Test de Age of Mythology: Retold - Un RTS mythique ressuscité

Sorti initialement en 2002, Age of Mythology s'est imposé comme un incontournable du genre RTS en proposant une alternative fantastique à la série Age of Empires. Vingt-deux ans plus tard, World's Edge et leurs partenaires (Forgotten Empires, Tantalus Media, CaptureAge et Virtuos Games) ressuscitent ce classique avec Age of Mythology: Retold.

Cette nouvelle version ne se contente pas d'une simple remise au goût du jour graphique, mais propose également des améliorations gameplay substantielles tout en préservant l'essence qui a fait le charme de l'original. Dans ce titre, les joueurs plongent dans un univers où les dieux grecs, égyptiens, nordiques et atlantes influencent directement le champ de bataille à travers des pouvoirs divins et des créatures mythologiques, offrant une expérience de stratégie en temps réel unique en son genre.

Ce qu'on a aimé

Une refonte visuelle respectueuse

La modernisation graphique d'Age of Mythology: Retold est impressionnante sans dénaturer l'esthétique originale. Les environnements anciens bénéficient d'un niveau de détail remarquable, particulièrement les surfaces aquatiques qui captivent l'œil. Les unités héroïques se distinguent facilement sur le champ de bataille grâce à leurs auras distinctives, et les effets des pouvoirs divins sont spectaculaires tout en restant lisibles même dans le feu de l'action.

Cette mise à jour visuelle réussit le pari de satisfaire la nostalgie des vétérans tout en attirant une nouvelle génération de joueurs habitués aux standards graphiques actuels. Le jeu tourne également de manière fluide sur les configurations modernes, avec seulement quelques ralentissements occasionnels lors des affrontements particulièrement intenses impliquant de nombreuses unités et effets spéciaux.

Des mécaniques de jeu améliorées

Retold ne se contente pas d'une simple refonte graphique, mais apporte également des améliorations significatives aux mécaniques de jeu. L'ajout d'une commande "attaque-déplacement" résout les problèmes historiques de pathfinding qui pouvaient frustrer dans l'original, évitant ainsi que les unités ne se lancent dans des courses suicidaires à travers la carte.

Le système de pouvoirs divins a été repensé : auparavant limités à une utilisation unique par partie, ils fonctionnent désormais avec des temps de recharge, offrant des décisions tactiques plus fréquentes. Les Merveilles, qui servaient auparavant de condition de victoire directe, fournissent maintenant des bonus passifs constants, modifiant subtilement l'approche stratégique. Ces changements, bien que subtils, contribuent à moderniser l'expérience sans la dénaturer, rendant le jeu plus accessible tout en préservant sa profondeur stratégique caractéristique.

Une expérience console étonnamment fonctionnelle

Pour la première fois dans l'histoire de la franchise, Age of Mythology arrive simultanément sur PC et console avec une implémentation remarquablement efficace des contrôles manette. Un système de menus radiaux contextuels permet d'accéder aux nombreuses commandes du jeu, tandis que des automatisations intelligentes facilitent la gestion des villageois et des ressources.

La possibilité de répartir automatiquement les travailleurs entre différentes ressources selon des ratios prédéfinis ou personnalisés représente un gain de temps considérable, particulièrement appréciable avec un contrôleur. Bien que le clavier et la souris restent l'option privilégiée pour les joueurs compétitifs, cette adaptation console ouvre le genre à un public plus large et permet de profiter du jeu confortablement installé dans son canapé, un exploit technique que peu auraient cru possible pour un RTS aussi complexe.

Un suivi exemplaire

Les développeurs ont fait preuve d'un engagement remarquable dans le suivi d'Age of Mythology: Retold, avec des mises à jour régulières depuis sa sortie. Le jeu a bénéficié de patches substantiels quasi mensuels qui ont progressivement résolu les nombreux problèmes que le jeu a rencontrés à son lancement tout en enrichissant l'expérience.

Des améliorations notables ont été apportées par rapport à la version du lancement, si on en croit les patch-notes, comme l'ajout d'un mode Photo permettant de capturer les moments épiques et une interface alternative pour l'éditeur de scénarios.

Les problèmes de performances et de stabilité ont été a priori méthodiquement traités, nous laissant, quelques mois après la sortie, avec un jeu bien plus appréciable que les tests publiés à la sortie le laissaient penser de prime abord.

Le lancement récent de l'extension Immortal Pillars s'est aussi accompagné d'une mise à jour majeure apportant son lot d'ajustements d'équilibrage sur un jeu qui a toujours été connu pour être l'un des moins équilibrés, mais de manière totalement assumée) pour toutes les factions.

Ce qu'on n'est pas sûrs d'avoir aimé

Un équilibrage compétitif discutable

Contrairement à Age of Empires II qui s'est imposé comme une référence esport, Age of Mythology présente des défis d'équilibrage inhérents à sa conception. La diversité des panthéons (grecs, égyptiens, nordiques et atlantes) et leurs douze dieux majeurs associés à de multiples dieux mineurs créent un nombre impressionnant de combinaisons stratégiques, mais également d'importantes disparités de puissance.

Cette asymétrie enrichit l'expérience solo et les parties décontractées entre amis, offrant une grande variété de styles de jeu. Cependant, elle peut frustrer les joueurs compétitifs cherchant un terrain de jeu parfaitement équilibré. Les développeurs semblent avoir priorisé la préservation de l'identité unique de chaque faction plutôt que l'équilibrage parfait, un choix qui divise la communauté, mais qui renforce le caractère distinctif du jeu par rapport à ses contemporains plus homogènes.

Des cinématiques qui accusent leur âge

Si la refonte graphique du gameplay est réussie, les cinématiques narratives n'ont pas bénéficié du même traitement de faveur. Les séquences de dialogue en temps réel, bien que caractéristiques du genre, paraissent datées comparées aux standards actuels. Les portraits de personnages manquent de personnalité et de détails, tandis que les doublages souffrent d'accents approximatifs et d'interprétations inégales.

Ces éléments narratifs, qui encadrent les 44 missions de campagne totalisant environ 15 heures de jeu, n'affectent pas directement le gameplay, mais diminuent l'immersion dans l'univers mythologique pourtant riche. Cette approche minimaliste des cinématiques rappelle que le cœur de l'expérience reste le gameplay stratégique plutôt que la narration, mais constitue néanmoins une occasion manquée d'enrichir davantage cette refonte.

Ce que l'on a moins aimé

Un contenu incomplet au lancement

L'absence de l'extension "Tale of the Dragon" et de sa faction chinoise dans cette édition Retold constitue une déception notable pour les fans de longue date. Cette extension, initialement ajoutée à l'édition originale en 2015, est désormais proposée comme DLC payant pour Retold sous le nom "Immortal Pillars", commercialisé depuis peu pour 19,99€ - soit plus de 50% du prix du jeu de base (29,99€). Un tarif particulièrement élevé qui suscite des interrogations légitimes sur la stratégie commerciale adoptée.

Cette situation semble clairement conçue pour inciter les joueurs à opter pour la version Premium du jeu à 49,99€, qui inclut non seulement cette expansion, mais également une future extension et divers bonus cosmétiques . Les développeurs justifient ce choix en évoquant un travail de refonte complète du contenu chinois, d'autant que l'extension originale "Tales of the Dragon" avait été "largement condamnée" par la communauté pour ses problèmes d'équilibrage . Pour les nouveaux venus, cette absence passera probablement inaperçue, mais les vétérans pourront légitimement regretter cette fragmentation du contenu, d'autant plus au vu du prix pratiqué pour cette extension.

Crache ta foudre, Myrhdin

Age of Mythology: Retold réussit le pari difficile de moderniser un classique sans trahir son âme. La refonte visuelle impressionnante et les améliorations gameplay judicieuses offrent une expérience RTS rafraîchissante, tandis que l'univers mythologique unique continue de séduire. Malgré quelques problèmes d'IA et des cinématiques datées, cette version "Retold" s'impose comme la meilleure façon de découvrir ou redécouvrir ce pilier du genre stratégie. Avec un prix de 30€, ce titre représente une proposition de valeur solide tant pour les nostalgiques que pour les nouveaux venus curieux d'explorer un RTS moins conventionnel que ses contemporains.

Ce test a été réalisé par Myrhdin avec une clé fournie par le constructeur. Sa rédaction n'est le fruit d'aucune transaction financière entre le rédacteur ou JeuxOnLine et le développeur, l'éditeur ou les entreprises les représentant.