Test de Tour de France 2022 - C'est reparti pour un Tour

Un planning qui jamais ne déraille

C'est l'un de ces innombrables jeux sportifs annuels qui ne manquent jamais l'exercice, à la façon d'un FIFA, un Madden ou un MLB The Show pour les jeux à licence, mais dont le public est très probablement plus restreint que ces derniers : Tour de France 2022 est bien là pour satisfaire les aficionados et comme les autres, il tente comme il peut de séduire les néophytes. Mode entraînement à faire et refaire pour se familiariser avec les commandes, gameplay simplifié au mieux, nombreuses options d'accessibilité et multiplicité des modes de jeu : Cyanide sort le grand jeu pour faire vivre le dernier-né de la licence et le différencier de ses prédécesseurs. D'abord, un rappel : comme le signalait avec justesse le bon Mr-CDL dans son test de Tour de France 2020, la franchise ne se veut pas un concurrent direct à Pro Cycling Manager. Ici, l'accent est mis sur vivre la course, se mettre dans la peau de son coureur pour arracher des victoires et des maillots. Si vous voulez de la véritable simulation de manager, il faut se tourner vers l'autre franchise.

La proposition est claire, et le jeu s'appuie sur ses nombreux sponsors et partenariats avec les équipes du Tour pour attirer le fan. Comme souvent dans les jeux à licence, parfois certains manqueront à l'appel ou auront des noms "qui ressemblent" (coucou Alaphilix le Gaulois - ça va pour lui on s'est pas fait suer hmm...) mais la grande masse est bien là pour combler les connaisseurs. Évidemment, on commence par une ou deux petites courses, avant d'enchaîner sur le Tour de France lui-même... Mais déjà, calmons les ardeurs des joueurs de courtes sessions : OK il est possible de faire des "avances rapides" dans les courses pour pouvoir abréger la majeure partie de courses ennuyeuses (le commentateur lui-même ne s'y trompe pas en conseillant sincèrement d'y recourir lors des épreuves de plat quand il ne se passe rien !), mais si vous voulez vivre l'expérience réelle, il faut parfois faire preuve de patience : ce n'est pas en "temps réel" mais sans avance rapide il faut bien plus d'une heure pour finir une seule étape... Alors quand il s'agit juste de doser l'accélération de son coureur en appuyant plus ou moins sur la gâchette de sa manette, on comprend vite que cette avance rapide nous fait gagner de précieuses dizaines de minutes et qu'on ne reprend la main que quelques kilomètres avant des moments de courses, comme les sprints pour les maillots verts, à pois ou les fins d'étapes.

C'est l'été : on s'épile le maillot jaune entre guerriers du bitume

Comme dit précédemment, le jeu n'est pas avare en modes de jeux. Et à l'instar des autres jeux de sports cités plus haut, on retrouve des classiques trouvables partout : outre les courses simples et l'entraînement, on peut gérer  une équipe (mode Pro Team), la carrière d'un coureur en particulier (mode Pro Leader) ou même participer à des courses et événements hebdomadaires en ligne, car oui c'est l'une des nouveautés de cette itération :  des challenges à disputer entre joueurs de la communauté avec un classement en ligne. Parmi les autres nouveautés, on annonce aussi une IA améliorée "avec un peloton plus offensif et des échappées plus collaboratives" (pas non plus transcendant) ou l'arrivée des blessures et maladies pour les coureurs. Les pauvres, ils n'avaient pas besoin de ça... Il sera heureusement possible d'activer et désactiver cette option à sa guise.

Contrairement à un des maillots, tout n'est pas rose. Testé sur PlayStation 5, le jeu est certes fluide mais c'est moche, insipide et c'est la fête des clones. Tous les coureurs se ressemblent sur la ligne de départ ainsi que sur le podium, et je reconnais qu'il est certainement plus simple et optimisé pour le moteur de jeu de gérer des dizaines de coureurs identiques, mais même le décor n'a aucun soin particulier si ce n'est quelques rares effets de lumière sympathiques. L'interface n'a rien de très sexy et côté musiques et effets sonores il ne faut pas s'attendre non plus à du grand spectacle. Après tout, ce ne sont que quelques courses de vélo, pas un show de Jean-Michel Jarre, c'est vrai. Les commentaires sont redondants à la fois en course, dans le public du décor (assez réaliste avec les gens pénibles qui viennent au beau milieu de la route pour faire coucou, heureusement eux ils dégagent quand on leur fonce dessus) ou dans l'interface de gestion d'équipe. Rien dans le jeu ne fait next-gen et ça a complètement l'odeur du jeu "bis" qui ne fait qu'ajouter quelques petites choses à un jeu qui tient le pavé (ho ho) sans prendre de risques.

Et c'est la chute, les nerfs en peloton

C'est bien beau tout ça, mais franchement, si on n'est pas fan du Tour de France voire de vélo, que retirer du jeu ? Il s'agit clairement d'un jeu de niche, à réserver exclusivement à un public averti : contrairement à un jeu de foot ou de base-ball où on peut enchaîner vite fait quelques courtes parties, on a ici affaire à un jeu de course de vélo. Alors, si on n'a pas une affection particulière pour ce sport, le constat est simple : on s'ennuie ferme. On se demande même pourquoi on y joue. Alors, on fait un avance rapide sur sa course en grimpant sur son Moustache et on termine l'étape. C'était passionnant ? Bah non, pas trop. Les autres modes sont du même calibre et gérer une équipe ou un coureur n'aura pas la même intensité que sur un jeu dédié comme les PCM.

Pour les autres qui sont amoureux du vélo, il faut juste répondre aux questions : a-t-on déjà une mouture précédente du jeu ? Si oui, est-ce que les nouveaux modes de jeu sont-ils suffisants pour justifier de l'achat du nouveau titre ? Vous y trouverez probablement votre compte si vous avez envie de vivre une étape (ou plus) au cœur du peloton. 92 étapes au total dont les 21 du Tour, sans compter les courses en ligne, il y a de quoi faire. Mais pour de futures éditions, il faudra sérieusement penser à passer plus qu'un petit coup de polish avec quelques bonus et en profiter pour donner un cadre flambant neuf à la série et jeter le vieux au recyclage.

Test réalisé par Bardiel Wyld sur PlayStation 5 à partir d'une version fournie par l'éditeur.