Test de Railway Empire - À la conquête de l'ouest
Railway Empire, sorti il y a quelques jours, est un jeu de gestion de ligne ferroviaire dans l’aube de sa création. Avec pas mal de bonnes idées, le titre se défend bien par rapport à une concurrence, il faut bien l’avouer, assez ancienne, mais pêche sur plusieurs tableaux. J’ai eu un peu de mal à identifier ce qui me chiffonnait, mais j’ai réussi à mettre la main dessus. Cependant, ne mettons pas les wagons avant la locomotive ; voyons ce qu’il en est de ce titre.
Railway Empire est un jeu de gestion ferroviaire qui place son action dans le développement des États-Unis du XIXe siècle. C’est un détail qui a son importance, car le jeu est très narratif dans son approche, j’y reviendrai. En démarrant à l’aube de son expansion géographique, on se retrouve donc dans des terrains totalement vierges de voies ferrées et vous aurez pour objectif de relier, au mieux, les différents pôles commerciaux qui existent déjà. Vos choix influenceront la montée en puissance de certaines villes ou, au contraire, le déclin d’autres. Rien que le placement de votre gare dans une agglomération a son importance. Selon que vous la placiez au centre-ville ou en périphérie, vous favoriserez le transport de passagers ou le transport de marchandises industrielles. Une fois vos gares placées, vous devrez tracer les lignes de voies ferrées pour les relier entre elles.
Terriblement intuitif
L’outil de création de voies est terriblement bien pensé. Facile à prendre en main, les données importantes sont immédiatement affichées à l’écran, dont les deux plus importantes : le coût et la dénivellation du terrain. Souvent, le trajet le plus court est le meilleur et le plus économe. Néanmoins, si dans vos premières parties de campagne, le terrain est assez plat, il en ira très rapidement autrement dans les parties plus avancées. Il faudra donc choisir entre contourner les obstacles naturels ou passer au travers à l’aide de tunnels et de ponts, ce qui engendre évidemment d’énormes coûts de construction. Pour décider du tracé, une fois les deux villes reliées entre elles, il vous faudra simplement cliquer sur une portion de la voie et, tout en maintenant le bouton gauche de la souris enfoncée, coulisser celle-ci de façon à trouver le trajet optimal pour vos trains.
Dans vos plans de tracés, il faudra aussi prévoir une deuxième composante majeure du jeu : l’industrie. Les villes que vous connectez entre elles sont évidemment demandeuses de certaines denrées, produites par les fermes de la région. Vous devrez donc penser à créer des gares rurales près de ces industries et les connecter à votre réseau, de façon à pourvoir aux besoins de vos cités en développement. Bref, on arrive facilement à un petit casse-tête de gestion ferroviaire pour essayer d’optimiser au maximum les trajets de vos trains.
Un réseau à rôder et à améliorer
Dans un premier temps, vous aurez probablement construit de petites gares, avec des voies uniques. À la création d’une partie, vous aurez le choix entre le mode « réaliste » ou « simplifié ». Dans le premier mode, que je conseille vivement, le jeu n’étant pas très difficile, vos trains ne peuvent se croiser sur une voie unique. Il faudra donc créer soit des lignes parallèles pour appliquer les deux sens de circulation ce qui, évidemment, double les coûts de création et force le joueur à agrandir les gares, soit créer des voies d’évitement où un train restera, en attendant que le train qui vient dans l’autre sens passe, libérant ainsi la voie. Un réseau mal pensé engendrera de nombreux retards sur les trains. Un train bloqué en gare, car en attente d’une autre locomotive qui circulerait, bloquerait complètement le passage pour d’autres, créant ainsi de véritables embouteillages de train. Le manque à gagner dans ce cas est très important.
Le système de signalisation est simpliste et efficace. De plus, petit détail que j’ai oublié d’évoquer au début, les premières missions tutorielles sont agrémentées de petites séquences vidéo, directement intégrées dans le jeu, pour mettre en scène l’explication des différents points de tutos. Une démonstration pratique est toujours plus simple à assimiler qu’une formation théorique.
Côté gameplay, vu qu’on couvre toute une période historique, les machineries évoluent aussi, ce qui est retranscrit par un arbre technologique très simple d’utilisation. Vous gagnez des points de recherche par mois ; une fois atteint un certain quota, vous pourrez effectuer des recherches selon l’ordre que vous souhaitez et vous débloquerez des technologies plus évoluées selon un certain palier. Par exemple, une locomotive plus puissante ne sera disponible qu’après avoir effectué 3 recherches de la période antérieure à sa création. Assez linéaire comme procédé, il faut avouer. Le peu de technologies disponibles fait qu’au final, vous débloquerez à peu près tout au fur et à mesure de votre avancée dans la partie.
Mais...
Après quelques heures de jeu, on se rend toutefois compte des limites du jeu. Une fois que vous aurez compris les mécanismes et que vous aurez rodé la machine, vos trains circulants dans un rouage très bien huilé (prenez-en de la graine, SNCF et SNCB :p), on s’ennuie… Il n’y a que très peu de micro-gestion. Pas de possibilités de changer les tarifs passagers, pas de coûts de livraison à changer. Le seul truc qu’on peut encore faire, à ce stade, c’est de grappiller des actions chez la concurrence pour essayer de faire une OPA hostile sur leurs compagnies, investir dans des industries locales pour en prendre le contrôle ou créer vos mêmes vos industries, comme un abattoir par exemple, maximisant ainsi un peu les bénéfices de ceux-ci dans votre société. L’idée est bonne, mais malheureusement trop simpliste pour vraiment tenir en haleine le joueur.
Toutefois, attention : je n'ai pas dit que ça en était dénué. Disons que ce n'est pas prioritaire. Il y a aussi tout un aspect financier, bien présent, avec la possibilité d'émettre des titres avec un taux d'intérêt pour récupérer des fonds rapidement, et d'autres subtilités, mais comparé à l'aspect gestion ferroviaire, c'est très limité.
L’autre truc qui m’a dérangé, c’est le choix du thème. Alors oui, l’épopée du « cheval de fer » américain est connue mondialement et oui ça colle complètement au côté narratif du jeu, mais justement… à faire du narratif, j’ai l’impression que le jeu ne sait pas trop sur quel pied danser ni quel public il vise. Il est clair que le jeu vise un public plus large que le simple joueur de gestion et peut-être essaye-t-il d’amener de nouveaux joueurs dans le genre, ce qui serait tout à son honneur. Cependant, pour les amateurs du genre, qui manquent cruellement de jeux à se mettre sous la dent, c’est assez frustrant.
Gaming Minds, le développeur du jeu, pêche encore une fois dans ces travers. Ils avaient déjà produit de bons jeux tels que Grand Age Medieval et Rise of Venice, mais, à chaque fois, il manquait quelque chose pour en faire des incontournables du genre. Ici, c’est pareil.
Mais le jeu possède un gros point fort, sa narration
En ce qui concerne le côté narratif du titre, comme dit précédemment, on suit l’épopée du Far West américain, avec la ligne est-ouest de la création de la voie ferrée, nous mettant tour à tour aux commandes des différents protagonistes de cette histoire, affrontant les différentes difficultés qu’ils ont rencontrées à l’époque. La campagne se déroule en 5 chapitres, reprenant des ères différentes qui couvrent, en gros, le XIXe siècle. Pour appuyer un peu le contenu du jeu, différents scénarii sont aussi proposés, comme la « ruée vers l’or » ou l’approche de la guerre de Sécession, qui imposent au joueur de revoir ses priorités de production et d’approvisionnement, changeant ainsi l’approche gameplay de la partie. Le problème de ce genre de scénarii est qu’il est très facile de les réussir, car on connaît les objectifs généraux dès le début de la partie. J’aurais préféré qu’on obtienne des « quêtes » qui se suivent, peut-être aléatoirement selon votre évolution, plutôt que d’avoir un cahier des charges déjà élaboré sur les 10 années de jeu à venir. En effet, si on sait vers quoi on va, on y pensera dès le début, ce qui facilitera grandement la réalisation de ceux-ci…
Cette narration apporte aussi une concurrence qui est prête à vous faire des coups vaches pour s’imposer dans la partie, que ce soit via des évènements ou par l’achat de vos parts en bourse. Vous-mêmes pouvez faire quelques coups bas en engageant des saboteurs, des bandits et/ou des espions pour nuire à vos adversaires.
Sur un côté plus pratique, il existe aussi des modes « bacs à sable » et « jeu libre », permettant de laisser le côté narratif du jeu et de se pencher sur le côté pur gestion, mais je pense que vous l’aurez compris : ce n’est pas l’orientation qu’ont voulu donner les développeurs à leur jeu.
Sur l’aspect technique, le jeu est très agréable à l’œil nu et l’apport de la narration apporte un visuel qui est vraiment rafraîchissant pour ce genre de jeu, qui est surtout connu pour son austérité générale. La musique colle bien au thème et au final, le jeu mérite le détour. On peut y passer quelque temps à s’amuser et peut-être qu’un public s’y retrouvera.
De plus, quelques petites features annexes sont présentes dans le jeu, à l'instar d'autres titres du même genre, tel que la caméra à bord de vos locomotives, pour suivre les trajets que vous avez créé.
Ma petite conclusion
Ma conclusion est qu’on a affaire ici à un jeu qui apporte un vent de fraîcheur au genre, mais qui toutefois pourrait amener avec elle aussi une douche froide pour les amateurs des jeux de gestion. Le jeu mérite malgré tout le détour, mais j’espère vivement que le contenu sera suivi dans les prochains mois, apportant des nouveaux scénarii, d’autres thèmes, etc. pour que le jeu puisse s’étoffer et gagner en profondeur. Du moins sur l’aspect narration qui, étant assez original dans le genre, est un de ses points forts. Autant continuer dans cette voie-là, vu que c’est ce qui risque d’attirer un public. Je ne pense pas que le jeu gagnerait à travailler sur ses points faibles (qui sont subjectifs) comme le manque de gestion avancée de l’entreprise. Je serais curieux, dans les mois à venir, de suivre cette évolution, ainsi que par l’apport des mods de la communauté. Un jeu à tester pour se faire un avis.
Test effectué par Seiei à partir d'une version fournie par l'éditeur.
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Plateformes | Windows |
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Genres | Gestion, historique |
Sortie |
26 janvier 2018 (Windows) |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
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