Test de Astrologaster – Vis ma vie de médecin alternatif
Sorti tout d’abord en mai 2019, Astrologaster a vite retenu l’attention de divers sites spécialisés et il a même récolté quelques prix en chemin. Comme la Nintendo Switch semble confirmer son statut de place to be pour les jeux indés, il n’est pas étonnant de le voir débarquer sur cette plateforme.
Simon Forman naît en Angleterre le 31 décembre 1552. Dans sa jeunesse, il apprend à confectionner des remèdes à partir de plantes médicinales. Plus tard, il rejoint ses cousins à Oxford où il étudie la médecine et l’astrologie. Par la suite, il se met lui-même à enseigner et s’intéresse en parallèle aux sciences occultes. Il finit par s’installer à Londres en tant que médecin. Et c’est après avoir survécu à deux épidémies de peste que sa réputation commence à prendre de l’ampleur. Il commence alors à prodiguer des remèdes astrologiques à ses patients tout en tenant des notes très détaillées dans ses carnets.
Et nous n’avons pas encore commencé à parler du jeu : ce ne sont là que des faits historiques, ce cher docteur ayant réellement existé. Les carnets en question sont d’ailleurs actuellement conservés dans des bibliothèques d'Oxford. Et ce sont eux qui ont servi d'inspiration pour le jeu qui nous intéresse aujourd’hui.
Huzzah !
La grande peste de '92 ravage Londres. Au plus mal, le docteur Forman cherche des réponses dans les étoiles. Sa lecture lui indique comment composer un remède qui sauvera les habitants de la capitale. Auréolé de ce succès providentiel, notre bon docteur voit toute la bourgeoisie anglaise se presser à sa porte afin de bénéficier de son savoir-faire.
Les doléances de ces visiteurs sont de toutes sortes : symptômes étranges, choix difficiles à faire ou mystères à résoudre. À chaque fois, le docteur doit observer les étoiles afin de guider son choix : ces dernières indiquent diverses directions et c’est au bon docteur (ou plutôt au joueur) de choisir celle qui correspond le mieux au cas présenté.
Hélas, le sieur Forman n’est pas réellement autorisé à pratiquer et la Compagnie des Chirurgiens-barbiers le menace du pire afin qu’il cesse toute activité. Son salut réside dans la collecte de lettres de recommandations afin de prouver qu’il est apte à pratiquer. Il faut donc contenter ses clients afin d’obtenir d’eux le précieux papier.
The Book of Plays
Le déroulement de Astrologaster se découpe en une myriade de séquences toutes construites de la même manière. Tout commence avec l’arrivée d’un patient. Ce dernier explique la raison de sa présence et le docteur consulte alors les étoiles. Il y a deux catégories de lecture, mais la finalité est toujours la même : choisir une solution entre deux à trois choix. Le patient accepte alors la solution avec plus ou moins de grâce, ce qui influe sur le nombre de points acquis (ou perdus !) pour cette consultation, l’objectif étant d’en obtenir 100 par personnage pour obtenir une lettre. Après que le patient ait quitté l’office, le docteur ajoute alors quelques notes dans ses carnets (le briefing, en somme).
L’aventure propose une demi-douzaine de personnages à aider, chacun pouvant se présenter au cabinet cinq fois ou plus. Le joueur peut choisir la meilleure option pour le patient, mais il peut aussi choisir de pourrir la vie de tel ou tel aristocrate. Il arrive que le choix le plus évident ne plaise pas à l’interlocuteur et que cela fasse perdre quelques précieux points ; mais le dénouement de l’affaire leur démontrera que c’était pour leur bien et ils présenteront leurs excuses au docteur, avec un retour conséquent en points. Quoiqu’il en soit, il est possible d’influer dans le destin des diverses personnes, et aussi par conséquent sur celui de Simon Forman. Seule une poignée de lettres sont requises pour obtenir le droit d’exercer : à moins de chercher la partie parfaite, l’échec n’est donc pas pénalisant.
Coitus post consultatio
Le visuel du jeu est présenté comme un livre en relief : les décors se déplient en tournant les pages et les personnages bougent comme des pantins en carton. Comme toute l’aventure se déroule dans le cabinet du docteur, les décors sont souvent les mêmes. Cette monotonie se retrouve aussi pour les personnages, la même demi-douzaine venant visiter les lieux.
La grande qualité du titre se trouve dans ses doublages. Les divers personnages sont très bien doublés et leur arrivée est toujours accompagnée par un chœur dans le style religieux de l’époque, mais aux propos un peu plus irrévérencieux.
Les dialogues sont très bien écrits, et encore heureux vu qu’ils sont la part centrale de tout le jeu. Et même s’ils sont racontés avec une bonne dose d’humour typiquement anglais, c’est l’Histoire du pays et de sa société à la fin du XVIème siècle qui est narrée à travers les déboires de Forman. Quelques notions historiques de l’époque peuvent d’ailleurs être utiles pour conseiller au mieux certains visiteurs.
Cependant, tout est uniquement en anglais, jusqu’aux sous-titres. L’intégration de ces derniers est d’ailleurs un peu grossière : ils s’incrustent à l’écran avec des grosses bandes noires. Pas de traduction en français, donc : suivre l’histoire peut être difficile pour ceux qui ne sont pas à l’aise dans la langue de la perfide Albion, surtout que le texte au style soutenu use de quelques mots et expressions d’époque.
Vouloir toucher les étoiles
Finalement, la seule action qui est demandée au joueur est de choisir une solution ou une autre. Le reste du temps, il est simple spectateur du déroulement de l’histoire. Ou plutôt auditeur, vu la simplicité des graphismes. Finalement, c’est aux visual novels que le jeu s'apparente le plus.
Autre souci, le fait que chaque visite se déroule sur le même schéma entraîne un sentiment de routine, une certaine redondance. Chaque séquence se boucle en quelques minutes à peine et la suite arrive aussitôt après.
Le rythme est parfait pour jouer entre deux autres choses, mais il peut générer une certaine lassitude dans le cadre de longues sessions. En fait, son découpage serait parfait dans un contexte mobile, moins pour une soirée dans son canapé.
Et d’ailleurs, les joueurs ne s’y sont pas trompés : si le jeu a eu de très bon retours sur IOS, l’accueil a été un peu plus mitigé sur PC. En passant, joueurs de cette dernière catégorie, vous possédez peut-être déjà ce jeu dans votre bibliothèque : il faisait en effet partie de l’imposant "Bundle for Racial Justice and Equality" proposé par itch.io en juin 2020.
Et si, avec sa proposition entre les deux mondes, la console de Nintendo était le parfait support pour ce jeu ? Le portage y fonctionne en tout cas à merveille. L’ergonomie aux manettes est efficace, et il est même possible de ne jouer que d’une seule main à l’aide du joy-con droit. En mode nomade, le jeu a le bon goût de mettre à contribution l’écran tactile : tourner les pages et choisir les options se font facilement du bout du doigt. Quelques bugs mineurs ont cependant été notés, principalement des répliques coupées trop tôt ou même inaudibles.
Astrologaster a de grandes qualités : sa narration dépeint avec humour la société anglaise de la fin XVIème siècle et son doublage s’écoute avec grand plaisir. Cependant, ses séquences courtes et son manque d'interactivité le prêtent plus volontiers à un usage nomade. La véritable barrière serait finalement le manque de traduction française.
Test réalisé sur Nintendo Switch par NeoGrifteR à partir d’une version fournie par l’éditeur.
Sur le même sujet :
Plateformes | Nintendo Switch, Windows, iOS |
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Genres | Indépendant, visual novel, historique |
Sortie |
9 mai 2019 (Windows) 18 février 2021 (Nintendo Switch) |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
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