Test de Metal Gear Survive

Présenté en 2016, Metal Gear Survive a sonné la révolte des fans de la série. Premier Metal Gear depuis le départ de son créateur Hideo Kojima, le jeu s'est attiré les foudres de ceux qui y ont vu une trahison à l'esprit de la série. Pour autant et après de nombreuses heures en sa compagnie, Metal Gear Survive est loin de la catastrophe annoncée.

En pleine attaque de la Mother Base par des soldats de XOF (événements de Metal Gear Solid V : The Phantom Pain), des soldats sont absorbés par un trou de ver apparu dans le ciel. Ils se retrouvent dans une dimension parallèle, dans un lieu désertique appelé "Dite" où les humains ont été infectés par ce qui semble être un virus. Il faudra reconstruire une base afin de se protéger de ces terres hostiles et trouver un moyen de retourner à la maison.

Créer un trou de ver, pour les nuls

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Au début du jeu il faudra créer votre avatar, une femme ou un homme, soldat rescapé de la Mother Base. Largué dans une zone hostile, Metal Gear Survive veut vous faire souffrir et il y parvient. Résolument axé sur la survie, le titre ne vous ment pas et vous mettra dans des dispositions particulièrement difficiles pour affronter les régions hostiles et violentes de Dite. De sa gestion de la faim et la soif à l'oxygène, en passant par les nombreuses blessures et maladies auxquelles vous ferez face, les premières heures de jeu s'apparentent uniquement à une tentative de survie, délaissant les recherches pour retourner sur Terre (du moins, la bonne Terre, celle où à peu près personne ne souhaite faire de vous son goûter), au profit de chasses en tout genre et de recherche désespérée de points d'eau. L'occasion de boire de l'eau croupie et de découvrir les limites de votre corps : vomissements et diarrhées. Le jeu n'épargnera rien à votre avatar et vous rappellera très régulièrement que vous n'êtes rien ni personne face à la nature. En effet, lors des premières heures, vous serez contraint de satisfaire votre soif avec une eau où semble traîner toutes les bactéries du monde, la faute à un moyen de purifier l'eau qui n'arrivera que plus tard. Vous découvrirez aussi, en pleine urgence, que la viande grillée que vous aviez généreusement stockée ne sert plus à rien : elle est périmée. Vous pouvez la consommer, mais être malade sur le champ de bataille n'est jamais très heureux. Il vous arrivera aussi de fuir un groupe de zombies en courant, peut-être aussi en tombant de quelques mètres, et si vous êtes malchanceux votre personnage se blessera à la jambe à cette occasion. De quoi vous obliger à boiter péniblement jusqu'à votre base.
Le champ de bataille, lui, ne sera d'ailleurs pas des plus agréables non plus. D'abord, toute mort est très punitive puisqu'il n'y a pas de sauvegarde une fois que vous quittez votre base pour aller vers une des missions sur le terrain en monde ouvert. Du coup, il faut bien vous préparer, mais surtout tout faire pour revenir en un seul morceau et pouvoir stocker les ressources et l'expérience que vous récupérerez. Les zombies sont si puissants face à votre misérable bâton ou machette qu'ils vont tueront probablement en deux coups, alors lorsqu'il y en a deux, trois ou des dizaines face à vous, vous allez très probablement vous contenter de ramper, avancer accroupi ou courir pour atteindre vos objectifs sans jamais engager le combat. Éviter le combat est un point central d'un gameplay où la survie prime et Metal Gear Survive y parvient avec brio tant tout est fait pour vous retirer toute envie génocidaire face à ces braves zombies. Qu'il s'agisse de leur puissance, de leur surnombre ou de l'endurance misérable de votre personnage qui vous empêchera de sprinter sur plus de quelques dizaines de mètres, sachant que vous crèverez de faim, de soif ou d'oxygène si vous vous attardez trop sur place, vous ne tuerez probablement personne sauf si le jeu vous y oblige.  

Heureusement, les zombies sont extrêmement idiots et ne sauront jamais vraiment contourner une clôture, alors la possibilité de crafter toutes sortes de clôtures et abris sera une donnée salvatrice pour mener à bien vos divers affrontements. Le craft est d'ailleurs extrêmement important : les ressources glanées sur le terrain vous permettront de renforcer votre base au cas où des zombies voudraient s'y aventurer, mais aussi d'installer toutes sortes de choses sur celles-ci pour récupérer de l'eau, de la nourriture et créer de nouvelles armes. Il est donc clair qu'au fil des heures la faim et la soif seront moins présentes et le jeu récompensera votre abnégation en permettant la création d'armes et équipements bien plus puissants. Pour autant, le jeu sera très rarement facilité, car il s'amuse souvent à vous balancer à la figure des missions extrêmement difficiles où vous perdez pratiquement tout ce qui faisait votre bonheur après des heures de galère.
D'autant plus que le jeu fera planer une menace bien plus grande : un monstre qui rôde dans les Cendres, cette partie de la map où la visibilité est réduite à néant (ou plutôt à 10 mètres devant votre avatar au maximum) et où les zombies sont bien plus nombreux. Une zone où l'on doit respirer avec un masque à oxygène et où le danger est constant. Ce monstre tout droit sorti de l'imaginaire de Masahiro Ito, creature designer qui a notamment travaillé sur les premiers Silent Hill, est extrêmement inquiétant et envoie le joueur vers ses pires cauchemars. Bon, j'en fais peut-être un peu trop, mais la première rencontre avec la bête m'a sacrément surpris tant dans sa mise en scène que son apparence inquiétante au milieu des cendres. Impossible lors de cette première apparition de savoir à quoi elle ressemble réellement, mais on en voit assez pour savoir qu'il vaut mieux courir. Et c'est là que le jeu prend tout son sens. En effet, si l'histoire n'a que peu d'intérêt, n'étant qu'une vague histoire de dimension parallèle et de gros monstre qui s'accroche péniblement à l'histoire de la série principale au moyen de quelques artifices sortis du chapeau, c'est dans sa manière d'installer une ambiance horrifique que Metal Gear Survive est une réussite.

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La coopération qui ne s'assume pas

Au-delà de son gameplay (tout droit sorti de Metal Gear Solid V) et de ses mécaniques de survie qui fonctionnent plutôt bien, son ambiance oppressante pèse sur le joueur et offre aux fans de jeu d'horreur une nouvelle manière de faire peur. Le jeu ne vous balancera pas de jump scares ni de bruits vraiment inquiétants, encore moins de démons et autres fantômes, pour autant Metal Gear Survive se révèle flippant dans sa manière de nous projeter dans un univers où on ne comprend rien. Certes, il s'agit de la même map que son prédécesseur, mais celle-ci est remaniée et transformée en maison des horreurs et ce sentiment d'être perdu au milieu de nulle part prédomine largement. Un sentiment exacerbé par l'impossibilité de se repérer via la map, puisqu'une fois entré dans les Cendres, où la visibilité est à son minimum, les repères visuels et la carte disparaissent pour ne laisser au joueur que son sens de l'orientation. On note toutefois des sortes de tour radio (qui permettent aussi de se téléporter une fois débloquées) dont la lumière apparaît parfois au loin, selon votre position, et qui donnent tout de même une idée de votre emplacement.

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Néanmoins, le jeu pèche aussi par plusieurs éléments qui l'empêchent tout de même d'aller s'aventurer du côté des vrais bons jeux. Malgré ses mécaniques de survie bien pensées et son ambiance singulière, la répétitivité des missions n'aide pas à y accorder beaucoup de crédit. L'essentiel du jeu consiste à aller récupérer des survivants, débloquer des points de téléportation ou défendre des points d'intérêt face à des vagues de zombies. D'autant plus que les boss sont rares et que le bestiaire se renouvelle assez peu, malgré quelques zombies qui viendront parfois pimenter un peu plus les débats. Une répétitivité qui n'est pas aidée par une histoire complètement passable et inintéressante avec des personnages terriblement caricaturaux. Si la série principale n'a jamais été en reste sur la caricature, on n'a ici rien de très intéressant, avec des dialogues qui font plutôt sourire lorsqu'ils tentent d'être sérieux. Alors, certes, les clins d'oeil à la série principale sont plutôt sympathiques et on notera même que l'une des deux fins explique un des phénomènes improbables qui apparaissait dans les missions secondaires de Metal Gear Solid V. Cependant, au final, on a surtout le sentiment de tourner en rond et de toujours faire la même chose, même si la partie du jeu dans la jungle es

t salvatrice tant on découvre enfin de nouveaux environnements et de nouvelles menaces.
Il faut également préciser que les micro-transactions sont présentes dans le jeu. Si la vente de "kubans", sorte de minerai du jeu qui permet de monter l'expérience et de crafter, avec du vrai argent est assez inutile tant on peut en acquérir en masse dans le mode coopération (et on peut tout à fait survivre sans y aller), il est important de dire qu'il est nécessaire de payer environ 10€ pour créer un deuxième personnage. Toutefois, créer un deuxième personnage sur un même compte n'a pas un grand intérêt, tant il est possible de tout faire et tout voir avec un seul personnage, mais il fallait le préciser.

On peut s'interroger également sur l'absence de mode coopération au sein de la campagne principale. Alors que le jeu a été principalement présenté sous la forme d'un jeu coopératif depuis son annonce, le mode histoire se joue intégralement et uniquement en solo, bien qu'il requière une connexion permanente sous peine d'être éjecté vers le menu principal. Pourtant, on s'aperçoit que de nombreuses missions semblent avoir été véritablement pensées pour la coopération, notamment (et ce sont les plus difficiles) celles qui consistent à défendre un point face à trois vagues d'ennemis. Et c'est une impression qui revient souvent, car l'essentiel des missions relèvent de la défense d'un point, à la limite du tower defense, où l'on pose des pièges ici et là en attendant l'arrivée des zombies. C'est extrêmement dommage, car si ces missions n'ont souvent pas un grand intérêt pour un seul joueur, elles prennent tout leur sens quand elles sont jouées à plusieurs. Il existe un mode coopération, mais celui-ci est détaché du mode histoire. Si on y joue avec notre personnage et tout son matériel acquis en solo, il faut rejoindre un lobby multijoueur détaché du reste avant d'aller accéder à diverses missions, classées par difficulté, où l'on affrontera là encore plusieurs vagues d'ennemis en défendant un point sur la map. Ce mode coopération se révèle assez sympathique à jouer, d'autant plus que la plupart des joueurs croisés en ligne jouaient véritablement l'objectif et se prenaient au petit jeu de la construction de remparts déjà expérimenté en solo. Ce mode sera aussi l'occasion de grandement faciliter le mode solo puisque les ressources acquises sont transférées sur la base du mode histoire, des ressources qui apparaissent ici en grand nombre et qui permettront au joueur d'acquérir beaucoup d'expérience. Certains diront qu'il faut éviter le mode coopération pour ne pas biaiser la difficulté du mode solo, d'autres diront que c'est impératif afin de ne pas se tirer les cheveux. Chacun y verra ses préférences et de mon côté je dois avouer avoir passé un peu de temps en coopération afin d'être moins ridicule lorsque le mode histoire s'amuse à m'anéantir. 

Enfin, faisons un point sur la technique. Le jeu a été testé dans sa version Xbox One et c'est donc uniquement sur cette version qu'il m'est possible de me prononcer. En l'état, le jeu est une aberration. Tournant dans une résolution de 1280x720 et peinant terriblement à dépasser les 45 images par seconde, Metal Gear Survive apparaît comme une bouillie de pixels terriblement flous et avec un aliasing très prononcé. Le jeu rame beaucoup avec des chutes de framerate dès que l'on dirige la caméra vers un groupe d'ennemis et au final l'ensemble a tendance à donner la nausée avec des textures infectes. C'est vraiment surprenant, car sur la même console, en 2015, son prédécesseur, Metal Gear Solid V, tournait sans aucun mal en 1080p et 60 images par seconde en utilisant exactement le même moteur de jeu, le Fox Engine. On se demande vraiment ce qui a pu se passer entre temps pour arriver à sortir un jeu dans un tel état et il est intolérable qu'en 2018 une console de la génération actuelle soit contrainte d'afficher une résolution 720p, qui rappelle la génération précédente.

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Conclusion

Bardé de bonnes idées, notamment dans ses mécaniques relatives à la survie et à la gestion du personnage, de sa faim, sa soif et ses blessures, Metal Gear Survive est une bonne surprise. Assez peu accueillant et souvent très difficile, le jeu ne rigole vraiment pas avec vous et vous embarque dans un cauchemar éveillé où tout l'univers du jeu souhaite votre mal, vous permettant d'ailleurs de s'interroger sur les pulsions meurtrières des développeurs. Poussant l'avatar et le joueur dans ses derniers retranchements, le jeu vous fera tout le temps flirter avec vos limites tant les missions réussies "à un poil" (avec une poignée de points de vie restants ou bien l'objet à défendre qui se trouvait à une seconde de son explosion) sont légions. Néanmoins, Metal Gear Survive c'est aussi un jeu qui a tendance à tourner en rond, qui ne se repose que sur ces mécaniques et qui n'offre à côté rien de bien terrible pour récompenser le joueur. S'il est incontestable que les quelques moments de surpuissance où, après des heures de jeu, vous réussissez enfin à crafter un fusil à pompe avec quatre cartouches sont terriblement jouissifs, le jeu pèche largement du côté de son histoire et de la structure générale de la campagne. On fait toujours les mêmes missions et si on tente d'innover dans nos défenses et nos manières d'aborder ces missions, le jeu ne surprend jamais vraiment passé quelques heures. Sauf lorsque vous découvrirez les boss secondaires et je vous souhaite à cette occasion bonne chance. Ou bon courage.

Test réalisé par Hachim0n à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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Plateformes PlayStation 4, Windows, Xbox One
Genres Action, infiltration, survie, fantasy

Sortie 20 février 2018 (États-Unis d'Amérique)
22 février 2018 (Europe)

Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.