Test de Gears Tactics : le meilleur de deux mondes
Autrefois synonyme d'action brutale et de tronçonneuses ensanglantées, la série "Gears of War" se diversifie aujourd'hui avec Gears Tactics, un jeu de stratégie au tour par tour qui représente un sacré changement de genre pour la licence. Et on ne va pas mâcher nos mots, c'est un sacré coup de pied dans la fourmillère de la saga.
Nous avons été assez surpris lorsque Gears Tactics a été annoncé à l'E3 il y a deux ans. À vrai dire, on était déjà aux anges grâce à l'annonce de Gears 5, donc un autre jeu de la saga Gears (NdR : le rédacteur de ce test est un fan invétéré de la saga qui sait rester objectif) était une excellente cerise sur le gâteau. Par contre, dès le départ, et même dans les premières heures de jeu, on se posait la question de savoir comment la sauce allait prendre : le genre tactique au tour par tour est généralement assez loin de l'action brutale et sanguinolente dans une mise en scène grandiloquente des jeux de la série de base. Est-ce qu'un Gears à la XCOM allait réussir à trouver une sauce qui puisse prendre ? Le jeu est disponible sur PC depuis le 28 avril dernier et, en un mot comme en cent : oui, la sauce prend bien. Elle n'est pas parfaite, mais offre un goût unique.
Des Locustes, encore des Locustes...
Gears Tactics est une préquelle à la saga, ce qui facilite l'immersion dans le scénario : en effet, cela aide vraiment le joueur à dissocier les genres. Ce que vous avez connu avec Marcus (qui n'apparaît dans Gears Tactics que sous forme de flashbacks) et Dom reste avec eux, et vous vivez les aventures d'un personnage qui n'était pas encore intervenu dans la saga, ou alors très indirectement : vous vous retrouvez à jouer le Gears Gabriel "Gabe" Diaz, le père de Kait, un des personnages principaux de Gears of War 4 et l'égérie de Gears 5, douze avant avant les événements de Gears of War. Vous l'aidez à passer du rôle de simple mécanicien au statut de héros de guerre au fil des scénarios qui vous sont proposés.
On en voit déjà au fond se dire "Walah, c'est pas pour moi, il faut être blindé en background Gears, j'y ai jamais joué ou alors y a 10 ans sur ma Xbox 360 avant qu'elle RROD". Non. Vraiment. On vous l'assure : ce jeu est un très bon stand alone. Aucune connaissance préalable de la mythologie désormais assez complexe de Gears n'est nécessaire Mais oui, très clairement, les fans seront contents de retrouver des personnages connus dans des rôles fort différents et s'amuseront sans nul doute à trouver des réponses à des questions qui datent pour certaines du premier jeu de la saga de base.
Le début de la fin
L'intrigue du jeu en elle-même est divisée en trois pans qui comptent chacun entre huit et dix missions. Le fond de l'histoire ne change pas des masses, on est toujours dans un univers post-apocalyptique sur le fond duquel se tisse une tapisserie dramatique à base de responsabilité de chacun, de sens du sacrifice et de trahison. L'ensemble de l'histoire pourrait très facilement sombrer dans les plus lourds clichés, mais au final, la narration réussit à rester cohérente sans rompre avec la patte Gears que les fans ont appris à apprécier.
La mise en scène grandiloquente qu'on évoquait plus tôt est toujours présente. Les cinématiques qui servent d'entractes sont tout bonnement à couper le souffle, on va jusqu'à dire que ce sont sans doute les plus belles qu'on ait vu de la série (full disclosure, c'est aussi la première fois qu'on joue à un Gears sur PC). Le seul souci de ces cinématiques est qu'elles tournent un bon moment en rond, avec un Diaz qui se frotte à ses supérieurs ou le même Diaz qui se retrouve autour d'un feu de camp avec ses compagnons d'armes après un dur combat et qui se demande comment ils appréhenderont le suivant. C'est d'ailleurs un des principaux points qui nous a demandé du temps avant qu'on puisse dire qu'on était pris par le jeu : la répétition de cinématiques qui semblaient un peu redondantes et qui donnaient l'impression que l'Histoire stagnait, mais l'action finit par l'emporter et une fois que vous êtes partis... Vous ne le lâcherez plus.
Détail qui sera certainement appréciable pour certains, l'intégralité du jeu est doublée dans la langue de Molière. Les personnages commentent de manière intelligente les actions sur le champ de bataille, s'interpellent et interagissent l'un avec l'autre pour créer une bande-son des plus crédibles pour l'aventure. Là encore, le travail fourni est juste exceptionnel en terme de doublage.
Du sang au ralenti
Les combats en mode tactique nous ont vraiment convaincus. Les missions varient régulièrement, que ce soit en terme d'objectifs ou de personnages. Vous avez le plus souvent le choix des personnages que vous voulez envoyer au casse-pipe. Attention cependant, si l'un des personnages principaux de la trame meurt, votre mission échoue sans autre forme de procès. Cela rend les recrues générées aléatoirement totalement sans importance et sans saveur, ce qui donne un sentiment vraiment bizarre au joueur, surtout s'il a joué au prologue de Gears 5 : vous êtes dans la peau de ces officiers qui envoient des soldats au combat en sachant pertinemment qu'ils n'en reviendront pas tous. Vous décidez qui est ou non de la chair à canon. Et souvent, vous avez la chanson Disposable Heroes dans un coin de votre tête, quand le succès d'une mission dépend du sacrifice d'un pion pour sauver vos héros. Mais bon, on reste dans un Gears et à moins que vous ne jouiez aux jeux de la licence qu'en mode dément ou Ironman comme certains fous joliens, vous avez aussi dans Gears Tactics la traditionnelle seconde chance ou second souffle qui permet à un allié de vous relever et de vous ramener au combat.
Au total, le jeu propose cinq types d'unités, qui ont chacune un équipement, mais surtout des capacités et des avantages bien distincts. Au fil des combats, chaque unité acquiert de l'expérience qui permet de l'entraîner dans pas moins de quatre voies différentes. Prenons l'exemple d'un groupe d'"éclaireurs" : la classe est spécialisée dans les embuscades et les attaques par surprise. Est-ce que vous prenez le parti de monter cette unité pour qu'elle fasse plus de dégâts quand elle tend une embuscade ou bien allez-vous la jouer safe et faire en sorte d'augmenter ses dégâts à distance ? Le choix est vôtre : les unités peuvent s'adapter tant aux situations de jeu qu'à votre propre style de jeu. À vous de trouver lequel vous correspond le plus pour mieux relever les défis proposés par les missions !
Ce n'est pas la seule possibilité de personnalisation offerte au joueur : en cas de réussite d'une mission, vous recevez de nombreuses modifications d'armes et des pièces d'armures dont vous pouvez équiper vos personnages. Vous pouvez aussi obtenir plus de matériel en accomplissant des objectifs secondaires pendant votre mission ou en trouvant des coffres sur la carte de jeu. À noter que les objets les plus rares donnent aussi des capacités passives supplémentaires à vos personnages. Le souci est que vous finissez par avoir tellement de loot qu'il est difficile de s'y repérer et l'interface ne vous aide pas vraiment à bien trier le grain de l'ivraie.
Un point, c'est tout
Mais alors, comment on les mène à bien, ces missions ? Et bien, c'est là que Gears Tactics fait souffler un petit vent de fraîcheur sur le genre et coupe court aux commentaires des Angry Video Game Nerds "C'est juste XCOM avec des Locustes". Le jeu n'adopte pas le modèle de la référence en la matière et fait fi du "tout le monde a 2 points d'action et attaquer met fin au tour". Révolution : Gears propose trois points d'action par tour (( ͡° ͜ʖ ͡°)) et attaquer ne met pas fin à votre tour ! (ᕕ( ᐛ )ᕗ) Ca peut paraître con, mais cela change totalement la sensation que donne le jeu. Certes, cela rend le tout peut-être un peu plus facile, mais cela donne en revanche un sentiment bien plus grand de liberté quant à la stratégie à adopter. Vous avez plus de choix, plus d'options, plus de possibilités de vous planter ou plus de possibilités de tendre le piège parfait à votre ennemi et c'est juste sacrément appréciable pour un joueur casu qui n'est pas super à fond dans le genre.
Et ce n'est pas tout ! On parlait plus tôt du fait que la saga Gears était connue pour sa brutalité (le premier opus fut longtemps interdit à la vente en Allemagne) et notamment ses mises à mort sanguinolentes. Elles sont bien évidemment présentes dans Gears Tactics et elles ont un rôle stratégique important puisqu'elles motivent vos troupes et donne à chaque membre de votre équipe à proximité un point d'action supplémentaire pour son prochain tour ! Une stratégie généralement assez efficace est de préparer une chaîne d'exécutions pour donner un maximum de points d'action à une unité très efficace sur la mission en cours pour la faire attaquer à la chaîne et faire de la charpie des ennemis même les plus résistants. On vous le rappelle, ici, vous pouvez attaquer autant que vous avez de points d'action sur votre tour !
Michael Bayblade
En terme d'histoire, les missions s'enchaînent et s'articulent comme une pièce de théâtre. Chaque acte est divisé en chapitres qui sont eux-même subdivisés en objectifs secondaires. On vous donne le plus souvent l'objectif final, mais vous devez aller d'objectif intermédiaire en objectif intermédiaire pour pouvoir l'atteindre. Soyons clair : on note rapidement que les objectifs se répètent d'une mission à l'autre et il est certain que les développeurs auraient pu faire preuve d'un peu plus de créativité sur ce plan, mais les mises en scène fort différentes d'un chapitre à l'autre comme le développement des personnages et de leurs capacités entre les deux éditions font que le ressenti est au final totalement différent. Vos troupes font de cette nouvelle aventure une expérience totalement différente, alors que le fond de l'histoire reste le même.
Les adversaires qui vous sont proposés font aussi de deux objectifs ou missions relativement similaires sur le papier une toute autre paire de manches. Eux aussi sont divisés en différentes classes et si vous ne faites souvent qu'une bouchée des plus simples Drones, le même objectif avec une paire de Boomers à gérer sera sans nul doute un peu plus délicat quelques chapitres plus loin. Le jeu propose quatre niveaux de difficulté (et demi si on prend en compte l'Ironman) et des points de sauvegardes réguliers entre les grosses séquences de combat pour réduire autant que faire se peut la frustration des joueurs si leur plan ne se déroule pas sans accroc.
Crache ton rebut, Myrhdin
On ne s'en est pas caché: on aime la série Gears, malgré ou peut-être à cause de sa brutalité mais surtout à cause de ses mises en scène grandioses. On aime aussi les jeux de stratégie au tour par tour, et on a à n'en point douter un petit faible partial pour ce jeu qui réunit le meilleur de deux mondes, surtout car c'est un très bon jeu qu'on n'attendait absolument pas. C'est un espèce d'hybride qu'on a pourtant abordé avec un regard très critique de prime abord, mais on a rapidement retrouvé nos marques que ce soit d'un côté ou de l'autre et on s'est laissé prendre au jeu et emporter à travers cette campagne dont on pensait pouvoir se passer, mais qu'on a avalé en pilote automatique avec le plus grand plaisir.
Rien que le fait que les développeurs se soient sans honte aucune appropriés ce qui faisait de mieux sur le marché avec l'exemple de XCOM et aient proposé leur propre vision de la chose avec des changements qui ne sont là que pour faire de Gear Tactics un meilleur mélange entre leurs aspirations de jeu de stratégie au tour par tour et l'action pure et violente de Gears est un pari risqué, mais il est à nos yeux tout à fait gagné.
Ce test a été réalisé par Myrhdin grâce à une clé fournie par l'éditeur. Sa rédaction n'est le fruit d'aucune transaction financière que ce soit entre le rédacteur ou JeuxOnLine et le développeur ou les entreprises le représentant.
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Plateformes | Windows, Xbox One, Xbox Series X|S |
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Genres | Stratégie, fantasy |
Sortie |
28 avril 2020 (Monde) (Windows) 10 novembre 2020 (Xbox One) 10 novembre 2020 (Xbox Series X|S) |
1 jolien y joue, 2 y ont joué.
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