Test de Aeon Drive - 30 secondes de bonheur

Si certains jeux s'embarquent dans de grandes manoeuvres, d'autres aux moyens plus mesurés se concentrent sur l'essentiel. Aeon Drive se positionne sur ce créneau, en se basant sur une idée et en la déclinant à foison. Le scénario certes anecdotique introduit toutefois habilement, non sans une touche d'humour, cette idée. Ainsi, fraîchement débarqué d'une autre dimension, le joueur incarnant une ranger de l'espace s'écrase sur une version futuriste de Barcelone, destination peu commune s'expliquant aux origines espagnoles des fondateurs du studio néerlandais 2Awesome.

Le futur n'est pas vraiment glorieux, l'apocalypse étant prévue dans les 30 prochaines secondes. Chacun des niveaux d'Aeon Drive doit donc être complété dans ce même laps de temps, jouant sur le principe de la boucle temporelle pour se justifier. Dix secteurs de Néo-Barcelone regroupent chacun dix niveaux, ce qui représente donc 50 minutes de jeu sur papier si mes calculs sont justes. L'inconnue est toutefois la capacité du joueur à remplir du premier coup chaque niveau, ce dont je doute fort vu le programme.

Sauter, glisser, sabrer les ennemis et surtout lancer une dague pour se téléporter à son point d'ancrage sont les actions permettant de trouver un des chemins possibles à travers le niveau. C'est une autre des spécificités d'Aeon Drive : il faut trouver la sortie parmi plusieurs embranchements possibles, car elle n'est tout simplement pas au bout du chemin. Cette brève exploration peut être l'occasion de découvrir des objets cachés, mais le but de la manœuvre est bien de se sortir le plus rapidement possible de là. Car outre la limite des 30 secondes que l'on peut repousser en récoltant une ressource dédiée, il s'agit bien de se positionner dans le classement de chaque niveau en se confrontant aux autres joueurs. On est sur le registre du speedrun, avec certains niveaux se terminant en seulement 10 secondes.

Il faut parfois s'accrocher, car les ennemis, obstacles et pièges judicieusement placés donnent du fil à retordre. La répétition suite à de multiples échecs entraîne une certaine frustration, jusqu'à une maîtrise totale prodiguant une joie salvatrice quand on termine afin le niveau ou que l'on se positionne dans le classement. Si certains passages donnent envie de jeter la manette, la difficulté n'est pas si élevée si l'on vise uniquement le fait de terminer les niveaux. C'est typiquement le genre de jeu que l'on peut survoler, ou insister jusqu'à arriver à des enchaînements de fou furieux et des temps records. C'est un très bon trip vidéoludique, notamment en raison de la conception des niveaux et la courte durée de concentration nécessaire qui le rend accessible. Je n'ai compté qu'une poignée de niveaux où j'ai dû user d'une rallonge supplémentaire.

Au passage, en terme de temporalité, la mort est immédiate et sans aucune concession, ce qui n'est pas un drame en raison de la taille du niveau. La progression est bien amenée, car chaque nouveau secteur -- parmi les 10 proposés -- est l'occasion de redescendre en termes de difficulté pour ensuite monter crescendo jusqu'au final, tout en introduisant de nouvelles mécaniques de jeu qui pimentent l'ensemble. Cela permet d'intégrer les nouveaux pièges et obstacles ajoutés, de changer un peu de décor sans varier le bestiaire faute de moyens.

Il est possible de s'adonner à Aeon Drive jusqu'à 4 joueurs en local, quand l'écran prend ses distances pour afficher tout le monde. On peut se prendre au jeu, mais je me suis focalisé sur l'expérience en solitaire pour affiner mon expérience de jeu. Aeon Drive a un côté addictif, car le challenge est à la fois immédiat et concentré, d'autant plus avec la présence d'un classement partagé avec d'autres joueurs.

Conclusion

Dans la catégorie action et plateforme, Aeon Drive est une petite perle vidéoludique, quand le joueur est poussé dans ses retranchements sans abuser de la difficulté. Que l'on survole le jeu ou que l'on reprenne à l'infini le même niveau pour aboutir à l'enchaînement parfait en une poignée de secondes, on est bien en présence d'un jeu vidéo sachant revenir à l'essentiel en terme d'expérience prodiguée, sans fioritures ou artifices.

Test réalisé par Agahnon sur Nintendo Switch à partir d'une version fournie par l'éditeur.