Test de CrossCode - Du bel hommage au douloureux portage

Sorti fin 2018 sur PC après une longue période d'accès anticipé, l'action-RPG CrossCode, développé par le studio indépendant Radical Fish Games, débarque ces jours-ci dans un portage sur toutes les consoles du moment. Avec son hommage visuel aux J-RPG de l'ère 16-bit, le jeu a su attirer l'attention et était plutôt attendu sur Switch, la plateforme où nous avons décidé d'y jouer pour vous en parler aujourd'hui dans un test du portage.

Crosscode.jpg

Les réalités d'un MMO

2020070717452000-AD0B3B2F03800567E0E43C7157F8D14F.jpg
CrossCode nous emmène dans le "CrossWorlds" : un MMORPG en réalité virtuelle où notre héroïne, Léa, est piégée. En nous faisant le coup de l'amnésie, le jeu trouve l'excuse parfaite pour nous pousser à faire l'intégralité de l'histoire de ce MMO afin de l'aider à retrouver la mémoire. Avec son propre lore, ce "jeu dans le jeu" est un ravissement de tous les instants, où les développeurs s'amusent pertinemment du genre grâce à ses personnages qui ont pleinement conscience d'être dans un jeu. Nos compagnons croisés en cours de route nous rejoignent pour gagner de l'expérience ensemble, pour remplir des quêtes ou encore pour faire un raid, le tout en essayant eux-mêmes de découvrir l'histoire qui se cache derrière la quête principale, nous faisant même part parfois de leurs observations sur les PNJ et les dialogues. Mais à trop vouloir intégrer les codes du MMO, le jeu prend aussi les mauvais côtés : les débuts sont fastidieux. Malgré une introduction rythmée, le jeu nous balance au milieu d'un vaste jeu au lore un peu incompréhensible avec son lot de personnages énigmatiques dont il faut découvrir les secrets tout en accomplissant une multitude de quêtes fedex pas bien intéressantes. On y retrouve ce même sentiment d'être "submergé" que lorsque l'on débarque dans un MMO des années après le lancement alors que plusieurs mises à jour et extensions sont déjà sorties. Fort heureusement, au bout de cinq à six heures, le jeu retombe sur ses pieds et dévoile une intrigue passionnante, en commençant à faire ses premières révélations qui permettent d'intégrer cette histoire et de commencer à comprendre ses enjeux. Et si le jeu fonctionne finalement, c'est aussi grâce à ses personnages. Bien écrits et souvent drôles, leur manière d'aborder le jeu et de le comprendre offre un autre son de cloche qui permet soit de se questionner sur la quête principale, soit en apprendre plus grâce à leurs observations. On ne manque d'ailleurs pas d'affection pour leurs personnalités très marquées, à l'image d'Emilie qui nous accompagne assez tôt dans le jeu et dont l'origine française la pousse à caser quelques mots et expressions dans la langue de Molière.

2020070421025200-AD0B3B2F03800567E0E43C7157F8D14F.jpg
Côté gameplay, CrossCode innove et dépasse les J-RPG qui l'ont inspiré visuellement. Nerveux, le jeu fait le pari de l'action avec des combats rapides et nerveux où l'on peut passer rapidement d'un élément à l'autre pour profiter des faiblesses des ennemis. Les coups spéciaux se déclenchent en une touche tandis que l'on peut choisir de frapper au corps à corps ou de loin avec des boules d'énergie après avoir visé grâce au stick droit, donnant presque des airs de twin-stick shooter à quelques combats. Pour ce qui est de la progression du personnage, on est dans un modèle classique à base de niveaux et de points d'évolution à dépenser dans un arbre de compétences qui se révèle au fil de la progression et des éléments d'attaque que l'on récupère. Quant à l'équipement, on reste cantonné à un seul type d'arme - celui qui appartient à la classe de MMO de notre héroïne - avec du stuff que l'on récupère soit dans des coffres, soit en échangeant des objets aux différents marchands qui peuplent le CrossWorlds. Tout cela prend place au milieu de donjons et de plaines où la progression profite de la verticalité du titre pour proposer des puzzles qui poussent à la réflexion. Les donjons sont en effet plutôt longs, ardus, avec des puzzles qui obligent parfois à s'y reprendre à plusieurs fois voire à faire des aller-retour jusqu'à trouver la bonne solution. Le jeu est d'ailleurs dans l'ensemble plutôt difficile avec des ennemis qui frappent fort, obligeant à utiliser le dash régulièrement pour éviter les attaques qui se répètent autour de patterns facilement identifiables. N'ayez crainte toutefois : la trentaine d'heures nécessaires pour voir le fin mot de l'histoire reste jouable par le plus grand nombre grâce à des paramètres d'accessibilité qui permettent d'améliorer la résistance de notre personnage, la fréquence des attaques ennemies et la vitesse d'exécution des puzzles qui nécessitent souvent vitesse et réflexes. Un bon point sans nul doute, car si le challenge est là pour celles et ceux que cela intéresse, on peut arranger la difficulté à notre sauce pour ne frustrer personne.

Un portage difficilement acceptable

2020070218453600-AD0B3B2F03800567E0E43C7157F8D14F.jpg
Ses environnements et donjons empruntent beaucoup à l'époque 16-bit à laquelle le jeu rend hommage. Sous des airs de Secret of Mana, le jeu est un ravissement pour les yeux, d'autant plus que le jeu multiplie les environnements et les villes aux identités bien différentes. Probablement classique et sans grande originalité, l'univers n'en reste pas moins charmeur et réussi, d'autant plus que l'ensemble s'imbrique bien et reste cohérent en profitant largement de sa manière de briser le quatrième mur en ayant pleinement conscience d'être au milieu d'un jeu vidéo. Il faut toutefois un bon niveau d'anglais pour en profiter pleinement, car le portage n'a pas encore été l'occasion de proposer d'autres langues. Les dialogues profitent souvent de jeux de mots et de sous-entendus qui rendent la compréhension un peu plus difficile, mais il faut avouer que le public auquel le jeu s'adresse, celui qui a été biberonné aux J-RPG, est probablement déjà habitué à faire ce type de jeu en anglais.

2020070118232000-AD0B3B2F03800567E0E43C7157F8D14F.jpg
Pourtant la réussite artistique de CrossCode voit son effort rapidement sabré par un portage dont on a du mal à dire quoique ce soit de bon : testée sur Switch, cette version consoles est à la limite de la catastrophe. Souffrant de très sévères chutes de framerate dans les villes et les combats chargés en ennemis, le jeu peine également à rester fluide dans certaines plaines et donjons où les effets visuels sont nombreux. Pire encore, il y a une latence particulièrement pénible à l'ouverture du menu, à tel point qu'il peut se passer deux à trois secondes d'attente entre le moment où l'on appuie sur le bouton et celui où le menu s'ouvre enfin. C'est un réel problème dans la mesure où le menu est un point de passage régulier pour jeter un oeil au journal de quêtes, à la carte ou encore à l'équipement et aux compétences. Ces problèmes sont constatés autant en mode portable qu'en mode dock, ce dernier ayant même un autre problème : une fois affichée sur la télé, l'image se barde d'un cadre noir et ne s'affiche donc pas en plein écran, un choix douteux pour un jeu qui profite pourtant d'un pixel-art particulièrement réussi. Contactés par nos soins, les développeurs du jeu affirment que le portage sur Switch a été particulièrement difficile, mais que des mises à jour sont prévues, sans plus de précision.

Conclusion

CrossCode est un excellent jeu, l'ambiance est soignée et le lore de ce vrai-faux MMORPG est passionnant. Ses personnages balaient vite les apparents clichés et s'amusent des codes du genre, le tout avec un style qui rappelle le meilleur du 16-bit. La diversité des zones, des ennemis et le punch des combats offrent de vrais bons moments, même si le jeu pêche dans de très nombreuses quêtes secondaires qui ont tendance à abuser de la structure "fedex". Malheureusement, le portage consoles ne rend pas honneur à cet excellent action-RPG : la version testée sur Switch souffre de nombreux ralentissements et de bugs de son qui rendent l'expérience désagréable. Si nous avions la prétention de vous donner le moindre conseil, ce serait soit d'attendre un patch, soit de vous orienter vers la version PC (disponible sur Windows, Linux et Mac OS).

Test réalisé par Hachim0n sur Switch à partir d'une version fournie par l'éditeur.

Réactions (1)

Afficher sur le forum


Plateformes Linux, MacOS, Nintendo Switch, PlayStation 4, Windows, Xbox One, Xbox One X
Genres Action-RPG, science-fiction

Sortie 20 septembre 2018 (Windows)
20 septembre 2018 (MacOS)
20 septembre 2018 (Linux)
9 juillet 2020 (Xbox One)
9 juillet 2020 (PlayStation 4)
9 juillet 2020 (Nintendo Switch)

Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.