Test de The Gallery - FMV prosélyte

Après le réussi The Complex et le moins réussi Five dates, la nouvelle réalisation de jeu FMV de Paul Raschid arrive sous le nom de The Gallery, titre plus ambitieux artistiquement que les précédents, mais aussi plus casse gueule.

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Bon sur la forme

The Gallery nous propose de jouer à deux histoires "différentes", l'une se déroule en 1981 et l'autre en 2021.
En réalité les points communs entre les histoires sont nombreux : le lieu principal est une galerie d'art, on incarne le conservateur, les personnages principaux sont incarnés par les mêmes acteurs dans les deux époques et certains dialogues sont identiques.
Du point de vue du gameplay, les deux sont indépendants et jouables dans l'ordre que l'on souhaite, les clins d'œil entre les époques fonctionnant dans n'importe quel sens.

Côté réalisation, c'est très propre, avec une belle image et une caméra qui sait ne pas être monotone. Le casting n'est pas en reste avec dans les 2*2 rôles principaux Anna Popplewell (Susan de Narnia) et George Blagden (Athelstan dans Vikings) qui sont parfaits dans leurs incarnations de personnages pourtant opposés selon les époques. Le reste du casting se débrouille bien, il n'y a pas d'acteur jouant mal.

Les choix proposés, pour lesquels on peut définir qu'il y ait un temps limité pour répondre ou pas, sont assez peu nombreux : comptez environ 20 choix pour une heure d'histoire. Des indications à l'écran permettent de savoir s'ils ont influencé l'histoire et/ou votre relation avec l'antagoniste, mais c'est assez peu utile et casse un peu l'immersion.

Sur le fond moins

En plus d'être relativement peu nombreux, les choix ont parfois un effet pas évident à définir que ce soit dans leur réalisation ou dans leurs résultats. Certains choix peuvent même n'avoir aucun retentissement selon comment l'histoire évolue, ce qui donne une sensation assez bizarre quand après avoir fait un choix qui paraît important rien n'en résulte. Le premier problème de The Gallery se situe donc dans sa nature de FMV : on se sent parfois plus spectateur de l'histoire qu'acteur alors que ça devrait être l'inverse.

Les deux histoires se passant dans une galerie d'art, le sujet principal du récit est la peinture et les peintres. S'il ne verse pas trop dans l'intellectualisation à outrance de l'art, se contentant globalement de platitudes et de réflexions simples, le sujet peut être profondément ennuyant pour ceux que les peintures n'émeuvent pas.

Avoir une bonne conclusion passe par faire les bons choix, ce qui dit comme ça ne paraît pas gênant. Mais quand les bons choix sont très orientés politiquement et socialement, ça peut le devenir.
N'espérez pas vous en sortir si vos réponses ne sont pas celles que pourraient donner Jean-Luc Mélenchon ou Sandrine Rousseau. Ceci est un peu visible dans l'histoire de 1981, mais est particulièrement prégnant dans celle de 2021 au point que ça peut en être gênant.

Enfin, les diverses fins que j'ai pu expérimenter ont été peu variées et dépendent principalement de la relation que j'avais avec l'antagoniste.

Pas une toile de maître

The Gallery est une évolution très positive sur la forme par rapport aux FMV précédents du même auteur avec une réalisation ambitieuse et un très bon casting. Néanmoins, le double récit ayant pour point central l'art pictural en laissera plus d'un insensible.

Le fait d'avoir deux histoires à 40 ans d'écart aurait pu être une bonne idée si elles s'étaient enrichies l'un et l'autre. Mais en étant indépendantes tout en se repompant, cela donne plus l'impression d'avoir droit à un rajout à peu de frais histoire que le jeu ne dure pas qu'une heure.

En terme de rejouabilité, on peut faire avance rapide sur les séquences déjà vues, ce qui permet de faire d'autres choix, mais c'est là qu'on se rend compte que les histoires sont sur d'assez gros rails et ne changent finalement pas tant que ça.

The Gallery est donc pour moi une déception, car il m'a donné la sensation qu'il était plus important pour le créateur de passer des messages que de réaliser un jeu.

Testé par Aragnis sur Switch avec une version fournie par l'éditeur.

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Plateformes MacOS, Nintendo Switch, PlayStation 4, Windows, Xbox One
Genres Aventure, film interactif, contemporain

Sortie 8 septembre 2022 (Monde) (Nintendo Switch)
8 septembre 2022 (Monde) (PlayStation 4)
8 septembre 2022 (Monde) (Xbox One)
8 septembre 2022 (Monde)
8 septembre 2022 (Monde) (Windows)

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