Test de Martha Is Dead – La fin de l’innocence

Le studio LKA nous propose enfin son nouveau jeu. Comme avec the Town of Light, nous devons nous plonger dans une tranche de l'histoire de l'Italie et frissonner cette fois dans les champs de Toscane.

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Année 1944, les Alliés progressent en Europe à travers les défenses de l’AxE. Mais tout ceci paraît très loin pour Giulia, réfugiée avec sa famille dans une petite ferme en Italie. Passionnée de photo, son passe-temps est de tenter de capturer sur pellicule la faune locale. Cependant, un beau matin, le drame frappe à sa porte : sa sœur jumelle, Martha, est retrouvée morte. Accablée par le chagrin, la jeune fille cherche toutefois à comprendre ce qu’il s’est réellement passé. Était-ce pour atteindre leur père, un officier allemand ? Ou était-ce sa faute à elle, la sœur finalement un peu jalouse ?

Bella Ciao

Le jeu est une aventure narrative ; en vue à la première personne, il vous faut explorer le domaine et récupérer les divers objets ou documents qui vous servent dans votre enquête.

La photographie a une place importante dans la vie de Giulia. Elle garde toujours sous la main son appareil flambant neuf (pour l’époque) et il est nécessaire pour immortaliser certains évènements. Il faut alors régler l’ouverture, la focale, l’exposition… Ne craignez rien, tout ceci est très simplifié afin que même un néophyte puisse réussir les photos ; les conditions de succès sont clairement affichées et il suffit de tripoter les potards pour toutes les remplir. Pour les plus créatifs, certains accessoires peuvent être récupérés afin d’ajouter des effets.

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C’est bien beau de prendre des photos, mais il faut également les développer. Heureusement, notre personnage possède sa propre chambre noire à la cave. Encore une fois, les choses ont été facilitées. Au point que ces phases deviennent peut-être un peu trop répétitives, d’ailleurs.

Mais l’ensemble de ces possibilités reste agréable et permet d’introduire du renouveau dans la progression. Attention, ce n’est pas non plus du Project Zero : l’utilisation de l’appareil reste ponctuelle, vous n’avez pas le nez collé dans l’objectif dans toutes les occasions.

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D’autres propositions peuvent par contre s’avérer moins passionnantes. Certains passages paraissent inutilement obscurs (les courses dans les bois) ou n’ont pas un gameplay très intuitif (le théâtre de marionnettes). Néanmoins, ça reste mineur sur l’ensemble de l’aventure.

Des objectifs secondaires sont également proposés. Ces objectifs supplémentaires enrichissent grandement l’expérience, mais il ne faudra pas trop traîner pour les compléter ; en effet, leurs résolutions peuvent être bloquées selon votre progression dans l’histoire.

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Les mains dans le cambouis

Les déplacements sont classiques pour un jeu à la première personne. Il est possible de voir les points d’intérêts alentours d’une seule touche et une pression longue de la gâchette permet d’agir avec. Pour effectuer les diverses manipulations, tout se fait avec les gâchettes, parfois en ajoutant une direction au stick. On ne rencontre que très peu de QTE et l’échec ne fait alors qu’entraîner un nouvel essai. D’autres instants donnent l’impression de donner la chance au hasard, mais on suspecte vite que c’est bien illusoire ; la narration nous laisse globalement sur des rails, mais ces derniers restent agréables à suivre.

Si le tout est optimal à la manette, c’est un peu plus pénible à la souris ; disons que faire glisser le mulot sur trois largeurs de bureau pour changer une pellicule peut s’avérer fastidieux…

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Graphiquement, les décors sont réalistes et enchanteurs. Il n’y a que l’animation des personnages qui peut s’avérer un peu raide. On a également droit à quelques illustrations du plus bel effet. Le jeu tourne sous Unreal Engine 4 et il est possible de le lancer avec le mode RTX. Quelques légers glitchs peuvent être aperçus, mais rien de bien méchant.

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L’ambiance sonore n’est pas en reste. Les musiques sont maîtrisées et les bruitages réussis. Côté doublage, le jeu propose l’anglais, l’allemand et le chinois, mais c’est en italien que le jeu se doit d’être joué. Actrice de doublage déjà primée, Joy Saltarelli offre ici une excellente prestation dans le rôle de Giulia.

Tous les dialogues sont sous-titrés en français et les lettres et autres récits sont également traduits. Le choix est d’ailleurs étrange quand on lit les dernières nouvelles dans le journal : le canard est tout en italien, sauf les quelques encarts importants qui apparaissent en français. Ce choix laisse dubitatif, surtout que le personnage lit tout à haute voix (et donc avec les sous-titres associés).

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Do you bleed ?

Martha is dead ne fait pas trop dans l’horreur racoleuse. À vrai dire, les quelques jumpscares qu’on peut croiser s’avèrent même plutôt maladroits. Non, le jeu excelle plutôt dans sa manière de poser une ambiance glauque et malsaine : nous sommes plutôt là dans l’horreur psychologique. Les couleurs chaleureuses de la Toscane en été peuvent faire illusion, mais la noirceur n’est jamais bien loin.

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Et il est temps de s’attaquer à l’éléphant dans la pièce. Car, comme vous le savez probablement, Sony a demandé à quelques jours de la sortie de modifier certaines séquences jugées trop dures.

Alors, oui, il y a en effet certains passages pendant lesquels il vaut mieux avoir l’estomac bien accroché. Parfaitement justifiés dans la narration, ils n’en sont pas plus faciles à vivre. Et même si l’une de ces scènes me hantera encore pour un bon moment, c’est une histoire d’horreur que j’ai lancée, c’est ce pourquoi j’ai signé.

Un argument qui revient souvent est le fait que ces scènes soient “interactives”. C’est à mon sens peu recevable. Comme vu précédemment, la jouabilité consiste à presser sur des boutons et à pousser les sticks dans une direction fixe : ça suffit à simplement démarrer l’action et le jeu n’en demandera pas beaucoup plus au joueur par la suite. On ne martèle pas le bouton, on ne s’applique pas diriger tous les gestes du personnage. En termes d’immersion, d’interactivité, vous comprendrez qu’on a déjà vu mieux. En VR, ça aurait été une autre paire de manches, à la limite peut-être à la souris ; mais on parle de la version PlayStation et donc de la DualSense.

Qu’on appuie mollement sur des touches ou qu’on se contente de regarder, le cœur du malaise (et je dis ça en positif, vu le caractère horrifique de l'œuvre) reste ce que fait notre personnage, en vue à la première personne rappellerai-je. Et les développeurs ont toujours été clairs sur la chose, que ce soit durant leurs communications ou même par les encarts au démarrage d’une nouvelle partie. Sortez votre table de bingo : tout ce qui est énuméré est bien là.

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Martha Is Dead présente quelques maladresses techniques et certaines de ses propositions de gameplay peuvent paraître un peu hasardeuses. Mais son histoire intrigante, sa direction artistique enchanteresse, son ambiance dérangeante et l’originalité de son approche photographique l’emportent largement sur ces quelques défauts.

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Test réalisé sur PC par NeoGrifteR à partir d’une version fournie par l’éditeur.

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