Test de Scorn, un jeu ennuyeux mais une œuvre artistique maîtrisée

Annoncé en 2014, Scorn est disponible depuis aujourd'hui sur PC, Xbox One et Xbox Series X|S. Véritable hommage au biomécanique et à l'horreur, que vaut vraiment le jeu d'Ebb Sofware au-delà de sa proposition artistique ?

Capturée sur Xbox Series X

Il est une chose que l'on ne peut nier aux développeurs d'Ebb Sofware, c'est leur profond désir de mener à bien le développement de Scorn. Avec une campagne de financement participatif ratée peu de temps après son annonce en 2014, il y avait pourtant de quoi jeter l'éponge. Mais pas pour nos camarades serbes. Grâce à une nouvelle campagne de financement participatif réussie en 2017, Ebb Software et Scorn sont sortis de l'anonymat et ont conclu des accords leur permettant de trouver les ressources nécessaires à la réalisation du jeu. Pareille ténacité ne pouvait accoucher que d'une œuvre intimiste, véritable hommage au maître du biomécanique HR Giger, que l'on connaît notamment pour la conception des différentes créatures de Alien ou encore des décors de Prometeus.

Capturée sur Xbox Series X

Manette en main, ledit hommage ne s'embarrasse pas d'introduction et plonge directement le joueur dans l'univers sombre et cauchemardesque de l'artiste, comme si l'absence de scénario, de but et de dialogue voulait se muer en allégorie du choc provoqué par les toiles de Giger. Un démarrage d'autant plus déroutant que la prise en main du protagoniste principal se révèle rigide, avec un personnage dans l'incapacité de sauter et à peine capable de courir. Mais plus qu'un hommage à l'œuvre de Giger, Scorn propose littéralement de donner vie aux toiles du maître. Le ton gris bleu métal qui évoque l'acier et la mécanique est absolument partout, le soleil semble n'être plus qu'un lointain souvenir et l'ambiance sonore porte à merveille l'idée que l'on se fait d'une civilisation en décrépitude. Et bien que le jeu s'articule en une succession de couloirs, il nous est difficile de déduire la moindre échelle de ce qui se dessine devant nous. Les environnements cyclopéens nous propulsent dans un univers vaste aux détails soignés, alors que paradoxalement le level design nous emmène à nous questionner sur la taille réduite de ce chaque zone. La combinaison des deux permet ainsi de mieux rendre à l'écran la confusion provoquée par les scènes de l'artiste.

On aime :

  • L'univers de HR Giger ;
  • La façon dont ses toiles sont rendues vivantes.

On aime moins :

  • Durée de vie limitée ;
  • Rigidité du personnage ;
  • Gameplay redondant.  

Néanmoins, cette recherche artistique s'accompagne d'un gameplay relativement pauvre. À mi-chemin entre le jeu d'énigmes et le simulateur de marche, Scorn propose au joueur de se déplacer dans des décors impressionnants dont la découverte d'une nouvelle zone est corrélée à la réalisation d'énigmes. Satisfaisantes pour la plupart, elles sont autant un moyen d'entrer dans l'imaginaire de ce monde que la seule façon d'interagir avec celui-ci. Il y a bien quelques créatures çà et là pour varier le gameplay, mais jamais les combats ne constituent un moment intéressant de la proposition. Alors, quand les énigmes commencent à montrer une certaine redondance, comme la chair emprisonnée dans un quelconque mécanisme, on se retrouve à la fois prisonnier de l'univers et de la proposition de gameplay. Sans véritablement pouvoir souffler, puisque le système de sauvegarde n'intègre pas de sauvegardes manuelles. 

Capturée sur Xbox Series X
Capturée sur Xbox Series X

In fine, le joueur désireux de découvrir ou de prolonger l'œuvre de Giger, dont les propositions cinématographiques ont souvent été refusées par les studios, trouvera probablement son compte dans cette intrusion dans l'univers de l'artiste. À condition qu'il apprécie résoudre des énigmes, il aura littéralement le temps d'observer ce qui l'entoure et de faire corps avec cette viande en décomposition. Pour les autres, Scorn est probablement un jeu ennuyeux qui manque autant de dynamisme que de variété. Pour en juger soi même, il faudra s'acquitter du prix conseillé de 40€ sur PC, Xbox One et Xbox Series S|X ou être titulaire d'une offre GamePass. 

Test réalisé par Soviet Suprem à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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