Test de Blue Prince - Manoir à vendre, beaux volumes, calme relatif
Si vous vous intéressez aux jeux d'énigmes et à la scène indépendante, vous aurez certainement croisé les nombreuses critiques dithyrambiques sur Blue Prince. Certains vont même jusqu'à clamer au GOTY. Mais ce premier jeu du studio Dogubomb est-il vraiment ce rêve bleu promis ?
Récemment décédé, le riche Herbert S. Sinclair lègue son emblématique manoir à son neveu, Simon. Mais une clause particulière du testament doit auparavant être respectée : le garçon doit d'abord atteindre la 46ème pièce d'un manoir qui n'en comporte que quarante-cinq.
L'aventure met la matière grise de l'héritier à rude épreuve. Et il en apprend au passage d'avantage sur l'histoire de sa famille.
D&CO
Nous dirigeons le jeune homme dans sa quête vers la mystérieuse pièce. Le jeu se déroule en vue à la première personne. Les actions se font toutefois à la manière d'un point'n click : on vise l'objet ou le mécanisme et on clique toujours du même bouton. Il y a un bouton pour courir et un autre pour consulter le plan.
L'intérieur du manoir se présente comme un damier où ne sont au départ indiqués que deux pièces : l'entrée dans laquelle on débute la journée et une antichambre à l'exact opposé. Tout le reste, c'est au joueur de le remplir.
À chaque fois qu'une porte est ouverte, trois nouvelles pièces sont proposées aléatoirement. Et il faut choisir judicieusement afin de naviguer jusqu'à destination. Toutes de forme carrée, certaines pièces peuvent être des cul-de-sac, d'autres proposent d'une à trois sorties. Certaines apportent des bonus pour la progression, d'autres infligent des malus. Il faut d'ailleurs voir ces salles comme des cartes à jouer : elles viennent d'une pioche, apparaissent selon leur rareté, et elles ne sont plus proposées une fois placées sur le plan (bien que…).
Il est possible de trouver divers objets et outils sur le chemin qui vous aident dans la progression. Il faut aussi collecter des pièces d'or (à utiliser dans certaines pièces/boutiques), des gemmes (pour pouvoir accéder à certaines pièces) et des clés (car certaines portes peuvent être verrouillées).
Le côté aléatoire dans les pièces proposées ou le manque de ressource ne sont pas les seuls obstacles : le personnage dispose aussi d'une jauge de pas. Ne paniquez pas, il ne faudra pas compter le moindre de vos déplacements : vous êtes libre de bouger comme bon vous semble au sein d'une pièce, la valeur ne décrémente que lorsque vous passez le seuil vers une autre salle.
Dernier détail qui a son importance : le manoir revient à son état initial (vide) chaque soir, tout comme l'inventaire du personnage. Il est toutefois possible de débloquer des choses permanentes durant le progression.
Voilà donc la mécanique principale du jeu, qui a quand même des gros airs de rogue-lite. Mais, comme vous vous en rendrez compte bien assez vite, cela n'est finalement que la partie émergée de l'iceberg.
It's bigger on the inside
Blue Prince entre dans la catégorie des knowledge-vania : dans ces jeux, la progression ne repose pas sur celle du personnage, mais plutôt sur les connaissances qu'acquiert le joueur. Un des défauts de ce type est que le jeu n'a de sens que sur une seule partie : quand on y rejoue, des pans entiers de progression peuvent être ignorés, car le joueur en connait déjà la conclusion. Par exemple, Outer Wilds peut très bien se conclure en moins de 20 minutes dès la première partie ; c'est juste que la démarche demande une longue enquête afin d'être déterminée.
Mais si beaucoup affilient Blue Prince à l'aventure spatiale de Mobius Digital, la comparaison pourrait se faire également avec l'expérience de Tunic, en particulier sur sa faculté à dévoiler une information qui donne une soudaine importance à quelque chose qui était pourtant juste devant votre nez depuis plusieurs heures.
Donc, oui, il ne suffit pas d'assembler des salles dans le bon ordre pour venir à bout de Blue Prince. Il y a bien quelques puzzles traditionnels qui trainent, mais les indices les plus importants se cachent ailleurs. Difficile de donner des détails sans trop en dire, mais la progression n'est pas avare en révélation et autres moments Eurêka. Sans compter que les énigmes ouvrent généralement la porte à bien plus de mystères derrière. Prévoyez un petit calepin à vos côtés : il faut prendre de nombreuses notes sur vos différentes découvertes.
Vole, souris, vole !
L'aventure n'est toutefois pas une enquête paisible et sereine ; la démarche apporte malheureusement aussi son lot de frustration.
Le principal coupable est sans contexte son côté aléatoire. Les salles proposées changent d'une journée à l'autre, mais également l'emplacement et la disponibilité des objets. Si bien que, par exemple, vous pouvez trouver un outil important pour une certaine pièce, mais sans jamais voir le lieu être proposé : le manoir fait certes 45 pièces, mais il y en a près de 100 différentes en stock (voire plus selon certaines conditions). Et, forcément, la prochaine fois que vous accéderez au fameux endroit, ce sera probablement l'outil qui sera aux abonnés absents. Vous pouvez également vous préparer pour une certaines stratégie, mais finalement vous retrouver avec un manoir miniature à cause de la malchance dans les salles proposées. Ajoutons à cela le fait que certaines révèlent leur plein potentiel seulement en combo avec d'autres, mais faut-il encore pouvoir les obtenir et les placer correctement.
On peut donc facilement se retrouver à piétiner, à perdre bêtement un bonus notable, tout ça à cause de la malchance. Certes, il est généralement possible de grapiller de nouvelles informations à quasiment chaque journée. Et rassembler toutes les composantes d'une énigme est généralement très gratifiant : le jeu a énormément à offrir, soyez-en certains. Mais l'injustice de l'aléatoire donne parfois l'impression de grossir artificiellement la durée de vie.
C'est par où, les toilettes ?
Le jeu propose un très joli style en cellshading. Tout fonctionne parfaitement au sein du manoir, mais des ralentissements injustifiés ont été notés quand on se balade à l'extérieur. L'aspect sonore est correct, même si les musiques peuvent être un peu anecdotique.
Le jeu peut se jouer intégralement à la manette, mais certaines mécaniques sont quand même plus agréables au clavier/souris.
L'intégralité du jeu est en anglais. Le niveau n'est pas méchant quand il s'agit de lire les différents écrits dispersés dans les lieux, mais c'est une autre paire de manche si on veut espérer résoudre toutes les énigmes. Certaines sont en effet intrinsèques au langage et le vocabulaire nécessaire peut vite s'avérer velu.
Confrères daltoniens, les énigmes mathématiques risquent de vous faire grincer des dents. Ce n'est pas forcément bloquant, mais leur résolution risque de passer par des échecs supplémentaires dont on se serait bien passé.
Blue Prince est sans contexte un nouveau monument du jeu d'énigme. Il propose différentes couches de découverte plus malines les unes des autres. Mais au delà de la difficulté à percer ses très nombreux mystères, c'est quand même son coté aléatoire qui mettra votre patience le plus à l'épreuve.
Test réalisé sur PC par NeoGrifteR à partir d’une version fournie par l’éditeur.
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Plateformes | PlayStation 5, Windows, Xbox Series X|S |
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Genres | Puzzle, réflexion, contemporain |
Sortie |
10 avril 2025 |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
Réactions (1)
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