Test de Genital Jousting, une histoire de bits
Il avait fait sensation à l’époque de son annonce, il arrive maintenant dans une version définitive complète après des mois d’accès précoce… euh, pardon, anticipé sur Steam. On plonge avec vous dans les parties les plus intimes de Genital Jousting, le jeu dans lequel vous devez être une tête de gland.
Derrière cette idée un peu farfelue de jouer avec des pénis, on retrouve le studio Free Lives, les parents bienheureux du déjà loufoque Brofroce. Annoncé à la base comme un mini-jeu compétitif, Genital Jousting s’est développé depuis son annonce pour devenir un jeu à part entière, avec un mode histoire, un mode coop en ligne à la Mario Party et un mode local qui déterminera définitivement lequel de vos potes a la plus grosse. Genital Jousting ressemble désormais un peu moins à un projet de l’école 42 et se veut un vrai partouze game. Qu’en est-il ? Si vous voulez en savoir plus, on vous invite à continuer, à vos risques et périls, images et jeux de mots pouvant choquer les plus sensibles. Pour rappel, le jeu est interdit de diffusion sur Twitch ; cela vous donne une idée du niveau.
Alice et ses groseilles
Maintenant que les rares personnes qui parlent encore latin en France ont pris la porte, parlons peu, parlons bien : ce jeu est clairement pensé pour un public adulte, et très très ouvert, d’esprit, tout du moins. Vous incarnez un pénis avec une paire de testicules, qui sont séparées par un surprenant anus. Si vous n’avez rien vu du jeu, vous serez peut-être étonné, mais votre cerveau va sans doute imbriquer très rapidement les deux concepts. Pour les plus lents, disons les choses comme elles sont : ils ne se sont pas amusés à dessiner des orifices pour le seul plaisir des yeux, surtout dans un jeu impliquant autant d’attributs masculins. Alors non, le seul objectif de cet anus n’est pas d’accueillir de manière plus ou moins consentie un autre sexe, il sert aussi, dans le mode histoire notamment ou dans certains mini-jeux, à avaler des objets. Par exemple, il vous permet de vous nourrir ou de boire et vous sert littéralement de bouche dont vous pouvez même brosser les dents. Alors, bien sûr, il sera forcément visité par une paire d’autres membres au fil de sa carrière, mais il pourra frétiller tout seul dans son coin en testant des jouets sexuels plus ou moins puissants. C’est peut-être bien la première fois qu’utiliser un vibro au bureau a valu une promotion à quelqu’un… Comment ça, on est candide ?
Dans le cadre du mode "Traditional", celui présenté depuis le tout début du jeu, le but est de pénétrer ou d’être pénétré. Dans ce multi jouable jusqu'à huit, pénétrer un autre joueur vous permet de marquer un point, vous faire pénétrer en rapporte un autre. Le but est bien évidemment de marquer autant de points que possible et vous pourrez vous la péter auprès de vos potes comme si vous étiez « Big » Dick Richie puisqu’à la fin de chaque manche, la longueur de votre membre augmente en fonction des points récoltés. Alors attention, parce qu’un long pouvoir entraîne de lourdes responsabilités et ce n’est pas forcément celui qui a la plus grosse qui gagne, car comme dans la vraie vie, la maniabilité d’un gros engin, qu’on parle d’un 35 cms ou d’un 35 tonnes, n’est pas la même que celle d’un modèle plus raisonnablement calibré pour se faufiler partout ! Mieux vaut parfois marquer quelques points sur toutes les manches que d’en déchirer une au tout début pour se retrouver tout flétri en fin de partie, car on a jamais réussi à atteindre le nirvana avec notre chibre interminable et nervuré.
Human Centipede Remastered
Alors bon, voilà, c’était le postulat de départ du jeu. C’est pas forcément très palpitant, vous me direz, et ça tourne rapidement en rond, surtout si vous arrivez à faire un Ouroboros avec vos potes. Cependant, les gars de Free Lives sont loin d’être bêtes et au regard de l’accueil général du titre, ils ont juste décidé de partir en roue libre et de mettre dans le jeu leurs fantasmes les plus délirants pour en étoffer un peu le contenu.
Le mode Date Night est une expérience collaborative dans laquelle deux pénis se rencontrent pour vivre, qui sait, une grande histoire d’amour, parce qu’il n’y a pas que la pénétration dans la vie. Sur le principe, l’idée est bonne, mais on va dire que cinq à dix minutes entre le premier contact et la conclusion lubrifiée de cette histoire, on n’a pas fait plus rapide depuis une mythique scène de porno allemande impliquant un homme masqué et une botte de foin (on vous laisse googler “Warum liegt hier stroh?” si vous voulez sortir votre chronomètre, ou autre chose).
C'est toujours meilleur à plusieurs
La principale nouveauté est le mode Party, qui se veut être une alternative très second degré aux party games de Nintendo, notamment. Qu’on vous demande de jouer à Lassie pour regrouper des chiens saucisses égarés ou d’enfiler des bagues sur votre membre (les anglophones apprécieront le jeu de mots), vous pourrez très facilement varier les plaisirs et les positions dans ce mode, qui est un véritable briseur de glaces. Ce ne sont qu’une paire des activités à disposition et il faut dire que les développeurs se sont montrés créatifs : le combat de catch entre pénis en mode Royal Rumble est particulièrement drôle, tout comme les mini-jeux consistant à faire grandir votre membre en fonction du rythme frénétique du martèlement de vos doigts sur vos touches vous rappellera les longues soirées passées sur les simulations de sport d’antan (Track & Field, on pense à toi, les plus jeunes diront sans doute Mario & Sonic à n’importe quel jeux olympiques, cela marche aussi).
Ces mini-jeux n’ont rien de révolutionnaire en soi, mais c’est leur contexte qui est pour le moins couillu. C’est un pari osé dans une époque de plus en plus marquée par un retour sur le devant de la scène des courants les plus conservateurs de notre société occidentale que de lancer une idée aussi farfelue et aussi dérangeante. Bon sang, vous avez un mode solo qui vous demande d’incarner une bite solitaire, John, désespérément en mal d’amour et profondément traumatisé par son adolescence, qui passe par bien des émotions au cours de son périple pour trouver la personne parfaite pour l’accompagner à sa réunion de promotion : être attiré par une meuf au boulot qui le friendzonera de ouf, essayer de draguer sa livreuse de pizza en l’impressionnant avec votre pseudo-richesse, partir dans un voyage autour du monde pour oublier tous vos tourments… L’impression était vraiment bizarre, surtout en cette période de #MeToo ou #BalanceTonPorc : je ne me suis pas senti gêné de jouer à ce jeu, mais le contexte m’a fait dire qu’au final, ce jeu pourrait donner quelques leçons à certains. Ou comment jouer à un jeu avec des bites pourrait fort bien vous éviter de vous comporter comme un gland.
Crache ta sauce, Myrhdin
Au début, on a bien évidemment pris ce Genital Jousting pour ce qu’il était : une foutue blague graveleuse que des gars ont été assez fous pour financer. Et si on s’arrête aux modes de jeux multi, ce n’est vraiment bien que cela, et cela fait le boulot. Alors oui, c’est sans doute plus un jeu que vous sortirez à la mi-temps d’une soirée bière-foot plutôt que dans le cadre d’un Netflix’n’Chill.
Cependant, la frontière est ténue. Le site du jeu est bourré de références à des thématiques sur des problèmes de société bien réels à l’heure actuelle, comme les différentes sexualités, l’hétéronormalité, le consentement... On a pu lire par endroits des confrères qualifiant la réflexion de branlette intellectuelle pour un jeu qui n’était rien d’autre qu’un délire potache. C’est peut-être le cas, mais dans ce cas, on peut dire qu’on est bien tombé dans le panneau : est-ce que c’est la super narration qui nous a directement ramené à notre découverte de The Stanley Parable ? Est-ce que ce sont les dizaines d’histoires qu’on entend chaque jour d’hommes au mieux maladroits ou déplacés dans leurs tentatives ? Toujours est-il qu’on a fini par trouver dans ce jeu un concept qui serait pour certains un très bon guide de choses basiques à ne pas faire quand vous souhaitez draguer quelqu’un. Parce que non, on ne se frotte pas à l’objet de son intérêt, oui, il ou elle a tout à fait le droit de vous dire non après un rendez-vous, ou de vous dire non tout court, et oui, la plupart du temps, les sentiments profonds ne sont pas achetables ou influencés par l’argent.
Donc voilà, on s’est peut-être fait monter le bourrichon pendant l’heure que prend le mode histoire et loin de nous l’idée de nous poser en SJW, mais on parle là de fondamentaux de la relation avec autrui que certains semblent avoir du mal à accepter ; une piqûre de rappel ne fera jamais de mal. Seul souci : il y a fort à parier que le message (s'il existe) ne passe pas au milieu des trop nombreuses blagues graveleuses de plus ou moins très mauvais goût qui viendront alimenter les parties multijoueurs.
Pour en revenir au jeu en lui-même : il n’est pas traduit et est uniquement disponible en anglais. De plus, certains modes en ligne, notamment la Date Night, mettent trois plombes à vous trouver des partenaires, plus ou moins consentants en fonction de la qualité de leur connexion qui rend toute pénétration improbable tant leur lag les fait se téléporter d’un bout à l’autre de l’aire de jeu. Genital Jousting ne marquera sans doute pas l'histoire du jeu vidéo, mais toujours est-il qu’il fallait en avoir dans le froc pour ne serait-ce qu’imaginer commercialiser ce concept.
Ce test a été réalisé de manière indépendante sur une version PC mise à disposition gratuitement par l'éditeur du jeu et n'est aucunement associé à une quelconque opération promotionnelle sur JeuxOnLine.
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