Test de Ender Lilies: Quietus of the Knights
Annoncé lors de la PAX Online 2020 et développé au Japon, Ender Lilies: Quietus of the Knights est le tout premier jeu des deux studios Adglobe et Live Wire. Énième représentant des Metroidvania, Ender Lilies a tout à prouver dans un genre où la concurrence est rude, surtout face à des chefs-d’œuvre comme Hollow Knight ou encore les deux Ori. En accès anticipé depuis janvier 2021, le jeu est maintenant disponible dans sa version finale et c’est l’occasion parfaite d’en faire un retour rien que pour vous, très chers lecteurs.
Metroidmania
Il y a 35 ans sortait un jeu révolutionnaire qui allait créer un genre à lui tout seul et même lui donner son nom : Metroid. S’il fut secondé par Castlevania Symphony of the Night pour la deuxième moitié de son nom - alors même que ce dernier reprend justement la recette de Metroid -, le Metroidvania reste intimement lié aux jeux mettant en scène la légendaire Samus Aran. Construits sur le principe de la carte unique découpée en tableaux, l’intérêt de ces jeux repose sur l’exploration afin d’obtenir de nouvelles capacités pour débloquer de nouveaux tableaux et ainsi dévoiler davantage de cette grande carte, le tout en affrontant des ennemis de plus en plus coriaces et des boss récalcitrants. Genre populaire des années 80 et 90, il fut par la suite mis de côté au profit de genres plus adaptés au passage à la 3D, même si les Metroid Prime ont su prouver qu’il leur restait une petite place. De ce fait, le genre est tombé petit à petit dans l’oubli et il y a encore une dizaine d’années personne n’aurait misé sur la pertinence de sortir un Metroidvania, que ce soit sur consoles ou PC, mais c’était sans compter sur le succès du retrogaming et le retour en force de la 2D. Ainsi, le Metroidvania a pu de nouveau se faire une place dans le cœur des joueurs et ce d’autant plus avec les succès de Hollow Knight et Ori, sur lesquels certains se sont reposés pour vendre leurs jeux de qualité souvent discutable pour ne pas dire médiocre. De quoi rendre méfiant devant toutes ces sorties qui se suivent et se ressemblent.
Et nous voilà donc aujourd’hui face à ce Ender Lilies: Quietus of the Knights - que l’on nommera Ender Lilies, - développé au Japon par deux nouveaux studios pour lesquels c’est le premier jeu et édité par une société tout aussi nouvelle. Cela vous fait plisser les yeux de suspicion ? C’est normal, mais laissons-lui sa chance et voyons ce que ce jeu venu de l’archipel nippon a à nous offrir.
Esprit es-tu là ?
Ender Lilies conte l’histoire de Lily, jeune fille immaculée devenue prêtresse afin de purifier un monde souillé. Protégée par l’esprit d’un guerrier, elle traverse les décombres d’un royaume corrompu à la recherche de l’origine du mal qui a transformé les êtres humains et les animaux en créatures monstrueuses nommées Impurs. Tout au long de son exploration, elle rencontrera d’autres esprits qui se joindront à elle afin de l’aider à atteindre ce but pour lequel bien des prêtresses sont mortes auparavant. Perçue comme le dernier espoir, la jeune fille fragile devra faire preuve de courage pour sauver le royaume.
Oui, ce n’est pas le synopsis le plus original qui soit, mais qu’importe : ce n’est pas le plus important dans un Metroidvania et surtout, la narration est bien maîtrisée en limitant les informations aux rares et courts dialogues avec les esprits et les quelques notes et pages de journaux intimes disséminées un peu partout. Ainsi, vous n’êtes pas ralenti dans votre progression par de longs dialogues et tout le flou autour de l’histoire se dissipe lentement au fil de vos découvertes.
Plus que l’histoire, c’est le gameplay qui compte dans un Metroidvania et plus particulièrement l’exploration et la progression du personnage incarné. Sur ces deux points, Ender Lilies s’en sort très bien et n’a pas à rougir d’autres grands noms du genre. Il n’est peut-être pas aussi profond et généreux qu’un Hollow Knight, mais ce qu’il fait, il le fait bien. Comme tout représentant du genre qui se respecte, le monde est découpé en une succession de tableaux dont certains ne sont débloqués qu’après l’obtention de nouvelles capacités. Ainsi, c’est en progressant que vous pouvez apprendre le double saut, le coup plongeant, la nage en apnée, puis le vol plané et bien d’autres encore pour atteindre des zones jusque-là inaccessibles. Vous passez votre temps à avancer vers l’inconnu pour ensuite revenir en arrière découvrir des secrets cachés, des zones inexplorées et les nombreux boss et mini boss qui les peuplent.
Cependant, Lily n’est qu’une petite fille fragile qui se déplace lentement et ses possibilités sont limitées. De ce fait, il ne faut pas s’attendre à ce qu’elle coure comme une gazelle ou se batte comme une Amazone, même si l’obtention de ces nouvelles capacités lui facilite la vie. Non, pour cela elle est accompagnée d’esprits qui combattent les Impurs à sa place. Chaque esprit possède son attaque et en dehors de quelques rares exceptions, vous ne pouvez les utiliser qu’un certain nombre de fois, ce qui vous force à ne pas en abuser et à réfléchir à la meilleure méthode à utiliser pour vaincre vos ennemis. De plus, vous ne pouvez pas tous les utiliser en même temps, puisque vous ne pouvez créer que deux sets interchangeables à tout moment de trois esprits chacun. Guerrier déchu, sorcière, archer, nonne guerrière, corbeau, berserker, mage, créature ailée et j’en passe, vous devez faire des choix parmi un grand nombre d’esprits. Ce qui fait l’originalité de ce système par rapport aux autres Metroidvania, c’est que l’attaque d’un esprit n’est pas totalement liée au corps de Lily. Comprendre par là qu’il y a toujours un décalage dans l’espace entre l’endroit où se trouve la fillette et celui où apparaît l’esprit et sera donc porté le coup. Si au début cela peut s’avérer un peu perturbant, on prend vite l’habitude de corriger instinctivement le placement, mais cela peut aussi donner des situations cocasses, dont vous pouvez profiter, comme lors d’attaques aériennes.
Si ce système d’esprits est passionnant à prendre en mains, il n’est pas parfait pour autant et souffre d’un défaut assez commun à ce genre de jeux : beaucoup d’esprits sont inutiles ou sont rendus obsolètes par des versions plus performantes dans un même domaine. De même, les ennemis sont globalement assez lents et n’attaquent pas immédiatement, ce qui rend les attaques à distance très puissantes au point de grandement faciliter l’exploration, bien plus qu’avec celles au corps à corps, quand bien même vous êtes à plusieurs reprises mis au défi par des créatures coriaces. Dans les faits, il n’y a vraiment que durant les combats de boss que vous profitez de l’ensemble de vos possibilités, mais là encore, on sent que les développeurs ne sont pas allés jusqu’au bout et n’ont pas osé pousser la difficulté un peu plus loin. Attention, le jeu n’est pas facile pour autant et vous mourrez probablement plus d’une fois contre une bonne partie d’entre eux. Malgré tout, on s’adapte vite aux patterns et on se retrouve rarement acculés ; le jeu ne se voulant pas punitif. Quant aux mini boss, la plupart ne sont que des ennemis lambda gonflés aux hormones et rares sont ceux qui vont vous déstabiliser et c'est bien dommage.
Après l’effort, le réconfort et pour cela, le jeu vous donne accès à des zones de repos à partir desquelles vous pouvez recharger tous vos esprits, mais aussi les améliorer via un matériau que vous pouvez trouver sur certains ennemis ou caché un peu partout. Vous pouvez aussi vous équiper d’accessoires vous octroyant des bonus divers comme une augmentation du nombre d’utilisation des esprits, une augmentation de l’attaque ou de la défense, un bonus sur la nage etc. Vous pouvez aussi y sauvegarder votre partie ou encore vous déplacer vers n’importe quelle autre zone de repos déjà découverte, vous facilitant l’exploration dans les zones déjà visitées.
Un peu de douceur dans ce monde impur
Dévoilé lors de la PAX Online 2020, Ender Lilies s’était déjà fait remarquer par sa direction artistique. Sombre, poisseuse, impure, organique, mais aussi éthérée, mélancolique et mystique ; il s’avère qu’elle possède un charme fou. Les décors s’enchaînent et tous sont d’une grande beauté. Certes, le médiéval fantastique crasseux et corrompu a été usé jusqu’à la moelle tant il est représenté dans le jeu vidéo, mais si Ender Lilies ne fait pas dans l'original, il a le mérite de magnifier le genre avec énormément de talent ; merci à Yasuhiro Yokohama et à Yohei Ueda. De leur côté, les personnages ne déméritent pas. Superbement détaillés et animés, là encore les artistes ont fait un travail de grande qualité pour le plaisir de nos yeux. Toute la fragilité et l’innocence de Lily se ressentent dans chacun de ses mouvements et il en va de même pour les animations des esprits, toutes plus réussies les unes que les autres, ou même des ennemis et plus particulièrement des boss, impressionnants, ce qui rend leur relative facilité d’autant plus frustrante tant ils peuvent sembler dangereux et terrifiants.
Si visuellement Ender Lilies est très réussi, il en va de même musicalement. D’une grande mélancolie, la bande originale composée par le groupe indépendant Mili est un cadeau pour les oreilles. Mettant principalement en avant le piano, sans pour autant délaisser d’autres instruments à corde comme le violon, la harpe ou encore la guitare, les thèmes transportent le joueur dans un état parfois proche du spleen tout en y apportant de temps en temps quelques gouttes d’espoir, souvent au travers de la douce voix de la chanteuse du groupe Cassie Wei. Le sound design n’est pas en reste avec le joli travail effectué par Keiichi Sugiyama sur l’ambiance sonore participant grandement à l’atmosphère du jeu.
Playlist de la bande originale disponible sur le compte Youtube de l'éditeur.
Conclusion
S’il est vrai que Ender Lilies: Quietus of the Knights pouvait laisser perplexe à une époque où le Metroidvania est devenu un prétexte pour sortir des jeux médiocres par camions, il s’avère que le premier jeu des studio japonais Adglobe et Live Wire surprend et en bien. Que ce soit par sa sublime direction artistique, ses animations, sa bande originale ou son gameplay, le jeu ne déçoit que rarement et ce n’est jamais rédhibitoire. Bien sûr, il ne tient pas la comparaison avec Hollow Knight, plus généreux, plus original et bousculant davantage les codes du genre, mais il a le mérite de remplir le contrat et de le faire bien. Pour ceux qui ne connaissent pas les Metroidvania, ce Ender Lilies peut parfaitement remplir le rôle de porte d’entrée avant de vous lancer dans des aventures plus complexes. Quant aux autres, qui ont déjà écumé les meilleurs représentants du genre, ce jeu saura vous occuper une quinzaine d’heures en attendant l’arrivée prochaine de Hollow Knight: Silksong, dont on ne connaît toujours pas la date de sortie.
Le jeu est vendu 24,99€ sur Steam, PlayStation 4 et 5, Xbox One et Series X|S et Nintendo Switch et est localisé en français.
Test réalisé par Lianai à partir d’une version Steam fournie pour l’éditeur.
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Plateformes | Nintendo Switch, PlayStation 4, PlayStation 5, Windows, Xbox One, Xbox Series X|S |
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Genres | Action, aventure et plateforme (metroidvania), plateformes, fantasy, médiéval |
Sortie |
22 juin 2021 (Windows) 22 juin 2021 (PlayStation 4) 22 juin 2021 (Nintendo Switch) 22 juin 2021 (PlayStation 5) 22 juin 2021 (Xbox One) 22 juin 2021 (Xbox Series X|S) |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
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