Test de WRC 8 - Le retour d'un ancien champion - Mise à jour du 26.11.2019 : test technique de la version Switch
Deux ans nous séparent du dernier épisode de la licence WRC et voilà que WRC 8 pointe enfin le bout de son nez. Les développeurs de Kylotonn ont fait le choix de prendre une année supplémentaire pour peaufiner le huitième épisode censé apporter de réelles nouveautés à une licence qui peine à reprendre la main dans le genre de la simulation de rallye. Un choix salvateur, car s'il n'est pas parfait, on constate rapidement que WRC 8 marque un vrai bond en avant pour la série.
Mise à jour du 26.11.2019 : test technique de la version Switch par Hachim0n
Testé à l’origine sur Xbox One, WRC 8 était une bonne surprise. Après des années sans trop convaincre, la licence parvenait enfin à se doter d’un jeu de rallye tout à fait solide qui, sans être irréprochable, proposait une expérience plus proche que jamais de ce qu’on peut espérer d’une telle licence. Le jeu nous revient deux mois plus tard, cette fois-ci dans sa version Nintendo Switch qui est sortie ce mois de novembre 2019. Nous tenions à y jeter un œil, car le précédent jeu Switch développé par Kylotonn, V-Rally 4, souffrait de quelques terribles chutes de framerate et de visuels décevants qui l’empêchaient de proposer une expérience similaire aux autres consoles et PC. En septembre dernier, le Game Director de WRC 8 Alain Jarniou nous confiait en interview que le contenu du jeu serait identique et qu’ils visaient les 30 images par seconde constantes. Alors, qu’en est-il ?
Il faut bien avouer que le premier contact est austère. Au petit jeu des comparaisons visuelles, la version Switch de WRC 8, tant en version nomade que docké, aurait bien du mal à soutenir la moindre comparaison avec ses autres versions. Beaucoup de clipping sur les environnements, des pistes moins détaillées, des effets de pluie ou de traînée de sable qui nous font revenir quelques années en arrière et enfin, des voitures aux textures moins fines bien que tout à fait correctes. Pourtant, tous ces problèmes sont vite oubliés ; bien malin est celui qui porte beaucoup d’attention aux environs une fois lancé à plus de 100km/h sur des pistes de campagne exigües où chaque semblant de virage ou de bosse est une bonne raison pour partir en tonneau. À cela, on ajoute des textes bien trop petits en nomade, comme malheureusement beaucoup trop de jeux Switch.
Les performances sont à la hauteur des espoirs, bien loin de celles de V-Rally 4 il y a un an, qui peinait souvent à tenir la barre des 30 images par seconde. On a bien essayé de prendre WRC 8 à défaut : courses sous la tempête, cascades dangereuses et à haute vitesse sur le monde ouvert en free roam, mais la console a tenu le coup et toujours été capable de se maintenir à ces 30 images par secondes que visait le studio. Deux exceptions toutefois : nous avons eu un ralentissement dans les menus en mode carrière et un autre en mode nomade lors d’une épreuve de nuit sous une tempête. Néanmoins, ces ralentissements ne sont jamais réapparus par la suite dans les mêmes conditions de jeu.
Alors oui, 30 images par seconde, c’est moitié moins que ce qu’offrent les autres versions du jeu, mais la stabilité du jeu permet de nous amuser sans trop voir nos bons (et mauvais) réflexes être annihilés par une baisse de framerate.
Peut-on pour autant le conseiller sur Switch ?
Le portage est aussi bon que possible : certes, on aurait aimé plus de finesse visuelle, mais le choix des développeurs de se concentrer sur les performances du jeu et sa stabilité était le bon. Le rallye nécessite en effet un certain nombre de réflexes et de concentration qui ne tolèrent aucune forme de ralentissement. Cependant, le problème est plutôt à voir du côté de la manette. D’abord, les joy-cons n’offrent pas un confort suffisant à cause de la très faible course du stick gauche, ce qui empêche toute forme de subtilité dans la prise des virages et de correction de trajectoire. Ensuite, l’absence de gâchette analogique sur les manettes de la console de Nintendo est encore aujourd’hui le premier frein à l’arrivée de toute simulation automobile. WRC 8 est parfaitement jouable en activant les aides à la conduite, mais les choses se corsent sévèrement si on souhaite les désactiver dans la mesure où, avec les gâchettes à base de « clic », toute accélération se fait à pleins gaz. Il n’y a donc aucun moyen de gérer le niveau de puissance en sortie de virage par exemple ou de décélérer plus tranquillement. On passe donc plus de temps à patiner et à perdre notre adhérence qu’autre chose, ce qui rend l’expérience assez désagréable.
Alors, WRC 8 sur Switch, c’est quand même oui. Oui parce que l’effort du portage est réel et que Kylotonn livre une version tout à fait honorable et jouable malgré ses concessions techniques. Le studio a appris de son portage très moyen de V-Rally 4 l’année dernière et ça se sent. Toutefois, le public qui recherche une expérience plus difficile en jouant sans les aides devrait plutôt se diriger vers les autres versions du jeu : en l’état actuel des choses, les manettes Switch ne permettent pas d’y jouer convenablement à cause de leurs gâchettes.
Un mode carrière refondu
Avec la pause de 2018, les développeurs de Kylotonn ont pris le temps de repenser leur jeu et de lui apporter de quoi se démarquer de la concurrence. S'ils ont beaucoup communiqué sur l'orientation "eSports" du jeu (on y reviendra plus bas), c'est le mode carrière de WRC 8 qui nous a particulièrement intéressé. Point faible des simulations automobiles, le mode carrière est souvent assimilé à un bête enchaînement d'épreuves, sans réel impact sur la vie de l'écurie et sa progression dans le milieu automobile. Néanmoins, ce nouvel épisode WRC nous fait mentir et propose quelque chose de vraiment intéressant.
Entièrement refondu, le mode carrière nous amène dans les coulisses de l'écurie. À l'usine, représentée dans une vue isométrique, on doit participer pleinement au développement de l'écurie. Recruter du staff, l'assigner à des postes clés, préparer la voiture et dépenser des points de compétences pour tout faire progresser, participer à des essais constructeurs et à des entraînements, gérer le budget et établir les stratégies de course en fonction des prédictions météorologiques. Le mode carrière nous assigne plusieurs casquettes qui correspondent plutôt bien à la réalité d'un pilote WRC, très impliqué dans le développement de sa voiture et les choix de l'écurie. Cependant, avant d'avoir accès à toutes les subtilités de ce mode, le joueur se retrouve derrière le volant d'une Ford Fiesta R2, la voiture utilisée par l'ensemble des pilotes en catégorie Junior WRC. Il faut faire son trou en découvrant peu à peu le développement de l'écurie, mais aussi en obtenant de bons résultats lors des quelques épreuves officielles. L'objectif : monter au classement des pilotes et se faire une réputation pour accéder un jour ou l'autre à la catégorie WRC, qui dispose de toutes les courses et pilotes officiels. Un jour ou l'autre, car rien n'est très simple. Le jeu offre un challenge intéressant avec des temps parfois difficiles à battre, même avec les aides activées, et certaines surfaces (je pense notamment au rallye de Suède) demandent une certaine maîtrise pour maintenir un vitesse correcte sans finir dans un arbre. Aussi, rien n'assure de rapidement atteindre la catégorie WRC, d'autant plus que la réputation auprès des écuries se perd aussi vite qu'elle a été gagnée. Néanmoins, on est loin de se contenter de la performance pure, car au fil du temps on gagne des points de compétences à dépenser dans un arbre de recherche et développement pour faciliter notre séjour dans la catégorie. On peut par exemple dépenser les points dans des bonus pour gagner plus de réputation, ou plus d'argent, ou encore avoir des mécaniciens plus performants, le tout permettant de gagner en efficacité hors course pour aborder plus sereinement les spéciales de rallye. En effet, le staff a un réel impact : une fois recruté un très bon mécanicien, on peut par exemple voir nos temps de réparation baisser considérablement, ce qui permet de récupérer une voiture qu'on aurait trop abîmé lors de la première spéciale. Un point important, car les rallyes WRC ne permettent qu'une seule réparation dans un temps très limité. De la même manière, un kiné permet de ne pas perdre trop d'énergie et de prendre moins de temps de repos, un repos qu'on consacre plutôt à des événements spéciaux comme des tests pour le constructeur ou des courses historiques (avec des véhicules qui ont marqué l'histoire du rallye) pour gagner de l'argent. Des finances par la suite réinvesties dans un staff plus performant, comme un directeur financier qui nous donne une réduction sur nos dépenses ou un météorologue qui fait des prédictions plus fiables pour établir nos stratégies de course et les pneus choisis. Le mode carrière est une franche réussite : si on aimerait un staff moins caricatural dans sa gestion de la fatigue puisqu'il suffit en effet de remplacer un membre du staff le temps d'un rallye, sachant qu'on a rapidement beaucoup de membres dans l'équipe, et plus d'options de développement pour le véhicule et sa fiabilité, il faut bien avouer que le mode est très engageant. On a vraiment le sentiment d'appartenir à l'équipe et de progresser avec, ce qui donne une saveur très particulière aux quelques victoires en course. Le mode carrière est finalement assez proche, notamment du côté de la recherche et développement, de ce qui se fait dans F1 2019. Toutefois, WRC 8 parvient à offrir un sentiment de progression plus naturel, moins artificiel que ce qui se fait ailleurs. S'il n'est pas irréprochable et mérite que le studio le peaufine dans les prochains épisodes, il est sur une très bonne voie.Plus exigeant, sans nous laisser au bord de la route
Cependant, le cœur du jeu reste le gameplay. Un peu plus orienté simulation qu'à son habitude, moins accessible qu'auparavant bien que Kylotonn ne laisse pas tomber les néophytes grâce à de multiples aides à la conduite, WRC 8 prend une orientation intéressante qui rappelle un peu son concurrent DiRT Rally. Sans placer leur exigence sur les mêmes points, WRC 8 montre de vraies qualités du côté de la physique des véhicules et de leur poids. On pouvait reprocher habituellement à la licence de montrer des véhicules qui flottent trop, qui glissent sur la piste sans qu'on ressente grand chose, mais le studio a fait un vrai travail là-dessus et propose aujourd'hui des véhicules plus lourds, qui réagissent de manière plus naturelle sur les différentes surfaces (qu'il s'agisse de gravier, d'asphalte ou de terre). Attention toutefois : WRC 8 reste un jeu accessible, mais sa conduite offre un challenge intéressant qui force le joueur à s'habituer à chaque type de surface, notamment dans les transitions (entre gravier et asphalte par exemple) pour ne pas rater un virage. Très punitive, la sortie de route est quasiment fatale dans un rallye et le jeu le retranscrit plutôt bien. Dans le meilleur des cas, elle provoque en effet une pénalité de temps difficile à rattraper, dans le pire des cas il faut passer par l'abandon ou la case réparation qui, sans un très bon mécanicien, devient vite compliquée. WRC 8 n'est pas parfait et la licence a encore du chemin à faire sur sa conduite, mais c'est une très bonne surprise qui lui permet d'offrir une expérience agréable. Cette nouvelle philosophie de conduite, plus proche d'une simulation sans pour autant renier son accessibilité, était essentielle pour la licence. En effet, le studio s'oriente cette année plus que jamais vers la compétition. Avec l'eSports WRC, le jeu propose chaque semaine des défis et des temps à battre pour espérer être sélectionné dans la compétition. Si votre testeur n'est pas un génie du volant, c'était surtout l'occasion de se jauger face à une concurrence féroce qui fait des chronos assez incroyables. L'occasion de faire le constat amère qu'on ne sera jamais un riche et célèbre joueur pro. Néanmoins, au-delà du dépit face à notre niveau réel (même lorsque l'on croyait avoir fait un excellent temps), il faut bien avouer que l'intégration eSports du jeu fonctionne bien et offre des défis sympathiques, quand bien même on ne fait pas partie du top 100 mondial.Des efforts à faire
Cependant, tout n'est pas rose dans WRC 8. Toujours faiblard graphiquement, le jeu propose des décors et environnements très sommaires qui ont tendance à faire mal à la rétine et pas dans le bon sens. L'aliasing est très présent sur Xbox One, support sur lequel le jeu a été testé, tandis que si les véhicules sont modélisés correctement, ils souffrent encore de dégâts visuels très sommaires. C'est dommage, car le jeu fait à côté un excellent travail pour rendre compte de l'impact des dégâts (sur les roues, les suspensions, le moteur ou encore la boîte de vitesse) sur la conduite. Autre point noir : la vue intérieure reste toujours très laide et assez peu agréable à utiliser bien que le jeu permette de modifier la position de la caméra (hauteur, profondeur) ; on préfère du coup rester sur la vue à l'arrière de la voiture, qui se révèle bien plus praticable. Enfin, pour conclure sur l'aspect visuel, les effets de lumière vont du très bon au moins bon, puisque certaines pistes sont superbes au crépuscule tandis que d'autres perdent en lisibilité à cause de lumières et couleurs trop saturées sous certaines conditions météo. L'éditeur a d'ailleurs vanté la météo dynamique : on sera honnête, on trouve qu'on est très loin de la révolution annoncée. Si le concept est intéressant puisqu'il pousse le joueur à observer la météo annoncée sur les jours de course pour déterminer une stratégie en choisissant les pneus les plus adaptés (quitte à ce que la météo ait été mal prédite par un météorologue peu fiable), on n'a dans les faits jamais eu le sentiment que notre conduite était bouleversée par un changement météo d'une spéciale à l'autre et le choix des pneus n'a donc jamais été vraiment fondamental. Peut-être qu'il manque un impact plus important d'une piste glissante sur laquelle on roule avec des pneus peu adaptés, mais le résultat est assez décevant. Pour autant, il s'agit d'une excellente idée et on espère que le studio l'améliorera pour les prochains épisodes.Conclusion
La pause de Kylotonn en 2018 a apporté du bon à WRC 8 : plus solide que ses prédécesseurs, il offre un certain nombre de nouveautés du côté de son contenu qui en font un très bon épisode. On se prend vite au jeu du mode carrière, tandis que les fonctionnalités eSports apportent un peu de piquant quand on veut se mesurer aux meilleurs. La physique a aussi été revue, avec des véhicules plus lourds qui offrent des sensations intéressantes, mais les développeurs ne doivent pas s'arrêter en si bon chemin. Pas toujours flatteur graphiquement, le jeu est à la traîne sur ce point-là tandis que sa météo dynamique n'a que trop rarement eu l'impact espéré. Un bon jeu pour les amateurs de rallye, qui se retrouvent face à challenger intéressant avec ses qualités et ses défauts.
Test réalisé par Hachim0n sur Xbox One à partir d'une version fournie par l'éditeur.
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Plateformes | Nintendo Switch, PlayStation 4, Windows, Xbox One, Xbox One X |
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Genres | Course, sport, contemporain, réaliste |
Sortie |
5 septembre 2019 (Monde) (Windows) 5 septembre 2019 (Monde) (Xbox One) 5 septembre 2019 (Monde) (PlayStation 4) 30 novembre 2019 (Monde) (Nintendo Switch) |
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