Test de Tales of Graces f Remastered - L'épisode charnière

Tales of Graces est le douzième épisode principal de la série Tales of. Il est sorti sur Wii en 2009 (au Japon uniquement). Une édition améliorée, enrichie d'un nouvel arc scénaristique servant d'épilogue -intitulé Lignée et Héritage- est ensuite sortie sur PlayStation 3 (chez nous en 2012). C'est une version remasterisée de cette édition qui ressort aujourd'hui sur les supports modernes (PlayStation 4 et 5, Switch, puis ce printemps sur Steam.)

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On y incarne Asbel, le fils ainé du seigneur de Lhant. Le jeu débute alors qu'il n'est encore qu'un enfant. Lui, son frère Hubert et leur amie Chéria font la connaissance d'une jeune fille amnésique (qu'ils appellent Sophie) et de l'héritier du trône, le prince Richard. Ce petit groupe est séparé à la suite d'une aventure qui tourne au drame, quand Sophie se sacrifie pour leur sauver la vie. Fondu au noir, le "vrai" jeu commence sept ans plus tard, alors qu'Asbel, jeune adulte, finit sa formation à l'école militaire de la capitale.

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Cette partie "enfants" de l'histoire, malheureusement, est gâchée par le système de combat, trop bridé pour y être intéressant (on y est réduit à spammer les attaques normales). Et les développeurs devaient en être conscients, parce qu'une des options de New Game + permet de la passer. Je ne sais pas ce qu'il aurait fallu faire autrement: elle est nécessaire pour poser les bases du scénario et le contexte du début de la partie adulte. Mais elle dure trop longtemps (environ deux-trois heures, le jeu complet en faisant une soixantaine) pour être présentée sans combats -qui sont de toute manière nécessaire au scénario - ou, pire, en une succession de cutscènes... Peut-être qu'un flashback à la façon de Final Fantasy 7 aurait été plus adapté. Reste à savoir où l'insérer dans l'histoire.

De manière générale, l'écriture n'est pas le point fort du titre. Le scénario, s'il est loin d'être mauvais, reste assez convenu et n'est pas non franchement original pour la série. Ainsi, il se passe ... quelque chose en fin de jeu, qui, de mémoire, s'était déjà passé deux fois avant Graces, et s'est repassé deux autres fois depuis. Plus que sur l'histoire elle-même cependant, j'ai l'impression que l'accent a été mis sur l'écriture des personnages et de leur relations, à la fois entre eux mais aussi avec les PNJs. L'un des éléments déclencheurs est une décision qu'Aston (le père d'Asbel et d'Hubert) impose à ses enfants au lieu d'en parler avec eux, et qui finira par les placer dans LA situation que leur père espérait justement leur éviter en prenant ladite décision. Et à y regarder de plus près, on retrouver ce thème du manque de communication et/ou de la famille dysfonctionnelle chez presque tous les personnages jouables. De fait, ils sont plutôt bien écrits et on sent bien l'évolution de la dynamique de groupe au fur et à mesure de l'aventure, en particulier à travers les saynètes et les répliques de fin de combat. Cependant, ils ne sont pas mémorables, comme ont pu l'être Lloyd (de Symphonia) ou Yuri (de Vesperia).

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Non, le vrai point fort de Graces, ce sont ses systèmes. En premier lieu, son système de combat: riche, fluide, et sans temps morts ; puisqu'il a remplacé les habituels points de magie par les points d'enchainements, qui déterminent la longueur maximale d'un combo et se régénèrent en quelques secondes dès qu'on cesse d'attaquer (lorsqu’on se met en garde par exemple.)

Le système de Titres, ensuite, gouverne la progression des personnages. Le jeu compte presque toutes les actions que vous réalisez, et, arrivé à certains paliers, vous recevez un titre. Vous avez parlé à 100 PNJs différents ? Un titre. Vous avez utilisé le même sort 150 fois ? Un titre. Vous avez marché 42,195 kilomètres ? (C'est la longueur d'un marathon.) Croyez-le ou pas, un titre. Chaque personnage a ainsi plus de d'une centaine de titres à acquérir puis à développer, chaque niveau débloquant un bonus de stat, une capacité passive ou un nouveau sort ou attaque spéciale.

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Le mixeur d'Eleth et la synthèse enfin servent à eux deux à la fois de système d'artisanat et de cuisine. (Cuisiné 50 plats différents ? Un titre.) Le mixeur consume du carburant pour produire différents effets en fonction de ce que vous mettez dedans : si vous y mettez un ingrédient de synthèse, il le dupliquera après un certain temps. Si vous y mettez un plat cuisiné, vous le consommerez quand les conditions seront remplies. Chaque plat a des conditions et un effet prédéfini, par exemple : "Soigne automatiquement le poison la première fois qu'un personnage est empoisonné". Ou bien "Augmente l'expérience gagnée en combat s'il dure moins de 20 secondes".

Enfin, si vous y mettez un objet clé, le mixeur produira un effet tant qu'il a du carburant. À nouveau, par exemple : "Restaure 5% du carburant max après un combat sans cuisiner" ou "Restaure progressivement les points de vie en marchant".

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Le jeu est une version remasterisée et cela implique des différences avec la(les) version(s) de base. Graphiquement, tout d'abord, j'ai l'impression que les modèles ont été affinés et les textures ont définitivement été retravaillées pour la HD, même par rapport à la version PS3. De (très) nombreuses options de qualité de vie ont aussi ajoutées, à commencer par des sous-titres pour les dialogues ayant lieu lors des combats, une option pour désactiver les combats ou encore une fonction de sauvegarde automatique. Le plus gros changement est la présence d'un menu pour activer certains modificateurs en début de partie : il s'agit, en fait, du menu de New Game +.

Le jeu contient aussi (presque) tous les DLCs de la version PS3 préinstallés. Comme pour le menu de New Game + cependant, je conseillerai de faire attention et de ne pas tout activer d'office, car certains DLCs peuvent modifier significativement l'expérience de jeu. D'autres octroient des cosmétiques et des costumes qui sont également disponibles en jeu en récompenses de quêtes annexes. Certains autres enfin permettent de réduire le farm nécessaire pour compléter certaines quêtes secondaires de fin de jeu.

Il y a également quelques nouveaux DLCs payants, spécifiques à cette version, mais rien d'indispensable. Le seul réellement intéressant pour moi serait le pack de musiques de combats des anciens épisodes qui est contenu dans l'édition Deluxe.

C'est aussi un jeu intéressant à l'échelle de la série, parce qu'on y voit les débuts de la modernisation de la formule "Tales of". Par exemple: depuis Phantasia les combats ont toujours été représentés en vue de profil (façon jeux de baston), même quand les jeux sont passés à un moteur 3D : l'équipe à gauche de l'écran, les ennemis à droite. Croix directionnelle vers la droite pour se rapprocher, la gauche pour s'éloigner, le haut pour sauter. Graces est, il me semble, le premier jeu de la série où la caméra est à la troisième personne lors des combats : stick vers le haut pour avancer, vers le bas pour reculer.

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C'est également - je crois - l'un des derniers jeux de la série, si ce n'est LE dernier, à proposer des vrais costumes à débloquer directement dans le jeu : dans les épisodes suivants, sans passer par la case DLC, il faudra généralement se contenter d'une couleur alternative.

En conclusion, je recommande vivement le jeu, avec cependant l'avertissement suivant : oui, le début du jeu (toute la partie "enfant") est un peu bancal. Je vous encourage fortement à serrer les dents et à persévérer jusqu'à l’âge adulte avant de juger le jeu. À partir de là, le système de combat est un régal et si le scénario n'a toujours rien d'exceptionnel, il se laisse cependant suivre très facilement. Le jeu est techniquement très propre mis à part quelques rares instances de popping (sur Switch). Les environnements sont variés, dans la limite de ce qui est habituel pour le genre (plaines, désert, toundra, ruines, châteaux... mais pas d'égouts). En plus du scénario d'épilogue, il y a également une série de défis de combats accessibles depuis le menu principal. Signalons aussi que l'édition "de base", sans le pack Deluxe, est à 40€ sur tous les supports.

Et maintenant, on attend la compilation Xillia + Xillia 2.

Test réalisé sur Switch par Alenn Tax à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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Plateformes Nintendo Switch, PlayStation 4, PlayStation 5, Windows
Genres J-RPG, jeu de rôle (rpg), fantasy

Sortie 2025 (Windows)
17 janvier 2025 (PlayStation 4)
17 janvier 2025 (Nintendo Switch)
17 janvier 2025 (PlayStation 5)

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