Test de NBA 2K23 - Dans une nouvelle dimension

La question est la même chaque année : les opus annuels des licences sportives valent-ils le coup ? Souvent caricaturés comme de simples mises à jour de licences, ces titres doivent en effet convaincre année après année du bienfait du passage à la suite, en espérant y trouver des ajustements de gameplay. Car si le cœur du jeu n'est que rarement bouleversé, c'est sur les détails que les différences se font et NBA 2K22 l'année dernière montrait parfois les limites de ce que 2K peut encore proposer pour améliorer son titre. C'est avec tout cela en tête qu'on se lance à NBA 2K23, avec l'espoir d'une forme de courage dans les choix effectués par le studio et le moins que l'on puisse dire c'est que l'on n'a pas été déçus. 

nba-2k23.jpg

La gloire de Jordan

NBA2K23_20220915203955.png
Après son édition à la gloire de Kobe Bryant l'année dernière, 2K mise cette fois-ci sur une autre légende de la NBA : Michael Jordan. Bien inspiré par le succès de The Last Dance sur Netflix, le jeu nous propose un mode "Jordan Challenge" dans lequel une série de quinze matchs emblématiques de la carrière de Jordan peuvent être rejoués, entrecoupés de quelques interventions d'hommes clés de l'époque et d'images d'archives. Moins bien mis en scène que la série documentaire de Netflix, mais toujours hagiographique, ces Jordan Challenge retracent sa carrière, de ses débuts universitaires à ses plus grands exploits en NBA, en passant même par la fois où la Team USA envoyée aux JO, composée de joueurs universitaires (car la NBA refusait d'y envoyer ses pros) a terrassé l'équipe All-Stars de la NBA en 1984. Au-delà du gimmick et du plaisir de jouer ces matchs qui ont fait l'histoire, le véritable coup gagnant de 2K, c'est d'avoir fait le choix de métamorphoser son titre, visuellement, à cette occasion. En effet, au-delà des joueurs et de leurs maillots d'époque qui sont modélisés fidèlement, c'est tout le reste qui rappelle les années 80 et 90 : l'habillage TV (avec l'affichage du score), les salles d'antan avec un public plus lointain et moins de sponsors ou même un filtre sur l'image pour donner l'impression de regarder la rediffusion d'un match sur un vieil écran cathodique. Efficace, cette mise en scène nous replonge au temps où le basket était différent, peut-être plus posé et défensif, et où les joueurs spectaculaires étaient plus rares. Au-delà des Jordan Challenge, on retrouve cette même volonté de regarder vers le passé avec le mode Ma NBA qui, cette année, permet de faire carrière aussi à différentes ères. Il y a l'ère Magic vs Bird (années 80), l'ère Jordan (90), l'ère Kobe (début 2000) et l'ère actuelle. À chaque fois, on retrouve les équipes et joueurs correspondant à leur époque, ainsi que les règles d'antan sur les fautes, avec un travail fou sur l'ambiance et les saisons jouées qui donnent le sentiment d'avoir remis un jeu de basket d'époque dans la console. Fascinant, ce mode représente un boulot monstre qui révolutionne complètement le jeu en solo des NBA 2K, un choix assez fabuleux qui, plus que jamais, donne envie de passer de très nombreuses heures sur le jeu. Tant pour profiter de joueurs qui ont pris leur retraite depuis bien longtemps que pour se replonger dans des pans d'histoire de la NBA ou même pour le plaisir de refaire l'histoire en faisant jouer dans la même franchise deux stars qui ont marqué leur époque par leur rivalité.

NBA2K23_20220916233820.png
Quant au mode carrière dans lequel l'on crée notre joueur, on reste sur quelque chose de plus classique et similaire à ses prédécesseurs. Là encore, la création du basketteur passe par la définition d'un style de jeu qui conditionne les statistiques maximales atteignables dans chaque compétence (afin d'éviter d'avoir un pivot qui shoot à trois points avec l'efficacité de Curry). Des points d'insigne, qui se débloquent selon les statistiques en match (marquer beaucoup de points fait progresser l'insigne du shoot, par exemple), permettent quant à eux d'obtenir des compétences particulières déclenchées selon les situations, comme la capacité à dunker devant un adversaire, être plus efficace quand on est mené ou encore avoir plus de résistance au poste, etc. À côté, le jeu réside encore dans la progression avec les points VC, obtenus en match (peu importe le mode) ou en les achetant avec nos sous. Pour ce qui est de la carrière elle-même, 2K insiste sur la progression qui emprunte au RPG, avec la ville ouverte que l'on peut parcourir pour obtenir différentes quêtes scénarisées entre deux matchs de NBA. Si cela reste efficace, avec un certain plaisir à explorer "The City" et à faire progresser notre joueur, le titre souffre toujours d'un grand nombre d'allers-retours rendus pénibles par la lenteur du personnage, y compris en utilisant un skateboard pour se déplacer un tantinet plus vite, et par les nombreuses chutes de framerate dans les zones un peu plus visitées. Pourtant, ce NBA 2K23 propose une ville plus petite que son prédécesseur et un système de métro pour se déplacer rapidement, mais ça reste compliqué, avec le sentiment que tout cet habillage n'est qu'une excuse pour nous pousser à explorer les nombreuses boutiques sponsorisées du monde ouvert. Des boutiques où l'on peut acheter, moyennant les mêmes points VC que ceux qui permettent de progresser, diverses tenues et accessoires pour se démarquer de tout le monde. Certes, on y trouve aussi de nombreux terrains pour du basket de rue, mais ceux-ci sont accessibles depuis un menu sans avoir à se farcir le déplacement.

Un plaisir radical

NBA2K23_20220918135909.png
C'est aussi sur son gameplay que NBA 2K23 étonne, et divise. Le gameplay est résolument plus accessible, plus fluide, plus rapide, avec comme souvent une priorité donnée à l'attaque : les néophytes s'y retrouvent bien mieux, avec un jeu moins aride à pratiquer. Moins exigeant sur l'ouverture d'un shoot pour espérer marquer, on peut tenter des choses autrefois impossibles en étant sous pression et avoir un espoir quand même que ça entre, d'autant plus que les joueurs les plus performants au dribble passent plus aisément, quitte à rendre la défense particulièrement frustrante tant il semble difficile, voire impossible, de résister à certains joueurs. C'est un choix très radical, à l'opposé de NBA 2K22 qui était plus posé, et c'est un choix qu'à titre personnel je salue tant cela est salvateur pour un jeu qui avait parfois tendance à s'enfermer dans un élitisme sur son gameplay. Moins orienté vers les stratégies à utiliser en temps réel et plus permissif, le jeu trouve le petit grain de folie qui lui manquait autrefois. Une roue colorée sous le joueur permet d'ailleurs de mieux identifier les moments où le shoot ou la passe est ouvert, avec des couleurs passant du vert au rouge selon la situation pour mieux comprendre le risque de se faire intercepter ou contrer est plus important. De la même manière, la barre de timing est facile à appréhender, pour mieux saisir le timing attendu selon les différents shoots. Le contrecoup à tout cela c'est que le titre devient vite une foire aux trois points, mais c'est assez conforme au basket moderne. Et c'est sur ce point que les ères NBA ratent leur coche : le gameplay aurait mérité d'être plus lourd, à l'ancienne, quand on joue avec une saison dans les années 1980 où le basket était alors bien plus défensif.

NBA2K23_20220925202429.png
Cependant, ce plaisir ne nous fait pas ignorer l'éternel problème des NBA 2K. C'est leurs points VC, ces crédits obtenus en match permettent à la fois de développer notre joueur, acheter des objets cosmétiques et obtenir des packs dans le mode MyTeam, le Ultimate Team de NBA 2K. Et ces crédits sont difficiles à obtenir, environ 800 pour une victoire et performance correcte en mode carrière avec notre joueur et bien moins dans les autres modes, alors qu'il nous en faut un sacré paquet pour obtenir tout ce que le jeu peut nous proposer. À titre d'exemple, après une dizaine d'heures en mode carrière, nous n'avons fait progresser notre personnage que d'une note générale de 60 jusqu'à 65, note ridicule par rapport aux stars de la NBA. Et c'est bien dommage, car avare en points VC, NBA 2K ne cesse de pousser ses joueurs vers ses microtransactions (200 000 points se monnaient 50 euros) pour peu que l'on souhaiterait être compétitif en mode carrière, notamment dans "The City" où les matchs de rue contre des joueurs en ligne sont légion. Si cela n'empêche pas d'aller au bout du mode carrière, on finit par ressentir une lassitude face aux miettes de points distribuées par le jeu, rallongeant artificiellement la progression.

Conclusion

NBA 2K23 est très certainement une des plus belles surprises de la licence depuis bien longtemps. En faisant un choix plutôt radical sur son gameplay, le titre s'ouvre à un public plus large sans pour autant perdre la précision et l'exigence, à plus haut niveau, qui font sa renommée. Et plus encore, c'est l'investissement sur le solo qui fait plaisir à voir, pour une licence qui a beaucoup délaissé cette partie là ces dernières années au profit de son MyTeam où règnent les microtransactions. L'intérêt est donc relancé pour une licence que l'on a souvent accusé de trop prendre son temps et de se reposer sur ses lauriers, encore plus depuis que son concurrent historique a abandonné et disparu de la circulation. On aimerait que le jeu soit plus honnête sur la progression du joueur en mode carrière, avec moins d'incitations à sortir la carte bleue, et on reste aussi circonspects face aux ralentissements conséquents auquel il faut faire face en mode carrière quand on explore la ville. Néanmoins, il faut bien avouer que NBA 2K23, du haut de ses bonnes intentions, de sa radicalité et de son éternelle beauté sur laquelle on ne s'est pas attardé (car le moteur des NBA 2K est sublime chaque année, mais ça on le sait depuis plus dix ans), est le meilleur épisode sorti depuis des années.

Test réalisé par Hachim0n sur PlayStation 5 à partir d'une version fournie par l'éditeur.

Réactions


Personne n'a encore réagi. Soyez le premier.

Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.