Test de Murder by Numbers - Le Picross à la rescousse de l'enquête

Jeu de picross (ou nonogram), Murder by Numbers mélange ses chiffres à l'enquête dans un simili-visual novel qui emprunte beaucoup à son aîné Phoenix Wright. Sorti sur Switch et PC (Steam), le jeu nous propose de découvrir l'enquête menée par une actrice ratée d'Hollywood, accompagnée d'un robot volant sorti de nulle part.

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Ace Attorney X Picross

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Pour les non initiés, le "Picross" ou "Nonogram" est un jeu de réflexion solitaire qui consiste, sur des grilles de 5x5 à 20x20 (ou même plus), à colorier des cases en noir selon les chiffres inscrits auprès de chaque ligne et colonne. L'objectif final est de faire apparaître un dessin, qui se révèle sous les cases coloriées selon les indices donnés. Si vous ne comprenez rien à mes explications, ce n'est pas très grave : Murder by Numbers reprend ce jeu de réflexion et l'explique de la meilleure des manières dans un tutoriel interactif sur les premières grilles, qui pose les bases du jeu et donne également des astuces pour apprendre à s'améliorer. Un bon point pour un premier contact avec le jeu, parfaitement adapté aux néophytes avec diverses aides proposées au-delà de son tutoriel (vérifier des erreurs sur la grille, remplir aléatoirement quelques cases) au prix toutefois d'un score final réduit. De quoi contenter les moins patients, tout en offrant un certain challenge aux adeptes du genre qui peuvent débloquer des grilles et du contenu bonus en obtenant le score maximal.

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Au-delà du tutoriel, vous serez laissés bien libres de compléter le reste des grilles. Des grilles qui se révèlent au fil d'une aventure en visual novel où le picross permet de faire apparaître des indices et des preuves dans une enquête menée par Honor Mizrahi. Cette dernière est une actrice ratée qui rêvait d'Hollywood avant de finir comme enquêtrice dans une série télé policière pas franchement captivante, jusqu'au jour où elle est convoquée par son showrunner qui lui explique qu'elle est remplacée par... Un chien parlant. Ironie du sort : elle fait alors la connaissance d'un robot parlant avec qui elle se met à enquêter sur un meurtre survenu dans le studio. La victime n'est autre que le showrunner, qui venait juste de la virer. Le jeu assume pleinement ses liens avec Phoenix Wright, tant dans l'esprit que le ton avec ses personnages hauts en couleur et ses enquêtes tirées par les cheveux. Attention toutefois, les mécaniques relatives aux enquêtes sont légères ; on se contente en effet le plus souvent de poser des questions à tous les personnages que l'on croise et, éventuellement, leur mettre des preuves sous le nez en espérant qu'ils nous en disent quelque chose. Le robot, lui, nous permet de "scanner" les pièces afin de trouver de nouveaux indices et donc de nouvelles grilles de picross pour les révéler. Le mélange des genres fonctionne plutôt bien, le picross apportant une vraie réflexion à la monotonie d'un visual novel qui se révèle à côté plutôt classique dans ses mécaniques, tandis que les phases narratives permettent d'éviter la redondance d'une simple succession de grilles. 

Les dessous d'Hollywood

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D'autant plus que l'histoire de Murder by Numbers est très sympathique à suivre : pleine d'humour, elle nous balade dans un Hollywood des années 1990 où les personnalités atypiques se côtoient et se détestent parfois, le tout avec un fond de conspiration autour d'une série et d'une actrice qui semble maudite. Les personnages secondaires apportent tous leur grain de sel et font parfois beaucoup rire, à l'image de ce fan de série qui rappelle les plus grandes heures des discussions entre fans de Star Wars ou de Game of Thrones sur les forums de JeuxOnline. Les personnages ont d'ailleurs été créés par Hato Moa, la personne derrière Hatoful Boyfriend, qui propose ici un univers réussi avec un character design cohérent. Il y a un beau travail effectué sur l'ambiance des environnements et les expressions des personnages qui rythment les dialogues, tandis que le jeu peut compter sur les musiques de Masakazu Sugimori, qui a déjà officié à l'époque sur Phoenix Wright ou Viewtiful Joe. Sans être éclatantes d'originalité, ses compositions apportent une ambiance sonore intéressante au titre, même si on doit avouer que la musique qui accompagne les phases de picross a parfois eu tendance à nous taper sur les nerfs quand on a le sentiment d'être bloqué. On aurait aimé toutefois que le compositeur nous propose une bande-son plus éclatante et surprenante comme il a su le faire par le passé.

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Enfin, la plus grande qualité de Murder by Numbers réside dans son sens du rythme. Mêler la narration aux tendances d'enquête au picross était peut-être un peu difficile à aborder, mais le résultat final prouve que le concept est très bien maîtrisé par ses développeurs. Ils parviennent même à mettre en scène l'urgence de quelques situations comme ces fois où on est obligé de terminer des petites grilles (en 5x5) en une poignée de secondes, tandis que les plus grandes grilles sans temps limite permettent de réfléchir comme le ferait peut-être un enquêteur qui tente de relier les preuves entre elles. Le contenu est d'ailleurs pléthorique puisqu'il faut compter une grosse vingtaine d'heures pour atteindre la fin des quatre chapitres. À moins que vous soyez bien meilleurs au picross que votre testeur, ce qui ne devrait pas être bien difficile. En bonus, le jeu offre des grilles un peu plus ardues à déverrouiller selon la note que l'on obtient dans chaque chapitre, ces grilles une fois complétées dans leur intégralité donnent ensuite accès à un peu de contenu narratif supplémentaire. Un défaut majeur toutefois : le jeu ne propose pas de traduction française.

Conclusion

Sa sympathique histoire et ses personnages plein d'humour offrent sans nul doute à Murder by Numbers un charme certain. Saupoudré de mécaniques de picross classiques, mais toujours très efficaces, le jeu profite d'un vrai sens du rythme et du suspense pour tenir en haleine jusqu'au bout. On note également une belle réussite du côté du picross avec une difficulté progressive qui permet à tout le monde de s'y coller sans frustration face à un soudain mur de difficulté. Murder by Numbers aurait tout de même gagné à creuser un peu plus ses mécaniques d'enquête, mais on ne peut pas tout avoir. On doit avouer quoiqu'il en soit que la formule fonctionne vraiment très bien, à tel point qu'on en redemande aux termes d'un jeu pourtant déjà plutôt long. 

Test réalisé par Hachim0n sur Switch à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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