Test de Love, Guitars, and the Nashville Skyline
Conçu par un petit studio japonais indé , Love, Guitars, and the nashville skyline est un visual novel proposant une virée à l'américaine sur fond de country et de yuri, édité par Sekai Project et disponible sur Steam dans une version « tout public ».
C'est l'histoire d'un road trip comme on n'en voit plus. Amanda, new yorkaise lambda dont la vie se résume au boulot, métro, dodo, avec surtout la partie métro, se voit ordonner de prendre deux semaines de vacances forcées après divers déboires sur le dernier projet de sa boîte. Pas franchement motivée et se demandant si elle aura toujours un boulot après ces « vacances », elle tombe par hasard sur un morceau de country à la radio et, sur un coup de tête doublé de rien de mieux à faire, décide d'aller faire un tour à Nashville, berceau de la country. Là, après une nuit fortement alcoolisée, elle se réveille dans une chambre inconnue, aux côtés de Juliet, chanteuse et vagabonde allant de villes en villages. Ayant perdue ses cartes de crédits et son téléphone, Amanda décide d'accepter la proposition de Juliet et de partir ensemble sur les routes en direction de New York, pour 800 kms de balade durant laquelle elles vont apprendre à se connaître et faire face à leurs propres démons.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce synopsys conviendrait parfaitement à un road movie et il faut bien avouer qu'on a souvent l'impression d'être face à un film du genre. Pas tant que les graphismes sont bluffants, loin de là, mais surtout du fait que l'on n'est que spectateur de la virée de ce couple. Nous sommes en effet ici dans l'expression la plus littérale du genre Visual Novel : comprendre qu'on ne s'embarrasse pas de choix à faire ni de différentes fins possibles. On suit l'histoire du début à la fin sans jamais pouvoir influer sur le déroulement de celle-ci. Autant dire tout de suite que l'intérêt du titre va fortement dépendre de la capacité pour son histoire de captiver l'audience.
Cette dernière a le mérite de s'éloigner des classique du genre yuri, où la finalité est souvent la formation du couple. Dans Love, Guitars, and the Nashville Skyline, le couple se forme rapidement, dans des circonstances également inhabituelles pour le genre, et l'essentiel de l'histoire tourne autour de ces deux inconnues qui se découvrent véritablement après coup, avec ses hauts et ses bas. Le scénario se veux assez réaliste et terre-à-terre, loin des illusions de romance parfaite ou « pure ».
Techniquement, le jeu est très inégal. Les personnages sont dans l'ensemble bien dessinés et absolument tous sont doublés, y compris le moindre proprio de bar qu'on ne croise qu'une seule fois et qui n'a que quelques lignes à partager. Les doubleurs font par ailleurs du bon boulot et les musiques sont correctes, à défaut d'être mémorables. À coté, la résolution est en 800x600 et les backgrounds sont majoritairement des photographies passées à la moulinette sauce filtres, allant du correct à horriblement saccagé avec ce qui ressemble à de grossières incrustations 3D pour les pires. Le premier background du jeu est d'ailleurs le parfait exemple de tout ce qu'il faut faire si on veut faire saigner les yeux des joueurs et leur couper toute envie de poursuivre l'aventure... Heureusement, la majorité sont juste moyens, ce qui constitue un soulagement comparé au pire de ce que le titre nous propose parfois. Cela devient presque un jeu dans le jeu que de guetter les backgrounds pour voir les énormités infligées, hélas guère difficile à observer vu qu'il y a globalement assez peu de personnages et que le titre nous gratifie un peu trop souvent de plan sans ces derniers, laissant tout le loisir d'admirer les fonds.
On regrettera donc que le studio ne se soit pas contenté du strict minimum pour les backgrounds plutôt que de s'essayer à une créativité malheureuse dans leur tentative de camoufler un minimum les photos. L'autre principal défaut vient de la durée de vie vraiment faible, moins de 4h, combinée à une absence totale de choix réduisant la rejouabilité à peau de chagrin. La narration est également parfois hasardeuse et mal maîtrisée, avec des ellipses assez brutale là où on aurait au contraire souhaité un peu plus de temps pour mieux développer les personnages et leur relation grandissante. Notons également que le jeu n'est traduit qu'en anglais, comme c'est généralement le cas pour les Visual Novel. Une bonne compréhension de l'anglais est donc nécessaire pour pleinement profiter du titre.
Au final, Nashville est un titre proposant une histoire intéressante pour peu que l'on aime le yuri et les road movies, mais entaché par une technique inégale et une narration mal maîtrisée. Le jeu n'est heureusement pas trop cher - comptez environ 10€ -, mais a une durée de vie famélique. Les amateurs de yuri y trouveront probablement leur compte à condition de passer outre les premières minutes difficiles, surtout pour les yeux. Les autres préféreront sans doute passer leur chemin à moins de vouloir s'essayer au genre avec une histoire plus terre-à-terre que ce que l'on trouve d'habitude et en toute connaissance de cause. Précisons également que si la version Steam testée ici est techniquement coupée de tout contenu sexuel, le jeu aborde toutefois des thèmes matures et est donc difficilement qualifiable de « all age », sans non plus aller dans le 18+. Pour ça, il faudra prendre la version disponible sur le site de Sekai Project.
Test réalisé par Chantelune à partir d'une version fournie par l'éditeur.
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Plateformes | Windows |
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Genres | Indépendant, visual novel, contemporain |
Sortie |
22 novembre 2016 |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
Réactions (15)
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