Test de West of Dead - Le purgatoire de l'Ouest

Le Far West, un purgatoire et Ron Perlman, voilà comment titiller la curiosité des amateurs de western. Twin-stick shooter aux mécaniques de rogue-lite, le jeu du studio indépendant Upstream Arcade attire l'oeil grâce à une direction artistique qui promet une plongée en enfer. Et on doit bien avouer qu'on n'est pas déçus du voyage...

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Les âmes en quête de rédemption

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William Mason, mort, se retrouve au purgatoire : un monde entre la vie et la mort où les âmes de l'Ouest errent en quête de réponses. Il veut savoir qui il était et ce qu'il fait là, une recherche d'identité qui l'oblige à traverser les nombreuses étapes du purgatoire dans l'espoir de ne pas errer éternellement dans un Far West qui est bien loin de ce qu'il espérait. Hors-la-loi, wendigos, sorciers : le récit noir narré par Ron Perlman nous raconte un Ouest horrifique, où la quête de gloire de quelques cowboys à la gâchette facile s'est transformée en vaste cauchemar. Le purgatoire raconte leur vie et leurs rêves déchus : un saloon délabré, une mine inquiétante, des marais infestés de bestioles, une ferme oubliée, une ville sans loi... West of Dead nous fait traverser, au sein de son purgatoire, tous ces décors habituels des western, devenus prétexte à des affrontements où le premier qui tire a souvent le dernier mot.

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Avec son gameplay de twin-stick shooter, le jeu pousse aux réflexes et à la rapidité pour analyser les salles qui se présentent à nous. Les niveaux sont générés aléatoirement selon une dizaine d'environnements, avec une narration divisée en chapitres qui se dévoilent tous les trois niveaux. Entrecoupés de boss propres à certaines zones, ces chapitres révèlent peu à peu l'histoire de notre héros, tout en profitant de quelques souvenirs que l'on peut récupérer ici et là. Ron Perlman fait un bon boulot du côté de la voix-off qui conte nos exploits, même si on remarque vite à sa monotonie qu'il avait probablement mieux à faire que de raconter la vie de ce cher William Mason. Heureusement, West of Dead ne se résume pas uniquement à sa narration : ce sont aussi ses mécaniques qui séduisent. Très largement inspiré par Dead Cells, remplaçant ses cellules par des péchés ou ses coffres maudits par des âmes en peine, le rogue-lite nous permet de progresser tranquillement puisque entre chaque niveau on peut investir les "péchés" récupérés sur les ennemis dans une multitude de bonus (potions de vie, pouvoirs, armes) utilisables dans les runs suivantes. La mort est évidemment punie par la perte de tout ce que l'on portait à ce moment-là, néanmoins l'avancée dans les chapitres n'est pas réinitialisée : une fois validé un chapitre narratif, on ne redescend pas plus bas. Les runs deviennent donc de plus en plus simples grâce à nos investissements, sans toutefois virer à la boucherie. Le challenge reste en effet toujours très présent, notamment dans les niveaux les plus avancés où certaines salles peuvent nous mettre aux prises avec un paquet d'ennemis qui bouge beaucoup.

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Le jeu réside d'ailleurs essentiellement dans le rythme et la couverture : se mettre à couvert permet de recharger plus vite nos armes, tandis que chaque tir doit être compté histoire de ne pas se retrouver sans défense face à un ennemi que l'on pensait pouvoir terminer avec une balle de plus. On trouve un vrai plaisir à vider les salles qui se trouvent devant nous, au rythme des tirs de revolver ou de fusil, éliminant les ennemis de manière méthodique. Enchaîner les kills en tirant partie de la couverture et de l'esquive est particulièrement satisfaisant, d'autant plus que quelques pouvoirs et armes secondaires (dynamite, couteaux, tomahawk...) permettent d'augmenter notre puissance de feu. Si le premier contact est rugueux à cause de l'obligation de gérer l'attaque et la couverture tout en définissant la priorité de chaque ennemi à éliminer afin de s'en sortir sans dommages, West of Dead est un jeu qui révèle tout son potentiel après quelques runs (où l'on meurt inévitablement) pour se familiariser avec ses mécaniques. 

Une réussite artistique

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Mais c'est bien artistiquement que le jeu se détache de ceux qui l'ont inspiré, avec ce héros à la tête en feu (rappelant presque Ghost Rider) qui évolue dans un monde où la lumière joue un rôle prépondérant. Au-delà de son intérêt visuel, la lumière permet d'aveugler les ennemis en l'allumant au moment opportun, permettant de les étourdir quelques seconds afin de les éliminer ou d'aller se planquer derrière une zone de couverture. La lumière permet en outre d'accentuer ce sentiment d'oppression qui résulte d'une plongée dans un purgatoire où on n'est jamais vraiment en sécurité, pas plus derrière les caisses où l'on se met à couvert jusqu'à ce qu'elles soient détruites par les ennemis. Constamment en mouvement, le joueur bouge au rythme de la musique qui mélange des sonorités venues du western comme du cinéma d'horreur.

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On peut toutefois regretter un manque de diversité dans les environnements : si on traverse des lieux très différents, l'aspect visuel, lui, manque souvent d'identité. Tout est terne et se ressemble, à l'exception de quelques niveaux qui disposent d'une jolie personnalité. Heureusement, le level design est dans l'ensemble satisfaisant grâce à des points de couverture savamment distillés, quand bien même la génération procédurale joue un grand rôle, permettant de dynamiser les combats tout en gardant une vraie cohérence. On ne se lasse jamais vraiment de retourner encore et encore dans les mêmes niveaux, d'autant plus que les ennemis varient quand même beaucoup, bien que le jeu souffre encore de quelques bugs. Il nous est par exemple arrivé de rester bloqué sur le bord en essayant de descendre une échelle ou encore d'affronter un mini-boss bloqué au milieu de la zone sans bouger ni tirer. Les développeurs ont déjà proposé deux patchs depuis la sortie du jeu, mais il reste quelques bugs mineurs qui entravent plus ou moins la progression. Dans l'ensemble, le jeu fonctionne bien, mais c'est particulièrement frustrant de devoir recommencer une run à cause de ce type de problème.

Conclusion

Reprenant les bonnes idées vues ailleurs, West of Dead repose sur un système solide qui rappelle en tous points celui de Dead Cells. Cependant, en plus de cela, le jeu d'Upstream Arcade apporte son propre style avec un twin-stick shooter à base de couverture dans lequel les fusillades apportent un vrai plaisir qui donne envie d'y revenir encore et encore, jusqu'à débloquer tous les détails de l'histoire de son héros et de progresser dans le déblocage d'armes en tout genre pour mieux affronter les boss et nettoyer les salles. Si la narration n'est pas des plus captivantes, la voix de Ron Perlman a au moins le mérite de lui apporter un certain charme. Quant au reste, sa direction artistique est excellente, offrant au jeu une belle identité malgré un vrai manque de diversité dans les niveaux qui nous sont proposés. Attention toutefois, le jeu souffre encore de quelques bugs qui peuvent rendre l'expérience moins agréable.

Test réalisé par Hachim0n sur PC (Steam) à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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