Test de PES 2019
Nouvelle édition du jeu de foot annuel de Konami, PES 2019 fait face à un terrible obstacle cette année : avec la perte de la licence des compétitions européennes de l'UEFA, le jeu se retrouve amputé de l'un de ses principaux arguments de vente. Alors, il est nécessaire de se recentrer sur l'essentiel et d'offrir un gameplay séduisant face au mastodonte FIFA qui sort cette année un mois après PES. Est-ce un pari gagné pour autant ? Rien n'est moins sûr.
À la gloire du beau jeu
L'éternelle comparaison de PES avec FIFA sera une nouvelle fois à l'œuvre cette année et même un peu plus étant donné que le Japonais a perdu ses licences des compétitions européennes. Néanmoins, c'est sur le terrain du gameplay que les deux jeux s'affrontent réellement, avec des conceptions du football et des jeux vidéo qui sont en parfaite opposition.
Comme chaque année, PES fait la part belle à la construction et à la défense. On connaît l'amour porté par ses créateurs au football italien depuis le début de la série, avec une mise en avant de la dimension tactique au détriment du spectacle. Les strass et les paillettes de FIFA n'ont pas lieu d'être ici, puisque c'est en parlant position et déplacements que PES tente de nous aguicher.
La rigidité ressentie dans les premières heures s'estompe et laisse apparaître un jeu qui repose essentiellement sur la prise en main du joueur, plus qu'un jeu porté sur l'attaque et le spectacle. Il faudra apprendre à manier avec précision les courses manuelles et le fameux super cancel pour prendre l'avantage sur l'adversaire. Pour ceux qui ne sont pas des habitués de la licence, le super cancel est cette fonctionnalité que l'on active en match en appuyant sur les deux gâchettes de la manette et qui permet de reprendre la main sur le déplacement automatique de notre joueur, qui court après une passe en profondeur ou se place en attendant le ballon sur un ballon aérien. En utilisant le super cancel, il est possible de le bouger librement et donc de récupérer le ballon en l'interceptant plus tôt que prévu ou en se plaçant devant l'adversaire sur un centre. Les possibilités offertes par le super cancel sont nombreuses et constituent véritablement l'essentiel du gameplay, un élément difficile à maîtriser, mais qui offre un sentiment de satisfaction énorme lorsqu'il est utilisé avec brio.
Tout n'est pas parfait pour autant ; si PES propose une expérience intéressante en matière de gameplay qui s'oppose véritablement à son concurrent en s'intéressant plus à la construction qu'au spectacle, le jeu ne parvient pas à pousser son idéal jusqu'au bout et s'avère assez faible dans d'autres compartiments. En effet, la meilleure manière de décrire PES serait sûrement d'affirmer que les qualités de son concurrent sont ses défauts, à l'image notamment de ses séquences dans les derniers mètres du terrain. Le sentiment qui prédomine est de prendre beaucoup de plaisir à mettre en place son action et à tenter de déséquilibrer la défense adverse, mais dès que l'on entre dans les vingt derniers mètres, le jeu devient terriblement stéréotypé et ne laisse que peu de place à l'improvisation et à la créativité. Débordement, centre à ras de terre, centre en retrait, une-deux ; voilà l'essentiel des actions qu'il sera possible de mener pour espérer marquer. Pour le reste, les déplacements des joueurs dans cette zone du terrain sont si prévisibles, car répétés jusqu'à en avoir ras le bol, qu'il sera bien rare de marquer un but d'une autre manière. Et c'est dommage, car le plaisir pris à la construction s'envole lorsque l'on remarque que les nombreuses secondes passées au milieu de terrain n'auront servi qu'à marquer un énième but sur une passe en retrait. Le même but que l'on marquait déjà sur PES il y a dix ans. Un phénomène accentué par le comportement de l'IA, soit trop performante, soit pas assez, qu'il n'est possible de prendre à défaut qu'en exploitant sans cesse les quelques actions face auxquelles elle n'a pas de parade.
Ce qui était une bonne idée ne reste encore qu'une fonctionnalité à l'utilisation très limitée et qui ne laisse que peu de place à l'utilisation de dispositifs moins communs. Il faudra donc se limiter aux bases offertes par le jeu, sans rêver de devenir le nouveau Pep Guardiola. Enfin, un mot sur les arbitres, entre un zèle excessif et des situations d'avantage qui sont le plus souvent mal gérées. Ce n'est en effet pas rare de voir une action où l'arbitre lève les bras en avant pour signifier qu'il y a avantage suite à une légère faute, avant de revenir quasi-immédiatement à la faute alors que l'équipe victime a encore la balle et poursuit son action tranquillement. Un problème qui sera peut-être réglé dans un futur patch, mais en attendant le jeu rappelle assez largement PES 5 et son arbitre qui distribuait des cartons à chaque faute. Une situation que l'on retrouve encore ici avec des cartons jaunes distribués pour des fautes assez mineures, tandis qu'un tacle violent ne donne que très rarement un carton rouge.
Les souvenirs d'une autre époque
Les modes de jeu de PES restent dans tout ce qu'il y a de plus classique. On retrouve l'éternelle Ligue des Masters qui n'a pas bénéficié cette année de grosse amélioration ; les fans retrouveront leurs repères sans aucun problème et les autres se demanderont pourquoi ce mode, qui a fait la gloire du jeu depuis quinze ans, ne parvient toujours pas à évoluer. Très basique dans la gestion du club et dans la relation avec les joueurs, ce mode carrière fait du surplace et continue de nous étonner avec une conception très naïve du foot d'aujourd'hui. Je n'ai par exemple eu aucun mal à attirer un joueur comme Corentin Tolisso au Stade rennais dès le début de partie pour une quinzaine de millions d'euros, tout en vendant joyeusement Benjamin André pour une vingtaine de millions en Angleterre. Alors, si les haineux rigoleront quand j'affirmerai que le Stade rennais est le plus grand club français, il faut bien avouer que ces transferts sont aussi irréalistes que possible et ne reflètent en rien la valeur réelle des deux joueurs, ni le pouvoir d'attraction du club pour un joueur, champion du monde, qui joue actuellement au Bayern, l'un des plus grands clubs du monde.
Il faut aller voir du côté du mode myclub pour trouver un peu plus d'intérêt. Celui qui singe le mode Ultimate Team de FIFA s'affirme et propose une nouvelle fois une expérience assez sympathique. En effet, il permet de créer son équipe de rêve en récupérant des joueurs de différentes manières, soit dans des packs à acheter avec des crédits gagnés en jeu ou de l'argent réel, soit en utilisant des agents gagnés en matchs et en compétitions pour récupérer des joueurs gratuitement. À noter l'arrivée de joueurs de légendes, dont David Beckham, qui est le porte étendard de ce mode de jeu. Comme chez le concurrent, il faudra évidemment surveiller les contrats restants des joueurs : une dizaine de matchs de base, à renouveler avec quelques crédits. Il faudra aussi veiller à leur endurance, que l'on fera remonter en les mettant sur le banc. Cependant, là où se distingue réellement le mode myclub par rapport à Ultimate Team, c'est sur sa conception de l'équipe. Ici, pas de synergie entre les joueurs en fonction du club ou de la nationalité, mais uniquement une cohésion de groupe qui s'améliore à chaque match grâce à leur enchaînement. Plus vous jouerez de matchs dans la même formation et avec les mêmes joueurs, plus la note de cohésion de groupe augmentera. Il faut aussi que les joueurs s'habituent à jouer à ce poste et dans cette équipe, une habitude symbolisée par une zone d'influence autour du joueur sur l'écran de formation qui montre son aisance à son poste et avec ses coéquipiers. Un choix intéressant qui permet plus de liberté dans la construction des équipes, mais qui connaît un problème : les entraîneurs. L'entraîneur que vous ajoutez à votre équipe a une importance fondamentale, car chacun d'entre eux possède sa formation préférée, mais surtout un "talent de gestion" qui vous limitera dans votre choix de joueurs. Chaque joueur a en effet une note générale qui peut théoriquement aller jusqu'à 99. C'est cette note qui est comptabilisée en partie dans le talent de gestion de l'entraîneur et vous limitera. Par exemple, avec un entraîneur de base ayant 200 ou 250 en talent de gestion, vous atteindrez vite la limite et ne pourrez pas utiliser plus d'un joueur avec une note qui dépasse les 90 de général. Pour pouvoir utiliser toutes les stars que vous avez trouvées dans des packs, il faudra aller acheter un entraîneur bien plus fort avec un talent de gestion qui ira jusqu'à 685, de quoi mettre des pépites à chaque poste.
Toutefois, il y a un problème et pas des moindres : les meilleurs entraîneurs ne sont payables qu'avec des pièces myclub, autrement dit les crédits que l'on acquiert avec de l'argent réel. Pour vous donner une idée, un très bon entraîneur vous coûtera environ 600 pièces, sachant que la boutique du jeu ne vous permet d'acheter que 250 pièces (pour 2,49 euros) ou 1 050 pièces (pour 9,99 euros) et au-delà jusqu'à 12 000 pièces (pour 99,99 euros). S'il est possible sans problème d'enchaîner les matchs et de développer son équipe sans avoir à débourser le moindre euros dans ces pièces, qui peuvent aussi être utilisées pour acheter des packs de joueurs, de l'endurance ou des contrats, il est toutefois nécessaire d'en posséder pour acheter un entraîneur et ne plus être limité dans la valeur des joueurs que l'on utilise. Heureusement, lors de nos débuts sur le mode myclub, le jeu offre quelques objectifs de base (gagner un match, modifier un joueur, participer à une compétition, acheter un contrat, de l'endurance, ...) qui permettent d'acquérir gratuitement des pièces myclub. Juste de quoi s'acheter un des meilleurs entraîneurs actuellement disponibles, à condition que vous fassiez attention à ne surtout pas les dépenser dans autre chose. Auquel cas, il ne vous restera plus qu'à sortir la carte bancaire pour espérer développer votre équipe.
Quant au reste des modes de jeu, on est toujours en terrain connu avec les matchmaking avec classement, les tournois, les matchs d'exhibition ou encore la coopération à trois contre trois. Parlons-en d'ailleurs de celle-là : une coopération assez illisibles avec des données de score par joueur affichées à l'écran, mais surtout l'obligation de jouer à trois. Si l'on n'est que deux, le jeu nous collera un bot en troisième joueur, quitte à rendre le tout aussi désagréable que possible. À noter toutefois que les modes en ligne fonctionnent plutôt bien ; je n'ai que très rarement dû affronter de la latence et l'ensemble paraît très stable. En revanche, on se demande pourquoi en 2018 le jeu ne nous permet pas de rechercher un adversaire dont l'équipe est du même niveau que celle qu'on l'on a choisie. Seule la recherche par qualité de connexion et niveau du joueur (qui ne dépend que de ses résultats) est disponible, alors on sera le plus souvent condamné à jouer exclusivement avec les meilleurs clubs du jeu, comme la plupart des joueurs, pour ne pas virer dans une opposition qui s'apparenterait à David contre Goliath en se risquant à jouer avec un plus petit club.
Enfin, un mot sur l'ergonomie, un amour vache avec PES, qui prend les joueurs au milieu et leur offre une expérience aussi douteuse que déprimante. Son interface d'un autre âge qui n'évolue plus depuis un bon nombre d'années, son menu tactique dont la base est la même depuis bien trop longtemps et sa manière de torturer le joueur avec une multitude de sous-menus qui rendent l'expérience plus compliquée qu'elle ne devrait l'être. Je pense notamment à l'opération fastidieuse que représente le lancement d'un match amical avec l'un de vos amis en ligne, qui nécessite d'aller fouiller dans cinq sous-menus et la création d'un lobby privé avant d'avoir enfin la chance de pouvoir envoyer une invitation à notre partenaire du jour. Cet exemple est un véritable symbole de l'expérience offerte par les menus de PES : tout est beaucoup trop long, lent et compliqué pour des opérations pourtant basiques.
La question des licences
Au rayon des licences, PES souffre cette année de la perte d'une de ses plus grosses licences au profit du concurrent FIFA. En effet, si Konami a pu capitaliser sur la détention des droits relatifs à la Champions League et de l'Europa League pendant de nombreuses années, elle voit cette année s'envoler son partenariat avec l'UEFA et se retrouve contraint d'aller chercher des licences mineures ici et là. Konami se targue en effet d'avoir récupéré les premières divisions portugaise, danoise, belge, suisse, argentine ou encore chilienne. Et cela en plus de quelques licences déjà disponibles auparavant comme la L1 et L2 française, des sélections nationales (dont la France et sa deuxième étoile) ou quelques équipes qui font leur apparition comme Schalke, Arsenal ou Liverpool malgré le fait que le reste de leurs championnats ne soient pas sous licence. Une multitude de nouveaux clubs sous licence pour PES 2019, mais un intérêt assez relatif, car si de nombreux joueurs prendront plaisir à aller découvrir des clubs moins connus, il serait bien hypocrite d'affirmer que cela intéresse plus de monde que les championnats anglais, allemand ou espagnol. Et pour palier à la disparition de la Champions League, ce qui sonne comme une mauvaise blague est pourtant bien rée, puisqu'on découvre que l'International Champions Cup fait son apparition en pré-saison, notamment lors des Ligue des Masters. Si on ne crache jamais sur une licence, cette compétition amicale qui oppose les meilleurs clubs européens et américains pendant l'été ne risque pas de constituer une motivation à l'achat du jeu. Pour autant, ce déficit de licence est-il un véritable problème ? Comme chaque année, Konami permet aux joueurs d'importer très facilement des visuels (maillots, emblèmes, logos de compétition) et de modifier les noms des clubs qui ne sont pas sous licence. Ainsi, les plus motivés effectueront eux-mêmes ces modifications, mais pour les autres, il y aura toujours ce fameux patch réalisé par la très active et passionnée communauté de PES. Un patch non-officiel disponible dès le jour de la sortie du jeu et qui corrige déjà quasi-entièrement le déficit de licences. Ainsi, oublions North East London et son maillot improbable et place à Tottenham avec son vrai maillot et son écusson aisément reconnaissable. Une opération qui ne vous demandera que quelques secondes de téléchargement et un transfert via une clé USB si vous jouez sur PlayStation 4.Alors certes, il est bien dommage de voir que PES est toujours à la traîne du côté des licences, mais le jeu permet à la communauté de corriger le problème en offrant les outils nécessaires au modding.
Attention toutefois, ces quelques lignes ne concernent que les versions PC et PlayStation 4 : la Xbox One ne pourra malheureusement pas bénéficier d'un tel patch dans la mesure où Microsoft ne permet pas le transfert de dossiers via clé USB. Il faudra donc modifier les noms des clubs à la main et se contenter des outils in game pour modifier du mieux possible les maillots.
Un dernier mot sur l'ambiance sonore ; on retrouve encore Grégoire Margotton et Darren Tulett aux commentaires, avec toujours ce même décalage entre ce qui se passe à l'écran et leurs affirmations. Autant dire qu'on coupera rapidement leurs voix et qu'on se contentera de la maigre ambiance qu'offrent les stades, bien que PES se soit assez largement amélioré en la matière ces dernières années.
Conclusion
Quelques bonnes idées, beaucoup de plaisir dans certains compartiments du jeu, mais PES ne peut s'empêcher d'avoir un arrière-goût amer. Jouissif lorsque l'on parvient enfin à maîtriser certaines séquences de jeu, PES 2019 ne parvient toutefois pas à capter l'intérêt sur une longue période. La faute à un jeu très stéréotypé dès lors qu'il s'agit de devoir marquer un but, mais aussi à ce sentiment permanent d'avoir affaire à un jeu qui ne parvient pas à évoluer, entre ses modes de jeu d'un autre âge qui tranchent avec les efforts faits sur le gameplay et ses menus qui semblent avoir été réalisés par des développeurs qui n'aiment pas les gens. Surtout, si l'on dira probablement que PES représente l'école du gameplay et de la construction face au football spectacle dont peut se vanter FIFA, on regrette qu'il ne fasse pas preuve de plus de précision et d'exigence dans tous les compartiments du jeu. Comme souvent ces dernières années avec la série, cette nouvelle édition aurait pu être un grand épisode du jeu de foot de Konami, mais il manque ce supplément d'âme et de rigueur pour que l'on puisse passer outre tous les petits défauts qui sautent aux yeux au fil des heures. Un bon cru, mais on espère mieux que ça.
Test réalisé par Hachim0n à partir d'une version fournie par l'éditeur.
Sur le même sujet :
Plateformes | PlayStation 4, Windows, Xbox One, Xbox One X |
---|---|
Genres | Sport, contemporain |
Sortie |
28 août 2018 (France) |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
-
13 décembre 2018
-
6 septembre 2018
Réactions (15)
Afficher sur le forumPas de compte JeuxOnLine ?
Créer un compte