Test de Super Mario Bros. Wonder - Le saut (presque) parfait sur Nintendo Switch

Depuis le premier saut de Super Mario Bros. en 1985, le constructeur japonais Nintendo n'a eu de cesse d'employer sa mascotte dans différents sports et autres joyeusetés vidéoludiques, voire même la transformer en star de cinéma. Mario a gagné une dimension et pourtant on en revient encore aujourd'hui à cette recette initiale en 2D qui fait bondir notre amusement. En effet, on retrouve dans Super Mario Bros. Wonder une conception, des visuels, des sons et un univers créés il y a presque 40 ans, mais suffisamment sublimés pour ne pas s'en lasser.

Ce n'est pas qu'une question de graphismes, aussi propres et lisses qu'ils étaient pixelisés au commencement. Toutes un panel d'animations apportent de la vie, rendant les personnages encore plus attachants quand on les voit s'extirper d'un tuyau, mais aussi un monde qui s'active. Et ce n'est qu'un avant-goût de la surprise de cet épisode, chaque stage recèle un secret à découvrir qui, une fois obtenu, le transforme en merveille de créativité.

La plupart des niveaux disposent en effet de deux objectifs. S'il faut évidemment aller au bout du niveau, comme l'usage le demande depuis le début du genre, l'autre objectif est dissimulé. À quelques exceptions où le jeu impose de le trouver, on peut très bien se frayer un chemin jusqu'à Bowser en passant à côté, mais ça serait bien dommage. Car il ne s'agit pas seulement de trouver un secret, mais de dévoiler une autre facette du jeu. Les décors, les règles, la vue ou même son personnage peuvent alors changer, accentuant encore un peu plus cette impression que Wonder condense une myriade d'idées.

Car même lorsqu'on enchaîne les stages, on redécouvre en permanence le même amusement sous un autre angle. Les transformations en sont la parfaite illustration, car du puissant éléphant à la foreuse capable de nous plonger dans le sol, on aborde Wonder de bien des manières. Tout est toujours possible, même quand Mario en est réduit à une version ratatinée et sans pouvoir de lui-même. La première rencontre avec un ennemi qui saute de concert avec nous, la première fois que l'on bascule dans l'obscurité, la première fois que la fin du niveau n'en est pas une, la première fois que l'on rejoint l'arrière-plan sont autant de fois durant lesquelles Wonder joue avec nous, pour notre plus grand plaisir.

Cet amusement constant prend encore une autre dimension avec le multijoueur, une véritable foire d'empoigne à l'écran. Elle conserve toutefois une bonne visibilité même lorsque quatre joueurs participent aux festivités à l'écran. Et à chaque fin de niveau, la course au sommet du mât pour désigner le meilleur d'entre nous. C'est le petit détail qui change tout, la marque de fabrique de Wonder. Au-delà d'une parfaite finition, cela dégage cette impression que l'on a entre les mains un jeu particulièrement soigné et choyé par ses développeurs, qui ont eu le temps et les moyens d'aller au bout de leurs idées.

Super Mario Bros. Wonder forme un ensemble varié dont la cohérence est assurée par un équilibrage aux petits oignons. Un système de badge à débloquer au fil des aventures permet de s’adjuger un pouvoir supplémentaire, variant encore un peu plus la variété de l'ensemble. Si certains sont plus ou moins pertinents, j'ai opté la plupart du temps pour celui qui m'a replongé avec nostalgie dans le deuxième opus de la série, quand le brassement rapide des jambes permet de sauter un peu plus longtemps. La combinaison des transformations et des badges produit parfois des superbes enchainements à l'écran, au point parfois de m'étonner moi-même.

La progression est moins linéaire qu'à l’accoutumée, avec un indicateur de difficulté disponible à l'entrée de chaque épreuve. On peut ainsi se retrouver rapidement confronté à de la difficulté, car chacun des mondes composant Super Mario Bros. Wonder dispose de sa propre progression. Et surtout, il faut naviguer à travers ces derniers pour disposer de la suite du programme. La carte peut nous ramener dans le droit chemin pour les plus étourdis, me faisant tout de même regretter l'époque où je pouvais me contenter de passer au stage suivant. Cette présentation des niveaux illustre une volonté des développeurs de soigner l'enrobage, mais que je trouve justement accessoire, car l'essentiel est bien dans le gameplay.

L'ambiance joue pourtant un rôle, peut-être le plus important depuis le début de cette série. Et quand on arrive au final dont Bowser nous a préparé le terrain, c'est juste une apothéose visuelle, mais aussi sonore. Pour ce dernier point, on retrouve la touche apportée au genre par Rayman Legends, quand le son devient un élément de gameplay. Cet écho du passé parfait encore un peu plus la copie délivrée par Nintendo avec Wonder. Car s'il n'est peut-être plus possible de révolutionner le jeu de plateforme en 2D, on peut aussi en produire une synthèse à partir de ses meilleurs éléments, dont Rayman Legends que je recommande absolument.

Mais si le combat final est véritablement une apothéose, elle illustre aussi ses limites, car je l'ai achevé d'une traite sans devoir recommencer. La difficulté reste globalement limitée, si ce n'est quelques épreuves en intermède qui restent optionnelles, pour rester sur une proposition ouverte au plus grand nombre. Les nostalgiques ont toutefois accès aux anciens épisodes Super Mario Bros. sur le service Nintendo Switch Online pour retrouver cette ancienne exigence, souvent douloureuse.

Conclusion

La série Super Mario Bros. dispose avec Wonder d'un épisode de référence. Après avoir proposé aux joueurs de construire leurs stages avec Maker, Nintendo reprend la main avec une maitrise totale du genre. S'il est difficile de sauter plus haut, c'est bien en soignant la manière que Nintendo nous ramène encore une fois à la plateforme en 2D. L'amusement -- seul ou à plusieurs -- est au rendez-vous pour quelques belles soirées, accessibles au plus grand nombre. Les créations de Maker peuvent combler le joueur exigeant, Super Mario Bros. Wonder se charge de le distraire à merveille.

Test réalisé par Agahnon sur Nintendo Switch à partir d'une version fournie par l'éditeur.