Test de Millennia - Here comes a new challenger
Civilization est, de très loin, le maître incontesté du 4X "historique", cela tout le monde le sait. De temps en temps, un challenger arrive et prend une part du gâteau, comme Humankind, qui a fait son trou, par exemple. Mais il était étonnant que Paradox Interactive, en tant que grand ambassadeur du 4X en général, n'ait tenté le coup de défier CIV sur ses plates-bandes. Chose qui est corrigée maintenant avec l'arrivée il y a quelques jours de Millennia, le dernier titre de Paradox.
Le jeu, actuellement, est une aventure solitaire (le mode multijoueur simultané arrivera ultérieurement) avec un lancement assez classique : quelle nation, quel bonus de nation, quelle taille de carte, combien de nations adverses, etc., ce qui influence votre départ dans l'histoire de l'humanité (en -10 000 avant JC). À première vue, le jeu est très similaire aux deux énoncés plus haut : une carte en vue aérienne, des hexagones qui font fonction de territoire, une ville qui exerce une certaine influence sur les cartes alentour, des unités qui se déplacent de case en case ; on est ici dans de très grands classiques. Mais chaque challenger essaie, d'une façon ou d'une autre, d'apporter sa touche d'originalité dans ce genre qui est un des plus classiques qui soi. Humankind avait ses combats et son évolution, Millennia a son passage de culture qui est entremêlé avec la recherche. Le passage des ères, au début assez linéaire, se développe vite en arborescence. Chaque partie, si elle va jusqu'au bout, vous fera traverser dix ères différentes. Chaque période apporte son lot de concepts qui feront évoluer la complexité du jeu. Si au début il est facile de gérer sa population, les ères qui défilent rendent vos habitants demandeurs de nouveaux besoins comme l'éducation, la santé, etc.
De plus, selon les actions et/ou recherches effectuées durant une ère, vous pouvez potentiellement avoir le choix entre plusieurs ères parallèles au niveau chronologique pour la suivante, chacune d'entre elles apportant son lot d'avantages et de désavantages. Je dis potentiellement, parce qu'il est primordial de savoir que c'est le premier joueur à atteindre ce niveau d'évolution qui impose sa vision à tout le monde. Prenons par exemple l'ère de la peste : elle réduit les populations, obligeant les dirigeants à pousser l'hygiène et la médecine, mais apporte un gros essor de culture et de religion. À contrario, une ère plus classique pourrait permettre d'avancer plus vite technologiquement, aux dépens de la religion. À vous de voir comment vous avez fait évoluer votre nation au préalable. Cet aspect du jeu est à mon sens une franche réussite. Même en jouant des factions similaires, sur une carte peu ou prou identique à la précédente, votre partie pourrait avoir une dynamique complètement différente de l'une à l'autre.
Autre nouveauté, le système politique influence vos décisions selon le système en vigueur, tandis que les élections vous donnent des améliorations dans divers sujets de la vie de votre population. De plus, ces différents sujets (tels que l'exploration, l'art, l'ingénierie, etc.) développent leurs propres points d'expérience qui permettent d'invoquer des forces spéciales (unité d'exploration, ambassadeur, combattants, etc.), voire d'arrêter net des conflits. L'extension de vos territoires, quant à elle, se fait de façon assez classique : votre population s'agrandit de pair avec votre influence, asservissement d'une cité mineure en contact avec vos frontières ou établissement d'une colonie, qui intégrera officiellement votre nation après une certaine période, on est en terrain connu. Par contre, une petite spécificité du titre est celle des chaînes de production. Vous débloquez des connaissances, des bâtiments, qui vous permettent d'augmenter la productivité de vos ressources, comme un moulin qui produit plus de nourriture que simplement le blé, le nombre de bâtiments que vous pouvez placer dépendant évidemment du nombre d'hexagones que vous possédez dans l'influence globale de la ville concernée.
Des événements aléatoires peuvent venir ponctuer une partie qui, de prime abord, semble bien huilée, compliquant fortement le jeu. Mais ça, ce n'est pas grave, ça fait partie du gameplay. Cependant, il y a un gros "mais" : l'IA générale est une véritable purge. Personnellement, je joue toujours une première partie où j'essaye de gagner de façon militaire, mais durant les suivantes j'essaye toujours d'autres méthodes. Autant je ne l'avais pas trop remarqué sur la première partie, autant sur la seconde, ça m'a bien handicapé. En effet, vos voisins ne sont pas vraiment très futés... Quand vous croisez une nouvelle nation, vous recevez des messages d'insultes déguisées et ils vous détestent, vous empêchant de vous balader car vos unités "menacent" leurs intérêts... Même mon pauvre colon qui passe pas loin se fait défoncer par une nation, comme ça, gratuitement. Du coup, il est obligatoire de l'escorter et donc de rebiffer sur un aspect militaire plus prononcé. De plus, il n'est pas évident de se situer par rapport aux autres nations, à part la vitesse de passage des ères, mais ce n'est pas toujours représentatif.
Les combats aussi sont particuliers... lorsqu'ils se déclenchent, vous basculez sur un plan 2D où vos unités affrontent des ennemis qui sont face à elles. Vous pouvez accumuler 4 unités dans une armée (évoluable) et les placer selon leurs spécificités : distances, corps à corps, etc. Puis, chaque unité attaque une unité adverse à son tour. De plus, vos unités pouvant progresser, à un moment un choix se posera pour vous : vous pouvez transformer votre unité en "chef", apportant des bonus à vos autres unités. Néanmoins, le chef est un personnage unique qui remplace celle que vous avez promue, quelle que soit sa catégorie. Si vous avez promu une unité d'archer, ça deviendra une unité normale de corps à corps. Étrange.
Et j'ai aussi du mal à comprendre l'intérêt du plan 2D... soit vous faites des bastons faciles par rapport à des points d'armée, de puissances respectives et des formations, soit vous assumez un combat plus poussé comme un Heroes of Might and Magic, mais là on est un peu le cul entre deux chaises : on regarde le combat se dérouler, la seule action qu'on peut faire étant accélérer le temps pour abréger nos souffrances. Toutefois, une chose est sûre : ce n'est pas intéressant et j'espère vivement une refonte du système à l'avenir. Après un certain nombre de coups échangés entre les deux armées, si l'une ou l'autre n'est pas rasée, elle se replie, affaiblie.
C'est dommage car, clairement, le jeu est centré sur la guerre. Après, Paradox oblige, on peut s'attendre à des remaniements majeurs à l'avenir. Ils sont spécialistes du contenu qui continue et de qualité. Tous les trois mois, il y a quelque chose de nouveau sur l'un ou l'autre titre de Paradox, dans l'ensemble tous excellents, donc on y croit. Par exemple, la diplomatie (en rapport avec l'IA sûrement) est vraiment réduite à un minimum vital, pour dire "si si, c'est présent". Mais clairement, un DLC qui poussera dans ce sens arrivera ultérieurement. Je rappelle, de fait, que lorsque Paradox sort un DLC, si le contenu spécifique ne peut être obtenu que par l'achat de ce DLC, tout ce qui est mécanique de jeu est toujours intégré à la version de base donc même si on n'a jamais acheté de DLC Paradox, le gameplay de leurs différentes licences est constamment amélioré, peaufiné.
Jeu testé par Seiei avec une clef fournie par le développeur.
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Plateformes | Windows |
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Genres | 4X, stratégie, historique |
Sortie |
26 mars 2024 (Windows) |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
Réactions (5)
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