Test de Amnesia : Rebirth – Sur le sable abandonnée, goules et esprits éthérés
Voilà la période d’Halloween, propice à la sortie des divers jeux d’horreur. Et cette année est marquée entre autres par le retour d’une ancienne licence, Amnesia (7 années depuis le précédent). On va voir si Rebirth est l’occasion de faire évoluer le genre ou s'il se contente d'appliquer sa recette.
Le studio Frictional Games a fricoté avec l’horreur dès le début de sa carrière avec la série des Penumbra. Mais c’est en se lançant dans l’aventure indie avec Amnesia : the Dark Descent que ces développeurs se sont fait connaître auprès du plus grand nombre. Le second épisode de la franchise, a Machine for Pigs, a été confié à the Chinese Room (Dear Esther, Everybody’s Gone to the Rapture) tandis qu’ils s’occupaient de Soma, une aventure futuriste un peu plus narrative que leur précédent titre. Avec Amnesia: Rebirth, le studio revient à l’horreur avec sa série phare.
We’re not in Algeria anymore.
On est à la fin des années 30. Après s’être occupés de la gestion d’une mine d’or dans le Soudan français, les membres de l’expédition embarquent dans un avion pour rejoindre Alger, puis repartir en Europe. À bord se trouve notre héroïne, Anastasie Trianon, ainsi que son époux Salim. Cependant, l’appareil rencontre d’étranges turbulences et finit par s’écraser dans le désert algérien. C’est dans l’épave de l’appareil que se réveille Tasi, seule. Il s’est visiblement passé plusieurs jours depuis le crash, mais elle n’a pourtant que quelques bribes de souvenirs. Que s’est-il passé durant ce laps de temps ? Où sont passés les autres ? Qu’est-il arrivé à son compagnon ? Il faut qu’elle retrace tout le chemin pour lever le voile sur ces mystères.
Le trajet force Tasi à traverser la chaleur accablante du désert et l’obscurité insondable de cavernes. Une amulette lui permet aussi d’ouvrir des chemins vers les vestiges de civilisations anciennes. Si le début du jeu peut rappeler le film Djinns (2010), les choses changent bien au fur et à mesure qu’on en apprend davantage sur tous les tenants et aboutissants de l’affaire.
La jeune femme découvre également que son état s’est quelque peu… altéré et il faudra faire attention de ne pas se retrouver submergé par la peur. Bien sûr, tout est mis en œuvre pour augmenter sa terreur : bruits inquiétants, voix mystérieuses, apparitions étranges et autres visions de cauchemar sont au rendez-vous. Et quelques jump-scares attendent fatalement le joueur à certains moments clés.
Tu auras peur. Un peu.
Amnesia : Rebirth reprend les mêmes principes que the Dark Descent. Au niveau de l’histoire, d’abord : le personnage est partiellement amnésique et il doit découvrir ce qu’il a fait pour arriver là. Comme Tasi est une dessinatrice en ingénierie, on a quelques indices avec les dessins présents dans son carnet, tous suffisamment floutés pour conserver une part de mystère, du moins jusqu'à ce qu'on arrive sur les lieux associés. Ce même carnet est utilisé pour y noter des informations ou des indices qui peuvent aider le joueur à progresser.
Le titre utilise aussi les mêmes mécaniques que son aîné : l’obscurité est la principale ennemie et c’est à coup d’allumettes ou de lampe à huile qu’il faut la repousser. Heureusement, ces ressources sont en nombre bien suffisant sur le chemin. Trop, même ; il est d’ailleurs parfois cocasse d’en découvrir dans ces endroits complètement improbables. Et si les sources de lumières viennent à manquer, la vision du personnage peut s’adapter suffisamment à l’obscurité pour pouvoir progresser sans ; dans pareil cas, la peur augmente d’autant plus vite.
Enfin, Tasi n'est pas toujours seule : comme dans les précédents jeux de Frictional, différentes créatures peuvent errer sur les lieux et il faut alors se faufiler afin de les éviter sans se faire remarquer. Et si cela devait mal se passer, le jeu peut automatiquement adapter la difficulté du passage, jusqu’à faire en sorte que l'atrocité ait disparu lors de la prochaine tentative.
Nous sommes donc dans le cadre d’une mécanique bien huilée qui a déjà fait ses preuves. À condition d’être un fan inconditionnel de the Dark Descent (A Machine for Pigs se démarquait déjà beaucoup en délaissant certains aspects). Ceux qui n’avaient déjà pas aimé l’épisode précédent risque de ne pas apprécier celui-là non plus.
Are you ready, little one ?
The Dark Descend proposait un château à explorer tandis que Soma consistait en une longue fuite en avant. Le périple de Amnesia : Rebirth se situe plutôt dans la seconde catégorie. Même si quelques passages sont plutôt ouverts, la progression consiste surtout à avancer dans divers couloirs plus ou moins déguisés. Si jamais il y a une bifurcation, c’est pour rapidement tomber sur un cul-de-sac ou pour finalement rejoindre l’autre chemin.
La pression y est également moins constante. Il y a régulièrement de longs passages d’exploration, ou d’autres moments où il faut manipuler divers mécanismes afin de résoudre des énigmes. Dans ces cas-là, la lumière ambiante est souvent suffisante pour réfléchir sans devoir gérer la peur.
Mais si le côté horreur s’en retrouve un peu trop dilué, l’histoire n’en est pas moins passionnante, bien au contraire. Les situations sont variées et il faut non seulement découvrir le destin de nos équipiers, mais aussi comprendre ce qui a bien pu se passer dans ces lieux oubliés. Ajouté à cela que Tasi a de très bonnes raisons de vouloir surpasser tout ça, ce qui apporte un aspect qui est bien rare dans les jeux-vidéos. Le côté narratif n’a finalement pas de mal à tenir en haleine tout du long.
De plus, le jeu propose des décors fantastiques. C’est beau et la lumière est bien maîtrisée. Et surtout, certains environnements sont tout à fait grandioses, imposants. L’environnement sonore est bien réussi aussi ; mis à part peut-être cette espèce de bruit d'ébullition qui démarre quand la peur s’installe.
À noter qu’on tombe sur plusieurs allusions et références à ce qui se passe dans the Dark Descent ; Rebirth et lui partagent clairement le même univers. Il n’est cependant pas nécessaire d’avoir joué aux précédents titres pour pouvoir profiter de cette aventure-là.
Petite aparté
Il y a un défaut énervant dans ce jeu. Plutôt mineur, certes, mais énervant, car il casse un peu l'immersion, surtout pour nous, les Français.
La totalité des textes du jeu sont en anglais. C’est également le cas des doublages, même si les personnages ont des accents plus ou moins marqués. Des sous-titres sont bien entendu disponibles.
Tout un chapitre consiste à explorer une forteresse de la légion française. Bien sûr, le joueur découvre ce qu’il s’y est passé par l’intermède de lettres, de panneaux et autres textes. Cependant, tous ces écrits sont, comme le reste, en anglais. Ce détail aurait pu passer sous couvert de la suspension consentie d’incrédulité, mais un personnage demande vite de son plus bel anglais “mais qu’est-ce qui est marqué là ? Mon français est assez rouillé.”. Et comme le texte est justement en anglais, ça installe une espèce de dissonance ; et c’est alors qu’on se met à y penser tout du long.
En un sens, Tasi n’échappe pas au phénomène. Le personnage est français, et Salim et elle vivaient à Paris avant de s’engager dans cette expédition minière. La jeune femme parle beaucoup sous la pression, mais ce sera toujours en anglais, même si c'est avec un accent français très marqué. Ce dernier ne sombre heureusement pas dans la caricature. Le doublage du personnage est assuré par Alix Wilton Regan : présente dans bon nombre de productions vidéoludiques, elle est anglaise, mais a été au lycée français à Londres.
Amnesia Rebirth reprend la recette de the Dark Descent. Peut-être trop fidèlement, car les mécaniques peuvent se montrer bien familières, voire usées. Si l’intérêt est assuré par une grande histoire à travers des lieux fascinants, le côté horrifique peut parfois passer en second plan. On a là indéniablement une belle aventure narrative, mais ce ne sera pas la nouvelle référence de l’horreur.
Test réalisé sur PC par NeoGrifteR à partir d’une version fournie par l’éditeur.
Sur le même sujet :
Plateformes | PlayStation 4, Windows |
---|---|
Genres | Aventure, indépendant, survie, survival-horror, contemporain |
Sortie |
20 octobre 2020 |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
Réactions (1)
Afficher sur le forumPas de compte JeuxOnLine ?
Créer un compte