Test de Saints Row - En attendant mieux ?

Je suis l'actualité de ce nouveau Saints Row depuis quelques mois et au gré des annonces mon engouement pour le titre a effectué des hauts et des bas. Tout d'abord, en haut en apprenant l'arrivée d'un nouveau Saints Row puis du bas en voyant l'abandon du côté complètement barré des derniers titres pour un reboot un peu plus sérieux et à nouveau un peu en haut après les quelques démos. Et donc au final, ça donne quoi ?

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On se calme... un peu

Après avoir pété la tronche d'extra terrestres et visité l'enfer, on se demandait où Saints Row 5 allait nous emmener. Mais les auteurs n'ayant pas non plus la réponse, ils ont décidé de faire un retour aux sources : fini le délire, le crime c'est un truc sérieux.

Enfin, plus ou moins, car si le cœur du jeu redevient la construction d'un empire du crime, les actions et moyens mis à disposition ont plus à voir avec un Bip bip et Coyote que The Wire.
La comparaison avec le célèbre dessin animé a d'autant plus à voir que ce Saints Row se déroule dans une ambiance western moderne avec une ville de Santo Ileso située au milieu du désert et découpée en 15 districts aux styles assez variés allant d'El Dorado avec ses casinos très Las Vegas à Monte Vista qui a plus à voir avec les quartiers riches de Los Angeles.

Dans ce reboot de Saints Row on incarne "Le Boss" qui est accompagné de ses 3 colocs :
- Eli le comptable au style hipster
- Kevin le DJ fier de ses abdos exhibés en permanence
- Neenah la pilote badass

Lors des présentations, lorsque que j'ai découvert ce groupe avec un boss ayant tous les traits du leader progressiste version Hollywood j'ai eu très peur…

On est une bande de jeunes on se fend la gueule

Heureusement, dans les faits ça passe beaucoup mieux.
Tout d'abord parce que l'on est immédiatement invité à personnaliser notre boss et le moins qu'on puisse dire est que l'outil mis à notre disposition pour ça est très puissant et permet de donner naissance à n'importe qui et même on pourrait dire n'importe quoi. À peu près tous les délires sont possibles et on peut presque en arriver à se dire qu'il est dommage d'avoir des costumes complets dans le jeu qui cachent tous les détails qu'on a pu créer. Mais évidemment rien n'oblige à les porter et on peut tout à fait parcourir le jeu en tenue d'Adam, le sexe restant néanmoins caché par un effet qu'on peut choisir.

Ensuite parce que le groupe qui était pour moi visuellement imbuvable s'avère dans les faits très supportable. Un peu pour une mauvaise raison : hors missions d'histoire, ils sont totalement dispensables. Mais en même temps ils peuvent aussi être à l'origine des missions les plus drôles du jeu.
Concernant la partie scénario (qui se boucle en 15-20 heures), il s'agit de construire l'empire des Saints à partir de rien en conquérant Santo Ileso quartier par quartier, ce qui est finalement assez classique pour du Saints Row si on enlève la surcouche délirante des précédents titres.

Une petite nouveauté est la gestion de l'Empire des Saints sur une carte qui permet de personnaliser les lieux via une quinzaine d'endroits spécifiques à certains emplacements prédéfinis : la gestion des déchets toxiques dans le quartier des riches est un pied de nez que j'apprécie.

Les missions d'histoire sont variables en intérêt, mais globalement c'est vraiment amusant. Même si on revient à des choses moins délirantes que lors des précédents Saints Row, certaines missions sont quand mêmes drôlement idiotes.
Tout ce qui est missions annexes, qui représentent en temps potentiel la majeure partie du jeu, peut tourner au rébarbatif entre les contrats d'assassinat, le vol de voitures ou encore le nettoyage des déchets toxiques, mais chaque joueur pourra trouver son style de jeu que ce soit se contenter de l'histoire, développer son empire du crime avant tout ou un entre deux selon les envies.

Pas de réVolition

Les Saints Row ont toujours été techniquement en dessous de ce qui se fait ailleurs au même moment avec l'excuse de sacrifier la technique pour le fun et l'expérience de jeu.
En ce qui concerne ce reboot, c'est encore un peu le cas, mais de façon bien moins marquée qu'avant, ce Saints Row là est plutôt très correct visuellement - avec même de jolis effets de lumière - et le framerate est constant même lors de certains délires pyrotechniques.

Néanmoins, on est loin des standards des gros titres, le jeu gardant un côté cartoon qui économise les effets, un peu de clipping en voiture et d'un flou à distance qui économise le processeur graphique.
Mais ne boudons pas notre plaisir, pour du Saints Row on sent qu'un palier a été passé et ceci peut être grâce au remastered du 3ème opus qui lui ressemble beaucoup du point de vue qualité graphique.
Il faut quand même être honnête et reconnaître que si ça tourne correctement, c'est aussi parce que les rues sont relativement vides. Alors oui, ça se justifie parce que Santo Ileso est paumée dans le désert, mais c'est un peu facile pour éviter de devoir afficher des embouteillages ou des larges foules.

Du côté du gameplay, pas de réel changement ni progression : vu qu'il est toujours impossible de se mettre à couvert façon Gears of War les affrontements sont toujours très bourrins.
On arrose les ennemis avec un arsenal (trop ?) classique de pistolets, smg, fusil, lance roquette et autres joyeusetés pour vider leurs barres de vie. Il n'y a pas trop de sensations d'impacts vu que visiblement seuls les tirs dans la tête font plus de dégâts, mais sont insuffisants pour tuer en une balle (hors fusil type sniper ou pompe à bout portant).
Le manque de punch à distance est compensé par un combat au corps à corps amusant surtout avec le principe de "finish" qui permet de tuer un ennemi quelle que soit sa vie tout en regagnant la nôtre, mais pour cela il faut que l'éventuelle barre d'armure ait d'abord été vidée.
Notons également la présence de skills variés et parfois drôles comme la grenade dans le slip qui permet de personnaliser et varier les capacités de notre Boss.
Les ennemis sont d'une stupidité rare et quand on se fait avoir c'est avant tout sous le nombre parce qu'entre ceux qui décident de ne plus tirer sans raison ou ceux qui viennent au corps à corps et ne tapent pas, on peut dire que le joueur n'est pas trop mis sous pression (en difficulté normale en tout cas).

Enfin, du côté pilotage, on est dans l'arcade et le fun avant tout : notre véhicule peut supporter un nombre de chocs énormes sans qu'on en souffre, les dérapages dépendent de notre dextérité à la manette plus que du moindre réalisme et on a vite fait de rouler comme un bourrin à travers le désert plutôt que de se servir sagement du GPS.

Faute de grives...

Comme dans les jeux précédents on peut débloquer des quantités énormes de vêtements pour personnaliser au mieux notre boss tout comme il est possible de personnaliser les voitures et armes qu'on possède. Mais on regrettera que ce soit un peu la seule carotte pouvant motiver à progresser hors histoire vue la répétitivité des missions et des combats. Le jeu manque par exemple de rencontres aléatoires qui mettraient du piment au fait de se balader sans but précis.

J'ai reçu le titre tardivement pour le tester, mais ça n'a pas empêché que j'ai subi un nombre de bugs un peu trop important pour un jeu console, certains marrants et d'autres bloquants. Néanmoins, suite à un récent correctif, les choses vont visiblement mieux, je ne doute pas que Volition fasse un bon suivi de son titre. Il faudrait d'ailleurs corriger ces sous-titres qui s'affichent plus vite que les dialogues surtout que l'audio n'est qu'en anglais.

Moi qui ait beaucoup apprécié les épisodes 3 et 4 pour leurs délires, je ne peux conseiller ce reboot sur ces bases, car il prend une direction différente, plus sage. Mais cela ne m'a pas empêché de m'amuser avec pour ce qu'il est : une version cartoon et moins ambitieuse de GTA 5. J'aurais aimé ne pas avoir à citer le titre de Rockstar, mais Volition ayant décidé de revenir aux sources, ils doivent assumer de se remettre en concurrence directe avec le boss du genre, ce qui évidemment ne peut être à leur avantage.

Mais GTA 5 ça date et on ne sait pas quand sortira GTA 6, ce qui permet à Saints Row d'être un peu seul en titre frais en monde ouvert de gangsters.

Et puis, au delà du manque de concurrence, c'est quand même un titre doté de qualités intrinsèques qui le rendent suffisamment recommandable à ceux qui aiment le genre et qui y trouveront plusieurs dizaines d'heures d'amusement et peut-être plus particulièrement s'ils peuvent jouer avec un ami, car le jeu permet de parcourir Santo Ileso à deux (non testé).

Ce nouveau Saints Row n'est donc pas une mauvaise pioche à partir du moment où l'on met pas la barre de ses espoirs trop haut et qu'on sait qu'on l'achète plus pour nous amuser un petit moment que pour nous émerveiller longuement.

Testé par Aragnis sur PS4 Pro avec une version fournie par l'éditeur.

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