Test de Sonic Superstars : le retour de la guerre des mascottes ?

Cette fin d’année 2023 a été marquée par la sortie simultanée d’un Mario et d’un Sonic en 2D. Nous revoilà une trentaine d’années en arrière, à une époque où Nintendo et Sega se battaient pour la suprématie vidéoludique. Le contexte est aujourd’hui bien différent, mais ce nouvel épisode des aventures du hérisson bleu a-t-il de quoi rivaliser avec ses contemporains ? C’est ce que nous allons essayer de voir ici !

Depuis plusieurs années maintenant, un nouveau jeu Sonic sort tous les ans, voire deux. 2023 est placée sous le signe de la 2D avec Sonic Origins Plus, best-of ultime des versions Megadrive sorti au début de l’été, et ce Sonic Superstars automnal. Contrairement à l’excellent Sonic Mania, l’approche 16-bit a été mise de côté pour une direction artistique 3D, ce que Mario a fait il y a une quinzaine d’années avec la série des New qui vient tout juste de s’arrêter. Un Sonic 2D avec un look 3D, de quoi faire ressurgir le spectre du très médiocre Sonic 4 ? 

Le principal défaut de Sonic 4, sorti en deux épisodes autour des années 2010, venait de sa physique. Pour faire bref, il reprenait les contrôles et la maniabilité des opus 3D (bien moins aboutis que le très bon Sonic Frontiers), ce qui gâchait complètement l’expérience. En plus de la dash attack, qui permet à Sonic de sauter sur ses ennemis avec un ciblage à tête chercheuse, il bénéficiait de l’horrible vitesse d’accélération typique des opus 3D de l’époque, ce qui rendait les phases de plateformes demandant de la précision vraiment pénibles. L’erreur n’a pas été reproduite ici et Sonic Superstars propose la même physique que les opus 2D pur jus. Ce nouvel épisode se joue comme un Mania avec les déplacements connus depuis longtemps ainsi que plusieurs petites améliorations. Il ne manque que les boucliers élémentaires, mais leur absence est justifiée par les choix de game design.

La grande nouveauté de Superstars réside dans ses Émeraudes du Chaos. Elles s’obtiennent toujours grâce à des niveaux bonus, cette fois sous la forme d’épreuves qui consistent à se balancer et avancer avec une sorte de liane lumineuse. Beaucoup de fans s’en plaignent, mais étrangement, j’ai personnellement adoré. Si, habituellement, elles ne servent qu’à donner accès à la forme Super, elles ont aujourd’hui une plus grande utilité. Chaque pierre précieuse obtenue donne accès à un pouvoir spécial utilisable une seule fois jusqu’à ce qu’il soit rechargé en passant par un checkpoint. Cela donne donc accès à 7 capacités, 8 si on compte la transformation, mais leur utilité est malheureusement très hétérogène. Deux d’entre elles sont extrêmement utiles, trois à la limite, et le reste est tellement anecdotique qu’on finit par ne plus les utiliser après le premier test. C’est dommage, surtout qu’en plus, les deux plus utiles s’obtiennent respectivement avec la première et la deuxième Émeraude. Pire que ça, plusieurs mini-boss peuvent être vaincus simplement en lâchant le pouvoir Bleu qui fait apparaître de nombreux clones de votre personnage sans avoir à faire quoi que ce soit d’autre. Mais malheureusement, on ne peut pas dire que ces types de combat soient des plus réussis…

L’histoire de Sonic et de ses boss est assez tumultueuse. La licence a solidifié les bases, mais nous a également proposé de bons gros ratés, comme dans Sonic CD ou Sonic 06. Sans tomber dans ce type d’excès, Superstars est plutôt dans la mauvaise catégorie. L’intérêt de la plupart des boss de la saga, c’est de laisser un laps de temps pendant lequel ils sont vulnérables, temps qui peut être alloué à plusieurs touches avec le bon timing et la bonne maîtrise. Superstars propose surtout des boss à phase, c’est-à-dire qu’ils consistent à esquiver des attaques assez longtemps avant de pouvoir prendre un seul coup et ensuite recommencer tout le procédé plusieurs fois. Les combats sont souvent longs, rébarbatifs et finalement pas très intéressants. C’est dommage, parce que la conception en 3D des décors aurait pu être utilisée à meilleur escient. Fort heureusement, les développeurs ont été bien plus inspirés pour les niveaux en eux-mêmes.

Sonic Superstars comporte 11 mondes, découpés en un ou deux actes avec parfois un troisième en bonus dédié à un personnage particulier. On y retrouve des classiques du genre comme le “Green Hill” ou le “Casino” maison, mais aussi des créations plus originales comme une antique ville couverte d’or ou bien un monde digital qui change totalement l’identité visuelle du jeu. Mais en plus de cela, de bonnes idées sont disséminées çà et là, comme le piston de l’usine qui tape à intervalles régulier, faisant vibrer le niveau et sauter le personnage ou encore la bombe à retardement qui provoque sa destruction si on ne marche pas régulièrement sur des interrupteurs. Le level design joue dans la verticalité et est de bonne qualité, mais malheureusement le jeu pêche là où il excelle habituellement. Les musiques sont un gros point faible de Superstars et on ressent très clairement la patte des deux principaux artistes : d’un côté, des mélodies pêchues et entraînantes à la Mania, de l’autre, une copie quasi à l’identique des sonorités de la Megadrive avec ses horribles percussions qui ne passaient déjà plus après 1995. Dans cet univers 3D tout coloré, ça fait franchement tache, surtout que ces morceaux-là n’ont aucune personnalité et sont oubliés aussi vite qu’ils sont joués. Il serait peut-être temps de dire “au revoir” à cette époque.

Sonic Superstars est jouable jusqu’à 4 en local et permet de vivre l’aventure à plusieurs. On pouvait craindre une certaine rigidité dans un jeu aussi rapide, mais le rendu est plutôt bien foutu et la caméra suit un joueur en particulier. Les retardataires sont téléportés de façon fluide et l’expérience est très agréable, surtout avec des enfants. En outre, il ne faut pas s’attendre à un challenge relevé : les vies sont illimitées, les boss pour la plupart faciles, le jeu se termine en une poignée d’heures qui se comptent sur les doigts d’une main. C’est somme toute habituel pour un jeu Sonic, sauf que celui-ci est vendu plein tarif, alors que Mania est sorti à une vingtaine d’euros. Et ce n’est pas son multijoueur en ligne qui augmentera drastiquement sa durée. Même si les épreuves de courses et de combat à 8 sont vraiment réussies, l’absence de cross-play et la désertification-éclair du mode ne permettent pas vraiment de rentabiliser l’investissement.

Sonic Superstars est une chouette mise à jour des opus 2D bien connus. L’univers est propre, chatoyant et agréable à parcourir, même si sa BO est bien en-deçà de ce à quoi on est habitué. Il jouit toutefois d'une bonne finition et d'un contenu honnête pour un Sonic en 2D... mais est pour l'instant trop cher si on le compare à la concurrence. Ce jeu est idéal pour une petite balade nostalgique à partager avec des plus petits même s'il souffre de plusieurs défauts qui ont du mal à passer au prix d'un triple A.

 

Test réalisé par Malison à partir d'une version PS5 fournie par l'éditeur

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