Test de Echoes – Un Visual Novel qui résonne comme du Lovecraft

Une petite ville si tranquille

Tout était parfait dans la vie de l’inspecteur Ricky Fox. Sa femme était enceinte de son premier enfant et il était un inspecteur brillant promis à un bel avenir. Jusqu’au jour où il apprend le décès de son meilleur ami, Arthur, psychiatre dans la petite ville de Greenhearth. Un suicide, selon les sources officielles. Mais Fox n’y croit pas et décide de se rendre sur place pour mener sa propre enquête, sans savoir qu’il vient de mettre les pieds dans un engrenage qui le conduira aux limites de la folie.

Dix petits diables

Echoes prend donc la forme d’un Visual Novel qui débute comme une enquête policière classique, avec une belle petite galerie de personnages qui semblent tous avoir quelque chose à cacher. On croise pêlemêle la shérif de la ville qui cache bien des secrets, une serveuse de restaurant névrosée, un artiste excentrique qui semble en savoir bien plus qu’il ne le dit ou encore un gérant d’hôtel trop serviable pour être honnête. Bien des habitants étaient des patients d’Arthur, tous potentiellement violents et il faudra décider à qui faire confiance. On interroge nos différents personnages, on fouille quelques lieux et on recommence au fur et à mesure de la progression de l’histoire. Puis, à mi-course, le ton du jeu change et bascule dans le surnaturel, au point qu’on s’attend presque à croiser Mulder et Scully au détour d’un écran. Le rythme s’accélère, abandonnant un peu l’aspect enquête pour offrir un peu plus d’action et de réponses, jusqu’à une fin qui m’a parue quelque peu expéditive.

Ne vous y trompez toutefois pas, Echoes reste bien un Visual Novel dans lequel vous passez l’essentiel de votre temps à lire. Les quelques éléments de gameplay plus interactifs concernent les phases de fouilles, où vous devez trouver des objets plus ou moins cachés dans une image fixe, aidé par le curseur qui sert de radar. Hélas, il y a beaucoup de choses à dire sur l’aspect littéraire du jeu. D’abord, et je reconnais que c’est très personnel, j’ai eu beaucoup de mal avec l’écriture du jeu. J’ignore si les dialogues du jeu ont été pensés en anglais puis traduits ou si la version française est la base (Nova Box, le développeur, est français) mais bon dieu, que certains choix de termes sonnent faux. Je ne me remets pas des multiples « hôtel de police » pour désigner le bureau du shérif, par exemple. Ou de la traduction littérale de CIA. Plus gênant, j’ai paradoxalement trouvé que le jeu n’était pas assez littéraire. Le jeu aime beaucoup nous donner des descriptions des personnes, des lieux ou des situations, mais les conversations vont plus souvent droit au but, avec parfois des enchainements un peu étranges. Ça s’explique par le fait que Fox est le narrateur du jeu au travers d’une lettre qu’il écrit (ce qui provoque une petite incohérence à la fin du jeu d’ailleurs), mais il en résulte une écriture parfois un peu lourde.

Une technique minimaliste

Echoes propose un style visuel très particulier. Le jeu privilégie ainsi les images en noir et blanc et n’utilise les couleurs qu’avec parcimonie. Quelques touches de rouge ici et là durant une bonne partie du jeu tandis que les couleurs ne reprennent leurs droits que durant la dernière ligne droite. Les dessins ne manquent pourtant pas de détails et on peut dire que les artistes ont fait du bon travail. Par contre, ce choix d’utiliser principalement du noir et du blanc n’a pas été sans conséquence pour mes yeux. Un chapitre pousse ainsi le curseur du blanc bien trop haut. Je ne doute pas que ça passe sur un écran de téléphone, mais sur un écran de plus de 25 pouces, ça flingue les yeux. Il est malheureusement impossible de corriger cela puisque le jeu ne propose que le minimum en terme d’options : langue, volume et affichage en plein écran ou en fenêtré. En passant, le jeu est également un peu faible en termes d’ambiance sonore. La musique ne sert souvent qu’à marquer les évènements clés du jeu et est bien souvent absente le reste du temps.

Conclusion

J’avais plutôt été convaincu par les précédentes productions de Nova-Box mais je ne peux pas dire que celui-ci soit du même niveau. On y retrouve par moment les prémices de ce qu'est devenu le studio bordelais par la suite, mais aussi certains points qui auraient peut-être pu être revu. À vous de voir si cet Echoes mérite d’être entendu.

Test réalisé sur PC par Grim à l'aide d'une copie fournie par le développeur