Test de Arctic Awakening – Un jeu narratif qui nous a laissé de glace
Annoncé en 2021 sous la forme d’un jeu épisodique, Arctic Awakening débarque finalement sous sa forme complète en ce mois de septembre. Voyons ensemble ce qu’il en est de ce walking-sim sous la neige.

Marche ou crève
Nous faisons la connaissance de notre protagoniste, Kai, alors qu’il effectue un vol en avion pour aider son ami Donovan dans une livraison de vivre. Comme tout avion de jeu vidéo qui se respecte, celui de Kai ne manque pas de s’écraser, le séparant au passage de Donovan. Nous voilà donc livré à nous-même dans un environnement peu amical, pour ne pas dire franchement hostile. De la neige à perte de vue, pas de transmissions radio vers le monde extérieur et pour seule compagnie un robot volant de soutien psychologique. Pour retrouver Donovan et vous sortir de là, il faudra marcher. Beaucoup. Ainsi que tenter de percer les mystères de ce petit coin perdu de l'Alaska.Firewatch sous la neige
Arctic Awakening est donc un walking-sim à la première personne qui prend son inspiration chez Campo Santo et Firewatch. On retrouve ainsi des similitudes entre les deux jeux tant dans le visuel que dans la structure du jeu. L’essentiel du jeu se résume à de longues séances de marche dans un environnement sauvage. Nos séances de marche forcée sont rythmées par des conversations avec Alfie, le robot volant qui nous accompagne partout, et Donovan via la radio. Et là, un premier élément coince dans mon rapport au jeu. Poussons le parallèle avec Firewatch, et en particulier sur les personnages et leurs dialogues. Dans le jeu de Campo Santo, Henry et Delilah ne se connaissent pas. Ce sont leurs échanges qui permettent au joueur de construire leur relation et de découvrir leurs histoires. Ici, Kai et Donovan ont déjà un passé commun, et leurs échanges font référence à des événements qui nous sont inconnus. On a l’impression d’être spectateur d’une conversation entre deux inconnus et de se retrouver ponctuellement pris à partie. Ce décalage narratif se reproduit régulièrement, comme si le jeu ne savait pas vraiment comment nous présenter le passé de ses personnages alors qu’il nous demande d’y réagir. C’est très déconcertant, et il faut attendre le 3ème épisode pour qu’enfin Kai se décide à parler de son passé. Oh, il y a bien un twist dans le scénario du jeu, mais il arrive bien trop tard, je crains qu’une majorité de joueurs aient lâché l’affaire avant d’en arriver là. J'avoue d'ailleurs n'avoir été absolument pas convaincu par l'histoire racontée dans sa globalité.Tombe la neige…
À défaut, le jeu aurait pu se baser sur le côté survie de son setting, le temps d’installer les mystères de son histoire. Hélas, bien que présent, l’aspect survie ressemble un peu à une pièce rapportée d’une étape précédente du développement. Le joueur est supposé veiller sur l’état mental ou le stress de Kai et sur sa faim. Pour le premier, ça consiste à faire des séances de relaxation à intervalles réguliers, près de cairns dédiés. Se déclenche alors un mini-jeu de rythme censé représenter le cycle inspiration/expiration du personnage. Un mini-jeu pas intéressant et même franchement lourd quand on constate 1) qu’aucune erreur n’est permise et que 2) la durée du mini-jeu est la même que votre jauge soit quasi pleine ou pratiquement vide. Pour la faim, il suffit de manger à intervalles réguliers, pas de surprise de ce côté. On remarque tout de même vite plusieurs choses sur cet aspect du jeu. D’abord que les jauges qui les symbolisent sont planquées dans le menu pause du jeu. Un effet visuel accompagne la diminution de la santé mentale, mais il nous met vite la puce à l’oreille : le truc semble totalement scripté, il y a toujours un cairn à portée de main lorsque la jauge approche dangereusement de zéro et, à l’inverse, dans certains passages la jauge ne descend jamais. Pareil pour la faim, il y a tellement de nourriture un peu partout que même la cigale chère à La Fontaine devrait passer l’hiver sereinement.C'est vraiment pas gagné cette affaire
Donc, on résume. Les dialogues et la narration, ce n’est pas trop ça. Le setting parait sous-exploité. Reste le gameplay. C’est un walking-sim. Ce n’est pas possible de rater un walking-sim. Si ? Au niveau des déplacements, Arctic Awakening fait vraiment le minimum : le stick pour avancer, une option pour courir, une gâchette pour les interactions et les boutons A/B/X/Y (ou équivalent) pour choisir une réponse durant les dialogues. C’est tout et ça devrait suffire. Votre personnage saute automatiquement lorsqu’il le faut, grimpe quand c’est possible… et reste parfois bloqué sans qu’on sache très bien pourquoi. Bon, la majorité du temps, ça va, mais on sent un certain manque de souplesse dans les déplacements sur des terrains un peu difficile. Puis arrive le premier moment où vous devez escalader une paroi. Il faut que je vous raconte ma première escalade.
Moments de solitude
J’arrive devant une paroi, des prises sont visibles jusqu’en haut et je comprends que je vais devoir grimper. Je m’approche de la prise la plus basse, pousse mon stick à tout faire vers l’avant et… rien. J’explore un peu les environs, à la recherche d’un autre chemin, mais non, la paroi est la seule issue possible. J’y retourne, tente plusieurs approches et toujours rien. Ce n’est que par hasard, en me plaçant en diagonale par rapport à la paroi que Kai a enfin entamé son escalade. Pour être coincé quelques secondes plus tard, alors qu’il refusait d’attraper une prise. En fait, je pense que le jeu essaie de simuler l’alternance des mains, mais le fait tellement mal et tellement peu intuitivement que ça en devient frustrant.Et ce n’est malheureusement pas un cas isolé, ce genre de moments durant lesquels le joueur erre à se demander comment progresser dans l’histoire sont multiples. Prenez l’épisode 3, qui multiple les passages dans lesquels le jeu vous demande de chercher des objets plus ou moins cachés pour avancer. Dont plusieurs fois dans l’obscurité, avec comme seule source de lumière le robot qui vit sa vie dans son coin. Ça n’a rien de fun. Je suis peut-être un grand râleur, mais j'aime beaucoup les jeux narratifs et, pour moi, c'est un genre de jeu qui doit être fluide, le gameplay doit servir la progression de l’histoire. Ici, il semble régulièrement être un obstacle, une source de blocage pour allonger la durée de vie.
L’encart technique
Arctic Awakening tourne sous Unity et on ne peut pas dire qu’il pousse le moteur dans ses retranchements. Il exploite un style assez cartoon, proche de Firewatch à nouveau, aux textures simples et assez limités en effets visuels. Ce qui dessert parfois le jeu, qui souffre du côté très répétitif de ses environnements. En contrepartie, le jeu ne devrait pas être exigeant sur le plan matériel. Côté doublage, ce sera voix anglaises et sous-titrages français uniquement. Par contre, plus j'avancais, plus les bugs se faisaient nombreux. Jusqu'au moment fatal où mon test s'est arrêté sur un bug bloquant, une sauvegarde qui me chargeait sous le décor. Comme le jeu n'a pas de système de chapitrage, ni même de possibilité de rejouer un épisode - un oubli que je trouve particulièrement idiot dans un jeu prévu pour être épisodique - ma partie s'est arrêtée là. Comme un symbole, finalement.
Conclusion
Je pense que je n’aurais pas essayé de terminer Arctic Awakening si je n’avais pas eu l’obligation morale de le faire pour écrire ce test, tant le jeu m’est souvent tombé des mains. Goldfire Studio, le studio de développement, est une petite équipe dont Arctic Awakening est le premier jeu exclusivement solo. Et ça se sent, puisque si on repère facilement les sources d’inspiration du studio, la maitrise narrative n’est clairement pas au point. Écrire une histoire est une chose, la raconter dans le cadre d’un jeu vidéo est un défi autrement plus difficile, qu’Arctic Awakening échoue à relever.
Test réalisé par Grim sur PC à l'aide d'une copie fournie par le développeur
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Plateformes | PlayStation 5, Windows, Xbox Series X|S |
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Genres | Aventure, walking simulator, futuriste / science-fiction |
Sortie |
18 septembre 2025 |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
Réactions (1)
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