Test de Road to Guangdong - Beaucoup d'efforts pour un dîner de famille
Quelle idée séduisante que de s'embarquer dans un road trip, traversant la Chine avec le doux espoir de découvrir des coins que l'on n'a pas l'habitude de voir en jeu vidéo. C'est la proposition initiale de Road to Guangdong, qui nous offre une voiture cabossée en guise de carrosse pour traverser la province Chinoise afin de réunir une famille qui tente tant bien que mal de garder un lien.
Une histoire de famille
Sunny, l'héroïne de l'histoire, vient tout juste d'hériter du restaurant familial suite à la mort de ses parents. Sans trop d'expérience, elle en assume pourtant la responsabilité et décide, sur les conseils de sa tante, de partir avec cette dernière dans un road trip pour convaincre tous ses proches de la rejoindre pour le repas de famille annuel. Mais aussi de lui confier les recettes de famille qui feront, peut-être, le succès du restaurant à sa réouverture. Sous des airs de The Farewell de Lulu Wang, le jeu met un accent important sur les racines de cette jeune femme qui se retrouve sous le poids de nouvelles responsabilités, renouant avec une famille qu'elle ne semble voir que trop peu souvent. Il y a quelque chose de vraiment attendrissant lors de ces rencontres durant lesquelles la famille se dévoile peu à peu. On découvre d'autres milieux sociaux, d'autres tracas, des ambiances différentes où chacun a quelque chose à dire sur ce qu'il ressent par rapport à la réunion familiale qui se prépare. Et ça fonctionne plutôt bien, même si les dialogues sont parfois confus à cause d'expressions cantonaises dont le sens n'est pas expliqué par les sous-titres français (comme "Guu Ma", qui désigne une tante). On apprécie aussi la présence de dialogues durant lesquels il faut s'arranger pour être dans les bons papiers de nos hôtes du jour afin de les convaincre de rejoindre notre repas ; l'objectif principal est de réunir autant de monde que possible pour le jour J et de disposer des recettes de famille. Cependant, ces séquence sont surtout entrecoupées de longues phases de conduite, road trip oblige, pendant lesquelles on tente d'arriver au point suivant à bord d'une voiture qui se casse de partout. La gestion du véhicule reste assez basique, mais le jeu nous demande tout de même de faire attention au niveau d'essence et d'huile, ainsi qu'à l'usure de plusieurs pièces pour ne pas tomber en panne sur le bord de la route. Un moteur usé galère de plus en plus à accélérer, un filtre à huile usé provoque des fuites, des pneus en mauvais état finissent par se faire ressentir sur la direction de la voiture. Mais cette gestion, aussi minimale que possible, perd vite de son intérêt : avec des stations service régulières et des dépôts où on peut récupérer des pièces détachées, on n'a jamais vraiment été en danger. Cette gestion du véhicule et la peur de la panne devient vite anecdotique, à tel point que cela constitue le principal problème du jeu.Une longue et interminable ligne droite
En effet, ces séquences de conduite sont particulièrement pénibles : le véhicule est d'une lourdeur sans nom, ne procurant aucun plaisir de conduite, la faute également à des trajets qui se ressemblent tous. Des lignes droites interminables, une absence quasi-totale de dialogues puisque notre tante, constamment à nos côtés, refuse de parler en voiture. Mais, surtout, tout se ressemble. Pas bien long à terminer, à peine une poignée d'heures, le jeu perd quand même un temps fou à nous faire traverser de très longs trajets - infiniment plus longs que les rencontres familiales - avec un véhicule qu'on n'a jamais envie de conduire, avec une gestion calamiteuse qui consiste simplement à récupérer tous les moteurs en pièce détachée pour les revendre à bon prix afin de ne jamais manquer d'argent pour se ravitailler et effectuer des réparations. Les stations service se ressemblent également toutes, avec le même unique employé, avec des dialogues qui se répètent du début à la fin. En réalité, Road to Guangdong saccage assez largement les sympathiques rencontres familiales avec tout un pan du jeu qui ne présente aucun intérêt ludique, comme si les développeurs avaient décidé d'allonger les trajets pour la simple nécessité de rallonger la durée de vie du titre. Sans relief, les environnements ne remontent pas le niveau non plus puisqu'ils se ressemblent un peu tous, chaque région traversée ayant son propre thème (la campagne, la ville moderne, la vieille ville...) où des bâtiments tous identiques se répètent sur des kilomètres. Le jeu n'est pas plus aidé par un aspect visuel qui manque de quelque chose, avec une direction artistique qui a le mérite de tenter des choses, mais qui manque de chaleur. La faute aussi à la version Switch du jeu passée entre nos mains, qui peine à afficher la même chose que sur PC mais surtout, qui rame énormément en mode portable. L'aliasing et le clipping venant mettre un point final à un jeu qui n'a décidément pas grand chose pour lui. On peut quand même lui concéder la présence d'une bande-originale plutôt mignonne qui reprend des sonorités chinoises et qui offre parfois, quand tous les astres s'alignent, un léger moment de grâce avec le bon son dans la bonne ambiance. Malheureusement, avec seulement deux ou trois titres qui tournent en boucle sur la totalité des séquences en voiture, on en a vite fait le tour.Conclusion
Pénible : voilà comment résumer Road to Guangdong. On a presque failli se faire avoir par les rencontres avec les membres de la famille de Sunny, parfois empreintes d'une jolie sensibilité, mais tout cela est malheureusement entrecoupé de séquences de conduite complètement ratées, dans un style visuel peu flatteur. Les longues routes donnent le plus souvent envie de dormir à cause de la monotonie du jeu, les dialogues se faisant rare et rien n'accrochant le regard lorsque l'on traverse une Chine où tout paraît se ressembler. Et c'est quand même dommage, pour un jeu qui se sert du road trip pour narrer son histoire, de nous endormir au volant...
Test réalisé par Hachim0n sur Switch à partir d'une version fournie par l'éditeur.
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Plateformes | Nintendo Switch, PlayStation 4, Windows, Xbox One, Xbox One X |
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Genres | Visual novel, asie, contemporain |
Sortie |
28 août 2020 (Monde) |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
Réactions (1)
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