdoll des personnages qui permettent de faire plein de bêtises. On sent les possibilités très nombreuses (utilisation d'objets, d'armes, de véhicules...) pour un moteur physique efficace, mais on est aussi confronté aux mauvais côtés du premier jeu : l'imprécision du gameplay, la frustration sur des quêtes qui obligent à grimper sur des bâtiments ou plateformes qui révèlent des sauts pas super fiables, mais aussi la caméra folle. 

C'est plus drôle à plusieurs

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La vraie bonne chose de Goat Simulator 3 est son mode coopératif, jusqu'à quatre, qui permet d'accomplir quelques quêtes, mais surtout d'exploiter les mini-jeux de la map ou, simplement, d'y mettre un bordel en terrorisant les habitants. Il faut bien avouer que le jeu a moins de saveur en solo, avec l'impression d'avoir un peu plus de la même chose, cette suite faisant essentiellement ce que proposait le premier après ses nombreuses mises à jour. Certes, ses références sont sympathiques et on apprécie l'effort fait sur la narration et la mise en scène des missions pour offrir un peu plus de cadre et sortir du simple jeu bac à sable, mais on reste face à un titre qui fait peu ou prou ce que l'on attendait de lui, sans véritablement surprendre. À l'exception peut-être du système de costumes qui permet d'habiller notre chèvre avec des objets utilisables, bouleversant parfois le gameplay : des ailes pour planer, des feux d'artifice pour attaquer les habitants... De vrais bons ajouts qui renouvellent régulièrement le gameplay et permettent d'aborder certaines missions différemment, au-delà de l'aspect esthétique indéniablement fun, notamment quand on traîne à plusieurs chèvres sur-armées.

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Malheureusement, Goat Simulator 3 se traîne encore une tare de son aîné, et elle est visuelle : c'est sacrément vilain. Certes, on n'attend pas d'être impressionné visuellement par un tel jeu, mais le côté cartoon de la direction artistique peine à vraiment ressortir et se trouve elle-même trop limitée par un moteur graphique vieillissant, pas bien aidé par des textures qui ont assez peu évolué et un éclairage basique au possible. Trop similaire au premier malgré des tons moins ternes, il manque d'un petit grain de folie supplémentaire et d'un style cartoon plus assumé. Le jeu n'est pas aidé non plus par ses performances, puisqu'il se permet de ramer occasionnellement sur PlayStation 5. Quant à sa bande originale, elle finit d'achever l'aspect artistique du jeu avec deux titres qui tournent en boucle jusqu'à ce que l'on décide de la désactiver complètement. 

Conclusion

On n'attendait pas un grand jeu, juste du fun, et Goat Simulator 3 en apporte. Avec quelques bonnes idées de gameplay, une carte suffisamment fournie pour faire vivre sa narration un peu bête mais rigolote et ses missions pleines de références, le jeu compense ses gros ratés. Des ratés artistiques notamment, avec une licence qui évolue trop peu sur ce point et qui fait le strict minimum ainsi qu'une technique à côté de la plaque qui n'arrive pas à se mettre au niveau des plateformes modernes. On s'amuse indéniablement, mais ça reste paresseux, avec un côté "jeu pour streamer" beaucoup trop important, recherchant bien trop souvent la bonne blague qui deviendra virale plutôt que l'intérêt vidéoludique. 

Test réalisé par Hachim0n sur PlayStation 5 à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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