Test de FAR: Changing Tides – Heureux qui comme Ulysse

Sorti en mai 2018, FAR: Lone Sails était un jeu assez atypique, le périple d’un petit personnage à bord de son étrange véhicule. Quatre ans plus tard, les Suisses de Okomotive nous proposent la nouvelle itération de leur formule. Souquez ferme, nous allons appareiller et voir ce qui nous attend au grand large.

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Ohé, ohé, capitaine abandonné

S’il n’est pas nécessaire d’avoir joué à Lone Sails pour apprécier ce nouveau titre, c’est toutefois conseillé afin de profiter des quelques références qu’on croise sur le chemin. C’est en tout cas un tout nouveau personnage que nous incarnons ici et, si l'aîné proposait des étendues arides après que les mers se soient asséchées, nous sommes maintenant confrontés aux océans qui ont recouvert les terres.

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Le cœur de la recette reste toutefois le même : un bonhomme seul et isolé embarque dans un étrange engin qu’il doit piloter lui-même. Il se lance alors dans un grand voyage jusqu’à son objectif, direction droite toute à travers un monde post-apocalyptique. Son chemin est régulièrement bloqué par d’antiques installations qu’il faut visiter afin de découvrir comment libérer la voie.

La narration est également du même acabit : entièrement environnementale, les seules lignes de texte que vous voyez sont celles qui expliquent comment diriger le personnage. Quant à la manière de manœuvrer le véhicule ou comment manipuler les différents puzzles, il faut le découvrir par l’expérimentation.

La direction artistique est toujours dans la même veine ; et ce n’est pas plus mal, tant le style et les lumières étaient déjà une réussite sur l’original. La progression est accompagnée de bruits d’ambiance parfois soulignés par d’agréables mélodies (jouées par de vrais instruments, au point d’entendre parfois le souffle de la flûtiste). La magie de l’ensemble opère toujours.

C’est un fameux un mât, fin comme un lamantin

Même formule, oui, mais son application est bien différente. Notre fidèle engin est ici un fier et large rafiot et les grandes étendues d’eau proposent des dangers et des décors inédits.

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Dans un premier temps, il faut progresser uniquement à la voile. Son maniement se fait via un levier et il faut continuellement l’ajuster afin de prendre au mieux le vent. Le drapeau qui bat contre le mât nous signale toujours si les conditions sont favorables, mais il sert aussi d’indicateur sur notre allure et le sens des alizés. Traverser les mers et briser les vagues s’avère agréable ; il ne manquerait plus qu’un ventilateur et un brumisateur d’eau iodée pour compléter l’ambiance.

Bienvenue en salle des machines
Au fur et à mesure de notre odyssée, on récupère aussi divers modules qui complètent les possibilités. Et, dès qu’on a accès à la salle des machines, on se met à sauter dans tous les sens afin de gérer la vitesse, la chaudière (plus de moteur à énergie, on est ici revenu à la machine à vapeur), l’alimentation en combustible et bien d’autres paramètres que je vous laisse découvrir. Le tout est même équipé d’un sonar qui vous prévient s’il y a des ressources qui trainent à proximité. L’installation est plutôt bien faite et tout est fait pour éviter des aller-retour fastidieux comme on pouvait en vivre dans le précédent épisode. Oh, je préférais peut-être les gros boutons rouges de l’autre ; mais c’est de l’ordre du détail.

Le personnage lui-même se voit offrir de nouvelles capacités : environnement marin oblige, il est capable de nager et de plonger vers les profondeurs. Autre révolution, il sait monter aux échelles ! Ne rigolez pas, son prédécesseur se cantonnait aux ascenseurs et aux escaliers.

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Moi, la mer, elle m'a pris. Je m'souviens un mardi.

Comment ça fonctionne, tout ça ?
La série des FAR est essentiellement narrative. Si c’est un ravissement de se laisser porter par les voyages qu’elle procure, il faut aussi savoir que la difficulté y est très faible. Les différents puzzles sont variés, mais guère compliqués. On peut s’inquiéter aux premiers abords de manquer de combustible pour notre progression, mais ces derniers se trouvent en abondance sur le trajet et on finit vite avec les soutes qui débordent. Notre personnage est également très robuste : il n’a aucun souci à rester longtemps sous l’eau, même avant d’obtenir son scaphandre, et il résiste étonnamment bien à des chutes vertigineuses. Tout est vraiment fait pour profiter sereinement de l’expérience.

Un voyage en allure de découverte dure environ cinq heures. C’est un peu plus long que Lone Sails, mais certaines sections peuvent être parfois inutilement longuettes. Les grands espaces maritimes proposent un changement d’environnement bienvenu, mais ils ont aussi un peu plus de mal à varier les décors. Cependant, le jeu arrive également à offrir des instants de grâce : un ciel d’orage, une nuit étoilée, les couleurs du crépuscule, une présence majestueuse…

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Un second run peut être envisagé : certaines sections peuvent être visitées depuis un autre point de vue. Mais attention, cela ne changera en rien la finalité de l’aventure ; ce n’est qu’un moyen de contempler d’autres décors. C’est du côté de la chasse aux trophées qu’on trouvera ce qui se rapproche le plus d’un challenge, avec notamment l’objectif de boucler une traversée en moins de 210 minutes.

FAR: Changing Tides réussit à reproduire la magie de son prédécesseur tout en apportant son lot de nouveautés. L’engin est un plaisir à piloter et l'univers agréable à découvrir. Si vous aimez les expériences narratives et acceptez sa difficulté bien légère, vous aurez l’occasion de faire là un bien beau voyage.

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Test réalisé sur PC par NeoGrifteR à partir d’une version fournie par l’éditeur.

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