Test de Armored Core VI : Fires of Rubicon - La flamme des Souls brûle en son cœur
Ayant surpris tout le monde lors des Game Awards 2022, Armored Core VI : Fires of Rubicon est enfin disponible sur PlayStation 4 et 5, Xbox One et Series S|X, ainsi que sur PC. Nouvel opus de la longue série de jeux d’action développés par FromSoftware, le jeu met en scène des méchas - ces robots géants bien connus des fans de Gundam, Macross ou encore Patlabor - dans un univers futuriste où diverses factions se battent pour le corail, une substance très convoitée et présente en masse sur la planète Rubicon-3. Retour sur le dernier Armored Core après dix longues années de disette.
Sorti de la casse
Si les fans savaient depuis 2016 qu’un nouvel épisode était en préparation après le très oubliable Armored Core : Verdict Day, beaucoup l’avaient probablement oublié ; l’eau ayant longuement coulé sous les ponts et FromSoftware étant occupé à nourrir les addicts aux Souls. Mais tout cela changea le 8 décembre 2022 quand, profitant des Game Awards, le développeur de Elden Ring distingué Game of the Year durant cette même soirée, dévoila la toute première bande annonce de son prochain bébé : Armored Core VI : Fires of Rubicon.
Née en 1997 sur la toute première PlayStation, la licence Armored Core était bien connue des fans de robots géants de la fin des années 90 début 2000, et se distinguait des Front Mission par un système de jeu beaucoup plus action, très proche de ce que pouvait proposer Ace Combat, qui reste probablement le concurrent le plus direct dans son approche. Enchainement de missions suivant un fil rouge conducteur pour un scénario simple, mais efficace, la licence de FromSoftware avait su trouver sa place dans un secteur assez peu concurrentiel à une époque où le J-RPG était roi. Mais voilà, si les premiers épisodes ont eu un succès mérité, le rythme effréné des sorties quasi annuelles a commencé à peser sur la qualité des jeux, et si les premiers restent des références du genre, les derniers épisodes n’ont pas laissé une trace indélébile dans les mémoires, bien au contraire. Que ce soit Armored Core V ou Verdict Day, sortis tous deux sur PlayStation 3 et Xbox 360, le constat fut le même : la licence avait perdu de sa saveur et elle était vouée à tomber dans l’oubli. Et c’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé, puisque FromSoftware et Bandai Namco, son éditeur, n’en ont plus parlé pendant trois ans avant de mentionner furtivement en 2016 qu’un nouvel opus était en développement avant de sombrer à nouveau dans un mutisme complet, sans aucune autre info pour satisfaire les fans. Et c’était probablement ce dont la licence avait besoin.
Durant cette longue période, FromSoftware a pu renforcer ses équipes, étendre ses talents et compétences, qui ont donné naissance à la série des Souls, à Bloodborne et plus récemment à Elden Ring. Toute cette expérience a permis au studio japonais d’acquérir un savoir-faire unique dans un domaine très particulier : les jeux d’actions exigeants. Et ce savoir-faire, les développeurs allaient le mettre en pratique pour ressusciter Armored Core dans un tout nouvel épisode nommé Armored Core VI : Fires of Rubicon.
Le Feu, le Corail et l’Acier
Dans un futur lointain, l’humanité a dépassé les limites du système solaire et voyage à travers la galaxie en recherche de nouvelles planètes habitables. C’est durant cette nouvelle ère d’exploration qu’est découverte Rubicon-3, une planète très particulière, car abritant une matière jusque-là inconnue : le corail. Source énergétique aux propriétés extraordinaires, comme celle de pouvoir améliorer les êtres humains et concevoir des robots géants appelés Armored Core, elle est rapidement exploitée, mais une catastrophe, connue par la suite sous le nom des Feux d’Ibis, va mettre fin à cet Eldorado et rendre toute vie impossible sur Rubicon-3 pendant 50 ans.
Vous incarnez un mercenaire amélioré de quatrième génération, nom de code C4-621, arrivé illégalement sur Rubicon-3 pour profiter de la situation très tendue entre les différents géants industriels et les rebelles indépendantistes, qui mettent à feu et à sang la planète Rubicon-3 afin d’en extraire le corail de nouveau exploitable après de longues décennies. Travaillant pour les plus offrants, la morale ne vous étouffe pas quand il s’agit de raser une base entière rebelle pour ensuite accepter un de leurs contrats pour détruire un prototype d’Armored Core de votre précédent employeur. C’est la guerre et en tant que mercenaire, vous ne vous préoccupez que de piloter votre Armored Core et d'obéir aux ordres de votre boss, Handler Walter. Toutefois, un événement va petit à petit modifier les cartes et vous obliger à prendre parti dans ce conflit.
Proposant une campagne d’une petite vingtaine d’heures découpée en chapitres, Armored Core VI n’est pourtant pas avare en contenu. Les missions, se déroulant chacune dans une zone dédiée, sont diverses et nombreuses, que ce soit du nettoyage de zone, de l’élimination de cible, de la recherche de données chronométrée ou encore de l’exploration, vous avez de quoi faire, même si on n’échappe pas aux redites comme tous les jeux du genre. En plus de ces missions, vous avez accès à une arène, vous faisant défier d’autres robots contre des récompenses, ainsi qu’à la partie en ligne se limitant à des confrontations entre joueurs en 1v1 ou 3v3. Pas de mode Co-op pour ce jeu, mais le contraire aurait été étonnant avec une telle construction narrative et ici, pas de magie pouvant expliquer l’invocation de joueurs à la Souls. Vous allez peut-être trouver la durée de vie un peu faible, mais c’est sans compter sur le new game+ et les différentes fins, qui vous poussent à refaire le jeu plusieurs fois sur une même sauvegarde.
Quant au scénario, il se laisse suivre avec plaisir, même si on aurait aimé une mise en scène un peu plus travaillée. Dans le même style, Ace Combat 7 met beaucoup plus l’emphase sur le côté cinématographique, quitte à parfois en faire des caisses et tomber dans le ridicule, mais c’est ce qui fait son charme et donne envie d’aller plus loin avec de belles injections de moments épiques en intraveineuse. C’est probablement ce qui manque à ce Armored Core VI pour en faire un jeu inoubliable, car du côté du gameplay, c’est un concentré de fun.
Le Sang, la Taule et les Souls
Pour son retour après une si longue absence, la licence Armored Core se devait de frapper un grand coup et pour cela, les développeurs de FromSoftware ont fait le choix d’adapter ce qui a fait le succès des Souls à leurs licences de méchas, quitte à se fâcher avec les fans de la première heure. Car oui, Armored Core VI est exigeant et ne pardonne pas les erreurs au point de sans nul doute en refroidir plus d’un. Les combats de boss sont d’une difficulté rarement vue dans un jeu du studio et j’en ai souvent regretté mes centaines d’heures sur les Souls et Elden Ring. Vous allez suer, pester et probablement jurer devant des ennemis absurdement durs et c’est là le premier point qui gêne : un niveau de difficulté en dents de scie, parfois mal dosée, qui crée des situations frustrantes face à des boss qui semblent imbattables alors que les suivants paraissent anecdotiques.
Mais revenons à l’essentiel : comment se joue Armored Core VI ? Tout d’abord, vous avez votre Armored Core, que vous pouvez entièrement personnaliser pour correspondre au mieux à votre style. Têtes, torses, bras, jambes, armes pour les deux bras et deux épaules, boosters, aides à la viser ou encore réserves d’énergie, vous avez de quoi expérimenter. Mais attention, si vous avez un large panel de pièces à disposition ayant chacune des statistiques propres - et elles sont nombreuses -, vous êtes tout de même limités par le poids et la réserve en énergie. Si votre Armored Core possède des jambes de type aviaire, il sera très agile et pourra se déplacer très rapidement, mais sera aussi limité en charge maximale, réduisant ainsi les possibilités d’équipement au niveau des armes ou des autres parties du corps pour sa défense. Il en va de même avec l’énergie. Plus la réserve est grande, plus son poids est important et plus elle est petite, moins vous pouvez équiper d’armes de type énergétique par exemple. Et pour aller plus loin dans la personnalisation, vous pouvez bien entendu modifier la peinture via un menu très complet et ajouter des stickers où bon vous semble et même en créer. De quoi vous occuper pour un bon moment et si jamais tout cela vous semble bien trop compliqué, vaincre les défis de l’arène vous permet de récupérer les données des différents Armored Core vaincus pour reproduire leurs caractéristiques sur votre propre machine sous condition de posséder les pièces nécessaires. Très pratique, même si on aurait apprécier une option pour directement acheter les pièces manquantes plutôt que de devoir faire une liste pour ensuite vérifier si elles sont présentes dans le magasin. Pour en finir avec la personnalisation, vous avez aussi la possibilité d'améliorer l'OS de votre Armored Core grâce aux puces AOS obtenues en réussissant les défis de l'arène afin d'en augmenter les dégâts, la défense ou même d'ajouter des fonctions, comme un bouclier énergétique, le virage rapide, la possibilité d'équiper des armes de bras sur les épaules etc.
Une fois votre Armored Core prêt dans votre hangar, il est temps de partir en mission et après un petit briefing, vous voilà transporté dans la zone d’action, plus ou moins grande selon la mission. À partir de là, vous avez le contrôle et c’est le début du fun. Votre robot se contrôle à la troisième personne et peut se déplacer aussi bien à l’horizontale qu’à la verticale grâce aux boosters. Une touche vous permet d’accélérer et d’esquiver, une autre de sauter et voler, une autre pour rapidement voler vers un point ciblé, quatre autres sont dédiées aux quatre emplacements d’armes et enfin deux autres pour scanner la zone et plus important, pour vous réparer grâce aux trois kits disponibles. Lorsque vous esquivez ou enclenchez le vol, votre énergie se vide, ce qui vous oblige à faire attention afin de lui laisser le temps de se recharger. De même, votre Armored Core, et tous les ennemis, possèdent une barre de stun, qui une fois remplie vous immobilise quelques secondes, vous rendant ainsi très vulnérable.
Cela peut sembler beaucoup à gérer, mais la prise en main reste très intuitive et le robot se dirige très facilement malgré les nombreuses actions possibles. Charger les ennemis tête baissée, tourner autour, faire du vol stationnaire, viser plusieurs ennemis pour lancer une salve de missiles, tout se fait instinctivement, d’autant plus à la manette, et pour ceux qui ont un peu de mal, il existe des tutoriels pour vous aider. Très dynamique, percutant, explosif, le système de jeu est un pur bonheur à maitriser, même si parfois la caméra n’arrive plus à suivre tant tout peut très vite s’emballer. Petite nouveauté intéressante en provenance directe des Souls, il est enfin possible de cibler manuellement un ennemi. Cela peut sembler évident, mais dans les précédents épisodes, le ciblage était automatique et c’était aux joueurs de bien se positionner pour viser les bons ennemis aux bons moments.
Quant aux ennemis justement, ils sont nombreux et surtout variés vous obligeant à profiter au mieux de votre armement. Munitions cinétiques, énergétiques ou explosives, tirs distants, à bout portant ou carrément attaques au corps à corps, votre arsenal est mis à rude épreuve et c’est une pluie constante de cartouches qui s’écrasent sur le sol. Pour vous éviter la panne sèche de munitions et kits de réparation, des points de ravitaillement sont disponibles lors des missions les plus longues. Chaque victoire est une fête et elle n’est que plus belle lorsque c’est un boss qui tombe sous vos assauts. Car eux aussi sont armés jusqu’aux dents et possèdent tous des variations d’attaques dévastatrices, parfois sorties d’un bullet hell, qu’il vous faut éviter sous peine de retour au dernier point de contrôle, ce qui risque de vous arriver très souvent.
Et on en revient à ce que j’évoquais plus tôt : l’équilibrage de la difficulté. Grande surprise, FromSoftware a surfé sur le succès des Souls pour rendre son Armored Core VI plus ardus, plus exigeant. Est-ce un mal ? Vous êtes seuls juges pour le déterminer, mais ce qui est certain, c’est que cela tranche beaucoup avec les précédents épisodes, au risque de perdre une part non négligeable de fans fidèles de la première heure, qui espéraient retrouver les sensations d’antan pour au final se prendre un violent revers sec de la main. Certains accepteront le challenge et d’autres sauteront du train pour ne plus y remonter, ce que l’on peut difficilement leur reprocher alors que cette difficulté est réellement mal dosée à certains moments. Alors question : était-ce vraiment nécessaire de transposer l’exigence des Souls au sein de cette licence ? Pour continuer la comparaison avec Ace Combat 7, ce dernier propose un challenge tout aussi important dans son niveau de difficulté maximum sans pour autant délaisser les autres joueurs avec des niveaux plus faibles et accessibles. Armored Core VI aurait-il été moins bon en faisant de même ?
Le but ici n’est pas de remettre en cause la difficulté des Souls, je fais moi-même partie des addicts de ces jeux, toutefois je ne demande pas à ce que tous fassent de même et j’apprécie aussi des jeux d’action fun et moins frustrants, ce qu’étaient les Armored Core à l’origine. Vouloir absolument apposer la signature Souls à tous leurs jeux risque d’engendrer une overdose malgré les univers et systèmes de jeu différents. Vous me direz que c’est devenu la signature FromSoftware, pourtant ils savaient faire autre chose auparavant, même si ce n’était pas toujours avec succès. Si la série des Souls est née dans le but de proposer des challenges sans compromis, ce qui explique l’absence de niveaux de difficulté, ce n’est pas le cas des Armored Core, qui auraient très bien pu conserver cette accessibilité tout en proposant une exigence similaire dans un niveau de difficulté plus élevé au nom suffisant clair pour attiser la curiosité. Cela n’enlève en rien les qualités indéniables du titre, mais FromSoftware n’avait pas besoin d’être aussi radical dans ce changement de paradigme juste pour essayer d’appâter les fans de leur licence à succès - je mets BloodBorne et Elden Ring dans le lot -, et Armored Core VI aurait été le jeu parfait pour prouver qu’ils sont capables de faire autre chose que du Souls dans des univers interchangeables.
La Roche, la Neige et le Béton
Visuellement, Armored Core VI souffle le chaud et le froid. Sortant aussi sur la précédente génération de consoles, il n’impressionne pas techniquement et sorti des Armored Core, beaucoup de textures manquent de détails, les destructions d’éléments peuvent laisser à désirer et l'histoire est bien pratique pour expliquer l'absence totale de vie dans des décors parfois très pauvres. Pourtant, le jeu utilise le même moteur que Sekiro et Elden Ring, mais la nécessité d'offrir un jeu toujours fluide malgré l'action survoltée a contraint les développeurs à faire quelques concessions. À côté de cela, la direction artistique est très réussie et certains panoramas sont de parfaits candidats pour devenir des fonds d’écran. Grâce à cela, parcourir Rubicon-3 et ses structures labyrinthiques, ses montagnes enneigées, son désert de sable, ses cavernes et j’en passe, reste très plaisant. Quant aux méchas, ils n’ont rien à envier aux références du genre tant ils pètent la classe et s’ils ne transpirent pas l’originalité - les influences sont très visibles -, les différents designers ont fait un boulot incroyable tout aussi valable pour les ennemis et surtout les boss, plus impressionnants les uns que les autres. Mais ce n’est pas une surprise quand on sait qu’ils ont travaillé sur Macross, Space Battleship Yamato, Gundam, Aquarion, Evangelion et même Gunbuster. Autant dire que c’est la crème de la crème.
Sur PC, le jeu tourne parfaitement et n’a nullement besoin de DLSS ou FSR pour proposer un jeu fluide tout à fond, même avec une configuration moyenne. Pour les machines plus modestes, diverses options sont disponibles et si elles sont peu nombreuses, elles permettent tout de même de calibrer la qualité graphique aux limitations matérielles que vous rencontrez. Petite précision tout de même, le jeu utilise le système Easy Anti-Cheat pour limiter les risques de triche lorsque vous jouez en ligne. Que l’on aime ou pas ce genre de logiciels parfois intrusifs, il faut faire avec.
Pour ce qui est de la bande son, elle se veut assez discrète et les compositions électro de Kota Hoshino, présent depuis le tout premier épisode de la série, accompagné de Takashi Onodera et Shoi Miyazawa ne supplantent jamais les sons d’ambiance, de taules fracassées ou d’explosions si ce n’est lors des combats de boss durant lesquels la musique s’emporte dans des thèmes plus hardcore, plus punchy et totalement en adéquation avec l’action survoltée qui se déroule devant vos yeux. Les fans de la première heure seront sûrement surpris de ce choix et pourront regretter les absences de Tsukasa Saitoh, Hideyuki Eto ou encore Yuka Kitamura, qui a quitté FromSoftware quelques mois seulement après la sortie de Elden Ring, toutefois certains thèmes sortent vraiment du lot dont Contact with You, Cries of Coral, Verification, The Man Who Burned it All ou encore Steel Haze et Unbreakable. Ce ne sera pas la plus mémorable des bandes sons de la série, mais elle fait très bien son office avec des pics de puissance très appréciables.
Conclusion
Si personne ne s’attendait à voir la licence Armored Core revenir de sitôt, ce Fires of Rubicon a su faire oublier les errances du passé pour devenir ou redevenir une référence du genre mécha. Affublé d’un gameplay aux petits oignons et d’une prise en main intuitive, le titre de FromSoftware est un concentré de fun si tant est que vous acceptiez de souffrir face à un niveau de difficulté pas toujours bien ajusté et assez éloigné de ce que proposait la licence jusque-là. Et si Armored Core VI : Fires of Rubicon n’impressionne pas sur le plan technique et aurait gagné à miser un peu plus sur la mise en scène, il n’en reste pas moins un incontournable bourré de charme pour les grands enfants que nous sommes, fans de robots géants.
Armored Core VI : Fires of Rubicon est disponible sur PlayStation 4 et 5, Xbox One et Series X|S ainsi que sur PC.
Test réalisé par Lianai à partir d'une version Steam fournie par l'éditeur.
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Plateformes | PlayStation 4, PlayStation 5, Windows, Xbox One, Xbox Series X|S |
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Genres | Action, futuriste / science-fiction |
Sortie |
2023 |
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6 septembre 2023
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25 juillet 2023
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