Test de Exoprimal - En route pour la ré-extinction des dinosaures

Histoire ou nanar ?

Tout d'abord, signalons que Exoprimal, sous ses abords de shooter bourrin, raconte quelque chose.
Le joueur, nommé Ace, avatar muet vaguement personnalisable et son équipe vivent en 2043 et patrouillent vers l'île de Bikitoa avant de s'écraser. C'est alors que l'IA Leviathan de la société Aibius Corp oblige Ace à participer à des combats contre des hordes de créatures préhistoriques en le renvoyant en 2040, année où ces dinosaures sont apparus pour la première fois.
Etrangement c'est Leviathan qui dès 2040 pouvait prévoir l'apparition des dinosaures pour y envoyer des combattants équipés d'exosquelettes pour détruire la menace... Coïncidence ?

Le scénario mêlant exosquelettes, dinosaures, IA et voyage dans le temps pourrait avoir un côté anecdotique et surtout nanardesque, mais il n'est en réalité pas négligé par le jeu : la trame principale se dévoile au fur et à mesure des parties du joueur ainsi que tout un tas d'informations annexes que le joueur peut aller regarder quand il le souhaite. A l'heure où j'écris ces lignes j'ai presque terminé et je trouve que le scénario est une bonne surprise car je le suis avec plaisir, il y a quelques surprises et pour une histoire qui mêle dinosaures, exosquelettes, voyages dans le temps et dimensions parallèles je m'attendais à beaucoup plus bateau même si on n'échappe pas aux habituels problèmes de causalité du genre.

Dinogénocide

Exoprimal nous propose d'affronter des hordes de dinosaures et d'autres joueurs en exosquelettes à travers un unique mode de jeu (pour le moment). Alors crevons l'abcès tout de suite : la majorité des avis négatifs sur Steam reprochent au jeu un manque de contenu et se plaignent d'avoir toujours la même chose à faire sur une ou deux cartes. Le problème est que ces avis viennent de personnes qui ont joué moins de deux heures, pouvant ainsi se faire rembourser le jeu. Et effectivement, en deux heures de jeu, on ne voit que ça.

Mais plus on progresse dans le jeu, plus les objectifs se diversifient et même se complexifient. Si au départ il s'agit juste de vaincre un certain nombre de hordes de dinosaures, viennent plus tard de la capture de points, de la destruction de points, de la protection de points ou encore de l'escorte.
Même chose pour la mission finale : de la seule escorte de cube des premières parties, on arrive après quelques heures de jeu à plusieurs événements finaux variés.
Et enfin, c'est la même chose avec les cartes (de deux de départ à sept ou huit une fois l'histoire avancée) mais aussi avec la variété des dinosaures. Je peux vous dire que la première fois que commencent à apparaître ceux qui snipent, c'est vite un problème si les dps de votre équipe ne s'en occupent pas en priorité.
Après quelques heures de jeu, les parties sont loin de se ressembler, on pourra juste reproche un manque de diversité dans les biomes entre ville, base et forêt.

Les parties sont toutes de type JcEcJ : l'ensemble des phases avant la dernière sont JcE avec l'affrontement contre des dinosaures et la phase finale peut être JcE ou plus ou moins JcJ.
Dans tous les cas il y a une composante "course contre la montre" que le jeu nous rappelle en disant à chaque phase quelle équipe est en avance sur l'autre et on peut voir par moment sous forme de fantôme rouge les adversaires et leur avancée.
L'intérêt d'aller plus vite est de prendre de l'avance pour la phase finale : par exemple l'équipe en avance pourra commencer à prendre les "drapeaux" avant même que l'équipe en retard n'en soit encore à cette phase.

Le jeu fait en sorte néanmoins de maintenir un certain équilibre par exemple en terminant de façon prématurée les phases d'une équipe qui serait vraiment trop en retard.

L'autre façon d'équilibrer les choses et de mettre du JcJ dans le jeu c'est la possibilité de pouvoir invoquer un dinosaure pour aller perturber la progression adverse. C'est toujours un plaisir d'être aux commandes de ces monstres de destruction massive qui seront plus ou moins bien gérés selon le degré de cohésion de l'équipe en face. L'équipe en retard peut également se faire proposer d'abattre un dinosaure spécial afin d'augmenter la difficulté chez l'équipe adverse.

Les armures divines

Effectivement les équipes, composées de 5 joueurs, vont se montrer proportionnellement aussi efficaces qu'elles sont cohérentes et jouent vraiment ensemble.
Pour cela Exoprimal propose 3 rôles principaux (dégâts/tank/soins) répartis pour le moment en 10 exosquelettes.

La plupart du temps une répartition 3/1/1 est optimale. Si on manque de faiseurs de dégâts, on n'avance pas assez vite. L'absence de soigneur est quasi rédhibitoire.
Contrairement à d'autres jeu on ne manque pas de soigneurs car les trois exosquelettes ayant ce rôle sont très amusants à jouer. C'est même d'ailleurs l'inverse, on démarre souvent avec deux soigneurs, heureusement le jeu permet de basculer à n'importe quel moment dans un autre exosquelette... si tant est que les joueurs ont assez de jugeote pour optimiser leur équipe.

Si on peut reprocher aux exosquelettes de ne pas être forcément originaux dans leurs styles (on a le dps spécialisé cible unique, le dps de zone, le dps un peu tout, le dps cac, le soigneur en zone, le soigneur de cible, etc) ils sont sacrément bien équilibrés. De façon globale, aucun exosquelette ne se détache en tant que "meilleur dps" ou "meilleur tank". Selon la situation, ils vont plus ou moins briller. L'exosquelette Vigilant est par exemple très bon contre un gros dinosaure mais moins intéressant contre des hordes de petits dinosaures qui seront mieux gérées par un Barrage.
Chaque exosquelette dispose de quatre capacités ayant un temps de recharge variable ainsi qu'une capacité ultime qui se charge au fur et à mesure de la partie et est rarement disponible plus d'une ou deux fois par partie. On peut également choisir un accessoire comme un canon d'épaule ou un bouclier temporaire pour un peu plus définir son style de jeu.

Et si c'est aussi agréable de jouer chacune des classes, c'est parce que le jeu est techniquement réussi. Si graphiquement c'est joli dans son style, sans plus, on reste étonné de voir à quel point des hordes de centaines de dinosaures ne provoquent aucun ralentissement malgré le déluge de pyrotechnie qu'on leur envoie dans la tronche. Et jouer un Roadblock qui avec son bouclier bloque des centaines de dinosaures dans une ruelle pendant que ses alliés essaient de décimer la horde avant que le bouclier explose est toujours un grand kif.

En jouant un exosquelette, on augmente son niveau. Ceci permet de débloquer des améliorations spécifiques qui s'achètent et s'augmentent avec le Bikcoin, la monnaie du jeu qu'on gagne en jouant. Elles améliorent les compétences de base afin d'un peu personnaliser son exosquelette. Il existe d'autres capacités génériques, qui sont elles transverses à tous les exosquelettes. Ces améliorations ne rendent pas les exosquelettes beaucoup plus puissants ce qui évite un déséquilibre entre les joueurs débutants et les anciens.

Un positionnement tarifaire étrange

Au delà des améliorations des exosquelettes le jeu propose tout un tas de modifications cosmétiques que ce soit sur les armures en elles-mêmes ou sur le profil du joueur avec diverses vignettes et emblèmes pour se la péter.

Ces modifications peuvent être achetées en boutique (contre des euros), en jeu contre des Bikcoins ou en tombant dans des coffres au contenu aléatoire que l'on gagne tout au long du levelling. On trouve également un passe de saison qui fait gagner des objets cosmétique gratuitement mais également sa version payante qui en fait gagner plus.
De la même façon, certains exosquelettes peuvent être achetées en Bikcoins une fois un certain niveau de joueur atteint, mais ces exosquelettes sont débloqués de base pour les possesseurs de la version Deluxe.

Du coup, il peut être étrange de voir le jeu proposé au prix fort quand tout son modèle semblait être celui d'un free to play.
J'imagine que si un jour Capcom souhaitait donner ce genre d'accès au jeu, on n'aurait accès qu'à l'exosquelette Deadeye avec tout le reste à débloquer, donc dans un sens on paye pour les classes et cosmétiques débloqués de base.

Mais si on peut disserter des plombes sur cette monétisation, reste que le jeu en lui-même est très fun. Ce JcE avec sa touche de JcJ donne des parties souvent tendues et s'il peut arriver que certains mauvais joueurs ragequit (en même temps quelle idée de rush solo loin du groupe) des bots très efficaces prennent la place et ça n'est jamais perdu.
Les concepteurs du jeu, avec leur parti pris de débloquer petit à petit la richesses des objectifs, ont pris un risque avec l'impatience de certains joueurs et les premiers jours sur Steam, les avis étaient globalement mauvais. Mais c'est en train de s'inverser car ceux qui persévèrent constatent que le jeu est bien plus que ce qu'il montre lors de ses premières heures.

Un nouveau mode de jeu va est prévu pour fin juillet puis des collaborations avec Street Fighter 6 mais surtout Monster Hunter et je peux vous dire que j'en serai parce qu'il y a bien longtemps qu'un jeu de ce style ne m'avait autant amusé avec sa prise en main simple mais sa maîtrise plus complexe qu'il n'y paraît et ses exosquelettes que je trouve tous amusants à jouer.

Testé par Aragnis sur PS5 avec une version Deluxe fournie par l'éditeur