Test de Not for Broadcast - Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités

Deux ans après mon aperçu, j'ai pu mettre les mains sur la version finale de Not For Broadcast. Qu'en penser ?

C'est mon choix

Disponible en accès anticipé depuis début 2020, Not For Broadcast est sorti en version 1.0 le 25 janvier 2022. Pour rappel, son concept est assez simple : vous incarnez le monteur d'un journal télévisé, dont le travail débute le jour de la prise de pouvoir d'un régime totalitaire.

Le jeu propose un grand nombre de choix, divisés en deux catégories : de courtes aventures textuelles et les journaux télévisés, qui constituent les moments forts du jeu. Si la structure narrative est assez linéaire (en cela que l'histoire se terminera nécessairement le même jour, quels que soient vos choix), l'ensemble des choix ont un impact majeur sur le déroulement des événements. Ainsi, passer la publicité de telle ou telle société impacte la réussite économique de celle-ci, mais aussi la vie de ses clients. Plus encore, les décisions du joueur peuvent entraîner la mort de certains membres de son entourage. En outre, ces choix ont l'avantage de ne pas être simples : une bonne décision, de prime abord, peut en réalité avoir des conséquences catastrophiques à long terme.

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Le jeu contient un total de 16 épilogues. Si ceux-ci dépendent majoritairement de quelques décisions, ils sont aussi décidés par l'image globale qui s'est dégagée : avez-vous décidé de soutenir Advance, le parti totalitaire, censurant toutes les critiques à leur encontre, leurs adversaires ou êtes-vous resté neutre ?

Une partie normale dure une dizaine d'heures, mais en comptant toutes les variations narratives, le jeu contient plus de 42 heures de vidéo, le titre intégrant un grand nombre de séquences en prises de vue réelles. Cela a certainement demandé un investissement important et cela mérite d'être salué, ce d'autant plus que le jeu est intégralement sous-titré en français (même si quelques rares erreurs de sous-titres sont présentes).

Interférences

Les séquences télévisées constituent de loin la plus grande partie du jeu. Une partie en compte au total dix, d'une durée d'environ 45 minutes. Durant celles-ci, il est nécessaire de choisir les publicités et les images des gros titres, mais aussi de basculer entre les différents plans de caméras, de censurer les gros mots, etc. Lors de mon aperçu, je me plaignais de ce gameplay, particulièrement exigeant, au point qu'il empêchait de profiter de l'histoire : force est de reconnaître que les développeurs ont écouté la communauté sur ce plan. En effet, le jeu propose désormais quatre niveaux de difficultés, plus des options avancées, qui permettent à chacun d'expérimenter le titre comme il l'entend. Vous désirez un véritable challenge ? Le mode hardcore mettra vos nerfs à rude épreuve. Vous souhaitez juste profiter de l'histoire ? Activez le mode dédié et enchaînez les A+. Ces options sont extrêmement agréables.

Malheureusement, il demeure juste un léger défaut : c'est chiant. Comme je le disais, une séquence télévisée dure environ 45 minutes (en trois parties), impliquant plusieurs choix affectant l'histoire. Ces moments sont vraiment plaisants, mais ils sont en réalité très rares : la grande majorité du journal consiste juste à passer d'une caméra à une autre, ce qui affecte juste le score.

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Au terme de ma partie, j'avais très envie de recommencer pour explorer d'autres possibilités. Cependant, le jeu ne propose aucune option permettant de zapper des séquences n'ayant aucun impact sur l'histoire : il est possible de charger un ancien chapitre, mais c'est tout. Cela signifie que si vous désirez repartir depuis un certain point, il faut tout refaire depuis lors. Or, comme ces phases sont extrêmement ennuyeuses, il y a peu de raisons de se l'imposer, ce qui est dommage, tant l'histoire et ses multiples embranchements donne envie de l'explorer.

 

Thon

Dans l'aperçu, je relevais deux défauts du titre. Le premier, son gameplay exigeant, a été en bonne partie corrigé. L'autre, en revanche, est toujours intact : son ton est incohérent. Not For Broadcast présente une société dystopique dont le joueur est à la fois membre et observateur, rappelant des titres comme Papers, Please ou Beholder. Ce sujet est souvent intéressant et il est assez bien traité : le titre nous donne autant de raisons d'aimer que de détester les dirigeants du parti totalitaire, ne tombant donc pas dans le manichéisme.

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Cependant, il utilise également énormément d'humour, beaucoup trop pour son propre bien. Ainsi, il est régulièrement question de "biduleball", un jeu incompréhensible, les publicités sont souvent absurdes et certains intervenants feraient passer les pires participants d'émissions de téléréalités pour des Prix Nobel en comparaison. J'aime beaucoup l'humour, mais ici, cela dessert vraiment le propos : une séquence extrêmement sérieuse peut précéder une autre complètement absurde, ce qui paraît incohérent et sort le joueur de son immersion.

 

"Un bon concept, mais un mauvais montage"

Tel est le titre que j'avais donné à l'époque de mon aperçu. Deux ans après, force est de constater qu'il était malvenu. En effet, malgré les efforts indéniables - et louables - des développeurs, certains problèmes fondamentaux demeurent bien visibles. En réalité, plutôt que de seulement faciliter les séquences télévisées, il aurait aussi fallu permettre de les sauter, au moins dans un New Game+. De même, il aurait été préférable de réécrire une bonne partie du jeu, pour y inclure un ton plus sérieux.

Tout ceci aurait logiquement représenté un changement d'orientation trop important et les développeurs ont donc fait ce qu'ils ont pu. Le résultat final demeure appréciable : j'ai passé un bon moment sur le jeu et ne regrette pas d'y avoir joué. Cependant, ces défauts empêchent Not For Broadcast d'être un immanquable, de se hisser à la hauteur des autres titres évoqués dans cet article : c'est un jeu sympathique, auquel on joue avec plaisir quelques heures, puis qu'on oublie sans remord. Dommage.

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Test réalisé sur PC par Alandring grâce à une version fournie par l'éditeur.

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Plateformes Windows
Genres Aventure, simulation, contemporain

Accès anticipé 30 janvier 2020
Sortie 25 janvier 2022

Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.