Test de Desperados 3 - Shadow Tactics : Far West Edition

Le genre du jeu d’infiltration tactique a connu un retour sur le devant de la scène avec le succès du Shadow Tactics : Blades of the Shogun de Mimimi Games. C’est donc tout naturellement que THQ s’est tourné vers le développeur allemand pour lui confier une licence issue des années 2000, où le genre était plus courant qu’aujourd’hui. Le résultat est donc ce Desperados III assez attendu.

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Le club des cinq au Far West

Dans Desperados III, vous retrouvez John Cooper, un vagabond, chasseur de primes à ses heures, lancé à la poursuite d’un dénommé Frank, un homme issu de son passé et maintenant employé par la compagnie DeWitt. Au cours de sa traque, Cooper rencontre plusieurs personnages ayant comme lui des raisons de vouloir la chute de DeWitt et de ses associés. L’union faisant la force, ces personnages réunis par un ennemi commun accompagnent Cooper dans sa quête. Qui est ce Frank et pourquoi Cooper veut-il tant le défier dans un bon vieux duel sont des questions dont les réponses vous attendent dans les missions flashback jouables du scénario. On peut toutefois rassurer les joueurs qui découvriraient la franchise avec cet épisode : nul besoin d’avoir déjà joué aux épisodes précédents, ce Desperados III est en fait une préquelle aux épisodes précédents narrant la rencontre des principaux protagonistes de la série.

La bande, presqu'au complet
La bande, presqu'au complet

C’est quoi, un jeu d’infiltration tactique en temps réel ?

Le principe du jeu est relativement simple : chaque mission vous place sur une carte avec des objectifs à remplir allant de l'élimination d'une ou plusieurs cibles à la libération de prisonnier. Chaque carte est remplie d’ennemis et il vous faut utiliser au mieux les compétences des personnages (imposés) de votre équipe pour arriver à vos fins. Le jeu tient assez du puzzle tactique, chaque carte pouvant se découper en de multiples petites situations qu’il faut résoudre. Les gardes patrouillent et se couvrent en effet régulièrement entre eux, ce qui vous demande de bien choisir l’ordre dans lequel vous voulez les éliminer de l’équation, ainsi que comment vous souhaitez vous y prendre. Distraire un garde pour qu’il regarde ailleurs pendant que son collègue se fait éliminer ou en attirer un dans un piège sont des solutions à votre disposition. Il est en tout cas rarement judicieux de vous faire remarquer, les renforts n’étant jamais loin.

Libération
Libération
Prêt pour un feu de joie ?
Prêt pour un feu de joie ?

Pour vous aider à choisir vos cibles, il est possible d’afficher à tout moment le champ de vision d’un personnage, que ce soit un ennemi ou un de ces civils si prompt à donner l’alerte s’ils voient quelqu’un mourir à côté d’eux. Ce champ de vision se matérialise par un cône de couleur divisé en deux parties, une pleine dans laquelle vous êtes vu quoi qu’il arrive et une hachurée dans laquelle vous n'êtes détecté qu’en restant debout. La couleur des cônes, enfin, indique l’état d’alerte du garde, du vert lorsqu’il ne se doute de rien au rouge lorsqu’il vous a vu. Le son est également un élément à prendre en compte. Matérialisée par une onde sonore autour de vous, le bruit de vos actions peut vous trahir aussi sûrement qu’une poule affolée. Enfin, bien que le jeu se joue intégralement en temps réel, il vous est possible d’activer à tout moment un mode appelé Showdown qui arrête le temps et vous permet de donner des ordres à chacun de vos personnages. Pratique pour synchroniser les actions de toute l’équipe.

Sous le charme de Kate
Sous le charme de Kate
Le Showdown en action
Le Showdown en action

Un bande de choc

Puisqu’on en parle, faisons un peu plus ample connaissance avec notre équipe de choc, composée de personnages issus des épisodes précédents, mais également de nouveaux membres. Cooper, tout d’abord, est le personnage polyvalent de l’équipe, qui n'est pas sans rappeler Hayato aux fans de Shadow Tactics (et vous verrez que ça va être le thème général de ce paragraphe). Soit un personnage capable de grimper un peu partout, de nager, de tuer au corps à corps ou à distance avec un couteau et de transporter un corps en restant debout. McKoy, de son côté, est le tireur de la bande, qui compense son manque de mobilité par son aptitude de tireur d’élite lui permettant de liquider de loin la plupart des ennemis. Hector est le trappeur, capable d’attirer un ennemi d’un puissant sifflement pour le faire marcher sur un piège à ours préalablement installé sur sa route. Il est aussi le seul personnage capable de tuer au corps à corps les ennemis les plus redoutables du jeu. Kate, le quatrième personnage, est la séductrice, capable de se déguiser pour se balader derrière les lignes ennemies et usant de ses charmes pour distraire les gardes. On note d’ailleurs que Mimimi a poussé le sens du détail jusqu’à introduire des gardes féminines, sur lesquelles les charmes de Kate opèrent beaucoup moins bien. Isabelle, enfin, est le seul personnage véritablement original. En tant que sorcière vaudou, elle offre quelques pouvoirs moins convenus comme le contrôle mental d’un ennemi ou la possibilité de lier le destin de plusieurs ennemis.

Contrôle mental
Contrôle mental
C'est le moment de coller des rateaux
C'est le moment de coller des rateaux

Bref, on retrouve là les grands archétypes de personnages et toutes les mécaniques que Mimimi avait développés pour Shadow Tactics avec juste une redistribution de certaines compétences pour équilibrer un peu plus certains personnages. Pour le reste, on est en terrain connu : Desperados est un jeu qui demande de la patience et qui vous arrache un gros soupir de satisfaction quand vous arrivez au bout du niveau. On note d'ailleurs que l’habituel bilan détaillé de fin de mission se voit enrichit d’un replay résumant toutes vos actions durant la mission (déplacement des personnages, utilisation des compétences, morts, sauvegardes, etc) sur une carte globale du niveau. Replay que vous pouvez sauvegarder pour frimer devant les copains. Autre petite nouveauté, le jeu se voit gratifier d’une avance rapide dans le jeu, pratique pour éviter d’attendre deux plombes qu’un garde arrive là où vous le vouliez.

Le Replay
Le Replay

Du katana au Colt

Alors, Desperados III ne serait-il un simple skin far west de Shadow Tactics ? On peut difficilement nier les évidentes ressemblances entre les deux titres. Pourtant, un point nuance un peu cette impression. En déplaçant le cadre du jeu du Japon féodal vers l’Ouest américain, Mimimi introduit un élément qui change beaucoup de choses dans le gameplay : les armes à feu. Déjà présentes, mais d’une utilisation assez anecdotiques dans Shadow Tactics, les armes à feu prennent ici une place plus importante dans la résolution des situations du jeu. Pratiquement chaque personnage de Desperados se voit ainsi gratifier d’une de ces armes et ainsi d’une utilisation différente en combat. Alors que Cooper peut éliminer deux gardes simultanément grâce à ses deux colts, le canon scié d’Hector lui permet de faire des ravages dans une zone plus réduite par exemple. Le jeu n’hésite d’ailleurs pas à vous placer dans des situations où l’approche discrète laisse la place aux bruits des armes. L’une des premières missions du jeu vous propose ainsi carrément de forcer le passage vers la sortie avec une Gatling.

Les armes à feu ne sont bien sûr pas le seul élément que Mimimi a adapté en changeant le contexte de son jeu. On note ainsi avec plaisir la présence de quelques éléments indissociables de l’image traditionnelle du Far West : les flaques de pétrole qui n’attendent qu’une flamme pour réchauffer l’atmosphère, le bon vieux croque-mort du village et ses cercueils ou encore les bâtons de dynamite. On remarque aussi que la boue remplace la neige comme élément susceptible de trahir votre passage et que Mimimi a poussé le sens du détail jusqu’à différencier le type de marques que vous laissez. Marcher, courir ou trainer un corps sont ainsi sensiblement différents visuellement. Le jeu apporte d’ailleurs un soin particulier aux détails sur de nombreux points tout le long du jeu, comme le couteau de jet de Cooper qui est déplacé en même temps que le corps de sa victime. C’est tout con, mais c’est loin d’être toujours le cas. Enfin, les fans de la franchise seront heureux de retrouver lors de certaines missions des passages où il est possible de visiter l’intérieur des bâtiments, comme au bon vieux temps.

Passage sur les toits
Passage sur les toits
et en intérieur
et en intérieur

Du côté des missions

Lors de ses missions, Desperados vous fera voir du pays, du Colorado au Mexique, des terres sauvages à l’ambiance colorée de La Nouvelle Orléans. Le jeu tente de diversifier le cadre de ses missions et reprend quelques classiques du genre (l’attaque du train, la destruction d’un pont). Les objectifs sont souvent assez basiques, avec parfois quelques petites variantes. Dans l’ensemble, même si le jeu laisse parfois quelques libertés au joueur (comme le laisser choisir s’il veut récupérer la dynamite dans la mine ou sur le champ d’entrainement), on sent comme un léger sentiment d’être en fait devant un déroulement des missions en ligne droite. Un sentiment encore renforcé lorsque des événements scriptés se mêlent à votre progression. Voir des gardes sortir de nulle part après l’accomplissement d’un objectif pour vous compliquer la route vers la fin de la mission alors que vous aviez nettoyé la zone en prévision a quelque chose d’assez irritant. Heureusement, le jeu propose plusieurs niveaux de difficulté et vous permet même d’affiner votre choix sur divers paramètres comme la santé de vos personnages, la réactivité des gardes ou leur nombre. Notez enfin que la majorité des missions m'ont tenu occupé entre 1h30 et 2h et que le jeu compte 16 missions, sans compter les défis du Baron, un mode débloqué à la fin du chapitre 2 et qui vous propose de rejouer certaines missions avec des contraintes particulières, comme l'attaque du train, mais uniquement avec Isabelle.

Les insignes pour chaque mission sont de retour
Les insignes pour chaque mission sont de retour

Des bugs en héritage

Du côté technique, pas de surprise : on retrouve la vue traditionnelle de ce genre de jeu avec une caméra en vue isométrique et la possibilité de faire tourner la carte à sa guise. Le résultat est particulièrement joli et semble même encore plus détaillé que dans Shadow Tactics. Pourtant, tout n’est pas parfait, et on a l’impression de revoir des problèmes hérités de ce dernier. Souhaitons donc un bon retour aux errements du pathfinding du jeu, qui verra vos personnages choisir de faire un détour pour sauter plutôt que d’utiliser l’échelle voisine. On comprend vite qu’il n’est pas prudent de laisser les personnages sans surveillance lors des déplacements.

Un peu plus gênant, le jeu ne semble pas toujours très à l’aise dans la gestion du pointeur de la souris. Pêle-mêle, j’ai eu droit à des problèmes de choix de destination dans des environnements un peu étroits à plusieurs niveaux, à des buissons capables de dissimuler la totalité des habitants du Colorado, mais dans lesquels le joueur reste visible malgré l’indicateur de dissimulation ou, mon préféré, la compétence de lien d’Isabelle qui se lance sur elle-même parce que j’ai essayé de déplacer le personnage avec la compétence active. Je ne vais pas vous mentir, dans la plupart des cas, ça sent l’assistance à la visée destinée aux joueurs utilisant un pad tant on remarque parfois que le curseur semble aimanté par un objet ou par un personnage.

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Niveau sonore, c’est presque sans surprise que l’on constate que le jeu ne dispose pas de doublages des voix en français. Pas que je m’en plaigne tant les doublages anglais sont de qualité et collent parfaitement à l’image que l’on se fait des principaux personnages. Je suis par contre resté un peu plus sur ma faim pour la musique. C’est correct, mais rien ne m'a vraiment marqué.

Ça valait le coup d’attendre

Avec Shadow Tactics, Mimimi s'inspirait fortement de la série Desperados. C’est donc assez logiquement que Desperados III s’inspire de Shadow Tactics, bouclant ainsi la boucle. Plus qu'un simple copier/coller au Far West, ce nouveau Desperados est une évolution naturelle des bases posées dans Shadow Tactics. Les nouveautés apportent un vrai plus et rendent le jeu encore plus complet tandis que les quelques défauts ne nuisent jamais vraiment à l'expérience de jeu. Le tout donne un jeu qui offrira de nombreuses heures de plaisirs aux joueurs amoureux de cette planification lente de leurs actions pour triompher d'un ennemi en surnombre. Une nouvelle réussite pour Mimimi donc.

Test réalisé par Grim sur PC à l'aide d'une version fournie par l'éditeur.

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