Final Fantasy IV Pixel Remaster - La forme finale de la légende
Final Fantasy IV a marqué l'entrée de la saga de SquareSoft dans l'ère 16 bits - encore souvent perçue comme l’âge d'or du JRPG. Bien que sorti en 1991 au pays du soleil levant, ce hit de la Super Nintendo n'a été officiellement disponible en Europe qu'en 2002 sur GBA, alors que la saga avait déjà transité sur PlayStation 2. Revisité trois ans plus tard dans une version 3D sur Nintendo DS, à une époque où le jeu 2D était encore un gros mot, le titre s'est malheureusement toujours retrouvé sur notre marché en décalage avec son époque, ce qui est fort dommage, car Final Fantasy IV est un titre exceptionnel à bien des égards.
Si après 30 ans la patine du temps ne permet plus de s'ébaubir devant des innovations qui sont devenues monnaies courantes - la narration, la mise en scène, le dynamisme des combats -, cette réédition dans la collection Pixel Remaster permet tout de même de constater qu'avec un petit coup de polish, les grandes qualités de ce titre ressortent, au point d'en faire un jeu toujours d'actualité, voire même au point de faire de cette édition une des meilleurs portes d'entrée pour qui veut (re)découvrir la saga Final Fantasy sous sa forme la plus limpide.
L'histoire épique scelle le destin d'un grand jeu
Hironobu Sakaguchi avait dit en faisant le premier Final Fantasy "Je veux raconter une histoire". C'est avec cet épisode que son projet abouti enfin. Et quelle histoire ! Final Fantasy IV est un jeu qui nous retient agrippés à la manette par son récit haletant, une grande aventure épique avec des rebondissements, des cliffhangers, des drames, des retournements de situation imprévus... tout y est ou presque, y compris des thèmes plutôt matures bien qu'abordés sous un angle permettant aux publics de tous âges d'en profiter. On y incarne Cécil, chevalier noir de son état et bras armé du belliqueux roi de Baron. Destitué pour insubordination, notre héros entreprend une quête de rédemption classique, mais pas dénuée de surprises. Si l'histoire de Final Fantasy IV s'appuie sur l'habituel cheminement du héros, le tout est mis en œuvre de façon exemplaire au cours de trois actes principaux auxquels s’ajoutent des arcs narratifs pour tous nos compagnons, au point que s'il avait été sur un médium plus grand public, Final Fantasy IV serait peut-être aujourd'hui une icône de la pop culture.
Cecil, notre héros, chemine beaucoup. Déjà au sens premier du terme parce qu'on traverse à plusieurs reprises le monde dans tous les sens - que ce soit à pied, en aéroglisseur, en dirigeable, en chocobo volant ou même en cétacé intersidéral - mais surtout, il chemine dans son développement personnel, remettant en cause ce qu'il tient pour acquis pour aller de l'avant. L'histoire de Final Fantasy IV n'hésite pas à rompre avec les poncifs de la saga : alors que nous étions auparavant des guerriers de la lumière chargés de récupérer les cristaux pour pourfendre le mal, on commence ici par fondre sur nos voisins pour leur piquer leurs précieux. C'est une auto-critique bien fichue des épisodes précédent ; d'ailleurs, nous somme un Chevalier Noir, le personnage le plus puissant de l'opus précédent, qui était une âme désincarnée occupant une armure vide. Ce prolongement thématique est très intelligemment mis en œuvre : ici, les personnages de la ville du départ craignent notre héros, car c'est un chevalier noir. D'ailleurs, les NPCs ne sont pas indifférents aux évolutions de l'histoire et c'est ce genre de petits détails qui apportent de la cohérence et participent à rendre le monde vivant. C'est bien entendu moins riche que dans les AAAs modernes, mais ça fonctionne et on se prend au jeu de parler à tout le monde pour dénicher des éléments de lore et avoir l'avis de ceux qui suivent nos péripéties.
Il n'y a pas que notre héros qui évolue. Tous les équipiers qui rejoignent notre groupe ont chacun une histoire et des enjeux personnels, qui se mêlent de près ou de loin à la grande quête de Cecil. Dans Final Fantasy IV, le drama est à chaque coin de chapitre, dans une aventure particulièrement bien rythmée qui ne s'embarrasse pas du décorum, mais sait faire la part belle aux états d'âmes de nos héros entre les retournements de situation inattendus et les moments de bravoure épique. Le scénario est d'une telle intensité que vous ne pourrez pas lâcher la manette : dans les trois premières heures de jeu, vous deviendrez un rebelle traqué, vous aurez attaqué deux villes, subi un bombardement, formé des alliances, vécu un amour tragique... et encore, je suis très loin d'avoir listé le quart de ce qui se passe dans ce début d'aventure.
L'histoire et le gameplay sont tellement bien entrecroisés qu'il n'est pas rare qu'un revirement de situation explique l'apprentissage de nouvelles compétences - rendant ainsi l'évolution des personnages cohérente. Ce choix artistique implique que la narration se montre directive, cependant le titre utilise plusieurs astuces pour ne pas tomber dans la linéarité : les véhicules ouvrent ou ferment petit à petit nos capacités d'exploration de l'univers et le récit nous fait revisiter certains lieux afin de débloquer tous leur secrets. L'occasion de saluer un level design abouti et toujours efficace 30 ans plus tard, que ce soit au niveau du monde ou des donjons.
La mise en scène et l'écriture sont également de grande qualité. Le titre brosse en quelques phrases, comportements et animations des caractères bien trempés, dressant des portraits aussi efficaces qu'attachants de nos équipiers. C'est fou ce qu'un silence, une petite pause sans boite de texte ou l'inclinaison de tête d'un sprite peuvent créer de l'empathie et c'est un plaisir de retrouver ces expressions qui avaient été évincées du remake sur PlayStation Portable. Le jeu réussit avec des mimiques, des pauses et des musiques à rendre le petit théâtre de marionnettes qui raconte son histoire passionnant. Il diversifie aussi son propre schéma pour casser la routine et n'hésite pas à raconter l'histoire en mode combat afin d'afficher les dissensions au cœur du groupe ou à prendre de la hauteur d'affichage pour illustrer des scènes d'action à plus grande échelle.
L'écriture, très concise, est aussi précise qu'efficace. En outre, la grande force de Final Fantasy IV, est son rythme. Pour faire tenir une grande aventure dans une petite cartouche, il fallait en 1991 qu'elle soit menée tambour battant, donc les révélations, aléas et retournements de situations s'enchainent à un rythme soutenu, ce qui induit que le script soit très direct. On se retrouve donc face à des dialogues déclaratifs, qui ont d'avantage vocation à transmettre l'information pour laisser place à l'imagination du joueur qu'à être interprétés de façon crédible. C'est d'ailleurs le faux pas commis par le remake 3D qui faisait jouer tel quel le script aux acteurs pour un rendu des plus grandiloquents. La simplicité permet d'augmenter la cadence et c'est à l'aune du dynamisme de titres comme Final Fantasy IV qu'on prend la mesure des abysses de mollesse dans lesquelles le JRPG avait chuté aux cours des dernières décennies. C'est donc un plaisir de retrouver cette aventure où le rythme haletant prime avant tout
Final Fantasy IV accuse toutefois quelques défauts, principalement dus à son âge. Alors qu'il innovait il y a 30 ans, certains de ses rebondissements sont maintenant largement répandus dans la pop culture - un défaut tout de même atténué par la quantité et le rythme des évènements. On trouve aussi quelques clichés comme le chevalier noir qui vit seul en haut d'une tour ou les habitants de la ville qui vendent des armes qu'ils ne savent pas utiliser, et certains antagonistes qui gagneraient sans doute à un peu plus de profondeur. Le choix de Square Enix de ne pas retoucher le script et la mise en scène originale est à mon sens le bon - quand on commence, on ne sait jamais où on finit - mais on ne peut s'empêcher de déplorer ici ou là des limitations d'époque qui n'ont plus lieu d'être, comme un saut de ligne qui aurait donné plus d'emphase à un dialogue, ou l'affichage de quelques sprites supplémentaires pour créer une sensation de foule. Ces détails restent toutefois anecdotiques et ne gâcheront ni l'expérience du titre ni l'immersion dans l'aventure.
Pixel Rixes Master
Les combats de Final Fantasy IV sont aussi une question de rythme. C'est avec cet épisode qu'arrive l'ATB ou Active Time Battle, qui marque le tempo d'affrontements beaucoup plus dynamiques que la concurrence, engluée dans le tour par tour. Bien qu'à base de menus, les combats se déroulent en temps réel et chaque action impose ensuite un temps d'indisponibilité pour un personnage, voire un délai d'incantation, pendant que les ennemis continuent d'attaquer, combinant ainsi choix tactiques et nécessité d'adaptation immédiate. Comme dans la version d'origine, le jeu permet de paramétrer la difficulté de l'expérience sur deux niveaux. La vitesse générale des affrontements gère le rythme des interventions de notre équipe comme de ses antagonistes, alors que le mode actif permet aux adversaires de vous attaquer lorsque vous êtes dans les menus, intensifiant le sentiment d'urgence notamment en cas d'hésitation. Autant dire que vous aurez intérêt à connaître un peu les rouages de la série pour jouer en vitesse max et en mode actif.
Final Fantasy IV a des affrontements tellement bien pensés qu'il s'avère ici contre-productif d'utiliser le mode de combat automatique. Entre les attaques surprises, la diversité des adversaires et de leurs coups déstabilisants, leurs faiblesses dont il faut tirer parti, la gestion de nos ressources et le rythme des affrontements, vous aurez tout intérêt à garder le contrôle de la situation, ce qui vous permettra de progresser beaucoup plus efficacement et rapidement qu'en jouant en mode auto.
C'est une véritable qualité - et à mon avis un cas unique dans le série - qui montre que le système de combat a très bien résisté au passage du temps. Les épisodes suivants, beaucoup plus ouverts dans la personnalisation des équipiers, offrent beaucoup plus de latitude pour abuser du système de combat avec des combos de compétences et d'items cheatés - et gagneront vraiment à être fait en combat automatique. Alors oui, ça fait aussi partie du fun de trouver des techniques surpuissantes dans un JRPG, mais la proposition beaucoup plus pure de Final Fantasy IV apporte de la profondeur et mérite d'être vue comme une qualité.
Plus que tout autre jeu de la saga, ce Final Fantasy IV est fait pour peser chaque validation dans le menu de combat. L'histoire et son rythme s'imposent au joueur et dictent également la composition de notre équipe. Il ne sera pas possible de cheeser un combat en abusant d'un job spécifique ou en reproduisant ad nauseam le même combo cheaté - vos possibilités sont finies et les combats de boss s'en trouvent ainsi très bien équilibrés. Si on peut toujours se dépatouiller en se contentant de taper comme un sourd, on gagnera toujours à trouver et exploiter les faiblesses adverses, notamment pour certains boss contre lesquels il faudra construire des stratégies afin de bloquer certaines de leurs compétences.
Final Fantasy IV est aussi le seul titre de la saga qui vous place à la tête d'une équipe de cinq protagonistes, diversifiant ainsi vos capacités d'action. Il faudra donc vous adapter, selon que votre équipe du moment soit orientée mages ou guerriers. Les personnages étant d'ailleurs assez versatiles, il ne sera pas rare de voir leurs rôles au sein de l'équipe changer en fonction des départs et arrivées. Même votre chevalier deviendra à un moment healer et archer - c'est dire que vous aurez toute une partie de gestion des ressources humaines à faire en amont de certains donjons.
Si le jeu ne laisse presque aucune marge de personnalisation, chaque personnage a un job spécifique, avec des stats et compétences qui lui sont propres, mais surtout rien d'inutile. Par exemple, les arcs utilisés par les magiciennes peuvent s'avérer extrêmement puissants sur certains monstres, que ce soit en dégâts purs ou en effets de débuff et le renouvellement du bestiaire au cours des donjons vous invite à bien connaître et à exploiter toutes vos possibilités. Un marteau peut aussi cacher un sort de tremblement de terre particulièrement ravageur ou une hache peut permettre de one-shot certains adversaires, permettant de ramener au premier plan un guerrier qui tendait à se déclasser. C'est ce genre de petits détails renouvelant sans cesse le gameplay des combats qui les rendent tous passionnants.
Narration et gameplay sont intimement liés, non seulement parce qu'on gagne des compétences en fonction de l'histoire, mais même les premiers boss sont carrément des tutoriels diégétiques sacrément bien intégrés au gameplay. En plus d'éviter au joueur de s'encrouter dans la routine du "fight fight fight" ad nauseam, le roulement constant des équipiers est une occasion fantastique d'appréhender les compétences des classes emblématiques de la saga pour les nouveaux venus. Toutefois, cette dynamique s'épuise un peu dans le dernier tiers de l'aventure qui mise davantage sur le roulement du bestiaire que sur le renouvellement des équipiers - d'autant plus que si l'équilibrage du titre d'origine était réussi, celui du remake s'avère de plus en plus déphasé au fur et à mesure qu'on progresse dans l'aventure.
Au cours des différentes ré-éditions, la difficulté de Final Fantasy IV a été revue à la baisse et c'est une fois de plus le cas dans cette mouture Pixel remaster. La fréquence des combats aléatoires a continué à être réduite : on rencontrait moins d'adversaires dans les versions portables que dans la version console de salon et on en rencontre encore moins ici. On se retrouve avec une exploration des donjons plus fluide qui est très appréciable, toutefois on peut traverser de très petites zones sans rencontrer le moindre adversaire. Pour compenser cette fréquence de combat réduite, l'expérience requise pour passer un niveau est divisée par deux. Si ça part d'une bonne idée, le problème est que nos personnages progressent beaucoup trop vite. Ce n'est pas très perceptible en début de partie, car les niveaux de nos équipiers sont calqués sur ceux du héros, mais ça devient flagrant quand à partir de la moitié du jeu on commence à intégrer dans notre équipe des personnages qui ont plusieurs niveaux de retard alors qu'ils sont supposés être plus puissants. C'est très dommageable pour le feeling épique puisqu'on roule trop facilement sur les derniers donjons.
Si je laisse au experts la charge de trouver les formules de dégâts de cette nouvelle version, il est aussi assez évident que les adversaires ont été sérieusement nerfés. C'est très visible sur le premier boss, qu'on peut atteindre dans toutes les versions sans gagner le moindre point d'xp - et donc en ayant à chaque fois les mêmes stats. Alors qu'il fallait plus de 4 cycles pour l'abattre dans les versions SNES et qu'on descendait à trois sur GBA, on a à présent un seul cycle tellement le combat va vite. On peut aussi le constater sur des boss plus loin dans l'aventure : Cainazzo a toujours la capacité de nous one-shot avec une attaque dévastatrice, mais cette fois nous avons nous aussi la possibilité de le one-shot, ce qui est fun, mais aussi dommage.
Je comprends qu'on puisse vouloir une expérience plus fluide, plus simple, plus rapide et c'est une bonne chose de le permettre - notamment avec des JRPGs anciens qui sont parfois à base de levelling abrutissant.À mon avis Final Fantasy IV ne tombait pas dans ce travers et je trouve dommage qu'on puisse désormais passer en force plutôt qu'en finesse. Et pourtant, si la simplification me perturbe sur un titre qui a marqué mes débuts de joueur, la même simplification s'est appliquée aux trois premiers Pixel Remasters et j'ai sincèrement aimé pouvoir traverser rapidement et facilement des jeux pour lesquels je n'avais aucune nostalgie pré-existante. Avec un peu de recul, ce qui est dommage, c'est d'avoir imposé une simplification plutôt que de donner au joueur la possibilité de paramétrer son expérience selon ses goûts. Il aurait suffi de quelques sliders pour ajuster le gain d'xp, le mode de difficulté ou les fréquence des escarmouches - et permettre à chacun d'aimer le jeu à sa façon. Il vous reste toutefois une alternative pour éviter de devenir trop forts, vous pouvez fuir les combats - et d'ailleurs je vous invite à en fuir au moins 1/3 si vous souhaitez maintenir le challenge au cours de l'aventure.
Pixel Re-Master & Re-Commandeur
Pour la collection Pixel Remaster, les développeurs ont fait le choix de coller le plus possible aux propositions d'origine, supprimant notamment des donjons post-game bonus. On perd en durée de vie à rallonge ce qu'on gagne en efficacité et ce choix me semble cohérent dans le contexte de rééditions. Je suis plus surpris par l'inexplicable disparition de la salle des développeurs, un easter egg amusant présent sur SNES - qui a été justifié parce que l'équipe n'était plus la même. C'est un peu dommage de ne pas avoir reconduit ce passage à l'humour décalé, amusant bien que totalement dispensable.
Comme pour les épisodes précédents, la traduction française - qui semble retravaillée sur la base du script GBA - s'autorise des fautes de syntaxe aussi inexplicables que choquantes. Par exemple, "Ils sont des enfants" ne se dit pas et je ne parviens pas à expliquer que de telles aberrations se retrouvent dans la version finale. Pour le coup, ça casse totalement l'immersion.
Du point de vue du fonctionnement, par rapport aux versions d'origine, ces remakes progressent sur certains points et régressent sur d'autres, en améliorant par exemple les informations statistiques et pratiques sur l'équipement, mais en ne donnant pas accès aux explications des commandes spéciales qui étaient dans le manuel, ou encore en faisant des choix ergonomiques qui dérouteront les habitués sans apporter d'améliorations.
Des sauvegardes automatiques sont ajoutées, mais sont loin d'être nécessaires puisque c'est avec ce jeu que sont apparus les points de sauvegarde dans les donjons. Les menus de combat sont toutefois mieux mis en œuvre que dans Final Fantasy III et on prend assez rapidement ses marques. L'inventaire infini et les flèches qui ne sont plus des consommables sont des changements bienvenus, par contre la commande de saut fonctionne désormais avec toutes les armes, ce qui semble être un bug plus qu'un changement.
La très décriée police pour le monde occidental, avec ses caractères rabougris et donc illisibles est hélas reconduite et si une mise à jour sur les ombrages a été réalisée, ce n'est vraiment pas ce qu'attendaient les joueurs, qui devront toujours aller bricoler les fichiers du jeu pour obtenir des lettres de taille suffisante, voire une police en pixel art. Les problèmes de déchirement de l'image semblent avoir été résolus. Si rien n'est dramatique, il y a toute de même quelques faux pas qu'on aurait préféré ne pas voir reconduits.
Ce qui saute le plus aux yeux avec ce Pixel Remaster IV, c'est que contrairement au cas des remakes des épisodes NES, l'upgrade visuel n'est vraiment pas nécessaire pour apprécier le titre. Il faut dire que Final Fantasy IV dans sa version SNES avait un look très réussi : les environnements étaient riches et jouaient avec des effets de profondeur, les sprites des personnages étaient très détaillés et animés avec soin et humour dans les combats, sans compter le chara design des adversaires particulièrement probant.
S'il s'avère dispensable, l'upgrade visuel est cependant fort agréable. On gagne avec ce Pixel Remaster un affichage en 16/9, de nombreux effets visuels notamment pour les magies qui sont beaucoup plus crédibles que dans le titre original, mais aussi l'apparition d'éléments d'ambiance comme le vent, la poussière, l'eau ou les ombres de nuages. Les nouveaux sprites des personnages sont très réussis et trouvent le bon équilibre entre enrichissement et respect de l'héritage. Sans compter que Cecil a enfin la classe lors des parties d'exploration. Par contre les adversaires sont quasiment identiques à la version 16 bits, gagnant légèrement en netteté, mais sans plus. Force est de reconnaitre que même si le jeu SNES est visuellement un cran en dessous du remaster, il a malgré tout très bien vieilli.
Pour les décors, cette version pixel remaster enrichit les assets des remakes GBA pour proposer des environnements plus riches, plus détaillés, parfois plus diversifiés en intérieurs. Les environnements sont plus chatoyants que dans l'original, tranchant avec le coté terne et sombre du rendu SNES et de petits détails dans les intérieurs achèvent de donner à l'univers une touche plus baroque. Dans l'ensemble, les changements sont réussis, bien que certains lieux perdent parfois en originalité. On se demande pourquoi certaines cartes ont été totalement refaites, notamment le dernier donjon à l'incroyable look d'outre-monde qui devient ici une vulgaire grotte poussiéreuse. Malgré ce faux pas, nous sommes bel et bien face à la plus belle version de Final Fantasy IV à ce jour, raccord avec ses origines et loin devant la version PSP qui dénaturait son ascendance 16-bits.
Là où cette version Pixel Remaster réussi à vraiment se donner une identité, c'est dans la partie musicale. L'OST d'origine était déjà incroyable, mais les réorchestrations symphoniques des compositions de Nobuo Uematsu poussent le niveau encore plus loin. Les thèmes sont tour à tour enjoués, entraînants, épiques, angoissants, et ils peuvent aussi se montrer beaucoup plus intimes, voire touchants. La musique est un véritable acteur du jeu et parvient à soutenir des émotions parfois poignantes. Final Fantasy IV dispose d'une bande son magistrale, toujours raccord avec l'action à l'écran, et c'est un bonheur de la retrouver dans ce remake.
Réorchestrer des thèmes qui accompagnent certains joueurs depuis 30 ans, qui ont été repris des centaines de fois par des amateurs comme par des pros qui n'hésitent pas à tout transformer avec bonheur, est un exercice risqué. Cette version Pixel Remaster tire incroyablement bien son épingle du jeu en suivant puis en dépassant la ligne directrice définie par SquareEnix pour ces remakes : rester le plus fidèle au jeu original. C'est très surprenant de constater à quel point de véritables instruments donnent un rendu qui ne dénature pas du tout le feeling Super Nes, mais osent au fur et à mesure qu'on progresse dans les morceaux proposer des variations inattendues.
Les arrangements originaux sont respectés et sublimés par des choix parfois osés et originaux. Les thèmes de combat mélangent habilement guitares électriques, cuivres et violons et pour un rendu dynamique, alors que certaines zones font se croiser piano, xylophones et flutes pour une ambiance absolument unique, mais on trouvera aussi des cors de chasse pour créer des moments feutrés ou des voix planantes au-dessus de thèmes futuristes. Les arrangeurs se sont même autorisés à utiliser dans certains morceaux des dissonances pour rajouter une touche malaisante, un peu décalée et très réussie. C'est particulièrement marqué lors des morceaux anxiogènes qui nous donnent des frissons dans le dos, mais on trouve aussi ces accents plus subtils comme une petite crispation introduite dans le thème des boss qui fait son petit effet. L'OST est tellement réussie qu'elle justifie à elle seule de s'intéresser à ce remake de Final Fantasy IV, surtout qu'elle est accessible dans un menu dédié.
Final Fantasy IV est un titre exceptionnel à bien des égards, mais c'est notamment celui qui a donné à la saga Final Fantasy l'impulsion la distinguant de ses nombreuses concurrentes - et pour cause, il y a dans ce titre tout l'ADN qui perdurera jusqu’à Final Fantasy X. L'histoire est palpitante, la galerie de personnages variée et pleine d'humour et l'apparition de l'ATB permet de proposer des combats aussi dynamiques et stratégiques que bien équilibrés - si on éviter de faire du leveling.
Au jeu des sept différences avec ses frères, Final Fantasy IV serait peut-être le mieux organisé de la bande, avec un rythme maîtrisé de part en part, une histoire dirigiste, mais très convaincante et un système de combat bien calibré via des personnages aux capacités très encadrées. Si l'épisode d'origine était légèrement desservi par des graphismes et une ergonomie un cran en-deçà de ses petits frères, cette réédition Pixel Remaster permet de gommer ces faiblesses pour ne garder que les qualités du titre.
Si vous ne connaissez pas la saga ou les épisodes 16 bits, Final Fantasy IV Pixel Remaster est une excellente porte d'entrée pour découvrir l'univers de Sakaguchi - pour ne pas dire la meilleure. Quant à ceux qui connaissent déjà le titre sur le bout des doigts, il va sans doute falloir se retenir très fort pour ne pas craquer pour quelques améliorations visuelles et une réorchestration à couper le souffle.
Test réalisé par Oulanbator sur PC à partir d'une version fournie par l'éditeur.
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