Demetrios - The BIG cynical adventure - Un prout qui sent bon
Imaginé, développé et édité par une seule personne (Fabrice Breton qui a créé pour l’occasion Cowcat Games) Demetrios - The BIG Cynical Adventure (raccourci ci-après en “Demetrios”) se revendique des Chevaliers de Baphomet et fait aussi penser aux Monkey Island ; vous avouerez qu’on fait pire comme références.
Là où c’est classique
Imaginé par son auteur dès 1999, mais pas sorti à l’époque, Demetrios a profité des possibilités modernes d’édition pour tout d’abord arriver sur PC puis PlayStation Vita, PlayStation 4, Xbox One, Android, iOS et maintenant sur Switch tout en profitant au passage des possibilités tactiles de la console.
Dans Demetrios, on incarne Bjorn Thonen, un antiquaire parisien pas bien doué ni dans son métier, ni dans sa vie, qui se fait assommer puis cabrioler ce qui est le point de départ d’une aventure qui nous mènera à pas mal voyager.
Le jeu se présente sous la forme d’un point and click dans lequel on passe d’écran en écran en choisissant les lieux sur une carte. Certains lieux peuvent se décliner en plusieurs tableaux, principalement fixes, mais contenant parfois quelques animations.
Le style graphique est agréable, assez dépouillé, les personnages souvent artistiquement moches se fondent bien à l’ambiance du titre.
Les musiques sont variées et collent à chacun des tableaux et/ou personnages. Parfois, le jeu via sa bande sonore rappelle Monkey Island : non pas dans le style musical, mais dans le fait que l’image se marie très bien avec le son, créant vraiment une ambiance.
Chaque tableau contient contient plein d’éléments cliquables qui ne manqueront pas de provoquer une réaction de Bjorn et/ou une réaction de l’environnement pouvant aller jusqu’à la mort de notre (z)héros.
On peut évidemment, comme dans tout bon point and click, utiliser et/ou combiner des objets. On croule rarement sous le nombre et beaucoup d'interactions sont gérées plutôt que de se voir répondre une phrase passe-partout.
Là où ça se démarque
Parce que oui, dans Demetrios, on peut échouer et on échouera souvent, que ce soit involontairement ou volontairement, ne serait-ce que pour lire l’épitaphe souvent amusante et méritée.
Et on met d’autant plus volontiers les doigts dans la prise que les échecs ne sont absolument pas punitifs : on reprend le jeu juste avant le choix funeste.
Je n’ai pas trouvé que le ton du jeu était particulièrement “cynique”, d’ailleurs : on peut choisir entre 3 niveaux de “pipi-caca” et non pas de “cynisme” et l’humour du jeu joue beaucoup sur ce ressort. Rarement avec mauvais goût : ça reste bon enfant et c’est toujours amusant de voir à quel point Bjorn est capable de tout goûter quitte à en être malade.
Je recommande d’ailleurs de jouer en mode “pipi-caca”, car sinon le jeu devient trop sage. On notera tout de même que l’auteur ne s’est pas contenté de censurer des choses : par exemple, dans le mode le plus gentil, Bjorn range la poubelle, alors que dans le mode trash il la laisse traîner par terre. Je ne dirais pas que ça incite à rejouer entièrement le titre pour découvrir ces différences d'interaction, mais l’effort est louable.
Un petit regret sur le chapitre 6, assez court, qui sort un peu du point and click pour devenir plutôt un enchaînement d'énigmes qui fait se sentir un peu plus spectateur qu'acteur des événements. Néanmoins, il conclut bien l'histoire donc on lui pardonnera.
Les aides pour les nuls/impatients
Toute personne qui a joué à des point and click a une anecdote à raconter sur les heures passées à chercher une solution à un problème donné (surtout quand la solution est d’utiliser la queue d’un singe comme une manivelle) et on ne peut pas dire que ce sont les moments les plus palpitants dans ce genre de jeu. Même si de nos jours internet permet d’avoir accès à une aide plus rapide que de devoir attendre la sortie du dernier numéro de Joystick, devoir lancer une recherche sur un navigateur n’est pas amusant.
L’auteur de Demetrios, probablement au fait des problèmes de ce genre de jeu, a intelligemment intégré deux systèmes qui rendent l’expérience bien plus agréable.
Tout d’abord, il est possible à tout moment en appuyant sur une touche de voir quels éléments du décor sont cliquables : fini de chercher pendant des heures le moindre pixel qu’un esprit tordu aurait pu définir comme primordial pour avancer.
Ensuite, chaque tableau contient 3 cookies cachés et à tout moment on peut en manger un pour avoir un indice, voir même la solution au problème en cours. Ces cookies sont bien dissimulés et ne sont pas révélés par le système précédent, donc c’est un petit jeu dans le jeu de trouver tous les cookies. Petit regret sur ce point : en avançant dans l’histoire, certains tableaux ne sont plus accessibles donc les cookies non trouvés le restent pour toute la partie en cours. Néanmoins, sans passer son temps à les chercher, on en trouve bien assez pour se débloquer des situations.
Ces deux systèmes d’aide sont évidemment totalement facultatifs pour ceux qui voudraient jouer à l’ancienne et se gratter longuement la tête devant les énigmes les plus retorses.
Je vous en remets un peu ?
Pour les completionistes, on peut débloquer dans une galerie des artworks, des musiques et des mini-jeux. J'avoue ne pas avoir compris comment se marquaient les points de déblocage, mais en ayant fini le jeu j'avais bien assez pour tout prendre.
Demetrios contient plus de 10 mini-jeux qu'on rencontre au cours de l’aventure. Évidemment ça n’est pas du niveau d’un poker dans GTA ; on est dans le genre petit jeu flash, mais ils s’intègrent toujours bien à l'histoire et on se loupe souvent la première fois (mention spéciale à la course de chevaux pour laquelle je pense être tombé dans tous les pièges tendus).
À cela on peut rajouter des changements de gameplay comme quand on doit se déplacer sur un toit. C'est rare, mais ça amène toujours un petit quelque chose.
On peut également collectionner les échecs qui sont récapitulés pour chacun des chapitres ainsi que les succès façon trophées PlayStation.
Du coup, faut-il l’acheter ?
Pour tout amateur de point and click, je ne peux que recommander Demetrios - The BIG cynical adventure. L'histoire est agréable à suivre, on sourit souvent, on rigole même parfois et sa durée de vie (comptez 7 à 10h selon qu’on mange beaucoup de cookies ou non) est tout à fait honorable, surtout vu son faible prix. De plus, une démo est disponible sur le Nintendo store, ce qui permet de se rendre compte si l'on accroche ou pas.
Le portage sur Switch est très propre (je n’ai eu qu’un bug qui m’a gêné au cours de l’aventure ; même s'il est contournable, espérons qu'il sera corrigé pour la release le 3 décembre 2018) et le jeu se prête parfaitement au côté nomade de cette console tout en étant également agréable sur télévision.
Et si vous n’avez pas de Switch, le jeu est disponible sur bien d’autres supports (PC, iOS, Android, PlayStation 4, PlayStation Vita et Xbox One) donc aucune excuse pour passer à côté.
Testé sur Switch à partir d'une version fournie par l'éditeur.
Sur le même sujet :
Plateformes | Nintendo Switch, PlayStation 4, PlayStation Vita, Windows, Xbox One |
---|---|
Genres | Point & click, contemporain |
Sortie |
31 mai 2016 (Windows) 6 décembre 2016 (PlayStation Vita) 1 août 2017 (PlayStation 4) 2 août 2017 (Xbox One) 3 décembre 2018 (Nintendo Switch) |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
Réactions
Pas de compte JeuxOnLine ?
Créer un compte