Test d'Against the Storm - réinventer un genre, contre vents et marrées

Hooded Horse est un éditeur qui mérite d’être mieux connu. Ils ont le nez fin pour repérer des titres de qualité. Leur spécialité est clairement le jeu de stratégie avec des jeux souvent très complexes, de niche, mais toujours de très bonne qualité.

Against the Storm, développé par Eremite Games, en fait clairement partie. J’ai pu y jouer longuement pendant son accès anticipé et il est enfin sorti officiellement, ce qui me permet d’en parler.

Réinventer la roue, c'est une tâche difficile. Against the Storm est un mélange des genres. Il combine ce qui fonctionne bien actuellement avec un genre qui décline un peu. Il s’agit d’un city-builder fantastique, mais parsemé d'éléments de rogue-like. Nous incarnons un responsable de colonisation qui explore les environs de la citadelle, capitale du Royaume, sur ordre de la Reine. Mais le monde est hostile à toute présence humanoïde : les forêts sont sombres, agressives et rejettent votre présence. De plus, tous les 100 ans, le grand cataclysme, connu sous le nom de « tempête de la corruption », s’abat sur le monde et toutes les colonies sont rasées, forçant ses habitants à retourner à la citadelle pour repartir ensuite, une fois la tempête passée, dans de nouvelles explorations afin de subvenir aux besoins des colons et de la capitale.

20231124232057 1
20220728001849 1
20231125054856 1

En plus de l’hostilité de l’environnement, vous devez gérer la colère de la Reine qui n’accepte pas l’échec. En opposition à ces exigences, vous aurez une série de missions à accomplir, comme fournir des denrées à la Reine, établir des maisons pour une certaine population, etc. Ces missions se présentent sous forme de deux barres en bas de l’écran en opposition : à gauche, le niveau de contentement de la Reine, à droite, son niveau de mécontentement. Réussir ou échouer à une mission dépend de quelle barre vous remplirez en premier. Si vous réussissez, vous pourrez explorer la région un peu plus loin, votre nouvelle colonie servant de jonction entre la capitale et vous.

Cette pression constante vous pousse à avancer dans le développement de votre colonie. Selon les missions à accomplir, vous devrez faire des choix dans votre développement, vous empêchant, par exemple, de reproduire un modèle de colonie que vous avez déjà réussi précédemment. C’est qu’elle est capricieuse, la Reine.

Mais revenons un peu en arrière. La première chose à faire lorsque vous lancez une partie est de choisir votre destination pour votre colonie. Sur une carte composée d'hexagones, vous pouvez choisir une direction à partir de la capitale, vous orientant vers divers biomes, chacun possédant une flore et des ressources propres à lui. Une fois la case sélectionnée, on vous demandera de choisir un package de départ : des hommes supplémentaires ou des ressources qui seront disponibles directement dans votre colonie.

Ensuite, nous entamons la phase de city-builder proprement dite. Avec un grand foyer central qui sert à repousser l’hostilité de l’environnement et les quelques colons que vous avez amenés avec vous, vous devrez commencer vos constructions après avoir analysé les ressources disponibles dans la première zone de votre développement. Rapidement, vous devrez sélectionner vos trois premières missions (les autres s’ajoutent au fur et à mesure de votre partie), qui, elles aussi, orienteront vos choix. Car des choix, vous en aurez souvent à faire. Au début de votre colonisation, puis à chaque mission réussie, ainsi que lors de certains événements, vous recevrez un nouveau plan de construction à choisir parmi trois proposés. Chaque bâtiment a ses fonctionnalités et ses productions possibles. L'une, optimale, demande peu de ressources pour créer un produit, une seconde en demande un peu plus, et une troisième en demande beaucoup, mais parfois vous n’avez pas le choix, car il s’agit de votre seule bâtisse disponible la produisant.

20231125041733 1

En bref, vous n’avez pas, à chaque partie, le même arbre de construction et ça donne une énorme rejouabilité à votre city-builder. Et il faut de la rejouabilité pour ne pas s’ennuyer dans un rogue-like.

Le développement de votre colonie se joue un peu comme un « Anno » : vous créez les bâtiments nécessaires, vous y placez un certain nombre de colons qui, automatiquement, cherchent les ressources nécessaires pour produire des denrées. Vous pouvez donner un ordre de priorité, voire même refuser de produire l’une d’entre elles ; c’est utile, car peut-être pouvez-vous produire cette même denrée dans une autre construction pour un coût moindre, cela serait contre-productif de continuer à la produire dans la première.

La carte du city-builder est composée de zones plus ou moins grandes et plus ou moins hostiles que vous devez découvrir en abattant la végétation qui les entoure. Chaque zone possède de nouvelles ressources, parfois de petits événements qui sont composés de petits objectifs récompensant votre colonie en cas de réussite ou de bâtisses à l’abandon que vous pouvez réparer pour les utiliser ou les démanteler pour récupérer des matières premières.

Vous aurez aussi régulièrement la visite d’un commerçant itinérant qui vous proposera des ressources à vendre et acheter (certains objectifs de missions peuvent aussi être accomplis ainsi), mais aussi des objets qui peuvent vous donner des avantages dans diverses productions ou encore des plans de constructions qui pourront pallier un éventuel manque dans votre industrialisation.

Au-delà de toutes ces exigences, vous avez aussi vos colons : de races différentes (3 races par mission, parmi 5 races disponibles), ceux-ci ont aussi des besoins différents. Il vous faut aussi les contenter, de peur de voir vos colons s’en aller et donc manquer de mains d’œuvre pour votre développement.

J’avais un peu peur que la frustration de l’échec puisse me dégoûter du jeu. Prendre une heure pour un développement de colonie pour la voir être un échec et recommencer, cela peut être très frustrant. Et bien, même si cela arrive évidemment, une fois le mécanisme du jeu appréhendé, on se prend au plaisir d’établir des stratégies de développement pour arriver à contenter la Reine. La réussite vous permet d’aller plus loin sur la carte du monde, votre objectif final étant d’arriver à atteindre des reliques censées repousser le cataclysme qui, je le rappelle, réinitialise votre progression quand elle survient. Au nombre de huit, ces sceaux sont de plus en plus loin et il faudra de nombreuses dizaines d’heures pour en voir le bout.

20220727234322 1

La difficulté est évidemment grandissante et très bien dosée. Il y a suffisamment de retours d’informations via l’interface pour que vous puissiez prendre des décisions. Certaines parties deviennent stressantes quand vos deux barres progressent en parallèle. Le gameplay du jeu est vraiment bien équilibré. C’est le genre de jeu dans lequel vous vous dites « allez, encore une petite colonisation et je vais me coucher » et vous rendez compte qu’il est déjà 3h du matin après 3 ou 4 parties d’affilée.

Les graphismes sont simples, très colorés, et l’interface est, à mon goût, très simple à comprendre. Bien pensée aussi pour jouer en nomade, sur un Steam Deck par exemple.

Against the Storm est, pour moi, l’excellente surprise de l’année. Le jeu ne paie pas de mine, mais il est d’une justesse irréprochable, bien construit, progressif et très motivant pour le joueur.

Jeu testé par Seiei avec une version fournie par l'éditeur.

Réactions (7)

Afficher sur le forum


Plateformes Windows
Genres City-builder, gestion, simulation, stratégie, fantasy

Sortie 1 novembre 2022 (Windows)

Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.