Test de the Longing – (400) jours ensemble
Mars 2020. Le Monde se confine, et nous voilà enfermés chez nous sans autre but que d’attendre que ça se termine. Hasard du calendrier ou perturbante prémonition, c’est à cette époque que sort the Longing, l’histoire d’un petit être enfermé dans un habitat troglodyte et sans autre but que d’attendre que son roi se réveille. Un an après, alors que le jeu sort sur Switch et que les joueurs PC sont arrivés au terme de la longue attente, c’est l’occasion de parler de ce titre qui symbolise tout à fait le terme “atypique”.
Au plus profond de son royaume souterrain, le monarque puise dans ses dernières forces pour créer un serviteur. Le souverain a besoin de se reposer pendant quatre cents jours afin de retrouver ses forces et l’objectif de la créature est simplement de le réveiller quand sera venu le moment. Abandonnée seule au tréfond de ce dédale, la petite créature n’a pas d’autre choix que d’attendre. Et peut-être de jeter un œil autour, qui sait ?
Les Quatre Cents coups
La première chose qui frappe quand débute la partie est la beauté des graphismes. The Longing présente des décors dessinés à la main qui ont beaucoup de charme. Et quand l’ombre se met en branle, on constate que les animations ont bénéficié de la même attention.
La seconde chose qui frappe c’est… que ça risque de prendre du temps. La créature ne tarde d'ailleurs pas à déclarer qu’elle n’aime pas courir. Et que, de toute façon, elle a le temps… Quelques centaines de jours à passer dans ces souterrains, ce n’est pas comme si elle était pressée.
C’est donc de sa démarche nonchalante qu’elle arpente les couloirs, au rythme des flock-flock que font ses pieds nus contre la pierre. L’endroit est d’un silence oppressant, parfois entrecoupé d’une goutte d’eau qui tombe quelque part ou d’un éclat de charbon qui roule au sol, parfois souligné par une musique d’ambiance envoutante.
Ça prend du temps d’explorer le domaine du roi. Surtout quand une porte est tellement ancienne qu’elle met de longues minutes à s’ouvrir. Surtout quand le passage est inaccessible à moins que ces petites gouttes d’eau finissent par créer une mare. À moins que le temps fasse son affaire et que quelque chose s’écroule et ouvre ainsi la voie.
Oh, oui, ça prend du temps. Ça tombe bien : on a quatre cents jours. Quatre cents véritables journées en temps tout à fait réel. Tellement de temps.
L’image mobile de l’éternité immobile
Cependant, n’ayez crainte : vous n’êtes pas obligés de garder le jeu allumé tout le long. Déjà, ce temps s’écoule même quand vous ne jouez pas. Les cavernes évoluent donc même sans que vous soyez connectés. Quant à la créature, elle attend là où vous l’avez laissée, imperturbable, seule dans l’obscurité.
Ensuite, il est quand même possible d’accélérer un peu les choses. Notre personnage possède une tanière qu’il peut décorer à son goût avec ce qu'il a trouvé dans les couloirs désolés. Mieux l’endroit est arrangé, plus le temps semble y filer plus vite. Ce n’est d’ailleurs pas qu’une impression.
L’ombre adore lire dans son fauteuil ; ça lui permet d’oublier le temps qui passe. Heureusement pour elle, quelques livres traînent dans le coin. Elle peut s’installer et lire de grands classiques de la littérature comme Moby Dick, l'Iliade ou Ainsi Parlait Zarathoustra. L’ombre n’a pas de préférence, tant que ça lui fait passer le temps. Bien entendu, elle lit ces livres en temps réel. Vous aussi pouvez lire par-dessus son épaule. Cependant, même si notre personnage a ses dialogues en français, les livres sont eux en anglais : toutes les traductions ne sont pas libres de droit. Néanmoins, si vous y tenez, le workshop sur Steam vous propose d’autres livres dans d’autres langues.
Faire les quatre cents pas
Toutefois, le jeu ne consiste pas seulement à attendre qu’un chronomètre arrive à son terme. Le royaume vous tend les bras et vous avez largement le temps de l’explorer de fond en comble. Vous y trouvez des endroits extraordinaires, des constructions fantastiques, des mines oubliés et d’autres rencontres improbables. Divers objets traînent ici et là : certains servent juste à améliorer le cadre de vie de l’ombre, d’autres à l’aider à progresser.
L’exploration devrait vous tenir en haleine les premiers temps. Du moins, si vous avez la patience d’attendre que l’ombre arrive à destination. Certains passages vous demandent un peu d’expérimentation pour en venir à bout, mais la plupart sont assez évidents.
Si jamais vous coincez quelque part ou qu’il y a un endroit où vous devrez revenir plus tard, l’ombre peut se souvenir d’un lieu afin d’y revenir. Néanmoins, à nouveau, n’espérez-pas une téléportation ou un quelconque voyage rapide : la créature se rend sur place à pieds, à son propre rythme, tranquillement. Et sa progression se fait également avec le jeu éteint.
Pour donner une idée de quoi faire, vous pouvez consulter le journal intime de l'ombre. Elle y consigne ses espoirs et ses envies. Reste à trouver comment les exaucer. Sinon, il y a toujours les 25 succès à débloquer.
Four hundred feet under
Pour être franc, une partie de the Longing dure réellement une quinzaine d’heure. Cependant, le temps est dispersé en une myriade de micro-parties : envoyer l’ombre aller quelque part, collecter des trucs, la faire revenir dans son antre, lui faire lire un autre livre… Au niveau de l’exploration, tout est accessible après 30 jours. Mais entre-temps, le jeu a quand même quelques surprises sous le coude.
Ce n'est définitivement pas un jeu à conseiller à tout le monde. La lenteur d'exécution est cœur du gameplay et y jouer relève peut-être d'un certain masochisme. Ou alors, c'est surtout qu'on s’attache vite à cette bestiole placide, mais aussi au bord de la dépression, vacillante sous le poids de la solitude. Et c'est dans les mains du joueur que se trouve peut-être son salut.
The Longing est une expérience à part. C’est un jeu d’aventure qui aurait muté en un idle game. C’est une ombre attachante et des lieux qui cachent divers secrets. C’est une allégorie du temps qui passe et un reflet fortuit de notre époque troublée. C’est une œuvre improbable comme seul le jeu vidéo peut nous en offrir.
Test réalisé sur PC par NeoGrifteR à partir d’une version commerciale.
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Plateformes | Nintendo Switch, Windows |
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Genres | Aventure, aventure graphique, point & click, fantasy |
Sortie |
5 mars 2020 (Windows) 14 avril 2021 (Nintendo Switch) |
1 jolien y joue, 1 y a joué.
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