Test de Hot Wheels Unleashed - Voiturettes, circuits fous et hasard

Pour beaucoup, Hot Wheels évoque l'enfance, de jeunes années à s'amuser avec ces voiturettes venues d'Amérique grâce à une marque devenue emblématique. Au-delà des voitures, Hot Wheels incarne aussi la création de circuits farfelus, des pistes oranges aux loopings nombreux, où les bolides sont projetés avec le doux espoir de les voir arriver jusqu'au bout et sans encombre. Fatalement et comme toutes les marques de jouets détenues par Mattel, les adaptations ont été régulières, avec des films d'animation et un grand nombre de jeux vidéo à la qualité variable, parfois entièrement dédiés à la marque, parfois en guest-star de jeux populaires ces dernières années au travers d'extensions (Rocket League, Forza Horizon 3). Étonnamment, cette fois-ci c'est Milestone, spécialiste italien des jeux de course, qui s'y essaie en proposant un nouveau jeu dédié intitulé Hot Wheels Unleased. Les voiturettes virtuelles peuvent-être enfin rivaliser avec l'ingéniosité des jouets ?

Hotwheelsunleashed.jpg

Un retour en enfance

HOTWHEELSUNLEASHED8482_20210917211702.png
Ce n'est pas une mince affaire d'adapter l'imaginaire du jouet au jeu vidéo. Quand on pense à HoT Wheels, on imagine essentiellement la folie de ses circuits, ses bolides survitaminés et ses couleurs éclatantes. Face au jeu Hot Wheels Unleased, le premier contact est plutôt réussi : visuellement fidèle aux jouets, en particulier sur la modélisation savoureuse des voiturettes, le jeu se révèle tout de suite ultra-dynamique avec un boost omniprésent, des dérapages faciles à appréhender (et qui rappellent terriblement ceux de Mario Kart) et des pistes qui, parfois, offrent la folie attendue. Fun et facile à prendre en main, le gameplay du jeu trouve le bon équilibre en assumant à fond l'hyper-accessibilité du titre avec la quasi-impossibilité de sortir de piste (sauf sur de courtes portions de rares circuits) et une physique de sauts simple à gérer lorsque les tracés proposent ce genre de passages. Pour pimenter les courses, le jeu offre de nombreux véhicules tirés des modèles de jouets les plus populaires avec, pour chacun, des spécificités : vitesse, accélération, maniabilité et freinage, autant de statistiques censées pousser à varier les sensations. Sachant en outre qu'il est possible de faire progresser nos véhicules en les améliorant avec des crédits récupérés dans le mode campagne. L'aspect jouet des voiturettes et des pistes est d'ailleurs extrêmement réussi, le jeu insistant d'autant plus sur la collection à se constituer, mais on y reviendra plus tard.

HOTWHEELSUNLEASHED8482_20210925224926.png
Ce qui séduit tout particulièrement, ce sont les environnements, les tracés qui paraissent gigantesque se plaçant en réalité dans des environnements plus ou moins réalistes, faisant comprendre que notre voiture est minuscule et se balade entre les chaises, les tables, dans des conduits d'aérations ou sur le bord d'un immeuble en construction, comme si un enfant était venu poser là sa dernière création. Certaines pistes sont très inspirées avec des successions de loopings, de sauts, de séquences inversées (grâce à des bouts de pistes magnétiques qui empêchent ainsi de tomber) et de nombreux dénivelés pour gravir tel ou tel meuble du salon. Mais d'autres tracés, malheureusement, perdent cette imagination débordante d'un enfant qui crée son terrain de jeu en se limitant à des pistes extrêmement simplistes, sans folie, où le côté très basique et simpliste du gameplay perd de sa superbe : quand la piste n'impressionne pas, le manque de profondeur du gameplay se ressent d'autant plus. Alors, l'équilibre est parfois rompu, jusqu'à ce que l'on retombe sur un circuit plus inspiré, notamment dans le mode campagne qui est indispensable au déblocage des (nombreux) éléments du jeu, où l'on enchaîne les pistes en espérant tomber sur des pépites.

HOTWHEELSUNLEASHED8482_20210925230030.png
Les plus créatifs peuvent toutefois se faire plaisir, puisque le jeu propose évidemment un éditeur de circuits qui reprend des éléments de pistes des jouets Hot Wheels, permettant de créer à peu près n'importe quoi. Et cela dans plusieurs environnements, allant du bureau au skatepark, afin de varier les ambiances. Si ce mode est aussi important, c'est parce qu'il reprend pleinement l'esprit des jouets, nous poussant à retomber en enfance avec cette volonté de créer les circuits les plus fous, mais sans être limité par les bouts de circuits (et l'argent de poche) à disposition. Cela fonctionne d'autant mieux que l'éditeur de circuits est simple à prendre en main, un peu à la manière de celui d'un TrackMania. Désormais, on attend surtout de voir ce que la communauté, s'il y en a une autour du jeu, saura faire pour se l'approprier : s'il y a bien un univers propice au partage de circuits, c'est bien celui de Hot Wheels.

L'envie du jeu service

HOTWHEELSUNLEASHED8482_20210917185132.png
Cependant, si les interrogations sont nombreuses autour de la capacité du jeu à fédérer les joueurs, c'est aussi et surtout à cause de son modèle de progression. Porté vers la collection, le jeu pousse à progresser pour élargir notre collection de voiturettes. Jusqu'ici rien de mal, puisque c'est l'essence même des jouets avec les différents modèles sortis au fil des années, parfois en éditions limitées et plus ou moins rares. Néanmoins, cela se transcrit au jeu vidéo au travers des fameuses "lootboxes", avec leurs gains aléatoires. Des boîtes surprises que l'on ouvre fébrilement après les avoir achetées (avec de l'argent gagné en jeu) ou après les avoir gagnées lors de courses, contre des "boss" (des voitures spéciales) notamment. Problème : obtenir une boîte prend énormément de temps, à tel point que l'on a l'impression de ne progresser que très lentement, à la manière de free to play qui abusent de ce système. Pourtant, Hot Wheels Unleashed tente d'être relativement honnête sur ce point puisque les crédits peuvent uniquement être débloqués en jeu, mais le titre propose déjà un pass de saison, et il repose sur ces mécaniques de jeu service avec tout ce qu'il y a de toxique pour la progression du joueur. D'autant plus que les boîtes surprises peuvent nous donner des véhicules que l'on possède déjà et qu'on se contente de démonter pour gagner des ressources. Débloquer toutes les voiturettes risque ainsi de prendre un temps fou, pour les personnes qui auraient l'idée de les collectionner. Certes, il est également possible d'en acheter directement certaines selon une sélection renouvelée régulièrement (à la manière de boutiques mises à jour quotidiennement dans les jeux service), mais elles coûtent si cher en ressources que cela n'est pas cumulable avec l'achat de boîtes surprise. 

HOTWHEELSUNLEASHED8482_20210925230335.png
Cela rend la progression particulièrement pénible, sorte d'antithèse du fun immédiat proposé par le gameplay. On se retrouve à utiliser plusieurs heures la même poignée de voiturettes, comme si le jeu voulait nous rappeler une enfance où il fallait difficilement convaincre les parents de nous acheter de nouvelles voitures en passant en grande surface pour faire les courses. Avare en récompenses, y compris pour le petit appartement qu'on peut customiser à notre sauce, le jeu repose sur des mécaniques de rétention du joueur qui rappelle quelques-uns des pires jeux services de ces dernières années. Et c'est d'autant plus dommage que la base du jeu est bonne, que le gameplay accroche bien et qu'il est plutôt agréable visuellement (la bande-son est toutefois insupportable), mais cette mécanique de lootboxes est-elle vraiment adaptée à un tel jeu ? Proposer plusieurs niveaux de rareté pour les voitures permet effectivement de susciter l'enthousiasme lorsque l'une des plus rares sort enfin d'une boîte, mais à quel prix pour le plaisir de jeu ?

Conclusion

Faire reposer la progression sur le hasard est un choix tout à fait surprenant. Hot Wheels Unleashed a pour lui ce plaisir immédiat apporté par un gameplay agréable, facile d'accès, avec des circuits parfois grisants et des voiturettes à la modélisation réjouissante. Les jouets prennent vie à l'écran, avec toute la nostalgie qu'ils inspirent, alors on se perd rapidement dans la création de circuits comme retombés en enfance face à une malle pleine de Hot Wheels. Toutefois, en récupérant des mécaniques éculées de jeux services, le titre de Milestone sabre le plaisir de jeu en donnant le l'impression de ne jamais trop progresser, avec des voiturettes qui mettent trop de temps à se débloquer et le sentiment inévitable de tourner en rond.  

Test réalisé par Hachim0n sur PlayStation 5 à partir d'une version fournie par l'éditeur.

Réactions


Personne n'a encore réagi. Soyez le premier.