Test de Nintendo World Championships: NES Edition - Un défi nostalgique contre le monde entier

L'ancienne compétition organisée par Nintendo dans les années 90 inspire un nouveau titre sur la console Nintendo Switch, où le jeu en ligne lui permet de dépasser non sans panache la seule nostalgie.

Nintendo World Championships 2015

Pour la petite histoire, la compétition Nintendo World Championships a connu plusieurs éditions dans les années 90 aux États-Unis, puis en 2015. Inspirée par le film The Wizard, elle demandait aux joueurs de marquer un maximum de points, en trois matchs sur trois jeux de la console NES (Super Mario Bros, Rad Racer et Tetris) dans un délai de 6 minutes et 21 secondes.

Cette formule n'a malheureusement pas été reprise ici, tout en conservant l'aspect compétitif, avec le choix de décliner une série de 150 défis sur un panel de 13 classiques de la console Nintendo Entertainment System. Un défi consiste en une séquence tirée du jeu à compléter le plus rapidement possible, avec une note pour mesurer la performance. Au passage, décrocher le badge de l'épreuve associé à la note A est relativement accessible, le S est une autre affaire. En parallèle, des tournois permettent de se confronter à d'autres joueurs en local ou en ligne, donnant enfin tout son sens au titre Nintendo World Championships.

Et c'est vraiment le tour de force de ce Nintendo World Championships: NES Edition, qui va bien au-delà des autres propositions jouant la carte de la nostalgie. La plupart des classiques le composant sont d'ailleurs disponibles en version complète sur le service Nintendo Switch Online, donc il s'agit bien d'autre chose. En proposant des défis se complétant en une poignée de secondes, on peut ainsi profiter d'une madeleine de Proust sans risque d'indigestion et que l'on partage surtout avec d'autres. Et pour améliorer l'accessibilité, on dispose d'une vidéo explicative et l'on remonte le temps quitte à en perdre un peu dans la course en cas d'erreur. Ce mélange de nostalgie et de compétition donne une saveur particulière à l'ensemble, mais surtout du sens et un but à cette plongée dans le passé. 

Et si les jeux de l'époque NES demandaient de répéter inlassablement les niveaux pour surmonter leurs difficultés, Nintendo World Championships: NES Edition reproduit ce principe avec une approche toute autre. Car pour décrocher la meilleure des notes, il faudra montrer une maitrise totale ne laissant rien au hasard. Cet apprentissage dans la douleur permet de se positionner dans les tournois organisés chaque semaine, parmi une sélection d'épreuves. On retrouve deux types de compétitions, chacune avec ses spécificités en s'inspirant du speedrun.

Se mesurer au monde

Par le biais du Nintendo Switch Online, le championnat prend la forme de cinq épreuves piochées parmi les défis du jeu, qui sont renouvelées chaque semaine. On peut s'y reprendre autant de fois que la volonté suivra afin d'améliorer son temps dans chacune des épreuves, avec pour seule mesure son classement mondial. Petit détail amusant, on dispose aussi d'un classement selon le choix de son profil.

Autre proposition en ligne, les tournois de survie sont intraitables et assez addictifs. On ne dispose que d'un seul essai, car chacun des trois tours voit l'élimination d'une partie des participants, les moins rapides pour compléter l'épreuve. On démarre à huit joueurs, pour passer à quatre et finalement se retrouver dans un duel et disposer d'un seul vainqueur pour soulever la coupe. Le tournoi pour la coupe d'argent est globalement d'un niveau A, tandis que celle d'or demande d'être de niveau S pour triompher. Les trois épreuves, renouvelées régulièrement, se déroulent de manière aléatoire.

Le choix d'un multijoueur asynchrone supprime le temps d'attente, même si cela perd un peu de son attrait. Sur le même écran durant les tournois de survie, on voit les fantômes des autres protagonistes participer à l'épreuve, recréant artificiellement la course. On retrouve une présentation similaire pour le multijoueur local, allant lui aussi jusqu'à huit joueurs. On joue alors sur une toute petite fenêtre, peu dérangeant vu le nombre d'éléments affichés sur les jeux de l'époque. Et justement, parlons de l'époque.

Au menu de Nintendo World Championships: NES Edition

Chaque défi est issu d'un classique Nintendo sorti sur la console NES, dont voici un tour d'horizon :

  • Super Mario Bros. (1985) est un monument, ayant posé les bases de l'univers Mario, du genre de la plateforme tout en contribuant au succès hégémonique de la console NES. Du premier défi consistant à ramasser le premier champignon en quatre secondes au dernier dans lequel il faut terminer le jeu en huit minutes, on survole une expérience emblématique du jeu vidéo. Et pour les joueurs ne connaissant pas les raccourcis, un guide se charge de donner les bons tuyaux.
  • The Legend of Zelda (1986) a lui aussi posé les bases d'une licence emblématique. Une pile de sauvegarde épargnait au joueur la nécessité de terminer le jeu d'une traite. Il n'en sera évidemment pas question ici, car il s'agit de toute une aventure. Ce n'est pas le jeu qui se prête le mieux aux défis de rapidité, jusqu'aux combats contre des monstres imprévisibles et un donjon à compléter qui donneront du fil à retordre. Les défis révèlent quelques secrets du jeu, montrant sa difficulté à compléter sans guide.
  • Metroid (1986) est encore un titre fondateur, tout un genre porte son nom quand il s'agit de trouver son chemin parmi un dédale d'embranchement avec l'équipement adéquat. Les différents défis permettent d'appréhender la précision exigée pour survivre en environnement hostile, tout en s'épargnant le labyrinthe. L'affrontement contre le boss relève la difficulté.
  • Donkey Kong (1981) est initialement lancé sur arcade, à une époque où Mario n'était encore que Jumpman. Le visuel du premier niveau a traversé les temps, parmi les images iconiques du jeu vidéo. Malgré une maniabilité pour le moins poussive, il est relativement facile par rapport aux autres classiques proposés.
  • Nintendo World Championships: NES Edition
    Kid Icarus (1986) a de nombreux points communs avec Metroid, sans connaitre le même succès. S'il a traversé les âges en rejoignant le casting de Smash Bros, le dernier opus Uprising remonte à 2012 sur 3DS. Exploitant les spécificités de la console portable, il est difficilement jouable sans disposer du support d'origine. Pour revenir à l'épisode NES, il provoquera assurément chez vous une indigestion à l'aubergine.
  • Super Mario Bros. 2 (1988) est une suite sans réellement l'être. Il s'agit d'une adaptation pour le marché occidental du jeu japonais Yume Kōjō: Doki Doki Panic, Nintendo souhaitant profiter du succès de Mario. Cet épisode résolument à part dans la série dispose d'un gameplay unique et d'un univers à part entière.
  • Excitebike (1984) est un jeu de course à défilement horizontal, une perspective depuis disparue pour ce genre. Pour décrocher les défis, il faudra passer d'une voie à l'autre pour éviter les obstacles et prendre les accélérateurs permettant également de refroidir le moteur. La gestion de l'inclinaison de la moto lors de la réception des sauts assurera le reste.
  • Ice Climber (1984) est issu de l'arcade comme Donkey Kong, partageant la même rigidité dans la maniabilité. C'est une horreur à diriger et effectuer un saut est un véritable défi en soi. On escalade les plateformes avec Popo et Nana pour décrocher les sommets et martyriser un condor. Sa présence dans la série Smash Bros lui a permis de sortir de l'époque glaciaire.
  • Balloon Fight (1984) est également venu de l'arcade avant d'arriver sur NES. Le personnage vole grâce à des ballons accrochés dans son dos. L'inertie propre à ce moyen de transport rend le challenge particulièrement corsé et difficile à maitriser, quand il s'agit d'éviter des obstacles ou d'affronter des adversaires en touchant leurs ballons. Si la frustration était souvent de mise à l'époque, Balloon Fight en est l'un des meilleurs ambassadeurs.
  • Super Mario Bros. 3 (1988) est une merveille, en toute objectivité. Cet épisode marque toute la maitrise de Nintendo pour le genre de la plateforme, compilant déjà de nombreuses idées et transformations pour Mario. Pour l'anecdote, il était apparu avant sa sortie dans le film The Wizard, ce qui avait attisé encore un peu plus l'attente à l'époque. Les défis proposés comptent un peu trop de boss à mon goût, ne reflétant pas toute la variété du titre. Parmi ce panel, Super Mario Bros. 3 compte parmi les jeux intéressants à refaire aujourd'hui.
  • Zelda II - The Adventure of Link (1987) avec sa cartouche dorée est un épisode particulier de la série, très éloigné de son prédécesseur et tentant de nombreuses idées sans forcément les aboutir. Le terminer prend la tournure d'un défi cauchemardesque. On peut donc volontiers se contenter de ceux proposés dans Nintendo World Championships: NES Edition, sans qu'ils ne reflètent totalement le jeu.
  • Super Mario Bros. The Lost Levels (1986) a pour particularité de ne pas sorti en Occident à l'époque de la NES, car jugé trop difficile par Nintendo. Il faut admettre qu'il n'a rien d'intuitif, prenant souvent le joueur à contrepied comme l'illustre parfaitement la sélection de défis tirés de ce titre. Il est bien la suite du premier Super Mario Bros. même si le numérotage lui fait défaut. 
  • Kirby's Adventure (1993) est le deuxième opus de la série, après un début sur Gameboy. La boule rose est capable d'avaler et de s'approprier les pouvoirs de ses adversaires, permettant d'appréhender de différentes manières le niveau à compléter. Les différents défis proposés vont se jouer de cette variété inhérente de Kirby's Adventure, provoquant peut-être l'envie de (re)tenter l'aventure complète.

Conclusion

Si la nostalgie est une corde souvent utilisée chez la firme de Mario, il faut reconnaître que Nintendo Championships: NES Edition renouvèle ce type d'expérience. En rendant les sessions de jeux NES rapides et addictives, on dispose d'une magnifique porte d'entrée vers un passé lointain. Ce jeu s'adresse avant tout aux anciens, mais aussi aux nouveaux désireux de connaître les fondamentaux qui ont posé les bases de plusieurs univers Nintendo. La limite vient cependant du nombre de défis dont on fait rapidement le tour, dommage que le modèle de Super Mario Maker ne soit pas appliqué ici. Toutefois, la dimension compétition en ligne sauve en partie la mise, sans pouvoir se renouveler dans la durée.

Test réalisé par Agahnon sur Nintendo Switch à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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