Test de Tennis Manager 2022 - Le tennis n'est qu'une histoire de motivation

Les jeux de gestion sportive sont légion, mais rares sont ceux qui se font une petite renommée. À vrai dire, si Football Manager fait office de mastodonte du genre, les autres jeux (gestion de basket, de formule 1...) peinent à s'imposer. Ce qui n'empêche pas des studios de vouloir se faire un trou, à l'image du studio français Rebound CG qui, après un Tennis Manager 2021 qui a eu quelques bonnes critiques, propose cette année une deuxième édition alors que Roland-Garros bat son plein.

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Solide sur ses appuis

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Le premier contact avec Tennis Manager 2022 peut être aride. Avec son interface bourrée d'informations, on comprend vite que le titre de Rebound CG cherche à nous donner la main sur une multitude de paramètres qui concernent autant le terrain (avec la gestion des joueurs et des plans de jeu en match) que le vestiaire (moral des joueurs) ou l'évolution de l'académie de tennis que l'on dirige (infrastructures, staff, budget...). Plus qu'un jeu de management de joueurs, il s'agit en effet plutôt de diriger et de gérer au mieux une académie avec ses pensionnaires que l'on signe sous contrat, souvent avec une ou deux têtes d'affiche qui rapportent le plus de sous, et des plus jeunes joueurs et joueuses que l'on cherche à développer. Deux possibilités s'offrent à nous : prendre la tête d'une académie déjà établie ou créer la nôtre. On ne vous cache pas que sur une première partie il est fortement recommandé de récupérer une académie déjà existante, car cela permet de se faire la main sur les différents paramètres qui s'offrent à nous pour la faire progresser et pour briller sur les circuits ATP et WTA. Mais si le titre nous abreuve d'informations, on prend quand même vite nos marques, surtout quand on a déjà joué à un certain Football Manager : avec son interface calquée sur la simulation de Sports Interactive, Tennis Manager 2022 nous donne vite l'impression d'évoluer en terrain connu.

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Ainsi, on y retrouve des éléments complémentaires au-delà de l'interface. La gestion du staff est relativement similaire, avec le même équilibre à trouver entre les compétences techniques des préparateurs et entraîneurs ainsi que leurs compétences en matière de gestion des joueurs, des jeunes et plus généralement leur capacité à motiver les troupes. Cela permet de déléguer au maximum certaines tâches, notamment l'entraînement et la gestion des matchs de certains de nos pensionnaires, sauf pour les acharnés qui souhaiteraient tout contrôler de A à Z. Mais ce n'est pas tout à fait l'objectif du jeu, même s'il le permet, puisque le titre offre un paquet de possibilités de délégation à notre staff afin de pouvoir nous concentrer sur les carrières d'un ou deux joueurs, soit un jeune de l'académie pour le plaisir de le voir évoluer au fil des années, soit de notre star afin de maximiser les revenus et espérer l'emmener à la première place mondiale en brillant en Grand Chelem. Si l'on fait le choix de gérer l'entraînement, celui-ci consiste à choisir les domaines à travailler ainsi que leur intensité, ce qui a une incidence à la fois sur le moral du joueur ou de la joueuse (selon son tempérament et sa volonté d'intensifier l'entraînement), sur son évolution statistique, mais aussi et surtout sa forme physique à l'approche de tournois. Des tournois auxquels on inscrit nous-mêmes nos joueurs selon un calendrier assez gigantesque sur lequel on se perd aisément, avec la possibilité là aussi de déléguer à notre staff si besoin. 

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On se perd assez vite dans les premières heures, mais le jeu a un côté fascinant : on a envie d'avoir le contrôle sur l'ensemble de l'académie et voir nos joueurs progresser. Ce que le jeu fait assez bien en offrant une courbe de progression en douceur, permettant initialement de déléguer une bonne partie des options, afin d'en reprendre le contrôle petit à petit à mesure que l'on apprend ce que le jeu peut nous offrir. On aurait tout de même aimé plus d'aide, le jeu étant assez chiche en explications, notamment sur les entraînements et plans de jeu à mettre en place, ce qui pousse à l'expérimentation, mais cela rend la première saison fastidieuse. Autant l'expérimentation en match montre rapidement ses résultats, autant y aller à l'aveugle sur les entraînements ne montre ses réussites et ratés que très tard. Pourtant, le titre offre de nombreuses bulles d'aides à activer, mais celles-ci manquent souvent d'informations plus précises, ce qui pousse finalement à laisser notre staff agir à notre place dans de nombreux domaines jusqu'à ce que notre académie soit suffisamment solide (financièrement, notamment) pour qu'on reprenne peu à peu la main sans trop de risque. Une académie qui progresse à la fois par les résultats des joueurs et joueuses, mais aussi via les contrats obtenus avec des sponsors et le développement d'infrastructures d'entraînement, l'investissement sur le staff ou encore sur la qualité de vie au sein de l'académie (détente, formation sport-étude...). Quant à la progression des jeunes joueurs, elle était initialement bien trop simple et rapide, toutefois un patch lancé le 20 mai a rééquilibré leur progression.

Géré comme un club de foot

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Le tennis et le football n'ont pas grand chose en commun, pourtant il est difficile de ne pas voir une filiation avec Football Manager. Au-delà de son interface calquée, Tennis Manager reprend des composantes semblables pour la préparation des matchs : on met en place des plans de jeu à base de points et de flèche sur un terrain, insistant sur l'attitude à adopter (jouer en fond de court, faire du service-volée, être agressif, défensif, insister sur le lift...) en tentant soit d'imposer notre style, soit de contrer l'adversaire sur ses faiblesses qui nous sont données par nos assistants. La similarité s'observe dans l'interface de création du plan de jeu, qui s'apparente énormément à du football plus qu'à du tennis, avec une approche très tactique qui ne tire pas forcément partie des qualités du joueur. Il est difficile en réalité pour un joueur de tennis de jouer contre-nature, ses qualités individuelles primant sur tout le reste puisqu'il n'y a pas de collectif au contraire du football. Pourtant, les joueurs sont malléables à volonté dans Tennis Manager, répondant au doigt et à l'œil du sacro-saint plan de jeu dont ils ne dévient pas, rendant les matchs parfois trop simples : si notre staff décrit l'adversaire comme agressif, il ne faut pas hésiter à jouer en contre-attaque pour s'en défaire. Si cela ne nous mènera pas nécessairement sur le toit du monde avec un joueur moyen, cela permet tout de même de remporter la plupart des matchs et de réaliser quelques exploits contre des joueurs mieux classés. Finalement, tout ne semble être qu'une histoire de motivation plus que de statistiques ou de qualités et défauts de joueurs, dans un jeu qui manque d'équilibre. Certes, le jeu fonctionne plutôt bien et donne envie de s'y attarder, mais Tennis Manager 2022 manque un peu de personnalité et aurait certainement tout intérêt, pour l'avenir, à trouver sa propre formule sans trop se concentrer à faire du Football Manager. 

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Visuellement, le jeu s'en sort plutôt bien avec une interface claire et pratique dès lors que l'on en saisit les principaux paramètres importants, tandis que les matchs représentés en 3D ne font pas de miracles. Toutefois, ils sont suffisamment fidèles pour que l'on puisse vite observer ce qui cloche ou non dans notre opposition, néanmoins ils s'avèrent parfois très frustrants avec des joueurs qui manquent des balles simples et peu puissantes. C'est un problème récurrent toutefois dans ce type de jeu de gestion sportive, où il faut trouver un équilibre entre la représentation visuelle et la nécessité d'offrir des matchs aux statistiques (nombre de balles échangées, aces, coups réussis et manqués...) fidèles à la réalité. Cela donne des oppositions parfois un peu artificielles et on ne vous cache pas qu'en dehors des premières heures, on a vite laissé tomber l'observation des matchs en 3D pour se concentrer sur les statistiques de matchs elles-mêmes afin de décider des ordres et plans de jeu confiés à nos stars. On regrette également l'absence de licences, la plupart des joueurs et tournois ayant des noms fantaisistes (mais inspirés de la réalité). Heureusement, il suffit d'un petit tour par le Steam Workshop pour trouver un mod qui corrige tous les noms.

Conclusion

Si on s'interroge sur la personnalité du jeu alors qu'il reprend beaucoup de choses d'un Football Manager en l'adaptant au tennis, il faut bien avouer que le titre a ses qualités. Imparfait à cause de tactiques trop simplistes (il suffit, le plus souvent, de s'adapter à l'adversaire pour l'emporter) et chiche en explications alors qu'il nous balance un volume impressionnant de paramètres et d'informations à prendre en cause, Tennis Manager 2022 reste une expérience sympathique si l'on a un jour rêvé de diriger une académie de tennis. On regrette l'absence de licences, mais comme tout bon jeu de gestion sportive qui se respecte, il ne suffit que de quelques secondes pour installer un mod qui répare ce souci. Pour l'avenir, on espère quand même que la licence saura prendre son envol et amener de nouvelles idées sans trop se calquer sur Football Manager, car le monde du tennis a des spécificités (notamment dans l'approche des matchs, qui ne se résume pas qu'à un plan de jeu à suivre à la lettre) que cette gestion façon club de foot perd de vue.

Test réalisé par Hachim0n sur PC (Steam) à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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