Test de Say No! More – This is my no no square

They tried to make me go to Rehab

Votre personnage est un grand timide qui s’apprête à commencer sa première journée de travail en tant que stagiaire dans une grosse compagnie. Pour l’occasion, son colocataire et ami lui a préparé son déjeuner dans une magnifique gamelle ornée d’une licorne. Dès son arrivée dans les bureaux, les directives sont claires : il faut dire “oui” à toutes les tâches qui sont proposées aux nouveaux venus. Cependant, il est difficile de faire autrement dans un monde où le mot “non” a été banni.

À peine installé à un bureau minable dans un recoin des locaux, le responsable se pointe : il a oublié son déjeuner et demande au stagiaire de lui donner le sien. Notre protagoniste n’ose pas répondre et l’autre prend ça pour un accord. Sa belle gamelle envolée, le personnage désespère. C’est alors qu’un lecteur de cassette dégringole d’un conduit de ventilation.  Il s’avère qu’il s’agit d’un discours de motivation qui vante les mérites de savoir dire “non”. Motivé par la fougue de l’intervenant, notre personnage s’en va récupérer sa gamelle en se servant de la puissance du mot honni pour se frayer un chemin dans l’entreprise.

Écouter Barbara

Une partie commence par choisir votre personnage. Il est possible de le personnaliser à l’aide des diverses options habituelles : silhouette, visage, coiffure, vêtements… Il faut ensuite choisir la voix qui est utilisée pour scander vos “non”. Et le choix est plutôt conséquent : la liste des langues et dialectes est impressionnante, surtout qu’il y a pour chacun une voix d’homme et de femme. Une fois que c’est fait, l’aventure peut commencer.

Au début, vos actions se limitent à de timides murmures. Néanmoins, une fois le casque audio sur votre tête, une pression du bouton lâche un “non” net qui déstabilise vos interlocuteurs. Au fur et à mesure de l’aventure, d’autres mouvements vous permettent d’augmenter la puissance de votre “non” ou d’en changer l'intonation. Les choix se font avec les stick et croix de droite tandis que l’action se limite à la pression d'un des boutons de gauche.

En face, les différents employés tentent de vous barrer la route. Il faut les dégager avec plus ou moins de force. L’aventure vous met dans diverses situations et les plus haut cadres de l’entreprise se présentent comme des boss à vaincre. En effet, le mot interdit cache plus de puissance qu’on pourrait le croire et les affrontements tournent parfois à la confrontation de super pouvoirs.

Don't phunk with my heart

La 3D est grossière, très cubique. L’animation n’est guère mieux, plutôt simpliste, comme en témoigne la démarche ridicule de tous les personnages. Mais à la limite, ça peut passer dans le cadre de la narration loufoque qu’esquisse le jeu. Les musiques sont correctes, tout comme les doublages. Le jeu fonctionne en tout cas plutôt bien sur la Nintendo Switch. L’idée de départ est amusante, originale. Et on s’amuse pendant la phase de découverte, le temps des premiers chapitres.

Le problème, c’est que l'ensemble du jeu est dans le même registre de simplicité. On nous propose diverses variations de “non”, mais ce n’est finalement guère important. Il n’y a pas de personnage qui soit plus sensible à une forme qu’à une autre : qu’importe le choix, cela revient toujours au même. Et donc l’objectif se résume vite à balayer l’adversaire d’une pression plus ou moins longue sur le même bouton. La promotion parlait d’un “No!-Playing-Game”, à croire qu’ils sont un peu trop partis dans le sens littéral du terme.

Le contenu du lecteur à cassettes parodie les discours de motivation avec son personnage grandiloquent et la démesure que peut prendre les effets du “non”. Cependant, c’est ailleurs dans sa narration que le jeu nous pond des propos moralisateur et niais ; il devient ainsi lui-même ce dont il se moquait juste avant.

Plus ça va, plus l’intérêt s’étiole. Les phases jouables se diluent toujours plus dans de longues séquences de dialogues. L’humour tombe souvent à plat et, quand les propos commencent à être bien chargés en guimauve, c’est souvent le facepalm qui guette.

La torture est heureusement rapide. Les huit chapitres se bouclent en à peine deux heures et il n’y a rien qui pousse à se lancer à nouveau dans l’aventure. Surtout qu'il est impossible de passer les dialogues.

L’idée de base de Say No! More est amusante. Toutefois, son intérêt ludique est finalement très limité, surtout porté par une histoire bien niaise et moralisatrice. Le jeu pousse finalement son concept un peu trop loin : au point de lui dire “non” à lui aussi.

Test réalisé sur Nintendo Switch par NeoGrifteR à partir d’une version fournie par l’éditeur.