Test de The Rise of the Golden Idol – Le poids des mots

Quand il est sorti en octobre 2022, The Case of the Golden Idol a très rapidement conquis les amateurs d'énigme et d'enquête. Par bien des égards, le bougre venait également combler le vide laissé par Return of the Obra Dinn. Le jeu conte par le biais de plusieurs tableaux la montée en puissance d'une société secrète du 18ème siècle à l'aide d'une mystérieuse idole dorée (c'est en réalité un peu plus complexe que ça, mais ne divulgâchons pas). Plusieurs mois plus tard, deux DLC ont été publiés et s'attèlent à présenter comment ces gens ont mis la main sur l'idole en premier lieu.

La formule continue d'ailleurs à faire des émules. Nous noterons par exemple le très gentillet et surtout trop court Duck Detective: The Secret Salami (également testé par nos soins).

D'abord uniquement pour PC, le titre est progressivement arrivé sur tous les supports. Au fil de ces différentes adaptations, des améliorations ergonomiques ont été apportées, ainsi qu'une traduction française. Si bien que, le 10 octobre dernier, c'est une toute nouvelle version Redux qui a été mis à disposition sur Steam et Switch. À noter que le jeu est inclus dans le Game Pass, et sur mobile via un abonnement Netflix.

Et qui est à présent disponible sur tous les supports, dont d'ores et déjà via l'abonnement Netflix ? Sa suite, The Rise of the Golden Idol.

Idole Disco

Difficile de présenter cette nouvelle histoire sans trop en dire, tant un des plaisirs est de la découvrir petit à petit. Les différents tableaux présentent en effet des situations qui n'ont à priori pas grand chose à voir entre elles et qui plus est dans le désordre chronologique. C'est au fil de la progression que le joueur raccrochera les wagons et démêlera le fil de la narration. Mais, grossièrement, disons que la fameuse Idole Dorée refait surface dans les années 1970.

Ceci-dit, même si les surprises et révélations ponctuent toujours efficacement l'aventure, l'ensemble manque peut-être de panache et d'ampleur, surtout comparé à la fresque du précédent épisode.

Ce nouvel épisode est bien une suite, mais il peut être joué sans avoir touché au précédent jeu. Un (très) bref résumé évoque en début de partie tout ce qu'il y a savoir pour aborder cette enquête inédite.

Idole Maltaise

Un niveau consiste toujours en une scène figée à un instant précis (globalement, car parfois…). Ça peut-être un lieu unique, ou réparti sur plusieurs endroits. À première vue, la situation peut sembler banale ; mais c'est en creusant un peu plus qu'on réalise que les apparences sont totalement trompeuses. Ou alors cela peut débuter sur un terrible chaos et il faudra comprendre comment on en est arrivé là.

L'enquête consiste à cliquer sur les différents points d'intérêt : objets à examiner, documents à lire, lignes de dialogue de certains personnages à écouter (enfin, à lire aussi). Toutes ces actions permettent de recueillir des mots : cela peut être des noms de personnages, des verbes, des noms de lieux ou des mots plus banals.

Ces derniers servent à compléter différents textes à trou. La fiche "Événements" est la seule obligatoire, la remplir correctement permet de valider l'étape et de passer à la suite. D'autres fiches sont également présentes et sont là pour aider à la compréhension de la situation ; la plus commune est par exemple la fiche des personnages où il faut affecter les bons noms et prénoms aux portraits des protagonistes.

Une fois tous les trous d'une fiche renseignés, il est indiqué si l'ensemble est correct ou pas. En cas d'erreur, deux types de message sont affichés : soit vous avez une ou deux erreurs, soit vous avez trois erreurs ou plus. Vous n'aurez pas plus de précision que ça, aucune indication sur la position des mots erronés. Cependant, vous pouvez toujours jongler avec la bascule entre les deux catégories pour forcer un peu les choses. À noter qu'un nouveau type de fiche est introduit avec Rise : il faudra assigner des portraits et non des noms à certains diagrammes.

Toutes les réponses sont en tout cas quelque part dans le niveau. Il ne faut pas se limiter aux points d'intérêt, mais bien observer la totalité de la scène. Et à force de déductions et d'hypothèses, la réponse vient naturellement. Bon, parfois à quelques nuances près… Au pire, des indices sont disponibles via le menu.

À chaque niveau terminé, des fiches inhérentes au chapitre se dévoilent progressivement. D'abord bigrement énigmatiques, ce n'est qu'au terme du chapitre que le joueur pourra les compléter et ainsi passer au suivant.

Au final, ce sont cinq chapitres qui sont proposés, avec chacun trois à quatre scènes, auxquels s'ajoutent un didacticiel et un (large) épilogue. Il y a largement de quoi s'occuper plus d'une dizaine d'heures. Sur les supports gérant la chose, ce sont 25 trophées qui sont proposés, tous liés à la progression. À noter que quatre chapitres supplémentaires ont déjà été annoncés pour 2025, sous la forme de DLC payants.

Shadow of the Golden Idol

The Rise of the Golden Idol est disponible dès le début en français. La traduction est de bonne facture. Globalement… Une ou deux typos ont été croisées, mais ce n'est pas bien grave. Ça l'est un peu plus pour une première énigme où on inspecte une lettre codée : la clé de déchiffrage est incompréhensible en français, mais limpide une fois le jeu basculé en anglais. Sur un second cas, c'est l'ordre entre deux mots qui est inversé, la solution devenant une phrase qui n'a pas de sens en français. Une autre difficulté vient de la place de l'adjectif dans notre langue : entre "agréable souvenir" et "souvenir agréable", seule l'une des deux propositions est considérée comme exacte par le jeu.

En contrepartie, le français introduit quelques facilités. Entre le fait d'assigner un genre aux choses et d'utiliser un article en apostrophe, le joueur se retrouve avec une aide imprévue afin de choisir le mot correct. Il y a également certaines tournures de phrase qui ne laissent guère place au doute.

Dans le rang des difficultés imprévues, confrères daltoniens, attention : deux ou trois énigmes pourront vous donner du soucis, sans être totalement bloquantes. Le jeu ne propose malheureusement pas d'option pour adapter les palettes de couleur.

Les amateurs du premier constateront que l'interface a été revue. En autres, il n'est plus question de chasser tous les mots à l'image : ils sont tous regroupés en une liste et collectés d'un clic. Mais vous maudirez souvent ce premier clic : vous allez avoir tendance à l'oublier et ne pas comprendre pourquoi l'ouverture d'un document ou l'examen d'un objet n'a pas fonctionné.

Le style graphique de The Case était déjà particulier. Il l'est tout autant sur The Rise. Le jeu quitte le pixelisé pour un aspect plus lisse ; mais les animations des portraits à base de déformation du modèle font quand même souvent peur. L'action est toutefois toujours lisible et cela n'handicape pas la résolution des énigmes. Du côté du son, les musiques sont assez anecdotiques mais sont toujours dans le thème de la scène.

The Rise of the Golden Idol est une digne suite. Le cœur de la formule est le même, mais le jeu présente des situations bien différentes. En plus de changer radicalement d'époque, la narration bouleverse sa chronologie pour mieux ménager ses effets. C'est toujours un plaisir de démêler le vrai du faux au travers des diverses énigmes. À l'heure actuelle, les seuls reproches seraient à propos des coquilles de la traduction française ou du manque de support pour les daltoniens.

Test réalisé sur PC par NeoGrifteR à partir d’une version fournie par l’éditeur.